Que s'est-il passé ?
Villas-Boas a voulu changer Chelsea. Or, l'équipe, façonnée par Mourinho, perfectionnée par Ancelotti possède une permanence, un style de jeu, qui semblent maintenant plus fort que les joueurs qui la composent.
En gros, un 4 - 3 - 3 solide, puissant, qui laisse la créativité et la vitesse aux 2 ailiers de son 3 de devant. Un jeu en triangle entre arrière latéral, ailier et milieu. Une remontée de balle lente à la récupération, qui privilégie d'abord les passes latérales. Devant, un mec puissant capable de tenir la balle (souvent sur les dégagements du gardien) en attendant la remontée du bloc et de choper de la tête les centres de ses compères. Une des 2 ailiers repique souvent au centre pour faire le lien avec son 9. Et sinon, un bloc bas, capable de supporter la pression.
Villas-Boas était donc désireux de modifier cette façon de jouer. Il souhaitait donner plus dans la technique, la vitesse et moins dans la puissance :
- le bloc-équipe était donc positionné plus haut, plus agressif. L'idée était de récupérer le ballon plus tôt et de jouer plus vite, si tel était le cas.
- conséquence : un joueur rapide devant, Torres, capable de prendre la profondeur dès la récupération de balle.
- en revanche, sur les balles récupérées basses, typiquement, par le gardien, privilégier une construction faite de passes courtes.
Mais l'entraîneur portugais a dû se rendre à l'évidence : au moins pour les gros matches, son équipe n'était pas capable d'être à la hauteur de ses attentes, pour au moins 3 raisons :
- des défenseurs trop lents et peu à l'aise pour se retourner. A l'exception d'Ashley Cole, les défenseurs de Chelsea (Ivanovic, Terry et David Luiz) sont trop lents pour suivre un attaquant lancé
- un gardien peu à l'aise dans ses sorties. Habitués à détourner des tirs de loin et à capter le ballon dans les airs, c'est peu de dire, que Petr Cech est peu à l'aise pour jaillir dans les pieds d'un attaquant : un peu lent, un peu pataud, il est facile à passer, comme l'a démontré Balotelli.
- enfin un Torres, qui lutte désespérément pour retrouver son meilleur niveau. L'espagnol a peu à peu disparu du 11 de Vilas-Boas au profit de Didier Drogba. Des statistiques misérables (2 buts et 1 passe décisive en 11 apparitions) pour un attaquant qui à 27 ans, devrait être au faite se son talent.
Devant ce manque de réussite, Villas-Boas a donc cédé, Chelsea est redescendu d'un (gros) cran dans son pressing, laissant Drogba seul devant, avec une relance souvent vers lui comme point d'appui.
Relance de Cech (en bas face à City, en haut face à Arsenal) |
Villas-Boas a cependant ajouté sa patte. La technique de Mata, alliée à la vitesse de Sturridge permet à la fois de faire le lien avec un 3 du milieu bien bosseur (Romeu, Meireles, Ramires), avec un pouvoir de pénétration plus fort que l'ancienne triplette d'Ancelotti (Obi Mikel, Essien, Lampard). L'équipe est sans doute un peu plus rapide que l'année dernière, un soupçon plus technique mais sans doute un petit peu moins présente défensivement (Mata), ce qui limite considérablement l'apport offensif d'Ashley Cole.
De fait, l'équipe passe un peu moins sur la gauche, plus sur la droite pour profiter de Sturridge, qui s'appuie sur Ramires, plus que sur Ivanovic (qui a cependant progressé dans ses montées). De fait, le jeune anglais, étincelant hier, a profité de la titularisation de Boswinga, au profil plus offensif que le serbe. Villas-Boas ne semble pas croire en ses latéraux.
Un dernier mot, Gaël Clichy a livré une prestation atroce, dépassé sur l'égalisation de Chelsea, il a pris 2 cartons en 10 minutes, privant Manchester City de sa présence dans son match de Premier League, le plus rude de l'année. Espérons que Laurent Blanc n'était pas devant son poste.
Conclusion : certaines équipes sont plus fortes que leur coach. Cela semble être le cas de Chelsea. Déjà en autogestion à l'époque Avram Grant (où l'équipe était arrivée en finale de la Ligue des Champions, tout de même), Villas-Boas a dû se rendre à l'évidence : les blues peuvent évoluer mais par petite touche, sans rmettre en cause un plan général de jeu, peaufiné au fil des ans. Il faudra plus qu'un coac, tout special two soit-il pour changer cela.
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