jeudi 19 février 2009

Bordeaux et Paris, destins croisés

Au soir du 11 Janvier, Bordeaux écrasait Paris et gagnait ainsi son trophée de dauphin officiel de l'OL, tandis que Paris retombait dans ses doutes ataviques. Plus d'un mois après les situations se sont curieusement inversées : les girondins sont en plein doute alors que les parisiens écrasent tout sur leur passage, sans doute et sans brio. Depuis ce soir fatidique ou magique, c'est selon, les parisiens n'ont plus perdu un point en championnat et les bordelais n'ont plus gagné à domicile.

Les tactiques des 2 équipes sont fondamentalement différentes et aident à apprécier le degré de réussite des uns et des autres. Le PSG fonde sa réussite sur les éléments suivants :
- une base défensive solide : un demi récupérateur (Makélélé) qui s'essuie les crampons sur les chevilles des attaquants adverses afin de les mettre en échec.
- une tactique offensive simple : on centre haut sur Hoarau (le meilleur passeur décisif est Sylvain Armand), quelle que soit la position du ballon (y compris Landreau, et Armand, donc, sur des dégagements). Hoarau frappe au but ou, amusante variante, dévie pour Giuly, qui frappe.
- Enfin, un lutin, Sessegnon, qui affole un peu les défenses afin d'éviter une massification des arrières sur l'avant-centre parisien. En résumé : le mince qui cogne, le grand qui score, le petit qui tricote. Simple et efficace comme un scénario de western spaghetti. Pas forcément moral (les chevilles de Belaouane en témoignent) mais attachant. Un bon vieux kick and rush, en somme.

Bordeaux affiche une variété de jeu bien plus riche, avec au moins 4 joueurs qui peuvent marquer à tout moment (Cavenaghi, Chamakh, Gourcuff, Bellion), des passeurs décisifs (Wendel, Gourcuff, encore) et d'autres qui peuvent animer leurs couloirs (Gouffran, Chalmé, Jussié). Comme défensivement, on a aussi des grands blacks qui impressionnent (Diarra, Diawara), ça fait un peu invincible armada.

Pourtant, ceux qui aiment l'histoire savent que l'armada en question a fini au fond de la Manche. Si, face à Paris, le fait de pouvoir proposer des solutions offensives variées a mis en échec la tactique du tâcle au garrot. Il a fallu qu'en fait la paire Gourcuff - Cavenaghi (la moitié des buts en championnat à eux 2, tout de même) se grippe pour que les défauts de Bordeaux réapparaissent dans toute leur horreur :
- un recrutement à moitié raté, malgré l'exception Gourcuff (Gouffran, Placente)
- une complémentarité Wendel / Gourcuff jamais trouvée
- des jeunes doués mais qui resteront éternellement des espoirs du foot (Obertan, Ducasse, Marange)

Bref, une belle mécanique déréglée. Qui, à part face à Paris, ne réussit plus grand chose et voit Toulouse, les roturiers du sud, leur passer devant.

Le jeu parisien plus frustre permet une plus grande efficacité face à des équipes faibles (60% des équipes de L1). Surtout, le jeu offensif n'a aucune importance. Ce qui compte c'est de balancer haut, on l'a dit. Seul problème, la Hoarau-dépendance. Il est remarquable de constater que la seule fois de la saison où les parisiens montrèrent un jeu alléchant fut le match à Nantes, où les parisiens ont dû démontrer qu'ils savaient parfois jouer au ballon sans leur échalas. Il faut dire qu'avec Luyindula devant, il vaut mieux se montrer créatif. Cependant pas de risque de déréglage dans ce type de tactique : Paris, c'est robuste comme une vieille Lada.

Quel bilan en fin de saison pour ces 2 équipes ? Bordeaux aura sa coupe de la ligue, le PSG fera un beau parcours en coupe UEFA et gagnera SA coupe de France. Lyon sera champion devant Toulouse et Lille. Et Gourcuff retournera à Milan, accompagné par Hoarau, destiné à épauler Inzaghi.

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