mercredi 27 avril 2011

Présentation tactique : Real 4.0 vs Barça

Pour Footballistico, il est fascinant de constater combien le "Mou" a retouché son équipe depuis la raclée prise au Camp Nou pour la rendre de plus en plus efficace face à l'armada blaugrana.

Certes, on peut dire (comme Cruyff) que ce n'est pas du foot ou que le Barça d'Avril n'est plus celui de Novembre mais il n'empêche que le rôle d'un entraîneur est d'essayer de gagner et cela, Mourinho le fait à merveille, à voir les progrès fait depuis la "manita" encaissée au Camp Nou.

Décodons, donc.

1 - Une organisation défensive structurée autour d'un milieu à 3

Lors du match de championnat du 17/04, Mourinho avait positionné Pepe en 6 avec pour mission de neutraliser Messi lorsqu'il décroche et d'offrir un recours lorsque Xavi ou Iniesta s'avançait. Devant, le coach madrilène avait donc sacrifié Ozil mais conservait ses 3 titulaires habituels (Ronaldo, Di Maria et Benzema), avec une différence importante : en plaçant l'argentin à gauche, le Real offrait une opposition forte aux montées de Dani Alves. A noter aussi, le positionnement de Benzema, assez bas, qui venait perturber l'orientation du jeu de Busquets. Ainsi structuré, le Real était une vraie muraille mais semblait impotent devant (voir point 2 ci-dessous)  Toutefois, la précision et la coordination des joueurs du Barça devaient jouer un sale tour au Real puisqu'une longue balle de Busquets (qui avait légèrement avancé afin d'éviter Benzema) pour Villa allait provoquer une sale faute d'Albiol, expulsé sur le coup.
Lors de la finale de la Coupe du Roi, Pepe allait monter d'un cran pour s'occuper personnellement de Xavi, tandis que Xavi Alonso occupait le poste de 6. Cette décision est assez étonnante au vu de la bonne performance défensives des madrilènes 4 jours avant. Tout se passe comme si Mourinho avait décidé de couper l'alimentation du trio offensif catalan (Messi / Villa / Pedro), plutôt que de neutraliser la liaison Messi /Villa. Mourinho a peut-être considéré les éléments suivants :
- Ramos en défense centrale possède plus de rythme qu'Albiol et serait donc plus à même de contrer les plongées d'un Villa à court de forme
- les ballons récupérés plus haut permettraient mieux à son équipe de se mettre en évidence offensivement
- en coupant la liaison Xavi - Messi, l'argentin redescendrait et que sa menace diminuerait.
Toujours est-il que c'est exactement ce qui s'est passé : les madrilènes grâce à leur pressing n'ont jamais laissé les catalans respirer et qu'en première mi-temps tout au moins, aucune action en fut à mettre à l'actif du Barça, fait rare cette saison.


2 - Une organisation offensive orientée vers le contre mais qui se cherche

Lors du premier match, aucun joueur ne pouvait assurer le lien entre défense et attaque et le Real allait donc se contenter d'actions individuelles parfois brillantes (Ronaldo trouvait quelques coups francs intéressants) et de longues balles devant, notamment sur les côtés. Mais Mourinho allait vraiment faire parler tout son génie après l'expulsion d'Albiol : son Real à 10 fonctionnait mieux qu'à 11, Ozil, lancé dans le grand bain profitait de l'usure des barcelonais (et de la sortie sur blessure de Puyol) pour orienter le jeu et coulisser entre côté droit et centre du terrain pendant qu'Adebayor offrait un point de fixation qui accroissait encore l'avantage de taille dont jouissait le Real. Le penalty venait suite à une combinaison Ozil, Ronaldo, Marcelo de bonne facture avec un Ozil, positionné au centre.

4 jours après, prenant acte du faible rendement offensif de ses troupes, Mourinho réorganisait son attaque en positionnant Ronaldo au centre et Ozil à droite. Les avantages étaient évidents, l'allemand fournit le chaînon manquant entre défense et attaque, Ronaldo offre une rapidité incroyable face à une défense centrale orpheline de Puyol (avec Mascherano en intermittent). Chercher la menace aérienne fut aussi un souci permanent des madrilènes : l'action la plus dangereuse (poteau) et le but vinrent de cette façon.

Le seul petit problème de ce dispositif est la relative faiblesse défensive d'Ozil. Guardiola allait repositionner Pedro à gauche pour en profiter et le couple Arbeloa / Ozil allait souffrir le martyre face à Pedro / Adriano. L'attaquant espagnol se vit d'ailleurs refuser un but sur un hors-jeu très limite.


3 - Un barça, désespéré défensivement

La titularisation de Puyol, accélérée mais malheureuse, dit assez bien le désarroi défensif du Barça, déjà privé d'Abidal. Sans ces 2 joueurs, le Barça souffre de 2 maux :

- il laisse l'initiative à l'adversaire sur les coups de pied arrêtés. Seuls Piqué, Villa et Busquets sont à l'aise dans cet exercice
- la défense centrale est lente quelle que soit la solution de rechange (Busquets, Mascherano ou Milito).

En outre, le côté gauche de la défense devra faire sans Maxwell et Adriano et il n'existe pas de solution alternative évidente. Il est évident que Mourinho saura exploiter cette faiblesse en chargeant à droite et en insistant en hauteur.

Conclusion : la tension monte, entre insultes à peine voilées entre les 2 entraîneurs, gazon mal taillé pour soi-disant gêner le jeu léché du Barça et accusations d'influencer le choix de l'arbitre. Mais à un niveau tactique : que faire ?

Pour une fois, Mourinho est le plus à l'aise : son milieu à 3 donne satisfaction. Lass Diarra devrait prendre la place de Khedira, blessé. Xavi Alonso devrait être devant la défense. Derrière Albiol retrouvera Ramos (Carvalho est suspendu). Arbeloa occupera le côté défensif droit. La seule interrogation devrait être le choix de l'attaque. Si Di Maria sera vraisemblablement à gauche, Ronaldo pourrait finalement être titularisé à droite pour profiter du manque de latéraux catalans. Ozil serait donc sacrifié au profit d'un grand devant : Adebayor. La seconde option n'est sans doute pas à écarter : reconduire le dispositif qui a gagné la coupe du roi, avec Ozil à droite et Ronaldo au centre.

Guardiola doit d'abord trouver une défense : il est vraisemblable que le technicien catalan titularise Puyol, faute de choix. Mais où ? Le défenseur fut un latéral avant d'être central et il est possible que Guardiola le titularise à gauche pour neutraliser la menace Ozil. Ce n'est pas avec Puyol que Barcelone se montrerait menaçant offensivement mais alors le Barça pourrait glisser dans une défense à 3, Dani Alves s'avançant énormément pour obliger Di Maria à descendre. Mascherano occuperait avec Piqué la défense centrale.

Au milieu, le Barça sera vraisemblablement privé d'Iniesta et son remplaçant, Keita devra supporter le fox-terrier Diarra, pendant que Xavi se dépatouillera avec le pitbull Pepe. Mais c'est devant que Guardiola pourrait être tenté d'innover. Résumons : un côté gauche amputé d'Iniesta et d'Adriano, rendu assez inoffensif, Guardiola a donc 2 options :
- soit l'abandonner carrément. L'idée, révolutionnaire serait de sacrifier Pedro et de mettre un milieu de plus dans une tactique en 4 - 1 - 3 - 2. Un Affelay prendrait alors le milieu gauche. Avantage de ce dispositif : en mettant un milieu de plus, il rend inopérant le milieu à 3 des madrilènes. 2 inconvénients, Affelay ne pourrait pas couvrir toutes les montées d'Arbeloa, ce qui semble gérable. Mais surtout, l'arrière droit madrilène offrirait une voie royale pour sortir du pressing haut des barcelonais, arme génétique de leur jeu.
- soit, plus modestement, intervertir Messi et Villa sur le côté droit. L'argentin se trouverait ainsi dans une zone plus dégagée et pourrait combiner avec Dani Alves. Villa se trouverait avant-centre.

De toute façon, Guardiola se trouve dans l'obligation d'évoluer. Le technicien des blaugranas est un fanatique de tactique paraît-il. A lui de le montrer ce soir.

Footballistico

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