On peut s’interroger suite à la déroute de Barcelone, mardi
soir face à Chelsea, si le départ de Pep Guardiola n'est finalement pas une bonne affaire pour le Barça. Et ce même si,
au-delà de la défaite, qui aggrave le cas de l'entraîneur catalan après la probable perte
du titre, le bilan de Pep demeure étonnamment bon. Depuis son arrivée sur le
banc du Barça, Guardiola a tout gagné de 2008 à 2011 (13 titres sur 16 possibles) mais il a surtout construit
au choix « la meilleure équipe du monde », « la meilleure équipe
des tous les temps » ou « mes que un equipo ». Pour
Footballistico, le summum de l’art du Barça a été atteint en Décembre dernier,
face au Santos de Neymar et Ganso. Les brésiliens ont dû se sentir impuissants
face à la machine de guerre Blaugrana. A l’arrivée 4 – 0, 1 seule occasion concédée
pendant tout le match et les starlettes brésiliennes réduites à l’impuissance.
Pendant ce temps, en Europe, les tacticiens se sont penchés
sur le cas Barcelone et ont fini par trouver quelques recettes qui, si elles ne
garantissent pas une victoire à tous les coups, peuvent dérégler la belle
mécanique :
- Défendre bas. En massant les joueurs devant la surface, on évite d’être pris dans la profondeur, comme les madrilènes lors de la fameuse manita. Pas la peine d’ailleurs d’être brutal comme Pepe, une défense disciplinée fait l’affaire.
- Monter dans le dos de Dani Alves. Le brésilien explose souvent sur le côté droit. Mais si vous mettez de ce côté 1 ou 2 joueurs rapides, le terrain s’ouvre tout grand (Ramires lors du match aller à Stamford Bridge).
- Adapter le profil des joueurs chargés de marquer Messi. Face à l’argentin, un défenseur central rapide, petit (bref, un latéral) fera mieux l’affaire qu’un lourd Terry (Bonsingwa).
- Mettre un joueur costaud devant afin de lutter sur les dégagements, les longs ballons et tenir le ballon pendant que ses petits copains remontent. Eviter d’isoler trop cet attaquant en plaçant un « 10 » non loin de lui afin de lui permettre de combiner rapidement.
- Tenter de profiter des coups de pied arrêtés pour bénéficier de l’avantage de taille que TOUTES les équipes possèdent face au Barça.
Or, et c’est le point de ce post, placé devant ce fait, Guardiola a plutôt aggravé la situation avec des décisions pas toujours comprises mais surtout il n’a pas su trouver de solution alternative. Le Barça possède un jeu efficace, certes, plaisant, peut-être, mais sans solution lorsque son système ne fonctionne pas :
- Parmi les décisions mal comprises, celle de la défense à 3 est sans doute la pire. Guardiola l’a parfois utilisé lors des gros matchs (cette saison à Valence, face au Real et face à Chelsea). Ce dispositif possède au moins 2 défauts :
- Alves est sans doute plus un puncheur qui déboule sur son côté qu’un véritable ailier. Situé face à un défenseur, il subit souvent et ne possède pas assez d’espace pour le déborder.
- Dans les faits, le 3-4-3 est à la fois plus figé et plus défensif que le 4-3-3 puisque dans cette dernière configuration, les 2 latéraux peuvent conjointement (domination forte) ou alternativement porter le danger devant.
- Le Barça marque de plusieurs façons, toujours en combinant des déplacements (Messi décrochant, Xavi ou Iniesta prenant l’espace), un jeu préparatoire de passes courtes, destiné à dépositionner l’adversaire et une qualité dans la dernière passe (centre, passe latérale ou en profondeur) exceptionnelle. A noter que Barcelone possède le plus haut pourcentage de tirs effectués DANS la surface (67%). Mais, si cette tactique échoue, l’équipe se retrouve sans alternative : pas de tirs lointain, pas de grand N°9 capable de prendre des ballons de la tête.
- Les catalans mènent un pressing très exigeant, qui a participé à la fatigue apparente de l’équipe en cette fin de saison. Le centre de formation « maison », la masia, n’a pas formé de nouveau Messi ou Xavi depuis 2/3 ans à la possible exception de Thiago Alcantara.
- Enfin, l’obsession de Guardiola de masser des milieux sur le terrain semble s’être retourné contre lui. Face à Madrid, l’équipe s’est retrouvée pendant plus d’une heure avec le seul Messi en pointe. Les autres possèdent une technique et une vision du jeu remarquable mais manquent de hargne ou d’un dixième de seconde pour tuer un match. En face il y avait Ronaldo et Drogba.
Le Barça en cette fin de saison ressemble un peu au Milan AC
d’Arrigo Sacchi : une équipe dont le jeu a profondément modifié la
perception du foot (même s’il est possible que les entraîneurs de la planète
aient plus de mal à émuler le Barça que le Milan), qui a tout gagné, mais qui
semble un peu au bout du rouleau et qui semble attendre qu’un Capello lui propose
autre chose pour reconquérir ses titres de meilleure équipe d’Espagne et
d’Europe à défaut de celle de meilleure de tous les temps.
Footballistico