1ère leçon : pressing haut. C'est sans doute une évidence pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup. Tous les grands tacticiens (Guardiola, Mourinho, Villas Boas, Ancelotti et donc Bielsa) ont mis en place, dans des version différentes un dispositif qui permet, a minima de gêner la relance adverse par un premier rideau très agressif, a maxima de faire remonter tout le bloc. La version de l'OM implique une mobilisation des 3 attaquants du 4-2-3-1 (Gignac, notamment, fut énorme), de Payet et alternativement d'un des 2 milieux reculés, Imbula ou Lemina). On vit ainsi le PSG se débattre dans ses relances et Thiago Silva, pas dans son assiette, se fit prendre plusieurs fois à ce jeu, dans son propre camp. Paris ne fut pas en reste et tenta mais de façon notablement moins systématique de récupérer le ballon dans le camp marseillais. Ce pressing possède des conséquences assez importantes sur le déroulement d'un match de foot :
- L'immense majorité des fautes sont commises dans le camp adverse puisque c'est là que se déroulent la plupart des duels.
- Le prix à payer d'un tel pressing, dans sa version Bielsa, est cependant clair : l'OM marque l'essentiel de ses buts dans les premiers 1/4 d'heure de chaque mi-temps. En revanche, les marseillais encaissent presque 60% de leurs buts après l'heure de jeu (soit 33% du temps). En outre, le travail intense face à un adversaire de haut niveau peut expliquer le relatif manque de lucidité des attaquants olympiens dans le dernier geste (seulement 2 tirs cadrés). Ça n'a d'ailleurs pas loupé dimanche soir (82ème).
Les fautes commises (rouges) et subies (vertes) par le PSG. 19 sur 27 dans la moitié de terrain adverse (source squawka) |
2ème leçon : Face à des organisations de plus en plus rigoureuses et des joueurs défensivement de plus en plus armés, ceux qui ont la clé sont les joueurs qui sortent de leur rôle. Exemple typique : une fois entré sur le terrain, Ibrahimovic a posé un problème insurmontable à Bielsa. Pourtant, la recette du suédois est toujours la même : décrocher pour offrir une solution de relance supplémentaire à ses partenaires et orienter le jeu vers les latéraux ou les ailiers qui prennent la profondeur. Il est étonnant de constater, match après match, que cette ritournelle semble insoluble pour les coachs adverses. Sur le second but parisien, Ibra allonge sur Aurier, qui centre magnifiquement vers Cavani, au premier poteau. Autre exemple, Thiago Silva sur le premier but, le central parisien s'avance profitant d'un lâchage de grappe de Gignac et effectue une longue passe vers Lavezzi, à l'origine de la passe décisive vers Lucas.
3ème leçon : PSG, équipe de possession ou pas ? L'équipe de Laurent Blanc a probablement produit ses 2 meilleurs matches cette saison lorsqu'elle était dominée. En fait, et c'est un phénomène assez nouveau, les grandes équipes sont celles qui parviennent à marquer dans des phases très diverses : contres, coups de pied arrêtés et attaques placées. Le modèle cette saison étant le Real Madrid avec une capacité à trouver les filets quasiment dans n'importe quelle situation et à se transformer en caméléon, en fonction de l'adversaire. Le PSG n'est sans doute pas à ce niveau mais il est capable, et c'est déjà énorme, d'être performant même lorsque son jeu "naturel" est contrarié. Si Paris a eu du mal sans son grand suédois, il s'en est quand même sorti et il pourrait en sortir grandi quaud les grandes échéances approcheront.
Les passes d'Ibra : 11/13 réussies. La balade. (source FourFourTwo) |
4ème leçon : Cavani, joueur paradoxal ou avènement de l'avant-centre latéral ? Il est impossible de donner une note à Cavani sur ce match, L'uruguayen est décisif sur le premier but. Il marque le second mais tout le reste fut brouillon. Il vole une balle de but à Maxwell, écrase ses frappes et n'a pas suffisamment de vista pour trouver un partenaire dans la profondeur. Pourtant, il est là, toujours présent jusqu'à la 90ème pour combattre et se présenter dans la surface. Joueur précieux ou dispensable ? Dans les faits, le paradoxe se poursuit parce qu'il est probable que le retour d'Ibrahimovic, en occupant au moins un défenseur central va lui permettre de plonger sans cesse face à des arrières latéraux qui, moins costauds, ne font pas le poids face à l'uruguayen dans les duels. En fait, après l'irruption de l'ailier central (à la Valbuena) et du latéral central, bienvenue à l'avant-centre latéral, capable de défendre face à son latéral, de plonger, moins à l'aise dans les débordements et les centres mais inégalable dans la prise de profondeur.
Conclusion : le monde du football devient un jeu étrange, à la fois fait de rigueur tactique et défensive et de joueurs qui dépassent leur rôle et leur positionnement. Une aspirine et en route pour la prochaine chronique.
Footballistico
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