dimanche 26 octobre 2014

Toulouse - Lens : les défauts du 3 - 5 - 2

On le sait, depuis le coupe du monde et les bonnes performances des équipes jouant à 3 derrière (Pays-Bas, Chili). Le jury des experts du football n'a pas encore décidé si ce dispositif (aujourd'hui employé par quelques grandes écuries européennes, comme M.U ou même l'OM) est à ranger au rang des classiques ou demeure une initiative sympathique, certes, mais réservé à des équipes exotiques.

Alain Casanova n'a pas attendu 2014 pour appliquer ce dispositif. 3 centraux, 2 latéraux voltigeurs ("wing backs" en anglais), un milieu à 3 assez technique et 2 attaquants rapides. Face à cette mécanique bien huilée depuis 3 saisons, Lens se présentait avec ses limites du moment. Interdit de recrutement, les sang-et-or se présentaient au stadium avec 5 jours de moins de 21 ans, directement passés de la case réserve à la L1 dans un 4-3-3, prudent avec le seul Guillaume en pointe.

Le match s'est résumé à une longue domination toulousaine : les locaux ont eu le ballon 75% du temps (mieux que le Barça à la grande époque) et Lens n'a eu que son courage à opposer (62 dégagements).

Mais la leçon tactique ne s'arrête pas à cela. Sinon, le TFC l'aurait emporté 4 à 0, point barre. Mais non, et Lens a su exploiter les limites de 3-5-2.

Limite 1 : le manque  de largeur de la défense

A priori, avoir 3 défenseurs à temps plein derrière constitue une assurance tout risque. En fait, non, particulièrement sur les contres. La raison, la réticence des arrières centraux à se décaler sur les côtés : sur le premier, Veskovac se fait balader par N'Diaye. En outre, les vélléités offensives de Sylla et d'Akpa-Akpro ont souvent offert des situation de 3 contre 3 aux protégés d'Antoine Koumbouaré.

Limite 2 : offensivement, pas de combinaisons sur les côtés. Assez vite, les toulousains ont eu ma mainmise sur le jeu. Cette emprise se renforça dès l'ouverture du score lensoise. Mais problème, sur le côté, on trouve les joueurs de couloir (Akpa-Akpro, Sylla) mais personne d'autre. Ni Trejo, ni Doumbia ne sont venus apporter le renfort à leurs latéraux. Le résultat : Lens avait la tâche plus facile en se contentant de défendre regroupés mais pas étirés.

Limite 3 : un joueur offensif de moins. Par simple arithmétique, Toulouse possède un joueur offensif de moins à cause de ses 3 défenseurs. Pas grave quand il s'agit de gicler en contre mais quand il faut créer du jeu, c'est plus limité. Ici, Casanova a fini par changer son système : passage en 4-3-3 lors de l'entrée de Braithwaite (73ème). Trop tard, même si le danois se procura immédiatement une très belle occasion 76ème et que la pression du TFC se renforça encore.

Limite 4 : le milieu à 3 pris en en défaut. Les 3 toulousains jouent en général de façon assez fluide et assez rapprochée. Vendredi soir, cela a fait le bonheur d'un homme, Bourigeaud, qui s'est régalé sur les tentatives du TFC. Plus grave, souvent sur une ligne rapprochée, et non pas en triangle, les toulousains ont offert des possibilités de contre où 40 mètres d'espace s'ouvraient aux lensois.
1 but, 7 interceptions, 2 tacles, 4 dégagements. La performance presque parfaite de Bourigeaud

Conclusion : le 3-5-2, dans se version toulousaine en tout cas, a montré ses limites au Stadium. Plutôt adapté pour encaisser la pression et remonter le ballon rapidement sur les ailes, le système se révèle incapable de dominer une équipe regroupée voire contre-productif. Du travail sur le tableau noir en perspective. Quant aux lensois, on souhaite bonne chance aux jeunes Bourigeaud et autres Belon : Lens aura besoin de leur enthousiasme.

Footballistico

vendredi 3 octobre 2014

Manchester - Roma : les limites de la City

Un beau match mardi au City of Manchester stadium . Les citizens ont proposé un football fondé sur l'excellence individuelle tandis que les romains ont préféré une approche plus collective. Au final, le nul est équitable (les locaux ont plus tiré, les visiteurs plus cadré) même si les mancuniens auraient pu l'emporter grâce à une plus grande fraîcheur physique.

City se présentait en 4-4-2 avec Agüero et Dzeko devant. Les romains venaient en 4-3-3. Totti, aussi éternel que la capitale de l'Italie, occupait un poste de 9 1/2 reculé par rapport aux 2 ailiers, Florenzi et Gervinho.

Première période : Les "skyblues" mettaient la pression d'entrée sur des romains qui avaient visiblement prévu d'opérer en contre. Sur un des premiers centres de Navas, Maicon retenait Agüero et le pénalty donnait immédiatement l'avantage aux locaux. Le match s'inversait aussitôt : les giallorossi prenaient l'ascendant, notamment en termes de possession. Il semble que City ait hésité sur la condutie à tenir : fallit-il ocntinuer à presser haut ou au contraire attendre et gicler en contre. Offensivement, la Roma opérait de 2 façons :
  • sur le côté gauche, Maicon et Gervinho profitaient du manque d'implication défensive de Silva pour mettre Gaël Clichy au supplice. 2 minutes après l'ouverture du score, Maicon trouva ainsi la barre, suite à un échange avec Totti, positionné en 10 sur le coup.
  • surtout au centre du terrain, les romains profitaient de leur domination (Totti + Pjanic + Naingollan contre Touré / Fernandinho) pour tenter des passes lobées ou diagonales vers Florensi et Gervinho, qui permutaient très souvent.
Le  positionnement de Totti fut particulièrement intéressant : le capitaine giallorosso décrochait régulièrement mais aucun des centraux de City ne le suivait. Il s'ensuivait de longues séquences de possession romaine aux 30 mètres, jusqu'à ce que le ballon fut tenté en profondeur ou sur le côté gauche. City ne profita pas du tout de la pression romaine pour mener des contres. Keita, souvent seul, orientait tranquillement le jeu mais pouvait se permettre de rester  prudent ainsi que Cole et ces 2 joueurs annihilèrent les tentatives des mancuniens, notamment celles de Navas, transparent.

Dans les faits, les visiteurs domainaient légèrement jusqu'à l'égalisation de Totti. Celle-ci fut un peu atypique : Totti, peu présent au pressing se retrouve joueur le plus avancé de son équipe quand Keita récupéra un ballon, orienta vers Naingollan qui transmit le ballon à son capitaine. 1 piqué plus tard, les visiteurs avaient égalisé. Les romains reculèrent un peu en fin de mi-temps mais City ne parvint pas à se procurer une occasion.

Seconde période : la première réaction de Pellegrini fut de changer Navas par Milner. Le joueur anglais passa à gauche en lieu et place de Silva, qui occupa le flanc droit. Ce repositionnement eut pour effet de neutraliser Maicon. Les romains se retrouvaient avec une option offensive de moins. Pourtant, leur milieu de terrain fut tellement dominateur que pendant 20 minutes, cela ne se vit quasiment pas. Les visiteurs furent particulièrement impressionnant pendant le premier 1/4 d'heure et Pjanic rata une occasion incroyable. A la 57ème minute, nouveau changement : Lampard remplaça Dzeko. City passait en 4-2-3-1 avec Yaya Touré montant d'un cran derrière Agüero. Presque immédiatement, les citizens reprirent la jeu à leur compte et se créèrent des occasions (Milner 58ème). Keita, totalement libre jusqu'à présent, avait Touré face à lui. Pjanic et Naingollan étaient opposés à Lampard et Fernandinho. Les milieux de City pouvaient écarter à leur tour sur Silva et Milner. L'une des conséquences de ce changement tactique fut la liberté retrouvée de Silva, qui se recentra constamment en dribblant dangereusement aux 20 mètres et qui fut près d'inscrire le but de la victoire.
Les dribbles de Silva 0 - 57ème : le désert (source fourfourtwo)

Les dribbles de Silva (57ème 90ème) : mieux.

En outre, la Roma commença à baisser de pied physiquement. Confonté à cette situation, Rudi Garcia changea Totti par Iturbe à l'aube du dernier quart d'heure, Florenzi passant au centre. Le jeune argentin mit du temps à se mettre dans le tempo du match, négligent défensivement sur le côté droit de la défense romaine. Les dernières minutes virent la Roma tenter de résister coûte que coûte aux assauts des skyblues, Garcia faisant même entrer Holebas, un arrière, à la place de Florenzi. Une coquetterie de l'entraîneur romain pour ces dernières minutes : la consigne apparemment donnée à Skorupski de dégager sur le nouvel entrant (1m84 vs 1m73 à Florenzi) pour donner de l'air à la louve.

Las, malgré un dernier rush (et l'entrée de Jovetic) City n'inscrivait pas de but et se retrouve dans une situation désagréable dans sa poule de LdC.

Conclusion : l'illustration classique de l'adage "ce n'est pas parce que l'on a plus d'attaquant qu'on est plus offensif. Dans les faits, City a mieux joué avec 1 attaquant de moins. La Roma a fait montre globalement d'une créativité plus forte notamment au milieu avec un Totti, qui a 38 ans, gagne en intelligence de jeu ce qu'il perd en muscle.

Footballistico

Qui sommes-nous ?

Footballistico est un club d'amis dont le but est d'apporter un regard original et décalé sur le football. Une lampée de tactique, une pincée d'ironie, un peu d'économie du sport, une dose d'histoire et un glaçon de respect pour le rugby et l'Argentine, secouez et c'est parti pour un blog à la fois populaire et élitiste.

Suivez nous aussi sur Twitter (footballistico)