lundi 7 novembre 2011

Villas-Boas, Bielsa, Gilot, Gasperini : les transferts d'entraîneur n'ont plus la cote

Étonnamment, un vieux dicton du football semble prendre corps en cette saison : la stabilité paye. Lorsque l'on regarde les clubs dominant les différents théâtres nationaux, on peut s'apercevoir que les clubs ayant osé des paris assez ambitieux en termes de "coach" se trouvent loin derrière. Les différents championnats sont dominés soit par des entraîneurs reconduits dans leurs fonctions (Antoine Koumbouaré, Mancini, Ferguson, Guidolin, Guardiola, Mourinho) ou vieux de la vieille en tant que joueur (Antonio Conte à la Juve) ou ancien entraîneur (Jupp Heinckes au Bayern).

Les entraîneurs qui ont attiré l'attention des médias et qui tentent de chambouler les habitudes de leurs équipes ont déjà plié bagage ou se traînent à des places déshonorantes (9ème pour l'Athletic Bilbao, 15ème pour Bordeaux, 4ème pour Chelsea, loin de la performance des blues à la même époque l'année dernière). Ces entraîneurs ont tous pour point commun de posséder une vision du football (mouvement pour Bielsa, offensif pour Gillot, pressing haut pour Vilas-Boas, défense à 3 pour Gasperini), d'avoir sublimé les équipes qu'ils ont coachées (Sochaux, Chili, Porto et Genoa). Et c'est la combinaison des 2 qui semble pour le moment poser problème : les 4 entraîneurs ont pris en main des équipes qui n'ont été que peu modifiées et qui ont du mal à s'adapter à ce que leur demandent leurs nouveaux coachs. Voyons cela :
- Gasperini est sans doute celui qui a le plus été confronté à la difficulté de faire évoluer une bande de vieux briscards, toujours fan de Mourinho, et ancrée dans son 4 - 3 - 1 - 2. De toute façon, Sneijder veut jouer derrière 2 attaquants et de toute façon, tout que Mourinho ne sera pas rentré on ne jouera plus. Avec son 3 - 4 - 3, privé d'Eto, Gasperini n'avait aucune chance. A noter que le bilan de Ranieri, revenu à une tactique beaucoup plus traditionnelle est pour l'instant à peine meilleur (2 victoires, 1 match nul et 3 défaites). L'Inter semble de toute façon trop engoncée dans ses habitudes pour redevenir un vrai grand club sans changement profond de l'effectif. Pour mémoire, Mourinho avait chamboulé l'équipe en 2 saisons (Eto'o, Milito, Thiago Motta, Lucio entre autres). Une nouvelle ère à écrire...
- Pour Francis Gillot, l'affaire est sans doute moins critique mais le doué tacticien n'avait sans doute pas percuté que le mal qui rongeait les girondins depuis Janvier 2010 était aussi profond. Démoralisé depuis son élimination en Ligue des Champions par l'OL. Décapité en 2 temps (Gourcuff, Chamackh à l'été 2010, Fernando, Wendel en 2011), les girondins qui demeurent sont soit médiocres, soit loin de leur meilleur niveau. Alors, Gillot bricole avec Gouffran, Maurice-Belay et Diabaté. A noter que le technicien girondin cherche toujours sa formation : en 4 - 4 - 2 (à plat ou diamant), 4-4-1-1 et 4-2-3-1. Un catalogue. A noter que les joueurs les plus médiocres de l'effectif sont les historiques du club champion de France 2009-2010 (remember...) : Chalmé, Trémoulinas, Carasso et Planus (source whoscored.com).
- l'argentin fou Bielsa a pris les rênes d'une équipe très peu habituée à des dispositifs exotiques (Bielsa est un amateur du 3-1-3-3) avec son vieux 4-2-3-1 avec un Llorente en pointe. En outre, le technicien n'a pas la latitude d'embaucher en dehors du pays basque afin d'obéir à la ligne exigente de l'Athletic. Mais comme l'a montré l'intéressant match d'hier face au Barça, Bielsa semble être sur le point de réussir quelques chose (le PSG l'a appris à ses dépens) : agressivité, déplacement, pressing haut, jeu rapide dans les 40 derniers mètres. La recette de Bielsa, si ses joueurs le suivent, semble fonctionner dans son nouveau club. Pas champion d'Espagne cette année mais apte à concurrencer les Valence et Villareal et de jouer un rôle en Europa League.
- mais celui qui a défrayé la chronique, c'est le "special two" qui est arrivé de Porto en voulant changer Chelsea, . L'équipe puissante, qui procédait en construction et en triangle avec Drogba devant c'est fini. Aujourd'hui, Chelsea presse haut, a abandonné le jeu patient de construction et tente d'introduire plus de technicité. Le problème, c'est qu'à l'exception de Mata, l'effectif est resté le même, avec 1 année de plus. Or, la plupart des joueurs de Chelsea ont dépassé la trentaine (Malouda, Lampard, Terry, Cole, Drogba) ou ne sont pas joueurs de rythme (Ivanovic, Mikel). Aujourd'hui, Villas-Boas est probablement un grand entraîneur mais possède-t-il l'effectif pour aller taquiner les 2 Manchester. Cela semble peu probable.

Conclusion : aujourd'hui, le bilan est mitigé et cela tend à prouver qu'un grand entraîneur n'est rien sans un effectif de qualité. De façon plus précise, il faut à minima un effectif prêt à écouter et un discours convaincant, pour emmener l'équipe plus haut que la seule valeur intrinsèque de ses joueurs. Bielsa semble le plus proche de cette alchimie, Ranieri devrait souffrir, Gillot rester au milieu de tableau. Quant a Villas-Boas, son équipe semble trop juste pour jouer le titre dès cette saison même si une qualification en ligue des champions ne semble pas inabordable.

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