Selon les statistiques les plus évidentes (possession) , il n'y a pas photo, le PSG devrait être leader haut la main. Mais, les lois du foot étant complexes, la réalité n'est pas celle-ci. Dans cet article, Footballistico va analyser la première partie de saison de nos 3 cadors avant d'anticiper la seconde partie de saison.
Une présentation rapide des 3 types de jeu permet d'anticiper les différences d'approches des 3 coachs :
Le PSG : l'armada parisienne n'a que peu changé depuis l'année dernière. Le seul changement dans le 11 de départ est le remplacement d'Alex par David Luiz, ce qui devait donner encore plus de possession au 11 de Laurent Blanc. De fait, c'est ce qui s'est passé : les parisiens finissent la première partie de saison avec 65,6% de possession, soit encore plus que la saison dernière à la même époque :(63,8%). Le dispositif, malgré quelques discussions, est resté le même (un 4-3-3). Et l'arrivée d'Aurier, le retour de Chantôme ont encore élargi les options de Laurent Blanc. Alors, que s'est-il passé ?
Le projet de jeu de Paris était clair : imiter le Barça. En assurant une possession maximale via son milieu à 3. Offensivement, les parisiens pouvaient compter sur les décrochages d'Ibra, qui ouvraient des espaces (Cavani plongeant) ou par les ailes. En cas de match bloqué, Laurent Blanc pouvait compter sur les coups de pied arrêtés ou la touche plus technique d'un Pastore pour rompre 2 lignes de 4 situées respectivement à 16 et 20 mètres. Malheureusement, rien ne s'est passé comme prévu. Paris a réussi son pari : faire penser à Barcelone, celui, impuissant de la saison 2012-2013, défait à Munich 4 à 0. Et sans Messi. 3 phénomènes expliquent ce désarroi :
- une innocuité offensive, relative à sa domination (3ème attaque). Non seulement, le PSG se crée peu d'occasions (seulement 13 tirs par match contre 15,8 à l'OM) mais en outre, il rate beaucoup. Ce ratage porte un nom : Cavani. L'uruguayen est le joueur européen, qui a manqué le plus d'occasions (16). Notons que lors de la saison précédente, le PSG tentait 15,9 tirs par match.
- par ailleurs, la domination du PSG pourrait se retrouver à l'autre bout du pré, en termes de nombre de buts encaissés. Mais là encore, si le PSG est la deuxième défense de la L1, ses statistiques sont en fait relativement décevantes. Dans les faits, avec 10,9 tirs subis, Paris n'est que 4ème (un tir subi toutes les 3 minutes). Le PSG possède quasiment les plus mauvais ratios de L1 en termes de fréquences de tirs subis. Une possession stérile, donc. Et une défense passoire.
En fait, au-delà de ses problèmes individuels (Cavani, Silva) et de quelques absences (Ibrahimovic), les parisiens semblent avoir reculé sur plusieurs plans :
- en termes offensifs, les parisiens jouent à la ba-balle mais semblent incapables de varier leur jeu offensif (moyen en centre et derniers de la classe en balles longues), sont peu efficaces en coup de pied arrêtés et face à des défenses regroupées ont du mal à élargir leur jeu.
- en termes défensifs, le manque d'agressivité de la première ligne (Ibra, Moura, Cavani) laisse exposé la défense parisienne, sachant que l'ensemble du dispositif de lAurent Blanc préfère reculer que presser haut.
- si l'on ajoute à cela les problèmes physiques de l'équipe (à cause sans doute d'un emobilisation importante pendant la coupe du monde) et l'on comprend que Paris possède à la pause 6 points de moins que la saison dernière, avec surtout 12 points de moins que l'année dernière.
Pronostic : un constat inquiétant pour cette équipe de Paris, qui semble sur une pente descendante. Laurent Blanc n'a pas de plan B et a admis en creux qu'il ne tenait pas trop ses troupes. A moins que le chéquier ne soit sorti pendant l'inter-saison, on ne voit pas Paris rafler la L1, d'autant plus que Paris se déplacer à Marseille, Lyon, Monaco et Saint-Etienne. Seule, une baisse de régime de ses 2 rivaux pourrait le couronner. Par défaut. Pourcentage de chance : 25%
OM : Si la L1 attendait de voir ce qu'un grand entraîneur peut faire d'une équipe, elle a vu. L'équipe anesthésiée de l'année dernière a cédé la place à 11 guerriers laissant leurs tripes sur le terrain. Les Imbula, Thauvin, Payet, Gignac, moqués sur le pré la saison dernière, ont mis le vélodrome à leurs pieds (encore que Thauvin...). Physiquement, rarement un titre de champion d'automne fut aussi mérité.
La tactique de Bielsa est connue : l'OM change entre un 4-2-3-1 et un 3-5-1 (ou 3-4-2-1), en fonction du dispositif offensif adverse, l'idée étant d'avoir un défenseur de plus que d'attaquants adeverse. Un pressing haut, marqué par la volonté de récupérer le ballon dès la perte de balle et un jeu rapide, porté vers les ailes, avec une occupation massive de la surface adverse. Les forces de l'OM font aussi ses faiblesses, une telle débauche d'énergie laisse ses joueurs en difficulté en fin de mi-temps et de match.
En termes de statistiques, l'OM affiche une possession de 58,7%, mais qui est totalement différente de Paris. Les marseillais prennent en effet des risques, tant dans la rapidité des passes que du nombre de dribbles tentés (26 par match soit le plus fort total de L1). Simplement, l'OM compense le déchet, inévitable, par un effort intense, dès le ballon perdu, et ce, par les 11 joueurs. Lorsque l'OM a le ballon, elle n'hésite cependant pas à construire dès Mandanda, tentant de sortir rapidement par ses hommes de couloir, Dja Djédjé et Mendy.
Si l'on applique le modèle déjà mis en oeuvre pour le PSG, on peut déduire que l'OM possède une fréquence de tirs subis / déclenchés équivalente (1 toutes les 3 minutes 20) et que le classement des marseillais est donc dû exclusivement à leur possession.
Pronostic : l'OM possède 2 faiblesses.
- Son effectif semble un peu court. Certes, les olympiens ne disputent pas le ligue des champions (et ont été sortis des 2 coupes nationales) mais à un moment, le seul championnat devrait marquer les organismes (malgré le travail remarquable de Jan Van Winckel, le préparateur physique amené par Bielsa).
- En outre, la tactique de l'OM, qui a décontenancé au début, semble mieux appréhendée par l'opposition. Certes, il y a un pas entre "comprende une tactique" et "contrer une tactique". Mais on peut penser que des compositions leurres (avec 1 puis 2 attaquants en cours de match), des dégagements rapides dès la récupération du ballon ou des plongeons derrière Dja Djédjé et Mendy devraient se multiplier. Enfin, l'OM semble avoir du mal à gérer un match. Les marseillais ont du mal à faire tourner et lorsque l'équipe est épuisée, en fin de match, elle devient comme un fruit mur, bon à cueillir sur l'arbre. Dès que les équipes adverses sont capables de mettre de l'intensité (comme en coupe), alors la force de l'OM se retourne contre elle. En synthèse, 40% de l'emporter en fin de saison mais comment faire souffler des garçons comme Imbula, Thauvin ou Gignac qui ont joué tous les matchs de la première partie de saison ?
Lyon : De carrefour de stars évoluant en L1, l'OL s'est réinventée en meilleure pépinière de jeunes talents de l'hexagone. C'est d'autant plus intéressant que ses 2 meilleurs joueurs, a priori, Grenier et Gourcuff, ont manqué la plupart des matchs des gônes. L'OL possède sans doute le dispositif le plus excitant de l'élite avec son 4-4-2 en losange. Tout le crédit en revient à Hubert Fournier qui a maintenu ce dispositif expérimenté par son prédécesseur Rémi Garde.
L'OL a confié les clés offensives aux jeunes de son centre de formation : Nabil Fekir est à la tête du losange (il passe devant lorsque Gourcuff est apte), Alexandre Lacazette devant évolue aux côtés de N'Jié ou de Fekir, donc. Les lyonnais ont moins le ballon que leurs concurrents directs (57,3%) mais en font le meilleur usage.
En termes de fréquence de tirs, l'OL est l'antithèse de Paris : très efficace lorsqu'il à la ballon (3'15 de possession pour 1 tir, ce qui fait des gônes la meilleure attaque de L1) mais ils parviennent surtout à empêcher leurs adversaires de faire de même puisque les opposants des lyonnais doivent passer 3'42 pour tenter une frappe. Comment expliquer ces performances avec l'équipe la plus jeune du trio de tête ?
Offensivement, le 4-4-2 losange de Fournier est moderne, en ce sens que Nabil Fekir se balade de droite et de gauche pour combiner avec ses latéraux (Jallet et Bedimo) plus que de s'échiner dans l'axe. Cela donne aux lyonnais une capacité à couvrir le terrain intéressante. Mais la plus grosse originalité réside dans l'élaboration du jeu offensif. Celle-ci se déroule en 3 temps :
- relance depuis le milieu du terrain, souvent opérée par Gonalons, le métronome vers l'aile.
- construction (souvent via Fekir mais les 2 attaquants ne détestent pas opérer depuis un côté) avec l'un des 2 latéraux (Bédimo, Jallet)
- repiquage vers le centre, et échange de ballons entre Fekir, N'Djie et Lacazette.
Ainsi, au lieu de servir des ailes comme d'une occasion de centrer, l'OL ne l'utilise que comme une étape vers les buts.
Défensivement, le manque de largeur des lyonnais devrait constituer un vrai handicap. Et ce d'autant plus que l'OL est extrêmement mal classé dès que l'on tombe dans les statistiques purement défensive (nombre de tacles, d'interceptions, de dégagements). Simplement, l'OL affiche un dispositif défensif original :
- un jeu défensif, réparti en 3 lignes, 3 - 3 - 4, les 10 joueurs de champ étant impliqué dans le pressing.
- ce pressing est joué relativement haut (sans être particulièrement agressif) et permet de repousser l'équipe adverse dans son camp.
- enfin, l'OL n'hésite pas à casser les offensives adverses en étant l'équipe qui (derrière Metz) a commis le plus de fautes. Ces fautes sont intelligentes puisqu'elles sont situées majoritairement dans le camp adverse (une litanie chez les bonnes équipes) et que l'OL est l'un des clubs qui a pris le moins de cartons.
Pronostic : comment éviter que Fekir et Lacazette pensent plus au titre qu'à leur prochain transfert chez Manchester United ? Ou plus simplement, comment garantir le maintien de la performance du meilleur buteur du championnat sur toute la durée de la saison. Au taf', Hubert. 30% de chance de soulever "Hexagoal" en Juin 2015.
Les autres : une petite piécette pour l'ASM et Saint-Etienne, qui déroulent tous les 2 une solidité défensive encore plus convaincante que l'OL. 5%
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