samedi 28 décembre 2013

Manchester City - Liverpool : petit événement, City ne marque que 2 buts

On s'attendait à des étincelles pour le boxing day, entre le nouveau leader de premier league et la meilleure équipe d'Europe actuellement, Manchester City. Pourtant, la rencontre fut beaucoup plus tactique que prévu, avec des citizens qui craignaient Suarez comme la peste et des reds, qui avaient mis un dispositif anti-ailiers.

Liverpool se présentait avec un 11 très peu modifié par rapport à l'équipe victorieuse de Cardiff : Gerrard, toujours absent, était remplacé par Lucas Leiva et Aly Cissokho avait sa chance suite à la blessure de Flanagan. Les locaux se présentaient en 4-2-3-1. En l'absence d'Aguero, Negredo occupait le poste d'avant-centre.

Manuel Pellegrini avait dû voir le match face à Tottenham, où les reds avaient déchiré la ligne défensive haute des spurs (5-0 !) car City défendit relativement bas, sans pressing sur les défenseurs chargés de la relance, avec des lignes très rapprochées pour étouffer les visiteurs. Offensivement, les citizens possédaient essentiellement 2 chemins :
  • le côté droit où Navas et Zabaleta attaquaient Cissokho et Countinho bille en tête,
  • le centre du terrain : Nasri se recentra très rapidement et rejoignit Silva pour combiner et les raids de Yaya Touré renforcèrent encore la supériorité de City dans cette zone du terrain ou Leiva était théoriquement seul.
De son côté Liverpool assurait l'animation offensive de la façon suivante : 
  • à gauche, un triangle Henderson, Coutinho et Cissokho tentait de combiner et de percer,
  • à droite, Sterling tenta de profiter de sa pointe de vitesse pour prendre Kolarov par derrière, 
  • entre les 2, Suarez décrochait et se déportait à droite ou à gauche pour se rapproche de ses co-équipiers.
Première mi-temps : au début du match, City tenta de s'imposer en mettant du rythme, notamment du côté droit (Navas).  Cependant, Liverpool réussit à ralentir le tempo en assurant des relances par Sakho vers son milieu. Les reds profitaient ainsi du manque de présence défensive de Silva et de la supériorité numérique qui en résultait au milieu du terrain. Le défenseur central français trouvait ainsi assez facilement Henderson ou Leiva, voire Cissokho si les premières 2 options se refermaient. Assez vite, le jeu des reds prit ainsi une physionomie assez semblable tout au long des 45 premières minutes : 
  • relance, la plupart du temps de Sakho vers un milieu,
  • accélération, en relais via Suarez ou Coutinho,
  • recherche de profondeur sur Sterling.
Suarez : le rôle de l'uruguayen fut particulièrement intéressant. Devant l'impossibilité de prendre la profondeur, il agit en tant que relais, accélérateur des actions des reds, partout sur le terrain. Après avoir lancé Sterling à la 18ème minute dans une position de hors-jeu contestable, il se retrouve à l'origine du but et de la meilleure action de Liverpool où Coutinho aurait pu (dû) doubler la mise. Face à l'uruguayen, Kompany, notamment sembla hésiter sur la conduite à tenir : suivre les déplacements (impossible de la faire partout) ou rester en place derrière ? Un des effets indirects fut de faire remonter la défense de City sans doute plus haut qu'elle ne le souhaitait.

Passes reçues par Suarez : "je suis partout" version Uruguay (source : Fourfourtwo)
C'est sur une action archétypique que les visiteurs allaient prendre l'ascendant : échange Coutinho - Henderson, puis accélération du jeu par Suarez, vers Sterling, avant que Coutinho ne finisse dans le but vide.

5 minutes plus tard, Coutinho ratait donc un but presque tout fait. Liverpool avait laissé passer sa chance.  

A la 30ème minute, Kompany remit les 2 équipes à égalité sur un corner, ce qui témoigne de la force des citizens dans ce secteur de jeu. Les 15 minutes qui suivirent furent sans doute les plus spectaculaires du match. Sentant City prenable, les reds se ruaient à l'attaque ne laissant que Sakho et Skretl derrière : Navas et Negredo eurent leur chance en contre avant que l'avant-centre espagnol ne trompe Mignolet d'une frappe de l'extérieur. Sur ce contre, 8 reds étaient à moins de 30 mètres du but adverse.

Dans quelques secondes, Navas (à droite) va recevoir le ballon et ça va faire mal

Seconde période : Liverpool réenclencha la 5ème dès le début du match face à un City très prudent. Les citizens défendaient assez bas et ne sortaient que pour des contres même si leurs périodes de possession devinrent plus importantes au fur et à mesure que le match avançait. Fernadinho et Yaya Touré furent de moins en moins ambitieux afin de contrôler la partie.

Ce fut sur le côté gauche que les reds faillirent trouver l'ouverture : Navas devenant de moins en moins concerné par les tâches défensives, tout à tout, Skretl et Suarez débordaient et trouvaient Henderson (pour une jolie madjer) et Sterling (pour un très beau loupé). 

Conclusion : tactiquement, Brendan Rodgers a sans doute gagné le match, grâce à un dispositif offensif plus rôdé et une maîtrise du tempo de la rencontre. City doit plus sa victoire qu'aux qualités individuelles de ses joueurs, notamment sur coup de pied arrêtés. Défensivement, les citizens se sont sans doute aventuré plus haut que souhaité en suivant Suarez. Il reste que si Navas, par exemple, avait été à la place de l'inconstant Sterling, il est probable que les reds l'auraient emporté. L'équipe de Pellegrini reste sur sa lancée mais laisse toujours planer de sérieux doutes sur sa solidité défensive. Du côté du Barça, on a dû regarder le match avec envie. 

Footballistico

mardi 3 décembre 2013

PSG - OL :

Les dispositifs en début de match
Après Bastia et Lorient, l'OL est donc la troisième équipe à prendre l'eau cette saison au Parc des Princes par 4 buts d'écart. Si l'on repense au match de l'année dernière, où à fin novembre, les lyonnais venaient comme challengers crédibles du PSG, version qatarie, on ne peut qu'être saisi par l'écart abyssal qui s'est créé depuis lors.

Première période :

En dépit de tous les changements d'effectif, Rémi Garde appliquait la même tactique que l'année dernière, du moins en apparence. Similitude la plus évidente : une défense à 5, avec 2 pistons sur les côtés (Bédimo, Lopés). En 2012, le coach lyonnais affichait un milieu à 3 et 2 attaquants.

Dimanche soir, c'était plutôt un milieu à 4 en losange, avec Gourcuff à la tête de celui-ci plus Lacazette isolé devant. Ce dispositif possédait 2 avantages :
  • offrir une 2 voies de relance assez aisée, via Fofana et Grenier, soit soit via les "pistons",
  • densifier en phase défensive le milieu de terrain.
Le rôle des 2 "carrileros" était cependant assez orginal. La plupart du temps, la défense à 3 est assez performante face à 2 attaquants : elle présente un surnombre et permet à l'un des centraux de se déporter sur le côté pour combler les brèches sur l'un des côtés. Face aux 3 attaquants parisiens, l'idée était davantage :
  •  de leur couper les vivre en contrant les montées des latéraux grâce à) Lopès et Bedimo (les centres de Van Der Wiel sur Zlatan ont dû être sacrément visionnés à Tola Vologe)
  • de faire descendre les milieux assez bas, notamment Gonalons pour toujours conserver le surnombre défensivement.
Le défaut était évidemment d'offrir une présence offensive faible : Gourcuff était le seul milieu lyonnais à se porter devant et la présence offensive de Bédimo et Lopès, réelle pendant la pemière demi-heure, fut peu efficace (1 centre chacun) à cause de l'opposition de Maxwell et Van Der Wiel.  En tout, les offensives lyonnaises comptaient 4 acteurs, souvent face à 6 parisiens. Cette simple conséquence mathématique se voit dans les statistiques : seulement 6 tirs en 90 minutes et un seul tenté depuis l'intérieur de la surface (la barre de Lacazette).

Un autre problème du dispositif lyonnais fut la totale liberté dont put jouir Verratti pendant le match : en l'absence de pressing sur lui, l'italien organisa le jeu parisien comme un véritable Xavi parisien (114 passes réussies sur 120 tentées).

Au moins, les lyonnais tinrent bien la baraque pendant la première demi-heure face à des parisiens empêtrés dans un dispositif très défensif, jusqu'à, donc, cette trentième minute où le cri de Galtier "a la izquierda, Javier", changea le dispositif parisien en 4-4-2. Toujours est-il que cette décision eut un impact immédiat :

  • à la 27ème, Lacazette trouvait la barre sur la meilleure occasion lyonnaise,
  • à la 32ème, Pastore voyait son tir contré par Koné sur un tacle vraiment superbe,
  • à la 35ème, Ibrahiovic voyait son tir repoussé en corner par Vercoutre.
Sur le corner suivant, le PSG marquait. Si prendre un but face au PSG 2013/2014 est rarement une bonne nouvelle, on peut penser que pour l'OL il fut particulièrement difficile à encaisser, tant Rémi Garde avait misé sur sa capacité à gêner le jeu parisien plus qu'à élaborer le sien. 4 minutes plus tard, la messe était dite, Pastore récupérait un ballon et lançait Cavani dans l'espace. Pénalty et panenka de Zlatan.

Il peut sembler étonnant, a priori, que ce changement tactique ait favorisé le 11 parisien. A priori, face à 2 attaquants, une défense à 3 est efficace : elle conserve le surnombre. Comment expliquer un tel dénouement ? 3 facteurs expliquent selon nous cette évolution :

  1. Pastore. L'argentin est définitivement plus à l'aise dans un rôle plus avancé et il put donc mettre son talent à la création. De toute façon Motta et Verratti suffisaient largement au milieu et le fait de projeter Pastore dans une position plus avancée suffisait à créer plus de danger devant la cage des visiteurs. Par contrecoup, Miguel Lopès (cf. schéma ci-dessous) et Bedimo durent reculer et l'impact offensif des lyonnais déjà faible, fut anéanti. Pastore fut même étonnamment libre car une petite poche libre s'était ouverte sur le côté gauche, du fait du rôle plutôt avancé de Gourcuff.
  2. Le blocage des transmissions : la voie privilégiée par l'OL pour sortir de sa moitié de terrain fut perturbée par ce repositionnement impromptu et les pertes de balle s'accumulèrent
  3. Enfin, le changement de position de Cavani perturba la défense centrale lyonnaise : Koné et Bisevac semblèrent hésiter sur leur rôle respectif et l'uruguayen en profita pour s'engouffrer dans les brèches.
Les passes de Miguel Lopès réalisées entre la 1ère et la 30ème minute (schéma de gauche) et la 31ème et la fin du match (schéma de droite). Repositionnement défensif (source Squawka)
Seconde période : Matudi remplaça un Thiago Motta blessé et le surcroît d'énergie que Paris récupéra ainsi fut utilisé pour mettre la pression sur un 11 lyonnais déjà passablement découragé. Clément Grenier prit position de façon plus avancée pour apporter du soutien à Lacazette mais le jeune meneur de jeu des visiteurs fut trop prudent et trop peu servi pour peser véritablement sur le jeu.

A la 60ème minute, Thiago Silva mettait le troisième but sur corner (encore) et Paris pouvait finir en roue libre, hormis Zlatan, qui tenta d'améliorer son nombre de passes décisives (centre vers Cavani, 65ème) et son compteur but après une faute d'Umtiti (pénalty, 83ème).

Conclusion : "sic transit gloria mundi" a dû penser Jean-Michel Aulas, au vu de l'écart qui s'est creusé en un an avec le PSG. Bloqué pendant une demi-heure, Paris était simplement trop fort pour des gones qui ont perdu peu à peu la plupart de leurs meilleurs éléments et qui possèdent désormais un banc éthique. Lyon est 10ème et n'ira sans doute pas beaucoup plus haut. Paris est premier et le match Cavani-Zlatan-Pastore vs Enyeama prévu le 22/12 vaudra son pesant de chocolat.

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