Battre le Barça relève toujours de l'exploit pour une équipe "moyenne" de Liga mais dominer le Barça dans le jeu grâce au talent de ses attaquants est très rare. Il s'agit donc bien d'un exploit pour les galiciens.
L'équipe entraînée par l'ancien défenseur argentin Berizzo (auteur d'un passage fugace à l'OM, une manie décidément) se présentait en 4-4-2 avec Iago Aspas en pointe et l'ancien pensionnaire de L1, Daniel Wass, à ses côtés. Côté catalan, Jordi Alba absent, Mathieu prenait sa place côté gauche de la défense et Sergi Roberto était préféré à Rakitic.
Première mi-temps : le Celta prenant immédiatement le contrôle des opérations, grâce à un pressing haut et à des transmissions de balle rapides. On se frottait les yeux tant le Barça ne voyait pas la balle (59% de possession pour les locaux dans les 10 premières minutes) et les "celticos" plantaient même quelques banderilles. Assez vite, cependant le Barça allait reprendre le ballon et le match prenait un rythme moins frénétique. A ce moment, le dispositif défensif du Celta se mit en place et celui-ci est fort intéressant à plusieurs titres :
- la disposition en 3 lignes 3-2-4, Daniel Wass, descendant au niveau des 2 ailiers et marquant le plus souvent Busquets, Comme la défense à 4 du Celta était très compacte, cela donnait au dispositif un côté entonnoir, où les catalans se sont souvent engloutis.
- un harcèlement constant du blaugrana en possession de la balle. Dès la transmission, le joueur celtico le plus proche montait sur le catalan pour lui disputer le ballon, ce qui fut démontré sur le second but des locaux.
- une sortie de balle simple vers Nolito. L'ailier galicien fut le grand bonhomme de la première mi-temps. Il offrit surtout un conduit pour évacuer le ballon pour ses partenaires du milieu de terrain (cf. schéma). Alvés, nominalement face à Nolito ne sembla jamais en mesure de contrer la relance sur l'ailier celtico, qui mangeait la craie.
Les passes reçues par Nolito en première mi-temps. Craie. (source fourfourtwo) |
Ceci dit, le Celta Vigo ne s’embarrassa pas toujours d'une tactique complexe et n'hésita pas à dégager des longs ballons devant pour le seul Aspas. Ce fut d'ailleurs le maître mot de la tactique des locaux. Jouer simple et vite. Ainsi, offensivement, Orellana et Nolito provoquèrent constamment leur adversaire direct plutôt que de se lancer dans des combinaisons compliquées. On vit la défense du Barça en grande difficulté, en 1 contre 1, notamment Mathieu, face à Orellana.
Les dribbles du Celta. Sur l'aile droite, Orellana a mis la misère à Mathieu (source Fourfourtwo) |
Face à ce dispositif, le Barça eut du mal à se mettre dans le sens de la marche. D'une part, les latéraux ne purent jamais donner de la largeur au jeu des catalans : Alvés fut prudent face à Nolito et Mathieu, après un contrôle manqué dès la troisième minute fut incapable de créer le danger. Le pressing fut également assez lâche. Seul Messi constitua, par ses mouvements, un danger constant, notamment par ses combinaisons avec Neymar. Ce fut d'ailleurs des passes entre ses 2 joueurs, qui créèrent les 2 meilleures actions, dans l'espace. Toutefois, l'un des problèmes de Neymar fut son manque d'implication défensive. Ainsi, sur le premier but du Celta, le latéral Mallo centre sans opposition.
Après le second but du Celta, sur une récupération de Nolito face à Piqué, le Barça eut du mal à se remettre dans le sens de la marche. La mi-temps s'achevait avec une possession à peine en faveur des catalans et seulement 2 tirs : une misère.
Seconde période :
Les catalans reprirent la seconde période sans remplaçant mais en ayant la ferme intention de mettre la défense du Celta à rude épreuve. Plus hauts sur le terrain, les blaugranas effectuaient enfin un sévère pressing sur les celticos, qui, du coup, éprouvèrent de plus en plus de difficulté à se dégager. En 10 minutes, Messi heurta le poteau et eut un tir dangereux aux 20 mètres, soit plus d'occasions franches que dans les 45 premières. C'est sur un contre, suite à un corner en sa faveur que le Barça encaissa son troisième but, après un ballon dégagé par le gardien, Aspas se retrouva en 1 contre 1 face à Alvès et se joua de lui pour aller crucifier Ter Stegen une fois de plus.
A 3-0 à 35 minutes de la fin, la messe était dite mais le Barça ne lâcha pas l'affaire. L'entrée de Mounir ajouta un peu de vitesse au champion d'Europe et Rakitic (à la place de Busquets) un peu de technique. Cependant, la disparition du N°6 catalan offrit plus d'espace à Daniel Wass, qui put profiter de sa mobilité pour distiller des ballons à ses compères d'attaque.
Les occasions (en bleu ciel) créées par Wass en seconde période (source Fourfourtwo) |
A noter que du côté du Celta, Berizzo ne procéda à son premier remplacement qu'au bout de 75 minutes, ce qui augure d'une équipe bien en place mais qui ne sombra jamais dans la débauche d'énergie désorganisée.
Si Neymar inscrivit le but du Barça (sur une passe de l'omniprésent Messi), ce fut surtout le dernier but du Celta qui fut remarquable tant la passivité de la défense catalane fut immense : Mallo centre sans opposition sur Guidetti qui, aux 6 mètres, à tout le temps de contrôler et d'ajuster Ter Stegen. C'était la troisième fois que le gardien allemand se retrouvait seul face à un attaquant du Celta dans la partie.
Conclusion : bien sûr, on pourra dire que sur le match, le Celta n'a pas été malheureux : 4 buts sur ses 5 tirs cadrés et dieu sait ce qui se serait passé si Messi avait conclu son occasion de la 52ème minute au lieu de frapper le poteau. Néanmoins, c'est la troisième fois, cette saison, que le Barça en encaisse 4 buts. L'interdiction de recruter commence à faire mal et certains joueurs (Busquets, Piqué, Rakitic) sont très en dessous de leur performance habituelle. Un gros souci face à un Real qui semble plus fort que jamais. Quant au Celta, il exploite au mieux les recettes des budgets moyens de Liga : recruter des refusés des grands centres de formation ibériques (Nolito) et compléter avec des sud-américains teigneux (Fernandez) ou techniques (Orellana).