José Anigo avait pour sa part répliqué le dispositif monégasque, en positionnant Thauvin et Gignac devant Valbuena. C'était la première fois de la saison que l'OM se présentait dans ce schéma et cela s'est d'ailleurs vu sur le terrain.
1ère mi-temps : L'objectif de José Anigo pouvait paraître simple : annihiler le dispositif monégasque en positionnant un de ses milieux face à son homologue (Romao / Rodriguez, Cheyrou / Moutinho, Lemina / Kondogbia).
En théorie, ce choix avait un risque : l'OM pouvait être débordé sur les côtés. Les latéraux monégasques pouvaient bénéficier de 40 mètres de champ libre et créer le surnombre si l'un de leurs 2 attaquants se décalait sur l'aile. Evidemment, les 2 formations étant exactement identiques, cette faiblesse était symétrique pour l'ASM.
On sentit toutefois que l'OM allait en souffrir davantage dès la première minute avec un ballon dans la profondeur donné par Raggi (pourtant très prudent dimanche soir) à Rivière à 10 mètres du but de Mandanda. Mendy répliquait par un centre fuyant vers Thauvin mais incontestablement, Monaco était plus à l'aise dans son système pratiqué depuis 10 journées. Le problème était double pour les marseillais :
- familiariser Cheyrou et Lemina avec leur double rôle, à la fois défensif et offensif,
- faire évoluer Valbuena dans un registre différent, derrière 2 attaquants.
Sur les 2 aspects, Anigo a sans doute surestimé la capacité de ses joueurs à s'adapter face à une équipe rodée. En première période (hormis, donc le centre de Mendy), jamais l'OM ne parvint à se créer des occasions :
- Traditionellement, Valbuena est la principale menace olympienne. Dans le 4-2-3-1 traditionnel, il excelle dans son rôle d' "ailier central". Il se déporte sur le ailes, combine avec son ailier et crée des occasions, souvent via centre. Hier, il a paru impuissant, mal à l'aise dans un rôle plus central et replié (jusqu'à la 75ème minute, voir plus bas). Les 2 diagrammes ci-dessous comparent le placement du lutin marseillais dans un match en 4-2-3-1 par rapport à celui d'hier (source fourfourtwo).
A Reims, un ailier central (passes effectuées en bleu foncé) |
A Monaco, un joueur plus replié et assez impuissant |
- Les 2 milieux latéraux ont paru anesthésiés, hésitant entre leur rôle défensif et offensif, peu à l'aise dans leur placement.
Monaco prit tranquillement la mesure de son adversaire. Puis après plusieurs tentatives, le coup de grâce allait venir à la 40ème minute comme illustration des errements olympiens. Un ballon arrivait sur Moutinho, qui le glissait entre Romao et Abdallah, pour un contre un que Valère Germain négocia bien face à Diawara (largué sur ce match).
Sur le coup, Lemina était monté sur le latéral monégasque (Kurzawa) et Romao quitta son rôle de sentinelle pour tenter d'intervenir. 2 milieux olympiens se trouvaient hors position sans toutefois intervenir franchement.
Seconde période : Comme disaient les romains "Errare Humanum Est, Perseverare Diabolicum". A la mi-temps, Anigo remplaça Cheyrou par Imbula, un joueur au profil encore plus défensif et Monaco reprit le contrôle des opérations. Sur un ballon de Thauvin, Gignac, très actif sur les miettes, aurait pu ramener les 2 équipes à égalité. Mais dans la minute suivante, le but de l'ASM fut encore une manifestation des errements marseillais puisque Kondogbia hérita d'un ballon qu'il eut tout le temps d'ajuster entre Imbula (censé le marquer) et Romae (à la ramasse) sur un Rivière très tranquille pour ajuster Mandanda. Un but qui est un calque du premier, Kondogbia, aurait aussi pu tenter la passe vers Rodriguez, démarqué.
A 0-2, Anigo devait tenter quelque chose mais décida de sortir Thauvin pour faire entrer Payet. Ce choix est d'autant plus dommageable qu'un quart d'heure plus tard, Khalifa remplaçait Lemina et, enfin, l'OM retrouvait son système, son envie. Pendant ces 15 minutes, les visiteurs eurent autant d'occasions que pendant le 75 précédentes, bousculant un ASM soudain renvoyé à ses limites. Des centres, des tirs et des actions, avec un Khalifa, tout seul aux 6 mètres, envoyant sa tête dehors, à la 90ème. Enfin. Trop tard.
Conclusion : Elle est multiple :
- d'une part, il est difficile d'inaugurer une tactique un beau jour et d'en récolter les fruits immédiatement. Certes, on peut adapter son dispositif mais dimanche trop de joueurs marseillais ont semblé errer sur la pelouse son comprendre leur rôle.
- d'autre part, aucun changement d'entraineur n'a porté ses fruits cette saison en L1 (Courbis sera-t-il l'exception) . Et les compétences de José Anigo, excellent meneur d'homme mais piètre tacticien semblent insuffisantes.
- Enfin, Monaco reste toujoursune équipe solide, doublée d'une impressionnante machine à passes décisives subtiles. Dans 2 semaines, Louis II fêtera la venue du PSG. Pas étonnant que les parisiens préparent déjà ce match avec des petits week-ends détente en Bretagne.
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