jeudi 29 mars 2007

2030 : el mundial vuelve a casa

C’était promis, ils l’ont fait. Après un siècle plus ou moins tumultueux et tous les continents visités, le « mundial » de foot rentre à la maison, son premier hôte, l’Uruguay, qui avait gagné cet insigne privilèe en étant champion olympique de la discipline aux jeux de 1924 et 1928. J’ai essayé d’imaginer ce que pourrait être cet événement au vu des tendances lourdes à l’œuvre dans ce sport. Ca pourrait être assez rigolo.

Après la Chine en 2022 et les Emirats en 2026 (joués en plein été dans des stades couverts à air conditionnés), le mundial revient donc à la « casa » avec un retour aux sources de la tradition footballistique. Seize ans que les sud-américains attendaient cela depuis le Brésil en 2014. Simplement, comme l’Uruguay est un petit pays, et que l’événement a réellement pris une ampleur incroyable (64 pays participants à la phase finale, 2 mois de compétition, 45 milliards de téléspectateurs cumulés), seuls le match d’ouverture, ceux de la poule F (où joue le pays organisateur) et la finale se joueront à Montevideo. L’Uruguay partagera donc l’organisation de la compétition avec ses voisins brésilien et argentin. Le Paraguay, un temps évoqué, n’a pas su remplir les normes de sécurité drastique ni n’a pu construire un stade répondant aux exigences du football moderne (pelouse auto-régénératrice, climatisation pour éviter les coups de chaleur, fréquents même pendant l’hiver austral, lasers détecteurs de hors-jeu). Mais qu’importe, comme le dit Samir Nasri, le président de la FIFA (oui, l’ex grand joueur français des années 2010), l’essentiel est que « l’esprit du mondial soit préservé ». La coupe du monde FIFA® a d’ailleurs changé de nom, elle s’appelle maintenant GlobalCup China Telecom®, du nom du platinum sponsor, qui a accepté de verser 5 milliards de Yuan par an pendant les 4 ans qui viennent, simplement pour le droit d’accoler son nom à la compétition la plus fameuse du monde (10 % de cette somme servira d’ailleurs à l’installation de climatisation dans les stades des pays pauvres).

Les spectateurs seront privilégiés puisqu’ils pourront revoir l’ensemble des actions sur les écrans géants 3D HD de l’ensemble des stades. Simplement, il fallait savoir anticiper pour ce bonheur simple (mise en vente aux enchères des billets dès Janvier 2027) et accepter pour les plus passionnés de verser 7 000 euros pour une place en finale.

Comme lors de chaque mondial, quelques innovations ont été apportées aux règles même si l’IFAB se montre elle aussi très respectueuse de l’esprit du sport :
- pendant le temps réglementaire, le nombre de remplaçants reste fixé à 5 mais chaque entraîneur peut procéder à 3 nouveaux changements, si son équipe joue les prolongations.
- après avoir essayé toutes les combinaisons possibles depuis de nombreuses années pour déterminer le vainqueur du match (but en or, but en argent, nombre de cartons rouges, jaunes, etc), la FIFA est revenue aux tirs aux buts.
- des puces émettrices ont été placées dans les chaussures des joueurs afin de déterminer quel est le dernier soulier qui est entré en contact avec le ballon. Cela évite en théorie les contestations en cas de touche ou de corner mais malheureusement le dispositif reste impuissant si le ballon a été touché de la poitrine ou de la tête.
- en revanche, la règle de l’avantage en cours, qui permettait de revenir à l’origine de la faute lorsque l’équipe qui a subi celle-ci ne profite pas de l’avantage a été abandonnée. Cette règle, testée notamment lors de l’Euro 2028, n’a pas convaincu car elle nuisait à la continuité du jeu selon l’IFAB.

Les supporters qui ont décidé de rester dans leur pays d’origine devront puiser dans leur bas de laine ou faire preuve d’ingéniosité. En effet, à l’exception d’une trentaine de pays pauvres (essentiellement en Afrique), la FIFA a concédé à un fonds d’investissement Koweiti, l’exclusivité des droits de la GlobalCup China Telecom® pour 32 milliards de Yuans. Pour la France, Yahoo+ a dû débourser 2,3 milliards d’Euros afin de disposer de l’exclusivité de l’intégralité des matches et ce ticket d'entrée sera répercuté sur ses abonnées. Yahoo+ sera le seul castnet a diffuser la compétition en France à l'exception du consortium indien Omni-TV, qui a racheté France Télévision en 2023 (en dehors des bureaux régionaux de France 3) et qui a racheté les droits pour quelques rencontres du premier tour.

Ces droits ont d’ailleurs été férocement contestés par les opérateurs de téléphonie présents sur le territoire (outre China Telecom France et Orange, on trouve Orascom et la Western European). Finalement, un accord a été trouvé : dans la maison de l’abonné ou à proximité ("home zone"), c’est Yahoo+ qui obtient l’exclusivité. A l’extérieur, ce sont les opérateurs qui se partagent les droits complémentaires (pour 1,2 milliards d’euros). Ce combat est devenu féroce parce qu’avec la 5G, les terminaux mobiles disposent maintenant d’un projecteur 3D HD presqu’aussi performants que les projecteurs de salon. Comme le dit un pore parole de la Western "avec notre techologie, chaque abonné est plongé au coeur des rencontres". Un plaisir à 12 € par match, tout de même.

Au vu du coût des droits, Yahoo+ s’est donc vu contraint d’augmenter le prix de l’abonnement mensuels à 120 €. Outre les droits versés Omni-TV, Yahoo+ s’est vu obligé d’insérer de la publicité dans ses retransmissions pour assurer l'équilibre financeir de l'opération. Celle-ci est d’ailleurs perçue comme peu intrusive par les abonnés car elle est personnalisée et les téléspectateurs peuvent à tout moment éliminer ces inserts par un cimple geste de la main, prétend un porte-parole du castnet. Néanmoins, la société a apparemment franchi un peu les limites du raisonnable en matière de financement : même le liveforum, normalement gratuit pendant les matches de la French League China Telecom est payant. Publier un post ou chatter avec d’autres passionnés coûtera 5 € par rencontre. Comme le dit Maxime Adaas, le président de Yahoo+, "la Global Cup China Telecom® 2030 n’est pas rentable en tant que telle mais c’est un formidable vecteur d’image".

Pour les non abonnés ou ceux qui refusent la hausse des prix, peu de solution à part les bars ou les restaurants. On raconte qu’une bande de hackers promet de mettre en ligne un exécutable permettant de prendre le contrôle du flux 3D HD crypté mais rien n’est moins sûr au vu de l’armée de cyber gorilles que Yahoo+ a embauché pour l’occasion.

Les victimes les plus emblématiques de cette guerre des droits sont les uruguayens eux-mêmes. Le pays a tellement investi en infrastructure pour répondre aux exigences de la FIFA que les télévisions locales n’ont pas pu surenchérir sur l’offre de l’opérateur satellite Latino Bird qui diffuse sur tous le continent. A 200 € par mois pendant la période plus l’équipement, peu d’uruguayens pourront donc suivre la compétition sur leur téléviseur à moins de passer la frontière pour suivre les matches en Argentine.

Au niveau des équipes qualifiées, on note la première participation du Kazakhstan, du Kosovo et de Dubaï. La qualification de Dubaï a beaucoup fait jaser car certains disent que l’émirat attire beaucoup de joueurs naturalisés dans ses équipes (6 originaire du brésil, 3 argentins, 7 africains, 3 européens et 1 asiatique sur un contingent de 30 joueurs). Cependant, cette tendance touche aujourd’hui toutes les équipes et l'institut Globe Sport a calculé qu’en moyenne, chaque équipe du mundial fait appel à 7 joueurs nés à l’étranger.

Les phases finales ont opposé les équipes européennes à leurs homologues latino-américaines. Seul le Cameroun s'est glissé dans ce cénacle et a atteint les quarts de finale. A noter que l’Argentine s’est débarrassée de la Chine à l’occasion d’un match extrêmement houleux en huitième pendant lequel les Chinois ont hérité de 2 penalties. Mais les argentins ont su revenir avec leur grinta habituelle, soutenus par tout un peuple. En prolongation, c’est le jeune Mascherazzi qui marqué d’une tête plongeante devant les pleurs de son entraîneur Gonzalo Higuain. La finale a opposé le Brésil à l’Italie. Les auriverde se sont imposés 2 à 1. Ils avaient ouvert la marque après un slalom dans la surface de leur avant-centre Mullerçao et pensaient bien l’emporter quand l’arrière italien Siffredi s’est effondré dans la surface à quelques minutes de la fin et a bénéficié d’un penalty. En prolongation, le Brésil s’est finalement imposé grâce à un coup franc somptueux des 40 mètres de leur phénomène Mazinho. Comme le dit le milieu défensif italien Di Mazzo avec une belle lucidité « on a beau faire des fautes loin du but, ils marquent quand même, ces brésiliens ». Rendez-vous en 2034 pour la prochaine coupe du monde. Celle-ci sera organisée pour la première fois sur plusieurs continents en même temps, le stade de la finale étant déterminé aux enchères ou choisi par le nouveau platinum sponsor. Une fois retenu, celui-ci devra toutefois mettre sur la table 4 milliards de Yuans, s’il veut jouir de ce privilège.

Aristotelicien

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