jeudi 11 août 2011

Copa America : l'Amérique du Sud ressemble à un poulet sans tête

La Copa America a livré un curieux spectacle : pendant que les 2 géants du continent, Argentine et Brésil, balbutiaient leur football, les petites nations en "guay" triomphaient. Loin de nous l'idée de diminuer le mérite de la Céleste (un cantique, dédié à cette équipe venant du ciel leur est dédié à la fin de ce post) mais si les grandes nations européennes ont regardé la compétition, elles doivent se dire que ce sera du gâteau en 2014.

En effet, la céleste possède certes une défense de fer, des milieux bien agressifs (avec Diego Perez en chef de meute) et 2 stars devant (Forlan et Suarez) mais avec la disparition programmée de Forlan, il semble pour le moins optimiste de les désigner comme un favori en 2014.

Qui d'autre, le Paraguay, équipe solide mais visiblement incapable de gagner autrement qu'aux tirs aux buts, le Chili, brillant mais peu solide et friable sur coup de pied arrêté ?

A moins d'une énorme surprise seuls l'Argentine et le Brésil ont les moyens de ramener cette coupe du monde sur le continent sud-américain et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ont déçu.

1 - L'Argentine, à domicile, n'a gagné qu'un seul match, face à une sélection invitée du Costa-Rica des moins de 23 ans. A priori, Batista a essayé de reproduire le schéma du Barça, en positionnant Messi au centre de l'attaque mais en lui laissant le loisir de décrocher. Malheureusement, il n'y a pas de Xavi, ni d'Iniesta ou de Villa au sein de la sélection Argentine et l'albiceleste s'est crashée. Il est vrai que Batista est confronté à 2 problèmes au moment de composer sa sélection :
  • presque tous les joueurs argentins composant l'arrière-garde argentine sont remplaçants dans leur club (Burdisso, Milito, Zabaleta, Gago, Mascherano). Bien sûr, être sur le banc au Barça ce n'est pas se couvrir de honte mais cela laisse à penser que l'équilibre de la sélection n'est pas assuré.
  • Messi est un joueur unique et différent. Les très grands joueurs sont en général des stratèges (Pelé, Platini, Zidane) ou des attaquants "purs". La réponse tactique est simple : soit vous organisez l'équipe autour d'eux, soit vous leur faites parvenir la balle pour marquer. Messi est un peu à part : il n'est pas capable de prendre le jeu à son compte mais possède une vista très sure, il aime partir de loin et le cantonner dans la surface serait probablement du gâchis. Le résultat : ni Maradona, qui l'a positionné en soutien de ses attaquants, ni Batista, en attaquant central, ne sont parvenu à en tirer tout son potentiel. Tant que l'Argentine n'aura pas trouvé la solution elle tournera en-dessous de son potentiel avec un Messi gênant tout le monde mais auquel il faut passer la balle parce que l'on sent qu'instinctivement, c'est un génie.
2 - Le cas du Brésil est aussi grave mais le sélectionneur a moins d'excuses car TOUS ses joueurs sont titulaires soit dans les grosses écuries européennes ou dans des clubs brésiliens revigorés économiquement (Santos, Corinthians, Fluminense). Mais le dispositif (en 4 - 3 - 1 - 3 avec Ganso à la baguette) et la tactique de Menezes souffre de plusieurs maux : 
    1. Il manque au centre du trident offensif un grand attaquant. Depuis la retraite de Ronaldo et d'Adriano, ce poste est un peu en jachère au Brésil et le fait de voir Fred en sauveur est quelque peu ironique.
    2. Le 4 de devant est assez peu concerné par les tâches défensives. Le Brésil récupère donc peu de ballons hauts, ce qui ralentit le jeu et offre des opportunités aux opposants.
    3. Ganso s'est retrouvé assez isolé et le fait de positionner un bon "destructeur" face à lui suffit à annihiler le jeu offensif du Brésil.
    4. Neymar s'est souvent trouvé totalement isolé à gauche et même si le jeune brésilien a sans doute sous-performé, il n'est pas le seul responsable.
En synthèse, Menezes a du travail à mener : son équipe s'était plutôt bien tirée des matches amicaux mais en compétition, le Brésil ne fait plus peur. Même si Ganso et Neymar sont prometteurs, ce ne sont pas (encore ?) des cracks sur lesquels le Brésil peut se reposer. La tactique de base du Brésil, trop prévisible, a été décryptée et déjouée et l'équipe a semblé souvent disjointe, seul Ramires faisant le lien entre attaque et défense.


Conclusion : c'est un gros chantier qui attend le (futur) entraîneur de l'Argentine et l'actuel du Brésil. Pour l'instant, les meilleurs tacticiens du continent sont du côté de l'Uruguay, du Paraguay et du Chili. Il reste 3 ans...

Et pour finir, un petit cantique composé à l'occasion de l'élimination de l'Uruguay par les Pays-bas lors du mondial 2010. C'était l'occasion de le ressortir :


O toi, céleste équipe,
Aimable envoyée du Seigneur,
Je suis sur terre un footballeur,
Puisses-tu maudire Robben et Van Marwijk.

(Refrain)
Mes voeux ardents montent vers toi,
Mes voeux ardents montent vers toi,
Equipe du ciel, veille sur moi!
Godin et Perez, veillez sur moi!
Forlan et Suarez, veillez sur moi!

Errant dans ce stade de larmes,
Oh! viens me montrer le chemin;
Loin de moi que ta douce main
Ecarte le ballon de la lucarne.

Que ta stratégie en 4-4-2
A mes regards brille sans détour
Sois dure en défense et simule toujours
Quand la Hollande, parfois, joue mieux

Libre des chaînes des demies,
Puisse-je en direct de Montevideo,
Dans l'allégresse et le repos,
Chanter l'hymne de ta patrie!


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