dimanche 9 novembre 2014

Bayern - Roma : Guardiola innove encore

Le Bayern de Munich n'est plus un club de football. C'est devenu un laboratoire tactique pour les expérimentations de Guardiola.

Mercredi, la Roma de Rudi Garcia était venu pour éviter de prendre une déculottée : une défense très bas pour couper les transmissions allemandes avec un milieu à 3 assez physique (Nainggolan, De Rossi, Keita) et l'espoir fou de placer quelques contres.

L'originalité du Bayern, toutefois n'était pas dans le schéma (un 4-3-3, comme à Barcelone, ou plutôt 4-3-2-1, avec Lewandowski seul en pointe et Götze / Ribéry juste derrière et peu excentrés) mais la composition du milieu à 3. De chaque côté de Xavi Alonso (plutôt un meneur reculé qu'un milieu défensif classique), avaient pris place 2 défenseurs latéraux de métier, Alaba et Philip Lahm. C'est d'autant plus intéressant, qu'il s'agit de latéraux tournés vers l'offensive. En 2012, l'association Alaba / Ribéry sur l'aile gauche avait fait mal et permis au Bayern de garnir sa vitrine à trophée.

Le fait de placer des joueurs de côté (ailier / latéraux) au centre du terrain n'est pas à proprement parler une nouveauté. Valbuena avait déjà été positionné au centre du trident offensif de l'OM par Didier Deschamps (l'"ailier central") et Di Maria à gauche du milieu du Real à certaines occasions, souvent avec des effets dévastateurs.

Mais, mercredi, on avait donc 4 latéraux de métier sur la pelouse (Rafinha et Bernat occupant les places traditionnelles). Après sa tendance "milieu de terrain" (jusqu'à 7 dans un 11 de départ au Barça), Guardiola initiait donc hier sa période "latéraux". Il est d'ailleurs amusant de constater que les sites spécialisés y voyaient plutôt un 3-5-2, avec Alaba sur le côté d'une défense à 3.

Quels étaient les objectifs du tacticien catalan avec cette innovation ?

  1. Le plus simple comme l'a souligné l'excellent site anglais licence to roam est d'insuffler de l'énergie dans son milieu à 3. Xavi Alonso assure la possession et l'orientation du jeu, Lahm et Alaba les remontées. 
  2. Un pressing efficace. Les équipes de Guardiola se signalent par un pressing haut, dès la perte du ballon. Lahm et Alaba n'ont pas oublié qu'ils sont des défenseurs et sont sans doute plus efficace dans cet exercice que des milieux traditionnels.
  3. Mais l'objectif est surtout offensif, les "latéraux centraux" peuvent être utilisés à 2 fins : 
    • soit en complément des déplacements de Ribéry et Götze. Dans cette configuration, Alaba  vient occuper l'aile vers Bernat pendant que Ribéry se recentre. C'est exactement ce qui s'est passé sur le premier but.
    • soit en surpeuplant l'aile, face à un adversaire regroupé.
En seconde période, Alaba continua par des montées énergiques à semer la panique dans la défense romaine, notamment sur un centre de Rafinha. Lamh fut légèrement plus conservateur dans son placement peut-être parce que opposé à Nainggolan, le milieu romain le plus dangereux offensivement.

Alaba : à l'aile la vie est belle(source fourfourtwo)
Lahm : possession (source fourfourtwo)
Le second but est plus classique et tient plus à la fluidité traditionnelle à attendre d'une équipe de Guardiola, dans le jeu de passe et dans le positionnement. Ici, Lewandovsky prend l'aile et centre sur Götze, qui marque un but, qui est une réminiscence de la finale de la Coupe du Monde. A noter que les 2 "ailiers" (Ribéry et Götze) ont marqué les 2 buts de la rencontre sur des centres. Cette fluidité devant est bien l'une des clés du succès des bavarois mercredi soir.

Quel bilan tirer de l'expérimentation "latéral central" ? En première analyse, c'est un succès. La Bayern a gagné et dominé. Surtout, le premier but représente typiquement ce que Guardiola avait en tête quand il détermina ce dispositif : sur un ballon gagné par les munichois, Ribéry transmet à Alaba, qui prend l'aile gauche. Lewandovsky effectue une course leurre pour attirer les défenseurs romains pendant que le français repique au centre. Le tacticien catalan a ainsi permis aux bavarois d'éviter la grande terreur de ses équipes, celle d'une possession stérile, avant de se faire cueillir en contre ou sur coup de pied arrêté. Mercredi soir, ce miracle a été permis :
  • par le  rythme dès la récupération du ballon, ce qui a permis aux bavarois de déborder les romains, même si ceux-ci avaient décidé de défendre bas, preuve qu'un ballon rapide peut désorganiser une défense dans n'importe quelle condition.
  • grâce au décalage sur l'aile (notamment d'Alaba) qui crée mécaniquement un surnombre sur l'aile, car les milieux adverses hésitent à se déporter sur l'aile pour défendre (cf. schéma)

Alaba (à gauche) face à De Rossi (à droite).
On note la réticence du milieu romain à défendre sur l'aile (source Squawka)
Conclusion : quel avenir pour cette énième innovation tactique de notre Mac Gyver catalan ? Rappelons que LA grande innovation de l'année dernière les latéraux qui repiquent au centre a fait flop. Passé l'effet de surprise, les adversaires ont en effet réussi à contrer cette disposition tactique. Celle de mercredi paraît plus prometteuse car on sait que les milieux adverses sont très réticents à abandonner la zone centrale. La clé devrait être la capacité du trio Lahm, Alonso, Alaba a maintenir la possession tout en assurant une assise défensive suffisante en cas de contre. Mercredi, la Roma n'était simplement pas au niveau.

Footballistico

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