Les 2 victoires sont trop semblables pour être anodines : bien sûr, il existe plusieurs raisons pour ne pas faire du match de dimanche un avant-goût de la coupe du monde 2014 (fatigue de la roja, qui comptait un jour de récupération de moins). Néanmoins, à l'arrivée les 2 matches sont identiques : les espagnols, qui ont dominé le football depuis 5 ans (2 euros, 1 coupe du monde, 2 titres de ligue des champions) ont presque fait pitié tant leur impuissance semblait aussi grande que leur taux de possession.
Pour Footballistico, ces 2 défaites sont majeures, elles indiquent une changement de "paradigme", mot riche qui signifie que le graal du toque, des passes courtes et de la possession disparaît au profit d'autre chose, qui s'en inspire et le dépasse. Définir ce nouveau paradigme est l'ambition, assez élevée, certes, de ce post.
- Le triomphe de 4-2-3-1. A chaque époque son système. Après le WM, le 4-4-2 et le 4-3-3 du Barça, voici le règne du 4-2-3-1. Il est révélateur de voir que 2 équipes aussi différentes que le Bayern (c'est à dire l'ossature de la Mannschaft) et la seleçao utilisent désormais ce système avec en outre des similitudes frappantes dans la façon de l'utiliser :
- des latéraux très offensifs (Lahm, Marcelo et Alvés) en appui d'ailiers au profil de percussion. En outre, les latéraux sont les joueurs qui touchent le plus de ballons, ce qui signifie que l'animation se déroule via les cotés.
- une importance du 4 défensif véritable trapèze servant à orienter le jeu même si le Bayern et le
- une importance très grande donnée aux côtés et à la complicité entre l'ailier et le latéral, forcément offensif.
- L’avènement des joueurs de percussion : le Bayern fin de saison 2013, c'est le règne de Robben et Ribéry, le Brésil 2013, la véritable naissance de Neymar. Ces joueurs sont rapides, incisifs, frappent et n'hésitent pas en un contre un. Mais ce sont des joueurs de couloir, qui fuient le milieu du terrain encombré.
- Une animation qui passe par les côtés. Parmi les joueurs qui touchent le plus le ballon, on trouve les latéraux : Lahm et Alves / Marcelo sont les joueurs les plus sollicités par leurs partenaires. Pour le Barça, c'est Xavi ou Busquets. Dans ces systèmes, les 10 (Müller ou Oscar) ne sont pas vraiment des animateurs classiques : ils aiment se balader d'une aile à l'autre pour centrer ou plonger plutôt que d'orienter le jeu depuis le milieu de terrain.
- Une relative plasticité dans l'utilisation du système : si le Brésil et le Bayern sont des équipes qui détiennent les plus haut taux de possession, ils sont capables de modifier leur façon de joueur en reculant et en laissant le ballon sans changer leur 11 de départ.
- Le règne du pressing haut. Étonnamment, là où le Barça a vraiment fait école : imposer un pressing très haut à leur adversaire pour récupérer le ballon dès la perte de balle n'est quasiment plus utilisée par les catalans. Les munichois et les brésiliens l'ont repris pour leur plus grand profit pour perturber sans cesse la relance adverse, gêner la construction et perturber les rampes de lancement traditionnelles.
Le recrutement de Neymar est d'ailleurs presque un aveu de faiblesse de la part du Barça : en recrutant un joueur-star au profil très différent des produits de la Masia, le club catalan reconnaît implicitement qu'il n'y aura plus de période Xavi / Busquets / Iniesta. La fin d'une époque.
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