mardi 12 novembre 2013

France - Ukraine : avant-goût tactique

Les compositions probables
A défaut d'une qualification directe, les bleus doivent donc passer par les éliminatoires et y affronter l'Ukraine, 20 ans après l'humiliation bulgare (mais ça n'a rien à voir même si "DD" s'en souvient).

Lors du tirage au sort, un soupir de soulagement s'est échappé des bouches françaises. Puis vint le temps de l'analyse qui montre que les ukrainiens, s'ils n'ont pas le potentiel d'une grosse cylindrée, possèdent le profil type d'une équipe solide, pénible à jouer et qui reste en outre sur des éliminatoires plutôt avantageux.

Dans son groupe, l'Ukraine était opposée à 3 équipes d'un bon niveau : l'Angleterre, le Monténégro et la Pologne (Saint-Marin et la Moldavie étant là pour faire nombre). Les Ukrainiens n'ont connu qu'une seule défaite dans ce groupe : c'était à domicile face au Monténégro, en octobre 2012. Depuis lors, l'Ukraine n'a plus concédé qu'un match nul, face à l'Angleterre.

Au total, les ukrainiens ont obtenu 3 matches nuls, 6 victoires et donc une défaite avec un total de buts encaissé qui s'élève à 4. Si l'on peut parler de match "référence", c'est sans doute le match retour de la bande à Mikhaïl Fomenko face au Monténégro, à Podgorica. Dans un match épique, les ukrainiens se voyaient réduits à 10 peu avant la mi-temps, avant d'ouvrir le score. L'arbitre expulsait à son tour un monténégrin puis dans un dernier quart d'heure de folie, les visiteurs ajoutaient 3 buts, avec notamment un côté droit de feu Yarmolenko / Fedetsky.

Côté dispositif, rien de bien original, un 4-2-3-1 solide.

Les forces :

Si l'Ukraine possède une force, il s'agit donc bien de sa compacité défensive : 2 milieux de terrain solides (Stepanenko et Edmar, le plus souvent) montent la garde face à un 4 très homogène. La défense de l'Ukraine dépend majoritairement du Shakhtar Donetsk (Kucher, Ratisky au centre, Shekchuk, à gauche + le gardien Pyatov et Stepanenko), ce qui en fait une défense très complémentaire habituée à jouer ensemble.

Le côté droit de l'attaque ukrainienne est le plus fort. Yarmolenko a mis 4 buts et a assuré 5 passes décisives durant les éliminatoires. Il est bien secondé par Fedetsky, le latéral le plus offensif (qui joue souvent milieu dans son club). De l'autre côté, le jeune Konoplianka est sans doute le joueur le plus créatif de l'équipe même s'il n'a pas l'abattage de son homologue à droite.


Les faiblesses :

N°1 : le plus invraisemblable, c'est que l'Ukraine a obtenu ses performances défensives avec un gardien qui n'est pas le meilleur d'Europe, loin s'en faut. Pyatov, peu sûr dans ses sorties, lent à se baisser, peut sans doute constituer le meilleur atout des Ribéry and Co.

N°9 : l'autre indiscutable faiblesse des ukrainiens se situe à l'autre bout du terrain. Zozulya est titularisé la plupart du temps devant mais n'a marqué qu'une seule fois (même s'il a raté les journées portes ouvertes face à Saint-Marin). Pour les "petits" matchs, Fomenko préfère Marko Devic, plus opportuniste, mais il est probable que face à la France, Zozulya soit titularisé, notamment grâce à son activité défensive : le N°9 ukrainien n'hésite jamais à tacler, contrer et gêner offrant ainsi un premier rideau défensif.

N°10 : Dans le 4-2-3-1 de Fedoro, c'est Oleg Giusev, qui joue à gauche en club, qui occupe ce poste. Naturellement, dans ce rôle, l'ukrainien a plutôt tendance à se déporter vers sa position de prédilection et à tenter de combiner avec Konoplianka, sans toutefois être très efficace. Toutefois, il ajoute lui aussi une pression défensive forte sur les adversaires et perturbe énormément la relance.

Dans les faits, il est assez logique que les postes de la sélection ukrainienne les plus médiocres soient ceux dévolus au niveau des grands clubs du pays à tous les étrangers, brésiliens en tête (à l'exception notable du Dnipro). Dans les faits, un Giusev n'est même pas titulaire en club et a donc un peu de mal à s'imposer au niveau international.

Enfin, à noter que l'Ukraine possède un réservoir de joueurs importants et n'a donc pas de difficulté à combler certains postes (demi défensif avec Timotchuk et Rotan, défense centrale avec Kacheridi), à l'exception donc des 3 postes ci-dessus mentionnés.

A quel match s'attendre ?

Il est hautement vraisemblable que les ukrainiens joueront prudemment (pas de pressing haut, ni de milieu défensif se portant devant) pour tenter de prendre les français en contre. Cela ne veut pas dire que l'équipe laisse la possession à l'adversaire. Son quatuor de défenseurs centraux et de double pivot peut assez bien tenir le ballon, en attendant que l'adversaire sorte pour le prendre en contre, via des déboulés sur le côté droit ou en créant le surnombre sur la gauche. Même en menant au score, l'équipe de Fomenko, assez technique, essaie toujours d'assurer la possession de balle.

En tout état de cause, les 2 rencontres seront serrées et ne verront pas beaucoup de but. Si Didier Deschamps maintient son 4-2-3-1 (ce qui est probable, les matchs de barrage n'étant pas précisément propices aux expérimentations), on pourrait avoir un combat où les 2 équipes peuvent se neutraliser. Le match devrait se focaliser sur 3 zones.

Coté droit ukrainien / gauche français : 

C'est le côté fort des 2 équipes, car il mobilise probablement leur joueur le plus doué (Yarmolenko, Ribéry). Afin de contrer le danger, les 2 entraîneurs vont probablement demander à leur latéral (Evra/Fedetsky) de rester prudemment derrière. Le match devrait donc se jouer en 1 contre 1 (latéral vs ailier) dans une zone désertée par les autres joueurs. A ce petit jeu, Ribéry semble avoir un avantage face à l'ukrainien. Seul Mathieu Valbuena pourrait perturber ce schéma en se déportant à gauche mais il est vraisemblable que les ukrainiens (qui auront décortiqué le jeu du lutin marseillais) demandent à Edmar de le suivre.

Côté gauche ukrainien / côté droit français : 

A priori, les ukrainiens vont plutôt tenter de combiner et créer un surnombre grâce à Giusev, allié à Konoplianka. Bakary Sagna devrait être préféré à Debuchy grâce à une solidité défensive meilleure (même si le magpie reste sur de très bonnes prestations). C'est le milieu français gauche qui devrait se déporter pour effectuer l'effort défensif. A priori pas impossible mais c'est ici que se pose peut-être le casse-tête majeur de Didier Deschamps : qui pour mon double-pivot ? (cf. point suivant), sachant que le sélectionneur dispose de 4 solutions (Pogba, Matuidi, Cabaye et le revenant Mavuba).

De leur côté, les français vont probablement jouer en triangle Nasri - Benzema - Valbuena avec des permutations entre le citizen et le marseillais. Nasri va de toute façon se recentrer pour combiner, car, abandonné par Sagna, il n'a pas le punch nécessaire pour prendre le dessus sur son latéral en débordement ou en dribble.

Gyusev / Kolyuka vs X / Y :

Par ricochet, le combat offensif sur l'aile gauche va avoir un impact sur celui, défensif, que le duo ukrainien va mener au double pivot français afin de perturber le jeu des tricolores et récupérer des ballons dans la zone proche du but de Lloris.

Dans un monde où seule la valeur sportive serait considérée (sans aucune considération tactique), alors Paul Pogba serait sûr d'être titulaire. Depuis le début de la saison, le turinois est un crach, ayant inscrit la bagatelle de 4 buts dans son rôle de "box-to-box". Pogba est tellement présent dans la surface adverse qu'il met des buts sans même le vouloir, en détournant les tirs de ses partenaires. Problème, il peut être aspiré devant et ne possède pas la qualité de passes simples, de relance qui soulage une équipe. Il pourrait être sacrifié si Deschamps considère que Giusev est un danger.

Si Blaise Matuidi doit être titulaire, une chose est sûre : ce ne sera pas aux côtés de Paul Pogba. Le duo, aligné face à la Biélorussie et à la Finlande possède un profil trop proche et la défense française avait parfois paru déstabilisée voire en panne de relances propres. En outre, le parisien ne règne plus sur l'entrejeu des rouges et bleus comme il le faisait la saison dernière. Matuidi demeure donc un outsider.

Reste donc Cabaye et Mavuba. Selon nous, si le profil de Cabaye est intéressant, le magpie ne survole pas suffisamment les débats pour s'imposer face au lillois, en tout cas dès le coup d'envoi. Si Deschamps a fait revenir le capitaine des dogues, c'est pour ses capacités défensives, son sens du placement, ses petite passes de relance propres et sa capacité à conserver son calme dans le cas d'une éventuelle tempête. Dans ce cas, Pogba serait titularisé à gauche avec des consignes assez prudentes en début de match. Puis, au fil de la rencontre, le turinois pourrait s'aventurer devant, laissant la responsabilité à Mavuba de s'occuper défensivement de Giusev. Pour les relances, il est probable que Koscielny offre une alternative si le double-pivot français est pris en charge par le duo offensif ukrainien. Autre possibilité, Nasri, qui aime ça, pourrait se recentrer et descendre un peu pour offrir une porte de sortie au jeune turinois, dans un endroit où Stepanenko n'osera pas s'aventurer. Ça n'a l'air de rien mais c'est probablement dans cette zone que se jouera le sort de la possession de balle et ce faisant, celui des 2 manches.

Les autres dilemmes de Deschamps (Giroud / Benzema, Abidal / Varane, Debuchy / Sagna) sont beaucoup moins importants que celui-là et influenceront moins le sort du match. Selon nous, Benzema tient la corde au vu de ses récentes performances et de la courbe inverse que suivent celle d'Olivier Giroud.

En tout cas, Footballistico a fait son choix pour le résultat final. Il est même prêt à mettre une petite piécette sur les bleus : si l'on regarde en ce moment les performances des 24 (!), ceux-ci sont en tête de quelques unes des meilleures équipes du continent (Munich, Arsenal, United, Turin, source whoscored) et si les statistiques ont un sens, c'est le moment de le prouver.

Footballistico

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Footballistico tu viens de perdre une piecette :-)
Revanche au match retour...

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