Parfois, le spectacle du football acquiert une dimension qui dépasse le simple spectacle sportif pour devenir autre chose : de l'art, une tragédie, un affrontement mythique. Arsenal - Barcelone est, en une année, devenu un classique. L'épisode de cette année s'intitulait : "comment les gunners avaient digéré la confrontation de l'année dernière pour offrir une opposition crédible à l'armada blaugrana ?"
La réponse était visible sur le terrain : plutôt que d'attendre le Barça dans les 30 derniers mètres, à 10, de subir la pression et de tenter de procéder en contres, Arsenal pressait haut et disputait la possession.
De son côté, le Barça affichait son traditionnel 4 - 3 - 3. Messi était positionné au centre de l'attaque et décrochait souvent en espérant attirer les défenseurs centraux pour ouvrir des bouevards à Villa, situé nominalement à droite. Puyol était absent, Abidal le remplaçait au centre de la défense et Maxwell prenait le poste de latéral gauche. En face, Arsenal utilisait aussi son dispositif habituel, le 4 - 2 - 3 -1. Van Persie était aux avant-postes et décrochait souvent (une manie ce mercredi), ce qui donnait à Arsenal un côté très compact massé sur 30 mètres.
Evidemment, les choix d'Arsène Wenger possédaient un risque important : que les joueurs du Barça, toujours mobiles et adroits profitent de la défense située haut pour partir dans son dos à la limite du hors-jeu. De son côté, Arsenal pouvait compter sur la supposée faiblesse de Maxwell en exploitant la vitesse de Walcott.
Dans les faits, si Arsenal allait plutôt dominer les 10 premières minutes, ponctuées par une passe somptueuse de Fabregas pour Van Persie, le Barça allait rapidement prendre la direction des opérations. Certes, Arsenal n'était pas acculé dans ses 30 mètres mais ne voyait plus le ballon. Messi allait d'abord tutoyer le poteau (20ème) avant d'envoyer Villa au but (26ème) sur un mauvais alignement de Clichy, situé derrière ses défenseurs centraux. Arsenal ne réagissait plus qu'en contres, souvent brillants d'ailleurs, notamment à la 25ème où Fabregas centrait pour Van Persie devancé par Abidal.
La seconde mi-temps n'allait pas changer la configuration du match pendant 20 bonnes minutes, la période la moins intense du match : Nasri allait offrir un joli ballon à tacler à Van Persie auquel Messi répondait par un tir dans le petit filet. Barcelone faisait tourner face à des gunners de plus en plus à la peine : à 1 - 0 que pouvait-il réellement arriver aux catalans ? Les changements qui allaient intervenir à la 67ème (Keita pour Villa / Arshavin pour Song) devaient s'avérer déterminants (confirmant une fois de plus l'importance des ajustements en cours de match). Pep Guardiola choisissait donc un remplacement défensif : Keita allant prendre la place d'Iniesta, en mileu gauche pendant que ce dernier montait pour remplacer Villa. De son côté, Wenger plaçait Arshavin à gauche et faisait reculer Nasri à la place de Song. Arsenal passait en 4 - 3 - 3, voire même en 4 - 2 - 4 au vu du positionnement très avancé de Fabregas. 10 minutes plus tard, Bendtner remplaçait un Walcott disparu de la circulation. Bendtner n'est évidemment pas un ailier, c'est un joueur qui allait présenter une menace de plus face au but de Victor Valdes tout en offrant plus de liberté à Van Persie. La sanction tombait une minute plus tard, passe de Clichy à un Van Persie décalé sur la gauche, la défense du Barça et Victor Valdes étaient happés par Bendtner, bien au centre. Boum, ras du poteau. 5 minutes plus tard, c'est Fabregas, qui lançait Nasri à droite. Centre en retrait pour Arshavin. But.
Que conclure de ce bel affrontement ?
- même si Arsenal est encore loin d'être qualifié (48,4% de chances d'après le blog poteau-rentrant), les gunners sont devenus mercredi l'une des rares équipes à avoir battu le Barça depuis 2 saisons (avec l'Inter et Hercules Alicante). Pari déjà gagné pour Arsène Wenger : se sortir de cette image de "centre de formation" (dixit Patrice Evra) qui s'écroule lors des grandes échéances.
- la presse grand public a vanté la possession supérieure du Barça (61%) et les occases ratées de Messi. Mais les stats qui comptent (nombre de corners, de tirs) racontent une toute autre histoire. Arsenal a eu plus d'occasions que le Barça (13 contre 10), plus de tirs cadrés, plus de corners (4 contre 1)...
- les catalans ont joué "petit bras" à partir de la 67ème en sacrifiant Villa. C'est rare de leur part, surtout à 1 - 0 : est-ce de la suffisance ou la conscience des limites physiques de l'équipe qui a conduit Guardiola a opéré ce changement : pari perdu en tout cas pour le coach de Barcelone que l'on dit passionné de tactique (et lecteur assidu de footballistico, donc).
- tout n'a pas été rose pour Arsenal : l'option je positionne mon détonateur Walcott face au maillon faible supposé de Barcelone, Maxwell, n'a pas été couronnée de succès. Le jeune anglais n'a réussi que 9 passes (sur 16). Arshavin en a réussi 8 en 3 fois moins de temps. Song a été décevant mais Wilshere en revanche a été au four (la défense) et au moulin (les contres), en relançant proprement la plupart des ballons grattés. Si vous cherchez une jeune star du foot anglaise dont le nom commence par "W", regardez plutôt derrière.
- enfin et surtout, Arsenal a gagné en jouant, sans chercher à dénaturer son jeu et son XI majeur.
Bref, une fois de plus, ceux qui manqueront le match retour au Camp Nou (sans Piqué mais avec Puyol) seront de corvée pour chroniquer PSG - Bate Borisov.
Footballistico
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