jeudi 21 novembre 2013

France - Ukraine : les bleus comme des Praud

La France a donc validé son billet pour Rio et l'auteur de ces lignes va tenter de contenir son émotion pour conserver son regard froid et distancié qui fait la qualité d'une chronique tactique.

Didier Deschamps, le génial entraîneur des bleus superbes et généreux avait modifié son dispositif pour afficher un 4-3-3. Pas moins de 5 joueurs étaient nouveaux par rapport à la déroute de Kiev (Sakho, le héros, Cabaye, Valbuena, Benzema et Varane).

L'ignoble Fomenko avait reconduit son 4-2-3-1 vil et violent. Au-delà de l'absence des atroces Fedetsky et Kucher (remplacé par Mandzyuk et Rakitsky), le milieu de terrain avait été profondément remanié. Le traître Edmar était positionné plus bas qu'à l'aller dans le double-pivot des visiteurs aux côtés de Rotan. L'absence de Stepanenko, le joueur a priori le plus à même de servir de sentinelle et d'orienter en passes courtes le jeu ukrainien n'était pas présent. Ce choix de Fomenko peut laisser rêveur et ne peut se comprendre que par le fait que l'entraîneur ukrainien espérait se projeter rapidement vers l'avant (Rotan et Edmar ont un profil plus offensif que Stepanenko) pour "profiter des espaces français".

Première période : la question posée à tous les commentateurs par le splendide sélectionneur français est la suivante. Comment être plus offensif en retirant un joueur offensif (3 contre 4) ? La réponse tient en 2 volets :

  1. En demandant à ses latéraux de porter plus vers l'avant, notamment Evra,
  2. En constituant un milieu à 3, capable de porter le danger par 2 moyens : la capacité à se projeter de Pogba et de Matuidi et le jeu de passes de Cabaye, plutôt vertical. 
Le prix, théorique, à payer pour ces choix tactiques était clair. Se faire déborder en contre, notamment via les ailes, par les ukrainiens. Mais ce cauchemar n'a pas eu lieu pour au moins 3 raisons :

  1. d'une part, les français pressaient beaucoup plus haut qu'à l'aller et ce, dès la perte de la balle,
  2. d'autre part, le milieu à 3 n'eut pas de mal à couvrir les côtés dès que les ukrainiens tentaient des transitions rapides,
  3. Enfin, Mandziuk fut beaucoup moins à l'aise que Fedetsky sur Ribéry et par ricochet, Yarmolenko toucha peu de ballons et eut rapidement tendance à se positionner très bas.
Les bleus magnifiques mettaient d'entrée une pression forte sur l'Ukraine. Présents dès la perte de balle, coupant les trajectoires (26 interceptions), n'hésitant pas à faire des fautes tactiques, l'Ukraine ne parvenait pas à faire baisser le rythme ou à contrer. Les français avaient 3 occasions dans les 10 premières minutes et Rotan prenait un carton pour une faute sur Ribéry.

Valbuena : dès le début du match, le superbe marseillais, nominalement positionné sur l'aile droite, fut présent sur tout le front de l'attaque : dès la 3ème minute, il frappa du côté gauche de la surface. Et sur le premier but français, il était situé au centre pour pousser le ballon de la poitrine sur Benzema. Il fut aussi très précis sur coup de pied arrêté et sut exploiter la supériorité des bleus de la tête (63% de duels gagnés, source whoscored.com). Shevchuk, son latéral aurait pu profiter de ce dépositionnement pour se ruer devant mais son profil est peu offensif et il se contenta de transmettre le ballon à un Konopliakna trop esseulé pour être dangereux. Résultat : un joueur offensif présent partout et un défenseur latéral presque inutile et hésitant sur son positionnement : suivre Valbuena ou demeurer sur son côté pour contrer les montées de Debuchy ?

Les 2 buts français vinrent donc du côté droit, le premier sur une faute ukrainienne, le second sur un centre de Debuchy. A chaque fois le scénario fut le même, une défense ne parvenant pas à se dégager et des français sur les 2èmes, 3èmes, 4èmes ballons etc.


Bezus : théoriquement positionné en 10, l'ukrainien eut du mal à se situer sur le terrain surtout défensivement. Théoriquement, il aurait pu être au marquage de Cabaye et perturber la rampe de lancement des bleus. Dans les faits, il recula beaucoup et ne peut donc pas assister Zozulya. Il fut cependant l'un des rares ukrainiens à offrir une porte de sortie de l'étau bleu avec Konoplianka. Souvent, les bleus firent faute sur lui pour l'empêcher de remonter la balle.

A la fin de la mi-temps, les bleus, un peu émoussés, furent confrontés à un dilemme : continuer à attaquer ou gérer le résultat. On s'aperçut que sur les coups de pied arrêtés, l'EdF n'était pas complètement sereine. Sur l'un d'entre eux, le perfide Yarmolenko aurait pu réduire le score si Debuchy ne s'était pas opportunément trouvé sur la trajectoire. A noter que défensivement, le choix de Cabaye était risqué : le magpie, parfait sur les interceptions ou pour orienter le jeu offensif ne possède sans doute pas le profil d'une sentinelle devant la défense, pour s'interposer et racler les ballons aux 20 mètres.

Seconde période : la faute du boucher Kacheridi changea la donne de cette seconde période, en simplifiant le choix des français. A 10 contre 11, les bleus pouvaient prendre leur temps. Rotan descendu en défense centrale, Bezus en double-pivot, les ukrainiens laissaient seulement Zozulya en pointe.

Accentuant leur possession de balle, les bleus continuaient leur pression mais de façon paradoxalement moins intense, toujours à la merci d'un but en contre.

A la 64ème minute, Fomenko remplaçait un Bezus marqué physiquement par Gusev : Mandziuk passait en défense centrale et Rotan réoccupait son poste dans l'entrejeu. Ce changement allait avoir une conséquence puisque 8 minute plus tard, sur un énième ballon mal renvoyé, Ribéry centrait (?) et le dernier entrant, à la lutte avec Sakho, poussait le ballon dans le but vide (à moins que l'ancien parisien n'ait profité d'un trou dans sa cuisse).

Les ukrainiens n'étaient plus capables de faire le jeu. Ils essayérent de lancer quelques piques cependant et la France tremblait notamment sur coupe de pied arrêté : un ballon dériva dangereusement dans la surface à quelques centimètres du pied de Zozulya et Rakitsky tentait un joli tir de volée dans les arrêts de jeu.

Mais plus rien ne pouvait arriver à des bleus fantastiques et les immondes ukrainiens quittaient la scène de l'histoire du football (auréolés de leur titre d'équipe la plus violente des qualifications), laissant nos héros à leur nuit de fête dans la ville lumière.

Footballistico

PS : une petite pensée pour l'immense Zlatan. La coupe du monde sera moins belle sans lui. Temps d'instaurer une wild card pour la FIFA.

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