En surface, la défaite du PSG sur sa pelouse possède toutes les apparences du hold-up : comment les parisiens ont-ils perdu ce match qui leur tendait les bras au vu des occasions très nombreuses qu'ils ont eues ? Comment des girondins en perdition, qui se privaient de Gourcuff et de Cavenaghi, ont pu renverser cette équipe, au jeu si sûr ?
Certes, toutes les analyses sur la faiblesse des parisiens sur coup de pied arrêté sont valables. Sur les phases de corner, notamment, le dispositif parisien est étrange (nous y reviendrons).
Pourtant, ce match prouve ce que Footballistico prévoyait depuis un certain temps. Résumons : la stratégie du PSG est plutôt de laisser le ballon aux autres et de déployer leur jeu en contre, soit sur les ailes soit en alimentant rapidement les attaquants qui partent dans le dos de la défense. Depuis le début du championnat, les parisiens n'ont que la 18ème possession et le 17ème total en nombre de passes (moins que des équipes comme Arles-Avignon, Brest ou Sochaux). Or, une vérité du football demeure : plus vous avez le ballon, plus vous diminuez le nombre de chances que l'adversaire vienne vous mettre un but en même temps que vous accroissez celles d'en inscrire un. Bien entendu, dominer n'est pas gagner et une possession peut s'avérer stérile. En outre, les parisiens disposent de statistiques flatteuses en termes de corners et de tirs cadrés mais, ici, on atteint, les limites du supportable. En gros, nous avons une équipe qui dispose de joueurs talentueux, qui n'ont pas de problème à se créer des opportunités sur les rares ballons qui leur parviennent. Mais, il suffit que la mécanique de base se grippe sur les 3/4 joueurs clé (hier, un Erding, particuliérement mal inspiré) et le match dérive. Au contraire, Bordeaux, a donné l'impression qu'on pouvait faire sortir / entrer n'importe lequel de ses joueurs offensifs sans changer grand chose.
Autre défaut du système du PSG, en étant en infériorité numérique au milieu face à un 4-5-1 (Jussié / Fernando / Diarra - face à Makélélé / Bodmer), il imposait une charge de travail énorme aux parisiens tout en laissant de la liberté à l'un des milieux bordelais.
En fin de match, on a ainsi pu voir un "Maké" lessivé qui laissait filer Fernando sous son nez. Même plus assez d'énergie pour mettre un bon taquet, c'est dire s'il était épuisé. Le remplacement de Bodmer avait réglé le problème Bodmer. Il aurait fallu faire entrer Chantôme mais Kombouaré n'a pas su s'y résoudre. La rencontre a duré 10 minutes de trop pour les parisiens.
Dernier défaut, donc, les coups de pied arrêtés indirects. Cela semble une évidence mais si Paris continue dans son système, il lui faudra exceller dans cet exercice et hier le dispositif défensif appliqué sur les corners n'a pas bien fonctionné. Celui-ci fonctionne sur 3 base, apparemment.
- marquage individuel strict,
- un homme au premier poteau pour couper mais pas au second,
- Hoarau est une sorte d'homme de base au centre de la surface, qui descend pour couvrir le but lorsque le ballon le dépasse pour filer au second poteau.
Ce dispositif exige 3 choses :
- une combativité forte car on est souvent susceptible de se trouver en un contre un,
- une rigueur qui exige de marquer tous les attaquants présents dans la surface,
- des corners plutôt tendus mais les bordelais les ont tirés intelligement long, un peu flottant au second poteau.
Sur le premier but, Diarra (pourtant le bordelais le plus dangereux sur corner) n'est pas marqué par un parisien. Le défenseur du PSG le plus proche est Sessegnon (1m72) et il est derrière...
Le second est bien en 1 contre 1 (Ciani vs Camara) mais le défenseur bordelais prend simplement le dessus sur un corner feuille morte.
A noter qu'un troisième corner, frappé de la tête par Modeste (tout seul...au second poteau) aurait logiquement dû, déjà, finir sa cours à l'intérieur des filets.
Il serait sans doute plus utile de :
- mettre Hoarau au marquage du joueur de tête adverse le plus dangereux,
- défendre avec 1 parisien à chaque poteau quitte à diminuer la menace en contre,
Conclusion : n'écoutez pas les médias qui crient au "braquage". Le PSG récolte d'une certaine façon les fruits de ce qu'il a semé. Pas assez de possession et système d'animation trop dépendant de 2 ou 3 joueurs. En fait, on peut sans doute argumenter qu'avec un arbitrage moins "compréhensif" (léger hors-jeu sur l'égalisation de Hoarau et penalty sur Jussié), Paris aurait pris 0 - 3.
Des défauts à corriger au plus vite si Paris ne veut pas vivre une nouvelle saison-désillusion. Quant à Bordeaux, il est frappant de constater que l'équipe a mieux joué sans ses leaders offensifs habituels. Ca commence à devenir embêtant pour Gourcuff, qui voit systématiquement ses partenaires s'en sortir mieux quand il est absent. En tout cas, les girondins semblent avoir retrouvé une assise au milieu et un gardien qui les sauve en cas de coup dur. En attendant le retour de Planus pour solidifier une défense centrale qui a tout de même souffert.
Footballistico
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