samedi 7 avril 2007

L’OL, troisième angle du triangle infernal des grands clubs français ?

Pendant cette dernière partie de la saison, l’intégralité des salariés des clubs (staff technique, dirigeants, cellule de recrutement, joueurs) et du monde interlope qui gravite autour (agents, journalistes, blogueurs) commencent à s’exciter en prévision de la saison prochaine, en tentant de répondre aux grandes questions qui structurent le monde du foot. Quel joueur ira où ? Pour combien ? Qui sera l’entraîneur de X ? D’habitude, cette frénésie touche les grands clubs en les menaçant d’instabilité et de déficit, en excluant cependant Lyon et bien entendu la piétaille qui représente la majorité des clubs de L1. L’OL avait innové en se détachant des coutumes des grands clubs depuis plusieurs saisons :
- départ tous les 4 ans de l’entraîneur en plein succès, en fin de saison. Cette démission est d’ailleurs annoncée, au moins en interne, plusieurs mois à l’avance afin de préparer la transition, - gestion de l’effectif dans la continuité, avec 2 ou 3 renforts, notamment l’avant-centre dont rêve Lyon depuis le départ de Sonny Anderson,
- bénéfice d’exploitation pénard, qui permet d’envisager des renforts de (presque) premier plan.
On est donc loin du psychodrame et des crises de nerf qui assaillent l’OM et le PSG lors de chaque fin de saison, avec au choix :
- départs annoncés des meilleurs joueurs de la saison. Certains d’entre eux restent finalement, sous réserve que le club fasse un « effort de recrutement » lui permettant de se qualifier pour la Ligue des Champions la saison prochaine (espoir déçu, évidemment),
- déficit (une dizaine de millions d’euros, les bonnes saisons) comblé en bougonnant par un investisseur fortuné ou une augmentation de capital,
- procès en cours avec les anciens entraîneurs virés (prud’hommes), les détournements de fonds, fraudes fiscales, abus de biens sociaux, (correctionnelles), etc.
- rumeurs de rachat, parfois démenties mollement (avant l’échec) ou fermement avant la conclusion de la transaction, pour un prix bien inférieur à la somme des investissements consentis par le propriétaire sortant,
- noms d’oiseaux échangés à l’occasion d’un transfert particulièrement haut en couleur entre les 2 clubs

Bref, un folklore bien installé, qui fait partie maintenant du championnat de France au même titre que les sapins de Noël ou les œufs de Pâques, avec des variantes locales, bien entendu.

On aurait pu croire qu’avec son sérieux de vainqueur tranquille, l’OL pourrait changer les choses et entraînerait ses rivaux dans une saine émulation financière et sportive. Pourtant, malgré quelques élèves appliqués (Lille), jamais les grands clubs de l’hexagone n’ont semblé aussi loin de leur grand rival :
- valse des entraîneurs. Guy Lacombe a été débarqué et qui veut parier sur la longévité d’Alert Emon ? Pourtant, cet homme est membre d’une clique qui s’entend bien mais qui semble incapable d’amener le club très haut. Certes, en termes de gestion, ça semble mieux que les années Tapie / Bouchet, mais c’est encore loin d’un management efficace d’un grand club de foot qui gère quand même chaque année un budget de 150 millions d’euros.
- instabilité chronique de l’effectif confirmée, avec des transferts qui mettent les gazettes en émoi, à la Ribery,
- procès à foison : l’OM est quand même impliqué dans 5 affaires à des degrés divers (enquête préliminaire, instruction, appel, …) dont les faits se sont déroulés après les années Tapie.
- supporters intenables. Victimes cette saison : la main d’un malheureux pompier volontaire et la vie d'un supporter français de Tel Aviv.
- changements de propriétaire, réel ou espéré. Rachat du PSG par Colony Capital / Butler / Morgan Stanley. Vente de l’OM ratée à Jack Kachkar. Notons que pour l’année prochaine, ça tangue pas mal entre les propriétaires du club de la capitale et que si ça continue comme ça, Pierre-Louis Dreyfus va céder con club pour 1 euro symbolique à la mairie de Marseille.
- déficit standard de 10 millions d’Euros,
- élimination grotesque face au Mlada Boleslav (qui ça ?) et descente potentielle en L2.

Bref, plus ça change…Eh bien, en fait, si : l’OL semble à son tour contaminée par l’instabilité chronique de ses rivaux. Cette année, pour la première fois, Gérard Houllier devrait être débarqué comme un malpropre. De nombreux joueurs, et pas des plus mauvais (Coupet, Abidal, Malouda, Juninho), vont vouloir changer d’air et, chose nouvelle, trouver des clubs prêts à les accueillir (pas comme Sydney Govou). Ceux qui restent vont jouer les divas en exigeant une place de titulaire (Benzema, Fred, Reveillère, Clerc, Baros, Kallström, …). Plus grave : afin de recruter son killer attaquant (Eto’o), son entraîneur winner (Mourinho ?) et son N°10 stratège qui fera rêver les foules (Gourcuff, Ribery, Elano, Ballack…), Lyon sera obligé de casser sa tirelire (pour qu’un grand joueur accepte de venir ou de rester en France, aujourd’hui, il faut de vrais arguments) et de mettre son EBIDTA en danger. Tous ces mouvements devraient bien attirer quelques aigrefins de tout poil…

Bref, il est possible que l’année prochaine on s’amuse enfin sur les bords du Rhône, pour la première fois depuis l’invention de Guignol. Avec Bordeaux ou Monaco comme champion. L’OL sera alors vraiment devenu un grand club français… avec une victoire de la coupe de la Ligue à la clé ?

Aristotelicien

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