A la façon du rock qui a engendré des générations de grands musiciens dont le talent s’est dissout dans le drogue ou l’insuccès, le joueur « maudit » constitue une figure emblématique du football. Il en existe évidemment de plusieurs sortes mais tous ont en commun plusieurs caractéristiques :
- être surdoué. Jamais un tâcheron à la Deschamps ou à la Makélélé ne seront des maudits, il faut savoir caresser le ballon avec affection (de préférence du pied gauche), ondoyer dans les défenses à la façon d’Ingmar Stenmark ou « inventer un geste », comme Ronaldinho,
- faire des choix de carrière bizarres, voire incompréhensibles pour des joueurs de ce calibre. Choisir des clubs médiocres ou en plein marasme et s’enfoncer à chaque fois que l’on prétend « rebondir »,
- avoir un côté sale gosse : s’engueuler avec ses co-équipiers, le sélectionneur national, s’attirer la haine des supporters par quelques déclarations fracassantes, flamber de façon provocante particulièrement en période de disette pour le club qui l’emploie. Se laisser aller à quelques gestes déplacés lors de matches télévisés.
- rater de façon grossière quelques occasions dans des matches clé ou perdre le ballon bêtement à quelques minutes de la fin face à des adversaires plus en verve, qui vont l’utiliser à bon escient. Ce genre de geste permet d’éviter que le joueur maudit ne se construise un palmarès, ce qui le transformerait en joueur talentueux normal.
Parmi tous les maudits de l’histoire, j’en retiendrai 3 : Zico, David Ginola, Alvaro Recoba
Alvaro Recoba : pas forcément très connu, l’uruguayen possède un toucher de balle et une frappe qui font de lui l’un des plus grands marqueurs de coup franc de l’histoire. Malheureusement, issu d’un petit pays et d’une volonté de travailler déficiente, il est totalement passé à côté d’une grande carrière en club et il n’est jamais parvenu à rendre à son pays ses lustres d’antan. Pourtant, tout avait bien commencé pour le natif de Montevideo. En 1993, il fait ses débuts dans un club local, Danubio, avant d’être transféré au Nacional en 1996, l’un des 2 plus grands clubs du pays. Un an après, il est acheté par l’Inter de Milan. Il semble désormais promis à une grande carrière surtout que, dès son premier match, alors qu’il rentre en cours de jeu, il marque 2 fois dans la lucarne ce qui permet à son équipe de battre Brescia (2-1). Pourtant, Alvaro va échouer à s’imposer. Prêté à Venise, il marque 11 buts et évite la relégation à ce club. De retour à Milan 6 mois après, les choses ne vont pas s’améliorer pour l’uruguayen. Ayant acquis la nationalité italienne en 1999, il sera condamné pour une affaire de faux passeport (celui de ses ancêtres) à un an de suspension. En outre, ces années là sont les moins productives en termes de titre pour le grand club italien. Celui-ci finira par être champion en 2006 suite au déclassement de l’Inter et de la Juve. Aujourd’hui, alors que l’Inter fait une saison d’une classe inédite, Recoba ne joue plus : 5 apparitions. Au sein de la "Celeste", Recoba n’eut pas plus de réussite. Absent en 1995, lors de la dernière victoire de l’Uruguay en Copa America, il ne parvint pas à faire passer le premier tour à l’Uruguay en 2002. Incapable de battre Barthez, alors que l’équipe de France fut réduite à 10, dès la 17ème minute (il déclara à l'issue du match "Barthez a tout arrêté"). Il marqua ensuite face au Sénégal mais ce fut insuffisant pur qualifier la Celeste. Cependant le grand moment de la carrière de maudit reste les qualifications Weldmeisterschaft 2005. Recoba permit à son pays d’arracher la 5ème place du continent sud-américain en inscrivant un but qui permit de battre le grand voisin argentin. Le match de barrage face au Socceroos australiens devait être une formalité ("l'Uruguay possède un droit divin à être présent à la coupe du monde") mais se passa mal pour l’Uruguay et Recoba, qui, lors du match retour envoya la balle 1 m dehors après une action spectaculaire, seul face au gardien. Sorti en cours de match, Recoba aura au moins la satisfaction de ne pas rater un penalty dans l’éprouvante séance qui élimina l’Uruguay. Aujourd’hui trop vieux (31 ans) pour espérer quoi que ce soit en sélection nationale, Recoba cherche à changer de club. Le PSG peut-être ?
Demain, les autre maudits
Aristotelicien
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