dimanche 4 mai 2014

Bayern - Real : à la recherche du tiki-taka 2.0

La victoire, un peu humiliante, du Real dans l'antre de l'Allianz Arena possède un peu une atmosphère de fin de règne, un peu comme la défaite sur cette même pelouse munichoise du Barça l'année dernière. Sauf, que si pour l'équipe catalane, il s'agissait d'un problème d'effectif (des joueurs sans doute à court de motivation ou en fin de carrière), certains annoncent déjà la fin du tiki-taka comme philosophie de jeu. Un changement majeur, digne de la fin de la dernière glaciation. Qu'en est-il vraiment et pourquoi Guardiola a-t-il échoué ?

Il faut tout d'abord dire que depuis que son impressionnante cavalcade en tête de la Bundesliga s'est mathématiquement achevée par un titre dès mars, le Bayern a piqué du nez : 2 défaites en championnat, 1 qualification pénible face à un faible Manchester et la défaite à l'aller à Madrid. Le titre a donc inconsciemment créé une décompression chez les bavarois. Maintenant, la tactique.

  1. Possession et percussion. La grande qualité du Bayern, version Jupp Heinckes 2012-13, était sa qualité de percussion. Les allemands étaient les plus forts sur les côtés, en 1 contre 1 ou, plus souvent en 2 contre 2. Les mêmes joueurs sont restés (Ribéry / Alaba, Robben / Lahm) mais tout a changé. Ici, le coupable est l'innovation tactique "majeure" de Guardiola cette saison, le remplacement "central" des latéraux. Cette saison, dès les 35 mètres en vue, Alaba et Lahm/Rafinha obliquent vers le centre du terrain. Objectif : échapper au marquage de l'ailier et accentuer la pression. Si cette disposition tactique a pu déconcerter au début, les coachs adverses se sont vite adapté. Soit en demandant effectivement à leurs ailiers de suivre, soit, beaucoup plus simplement, en s'affichant en 4-3-3. Face à ce dispositif, c'est le milieu latéral adverse (Modric, Di Maria), qui fait face. Et ce simple dispositif, peu fréquent en Allemagne (où le 4-2-3-1 règne en maître) a suffi à annihiler les efforts d'Alaba. Face à Ribéry, il "suffit" alors d'opposer un latéral prudent, ce qui fut le cas mercredi soir (Carvajal plutôt que Marcelo).
David Alaba, face au Real. Noter le recentrage aux 35 mètres et les tirs contrés (en gris). Source Fourfourtwo.


  1. Impuissance offensive. Le terrible bilan des bavarois sur les 2 matches, 1 400 passes mais seulement 8 tirs cadrés et 0 but, ne peut s'expliquer simplement par le seul placement des latéraux. On n'a rarement eu l'impression d'autant assister à une passe à 10 que devant ces 2 rencontres. C'est d'autant plus ennuyeux que le Real a de fait défendu à 7 au matche retour. Or, ni Modric, ni Di Maria, ni Xavi Alonso ne sont des milieux "défensifs" au sens Makélélesque du terme : Xavi Alonso a raté ses 5 tacles, Di Maria en a réussie 5 sur 7. Non simplement, grâce à leur intelligence de placement, avec un positionnement assez bas, les madrilènes ont tranquillement grippé la machine offensive bavaroise. La première action réellement dangereuse se situe quelque part à la 80ème minute, après l'entrée de Götze. Mandzukic, dominé dans les airs par Ramos et Pépé (1 seul duel emporté sur 5 tentés par le croate), Ribéry et Robben, trop isolés sur leur côté, le Bayern a semblé sans idée...tout en se découvrant derrière pour laisser BBC placer des contres.
  2. Mauvaise limonade sur les coups de pied arrêtés. Même si Sergio Ramos est traditionnellement un bon joueur de tête, le fait de lâcher totalement le marquage semble totalement aberrant à ce niveau. Ici, on voit bien comment l'approche jusqu’au-boutiste de Guardiola peut entraîner des problèmes : en multipliant le travail au sol, les toros, le technicien catalan délaisse le travail aérien et la défense sur coup de pied arrêté. 
  3. Les changements tactiques laissent les joueurs désemparés. L'un des principes de Guardiola est (comme Bielsa) d'adapter en permanence son dispositif en fonction des objectifs recherchés et de demander à certains de ses joueurs d'occuper plusieurs postes en fonction des matches ou des changements. Dans les faits ces modifications se sont traduites de la façon suivante :
    • à Bernabeu, Schweinsteiger est positionné derrière Mandzukic. Lahm et Kroos occupent le 2 du 4-2-3-1. 
    • à Munich, Schweinsteiger et Kroos se retrouvent côte à côte, Lahm réintègre son poste de latéral. 
    • dans l'intervalle, face à Brême, les munichois affichent Schweinsteiger et Martinez derrière Götze. Müller est à droite. 
Conséquence : les joueurs semblent avoir eu du mal à trouver leur place et ce qu'on attendait réellement d'eux dans ce système. Schweinsteiger a paru peu à l'aise à Bernabeu dans un rôle de 10, qu'il n'affectionne pas spécialement, alors que Kroos n'a pas semblé apprécier son poste de meneur reculé (4 tacles ratés et 2 fautes sur Cristiano, dont celle qui occasionne le dernier but).

En synthèse, le Bayern (et Guardiola) a besoin d'un tiki-taka 2.0. L'effectif et le dispositif mis en place sont très efficaces dans le cadre de la domination d'une Bundesliga ouverte et médiocre défensivement. Pour gagner face aux tueurs de la ligue des Champions, cela semble trop juste.

Footballistico.

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