jeudi 19 avril 2007

33ème journée : la fin du FCNA.

Si tout se passe comme prévu (c'est-à-dire si la hiérarchie est respectée), a messe pourra être dite pour la saison 2006/2007 dès la prochaine journée de championnat. La 33ème. Certes, mi-Avril, c’est un peu tôt pour finir une saison mais ça permettra aux grosses écuries de bien négocier les transferts de la saison prochaine et aux autres de négocier leur location à Palavas Les Flots.
Qu’on en juge :
- le PSG reçoit Nantes,
- Sedan reçoit Nice,
- Marseille reçoit Troyes,
Comme dans l’intervalle, Lyon a décroché le point qui lui manquait pour être quasi-officiellement champion, l'intérêt se limitera aux places d'honneur.

Si Paris, Nice et Marseille l’emportent, la messe sera dite pour la L2 et il sera temps de chanter un In Memoriam pour Troyes, Nantes et Sedan. Il semblerait invraisemblable que l’un des 3 condamnés ne parvienne à reprendre 6 points dans les 5 dernières journées tout en compensant un goal-average médiocre. Si la descente de Troyes et Sedan est tout à fait logique tant les 2 clubs sont des abonnés de l'ascenseur, celle de Nantes constituera un petit événement. Les canaris sont en L1 depuis 1963 et possèdent une histoire et un patrimoine footballistique hors du commun en France.

Le club a été fondé en 1943 (en pleine occupation, la date comme nous allons le voir n’est pas neutre) grâce à la fusion de plusieurs clubs nantais dont la Saint-Pierre de Nantes, le principal club amateur de la ville, évoluant en division d'honneur, qui prend son autonomie sous le nom de Football Club de Nantes. Les autres ont des associations ouvrières (Ateliers et Chantiers de la Basse-Loire, Association Sportive Ouvrière Nantaise, Société de Construction des Batignolles, la Mellinet) ou étudiantes (Stade nantais université club). Les 2 membres les plus en vue de ce nouveau club sont le fameux Marcel Saupin (qui donnera son nom au stade de la ville à sa mort) et Jean Le Guillou (son premier président) qui a construit le stade où évoluera la nouvelle équipe. Les 2 hommes sont a priori des collaborateurs notoires, en particulier Le Guillou, dont les entreprises ont prospéré grâce aux commandes de la Luftwaffe et de la Kriegsmarine. Le Guillou sera arrêté à la libération et s’exilera en Suisse. Il sera remplacé par Saupin au poste de président. Le FC Nantes a été institué "pour développer, par la pratique du football, les forces physiques et morales des jeunes gens et pour créer entre tous les membres, des liens d’amitié et de solidarité"[1]. Bref, ambigu, pour le moins.

Parmi toutes les figures qui se sont succédé au FC Nantes, j’en retiendrai 2 : José Arribas et Jean Vincent. Réfugié basque Espagnol pendant la Guerre Civile, José Arribas a échoué à Nantes au sens propre après que son bateau s'est fait refusé l’entrée à Bordeaux et à La Rochelle. Avant Nantes, il a juste entraîné St Malo et Noyen sur Sarthe. Pas top classe. Mais il a la décence de demander peu d’argent et de parler de plaisir de jouer. Le président Clerfeuille lui confie les clés de la maison jaune. Jamais, sans doute, un homme n’a autant marqué un club dans sa façon de jouer. Il a institué le « jeu à la Nantaise », fait de vitesse, d’intelligence, de passes courtes et de technique. Il sera toujours l’apôtre d’un football léché ou les une-deux et le jeu sans ballon possèdent une place de choix. Pas naïf non plus, le José, il expérimente le 4-2-4, qui en succédant au WM permet de placer un deuxième arrière central pour couvrir les montées des autres. Arrivé en 1960, il fera monter le club en D1, pour la première fois en 1963 (le club n’est jamais redescendu depuis), et lui apporte son premier titre de champion en 1965. Sous son égide, qui durera 16 ans, Nantes sera 3 fois champion. Il laisse Jean Vincent lui succéder en 1976, victime de la montée de Saint-Etienne qui va écraser la première moitié des années 70. Si Arribas a innové dans le jeu, Vincent, ancien attaquant de Lille et Reims aura l’intelligence de conserver l’esprit de son prédécesseur et de s’appuyer sur une arme cruciale des nantais : le centre de formation (inauguré encore par le génial Arribas). Dès son arrivée, c’est au trio Pécout, Amisse et Baronchelli qu'il confie l'animation offensive. Avec d’autres joueurs formés au club (Oscar Muller, Gilles Rampillon, Thierry Tusseau), le club remporte le titre en 1977 et 1980 et, enfin, sa première coupe de France (face à Auxerre) en 1979.

Globalement, le club, malgré des crises épisodique, a réussi à gagner un tire avec chacun de ses entraîneurs issus du sérail (Suaudeau, 2 fois, Denoueix) au moins jusqu’en 2001. C'est-à-dire jusqu’à l’arrivée de la Socpresse. Cette société désigne un président étranger au monde du foot, Jean-Luc Gripond. Alors que depuis José Arribas, les entraîneurs nantais se succédaient tous les 5-6 ans en moyenne, 6 entraîneurs ont tourné à Nantes (Denoueix, Amisse, Eo, Marcos, Der Zakarian, Le Dizet) depuis la fin de la saison 2001, un rythme « marseillais » ou « parisien ». En outre, depuis l’acquisition de la Socpresse par Dassault en 2004, une seule ambition a habité les dirigeants : valoriser leur actif. C’est ainsi que les meilleurs joueurs sont partis les uns après les autres, du moins ceux qui semblaient exportables (Da Rocha et Savinaud sont toujours là) alors que les recrutements exotiques laissent pensifs (Wilhemson, Keseru, Oliech). Bref, Nantes a perdu son âme. A tel point que Gripond est violemment pris à partie par des supporters excédés qui envahissent le stade (du jamais vu). Il sera finalement remplacé par Rudi Roussillon mais le mal semble trop profond. Le centre de formation semble en panne de talents (son budget a d'ailleurs été réduit). Où sont les Pedros, les Karembeu, les Makélélé, les Loko d’aujourd’hui ?

Pour n’avoir rien compris à l’équilibre fragile du FCNA, fait d’un amour du jeu, d’une voie directe entre centre de formation et équipe première, d’un équilibre financier toujours précaire, la Socpresse a bousillé un club phare des 40 dernières années. Celui-ci retrouvera-t-il une virginité en L2. On peut en douter. A moins d’un nouveau José Arribas ?

Aristotelicien

[1] Toute cette partie est issue du remarquable article de wikipedia sur le sujet. Pour plus d’information http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Football_Club_Nantes_Atlantique.

Aucun commentaire:

Qui sommes-nous ?

Footballistico est un club d'amis dont le but est d'apporter un regard original et décalé sur le football. Une lampée de tactique, une pincée d'ironie, un peu d'économie du sport, une dose d'histoire et un glaçon de respect pour le rugby et l'Argentine, secouez et c'est parti pour un blog à la fois populaire et élitiste.

Suivez nous aussi sur Twitter (footballistico)