Les compos de départ |
Un petit mot en introduction sur le 4-4-2 de René Girard. A priori, ce type de dispositif est adapté lorsque l'effectif possède 2 grands attaquants et un très bon numéro 10 (la pointe avancée du losange). Ce choix du coach Lillois s'est un peu imposé par défaut (départ de Payet et Thauvin, défaite à Reims en 4-3-3) et a fini par devenir le choix privilégié. Étonnamment, il survit même lorsque Martin est blessé, avec un Rodelin dont l'apport créatif est moins évident que l'ancien sochalien. Les 2 défauts quasi rédhibitoires du système Lillois (trop grande dépendance au N°10 pour la construction offensive et absence de présence dans les couloirs) sont de fait devenus des forces face à Monaco. Voici comment.
Première mi-temps :
Le match commençait sur un rythme haché : les 2 équipes commettaient de nombreuses fautes comme si elles jaugeaient leur agressivité. L'un des phénomènes marquants de cette période fut l'étouffement que subit l'ASM au milieu de terrain. Dans les faits, Lille profita de son avantage au centre du terrain : 4 contre 3 du moins tant que Monaco ne prenait pas les ailes. Or, ce fut là que le bât monégasque blessa.
En théorie, il est assez simple de déstabiliser le le 4-3-1-2 : attaquer à 2 sur les flancs de l'attaque oblige un des milieux à se déporter pour couvrir son latéral offrant ainsi des brèches au milieu du terrain. Malheureusement, Ranieri avait sacrifié son côté droit avec un Raggi beaucoup moins offensif que Fabinho et un Rodriguez qui eut rapidement tendance à se recentrer, soit pour contrebalancer la supériorité lilloise au centre du terrain, soit par inclination naturelle pour se mettre sur son pied gauche. Le positionnement du colombien surprit un peu les lillois en début de partie (belle action 6ème minute) avant que Gueye ne s'en occupe plus directement lorsqu'il prenait l'intérieur.
Côté gauche, Kurzawa eut du mal à se situer au début de son match car les 2 attaquants lillois, notamment Nolan Roux eurent tendance à venir dans sa zone. Le jeune latéral monégasque eut du mal à s'imposer défensivement, notamment face à Salomon Kalou et fit montre de ses limites physiques.
Toutefois, au-delà de la domination lilloise au milieu, le vrai point fort de l'équipe fut l'étonnante complémentarité des attaquants. Pendant que Salomon Kalou faisait parler sa puissance et jouait un rôle de pivot au centre, en remise.
Les passes de Kalou : plus de la moitié sont en retrait |
Les passes reçues par Nolan Roux, une volonté de sauter le milieu de terrain |
Toutefois, si Lille eut sans doute les situations les plus chaudes grâce notamment à la présence de Kalou, il ne faut pas exagérer leur emprise : Lille fut assez chanceux d'ouvrir la marque sur corner (leur second de la partie). Toutefois, jamais Monaco ne put se montrer menaçant en cette première période, sauf sur un ballon bêtement perdu par Kjaer.
Seconde période : Ranieri décida de faire entrer Rivière à la place de Ferreira Carrasco, ce qui occasionna un réajustement tactique : l'ASM pasait en 4-1-3-2, Toulalan demeurant seul devant la défense, Obaddi montant d'un cran à gauche, pendant que Moutinho allait occuper le flanc droit et que James Rodriguez se recentrait.
Si l'ancien stéphanois donna un peu de punch à l'ASM, le problème des ailes demeurait entier. Il empira même légèrement, Rodriguez et Moutinho ne semblant pas exactement comment se situer l'un par rapport à l'autre, pendant les 20 premières minutes. Toutefois, le talent du colombien, réel, et le potentiel offensif des monégasques auraient pu leur permettre de s'en sortir, notamment sur un petit ballon de Rodriguez pour Rivière (67ème) à un moment où le 3 du milieu lillois montrait des signes de fatigue. Le festival Enyeama pouvait commencer. Sur l'occasion suivante, Falcao récupérait un ballon dans la surface mais butait sur le gardien lillois. Sur le corner, les lillois récupéraient le ballon et lançaient un contre en 4 contre 2. But de Roux sur un bon décalage de Mavuba. La messe était dite.
Un des changements opérés par Ranieri à la fin du match laisse penser que les choix effectués par le coach monégasque auraient pu mieux aider son équipe dès l'entame. L'entrée de Fabinho à la place de Raggi eut pour effet de dynamiser le flanc droit monégasque. En 10 minutes sur la pelouse, le brésilien allait réussir plus de centres et de dribbles que le titulaire durant les 80 précédentes. Trop tard.
Conclusion : Lille n'est sans doute pas l'équipe la plus spectaculaire de L1 mais c'est, et de loin, la meilleure défense. Compact, bien organisés et épaulé par un gardien sorti d'on ne sait trop où (du Nigéria, apparemment, via Israël), l'équipe peut se payer le luxe de marquer sans meneur de jeu. Le retour de Marvin Martin pourrait encore apporter un plus aux dogues. Quant au PSG, il doit penser qu'une malédiction René Girard pèse sur ses pétro-dollars.
Au-delà des possibles erreurs d'appréciation de son coach, Monaco a perdu quelques illusions et se pose toujours une question lancinante : comment tirer le meilleur parti de son duo de créateurs surdoués, Rodriguez et Moutinho ?
Footballistico
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