Lorsque Sa.Traoré fut transféré en fin de saison dernière de Nice au PSG, tout le monde se gaussa de ce « stoppeur » au sens classique du terme : pieds carrés, très grand, dur sur l’homme. Son association avec l’élégant Mario Yepes promettait un contraste saisissant à défaut d’une solidité à toute épreuve. La rédaction de footballistico ne savait pas trop quoi penser : après tout, tellement de cadors sont passés par le Parc des Princes pour le quitter sous les quolibets de la foule qu’un destin inverse pouvait être envisagé pour un joueur moyen.
Un début de saison en demi-teinte donnait raison dans un premier temps aux détracteurs du malien. Absent pendant les premiers matches pour cause de blessure, son retour en défense centrale se fait face à Marseille au Parc (1-3). Il disparaît petit à petit de l’équipe première à la fin de l’ère Lacombe. L’arrivée de Paul Le Guen semble condamner le malien à l’équipe réserve. Celui-ci rue dans les brancards pour retourner à Nice mais le PSG est réticent à renforcer l’un de ses concurrents directs pour le maintien. Même la blessure de Yepes (victime d'une agression de Djibril Cissé) ne renforce pas la position de Traoré. Le Guen lui préfère Dramé et fait glisser Armand en défense centrale aux côté de Rozenhal. Pourtant, déjà le malien prépare sa revanche. Il fait partie des héros mi-titulaires, mi-cireurs de bancs qui l’emportent 2 à 0 en Grèce face à l'AEK Athènes. A la fin de la première mi-temps, Traoré impose sa haute taille et marque le premier but. La défaite au Parc, face à Auxerre semble convaincre définitivement Le Guen que la stratégie « tout sauf Traoré » n’a pas vraiment de sens quand les alternatives se nomment Dramé ou Baning et qu’Armand est davantage à son aise sur son côté gauche où il amène vraiment un plus offensif. Cependant, c’est vraiment face à Rennes que Traoré a acquis un nouveau statut, presque christique, aux yeux des spectateurs de ce match. On l’a vu, blessé, la tête couverte d’une énorme bande blanche qui se couvrait peu à peu de sang, refuser de sortir (à la façon d’un Jean-Pierre Rives en 1978) malgré les injonctions de l’arbitre et mettre une tête enturbanée sur la barre de Pouplin. Ce soir là, les supporters, prompts à siffler les joueurs trop payés, qui ne mouillent pas le maillot n’avaient pas prévu que le sang pourrait remplacer la sueur. Le PSG a perdu ce soir là mais ce n’était pas la faute de Traoré.
Ce soir (14/04), face à Bordeaux Traoré était titulaire, évidemment. Il n’a pas marqué mais dans le bar d’où je suivais le match, tout le monde criait "Traoré" à chaque corner. Cette saison, le PSG n’a pas gagné beaucoup de matches mais Traoré, lui, a gagné le respect. Et ça, à Paris, ce n’est pas donné au premier joueur venu.
Aristotelicien
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