samedi 28 décembre 2013

Manchester City - Liverpool : petit événement, City ne marque que 2 buts

On s'attendait à des étincelles pour le boxing day, entre le nouveau leader de premier league et la meilleure équipe d'Europe actuellement, Manchester City. Pourtant, la rencontre fut beaucoup plus tactique que prévu, avec des citizens qui craignaient Suarez comme la peste et des reds, qui avaient mis un dispositif anti-ailiers.

Liverpool se présentait avec un 11 très peu modifié par rapport à l'équipe victorieuse de Cardiff : Gerrard, toujours absent, était remplacé par Lucas Leiva et Aly Cissokho avait sa chance suite à la blessure de Flanagan. Les locaux se présentaient en 4-2-3-1. En l'absence d'Aguero, Negredo occupait le poste d'avant-centre.

Manuel Pellegrini avait dû voir le match face à Tottenham, où les reds avaient déchiré la ligne défensive haute des spurs (5-0 !) car City défendit relativement bas, sans pressing sur les défenseurs chargés de la relance, avec des lignes très rapprochées pour étouffer les visiteurs. Offensivement, les citizens possédaient essentiellement 2 chemins :
  • le côté droit où Navas et Zabaleta attaquaient Cissokho et Countinho bille en tête,
  • le centre du terrain : Nasri se recentra très rapidement et rejoignit Silva pour combiner et les raids de Yaya Touré renforcèrent encore la supériorité de City dans cette zone du terrain ou Leiva était théoriquement seul.
De son côté Liverpool assurait l'animation offensive de la façon suivante : 
  • à gauche, un triangle Henderson, Coutinho et Cissokho tentait de combiner et de percer,
  • à droite, Sterling tenta de profiter de sa pointe de vitesse pour prendre Kolarov par derrière, 
  • entre les 2, Suarez décrochait et se déportait à droite ou à gauche pour se rapproche de ses co-équipiers.
Première mi-temps : au début du match, City tenta de s'imposer en mettant du rythme, notamment du côté droit (Navas).  Cependant, Liverpool réussit à ralentir le tempo en assurant des relances par Sakho vers son milieu. Les reds profitaient ainsi du manque de présence défensive de Silva et de la supériorité numérique qui en résultait au milieu du terrain. Le défenseur central français trouvait ainsi assez facilement Henderson ou Leiva, voire Cissokho si les premières 2 options se refermaient. Assez vite, le jeu des reds prit ainsi une physionomie assez semblable tout au long des 45 premières minutes : 
  • relance, la plupart du temps de Sakho vers un milieu,
  • accélération, en relais via Suarez ou Coutinho,
  • recherche de profondeur sur Sterling.
Suarez : le rôle de l'uruguayen fut particulièrement intéressant. Devant l'impossibilité de prendre la profondeur, il agit en tant que relais, accélérateur des actions des reds, partout sur le terrain. Après avoir lancé Sterling à la 18ème minute dans une position de hors-jeu contestable, il se retrouve à l'origine du but et de la meilleure action de Liverpool où Coutinho aurait pu (dû) doubler la mise. Face à l'uruguayen, Kompany, notamment sembla hésiter sur la conduite à tenir : suivre les déplacements (impossible de la faire partout) ou rester en place derrière ? Un des effets indirects fut de faire remonter la défense de City sans doute plus haut qu'elle ne le souhaitait.

Passes reçues par Suarez : "je suis partout" version Uruguay (source : Fourfourtwo)
C'est sur une action archétypique que les visiteurs allaient prendre l'ascendant : échange Coutinho - Henderson, puis accélération du jeu par Suarez, vers Sterling, avant que Coutinho ne finisse dans le but vide.

5 minutes plus tard, Coutinho ratait donc un but presque tout fait. Liverpool avait laissé passer sa chance.  

A la 30ème minute, Kompany remit les 2 équipes à égalité sur un corner, ce qui témoigne de la force des citizens dans ce secteur de jeu. Les 15 minutes qui suivirent furent sans doute les plus spectaculaires du match. Sentant City prenable, les reds se ruaient à l'attaque ne laissant que Sakho et Skretl derrière : Navas et Negredo eurent leur chance en contre avant que l'avant-centre espagnol ne trompe Mignolet d'une frappe de l'extérieur. Sur ce contre, 8 reds étaient à moins de 30 mètres du but adverse.

Dans quelques secondes, Navas (à droite) va recevoir le ballon et ça va faire mal

Seconde période : Liverpool réenclencha la 5ème dès le début du match face à un City très prudent. Les citizens défendaient assez bas et ne sortaient que pour des contres même si leurs périodes de possession devinrent plus importantes au fur et à mesure que le match avançait. Fernadinho et Yaya Touré furent de moins en moins ambitieux afin de contrôler la partie.

Ce fut sur le côté gauche que les reds faillirent trouver l'ouverture : Navas devenant de moins en moins concerné par les tâches défensives, tout à tout, Skretl et Suarez débordaient et trouvaient Henderson (pour une jolie madjer) et Sterling (pour un très beau loupé). 

Conclusion : tactiquement, Brendan Rodgers a sans doute gagné le match, grâce à un dispositif offensif plus rôdé et une maîtrise du tempo de la rencontre. City doit plus sa victoire qu'aux qualités individuelles de ses joueurs, notamment sur coup de pied arrêtés. Défensivement, les citizens se sont sans doute aventuré plus haut que souhaité en suivant Suarez. Il reste que si Navas, par exemple, avait été à la place de l'inconstant Sterling, il est probable que les reds l'auraient emporté. L'équipe de Pellegrini reste sur sa lancée mais laisse toujours planer de sérieux doutes sur sa solidité défensive. Du côté du Barça, on a dû regarder le match avec envie. 

Footballistico

mardi 3 décembre 2013

PSG - OL :

Les dispositifs en début de match
Après Bastia et Lorient, l'OL est donc la troisième équipe à prendre l'eau cette saison au Parc des Princes par 4 buts d'écart. Si l'on repense au match de l'année dernière, où à fin novembre, les lyonnais venaient comme challengers crédibles du PSG, version qatarie, on ne peut qu'être saisi par l'écart abyssal qui s'est créé depuis lors.

Première période :

En dépit de tous les changements d'effectif, Rémi Garde appliquait la même tactique que l'année dernière, du moins en apparence. Similitude la plus évidente : une défense à 5, avec 2 pistons sur les côtés (Bédimo, Lopés). En 2012, le coach lyonnais affichait un milieu à 3 et 2 attaquants.

Dimanche soir, c'était plutôt un milieu à 4 en losange, avec Gourcuff à la tête de celui-ci plus Lacazette isolé devant. Ce dispositif possédait 2 avantages :
  • offrir une 2 voies de relance assez aisée, via Fofana et Grenier, soit soit via les "pistons",
  • densifier en phase défensive le milieu de terrain.
Le rôle des 2 "carrileros" était cependant assez orginal. La plupart du temps, la défense à 3 est assez performante face à 2 attaquants : elle présente un surnombre et permet à l'un des centraux de se déporter sur le côté pour combler les brèches sur l'un des côtés. Face aux 3 attaquants parisiens, l'idée était davantage :
  •  de leur couper les vivre en contrant les montées des latéraux grâce à) Lopès et Bedimo (les centres de Van Der Wiel sur Zlatan ont dû être sacrément visionnés à Tola Vologe)
  • de faire descendre les milieux assez bas, notamment Gonalons pour toujours conserver le surnombre défensivement.
Le défaut était évidemment d'offrir une présence offensive faible : Gourcuff était le seul milieu lyonnais à se porter devant et la présence offensive de Bédimo et Lopès, réelle pendant la pemière demi-heure, fut peu efficace (1 centre chacun) à cause de l'opposition de Maxwell et Van Der Wiel.  En tout, les offensives lyonnaises comptaient 4 acteurs, souvent face à 6 parisiens. Cette simple conséquence mathématique se voit dans les statistiques : seulement 6 tirs en 90 minutes et un seul tenté depuis l'intérieur de la surface (la barre de Lacazette).

Un autre problème du dispositif lyonnais fut la totale liberté dont put jouir Verratti pendant le match : en l'absence de pressing sur lui, l'italien organisa le jeu parisien comme un véritable Xavi parisien (114 passes réussies sur 120 tentées).

Au moins, les lyonnais tinrent bien la baraque pendant la première demi-heure face à des parisiens empêtrés dans un dispositif très défensif, jusqu'à, donc, cette trentième minute où le cri de Galtier "a la izquierda, Javier", changea le dispositif parisien en 4-4-2. Toujours est-il que cette décision eut un impact immédiat :

  • à la 27ème, Lacazette trouvait la barre sur la meilleure occasion lyonnaise,
  • à la 32ème, Pastore voyait son tir contré par Koné sur un tacle vraiment superbe,
  • à la 35ème, Ibrahiovic voyait son tir repoussé en corner par Vercoutre.
Sur le corner suivant, le PSG marquait. Si prendre un but face au PSG 2013/2014 est rarement une bonne nouvelle, on peut penser que pour l'OL il fut particulièrement difficile à encaisser, tant Rémi Garde avait misé sur sa capacité à gêner le jeu parisien plus qu'à élaborer le sien. 4 minutes plus tard, la messe était dite, Pastore récupérait un ballon et lançait Cavani dans l'espace. Pénalty et panenka de Zlatan.

Il peut sembler étonnant, a priori, que ce changement tactique ait favorisé le 11 parisien. A priori, face à 2 attaquants, une défense à 3 est efficace : elle conserve le surnombre. Comment expliquer un tel dénouement ? 3 facteurs expliquent selon nous cette évolution :

  1. Pastore. L'argentin est définitivement plus à l'aise dans un rôle plus avancé et il put donc mettre son talent à la création. De toute façon Motta et Verratti suffisaient largement au milieu et le fait de projeter Pastore dans une position plus avancée suffisait à créer plus de danger devant la cage des visiteurs. Par contrecoup, Miguel Lopès (cf. schéma ci-dessous) et Bedimo durent reculer et l'impact offensif des lyonnais déjà faible, fut anéanti. Pastore fut même étonnamment libre car une petite poche libre s'était ouverte sur le côté gauche, du fait du rôle plutôt avancé de Gourcuff.
  2. Le blocage des transmissions : la voie privilégiée par l'OL pour sortir de sa moitié de terrain fut perturbée par ce repositionnement impromptu et les pertes de balle s'accumulèrent
  3. Enfin, le changement de position de Cavani perturba la défense centrale lyonnaise : Koné et Bisevac semblèrent hésiter sur leur rôle respectif et l'uruguayen en profita pour s'engouffrer dans les brèches.
Les passes de Miguel Lopès réalisées entre la 1ère et la 30ème minute (schéma de gauche) et la 31ème et la fin du match (schéma de droite). Repositionnement défensif (source Squawka)
Seconde période : Matudi remplaça un Thiago Motta blessé et le surcroît d'énergie que Paris récupéra ainsi fut utilisé pour mettre la pression sur un 11 lyonnais déjà passablement découragé. Clément Grenier prit position de façon plus avancée pour apporter du soutien à Lacazette mais le jeune meneur de jeu des visiteurs fut trop prudent et trop peu servi pour peser véritablement sur le jeu.

A la 60ème minute, Thiago Silva mettait le troisième but sur corner (encore) et Paris pouvait finir en roue libre, hormis Zlatan, qui tenta d'améliorer son nombre de passes décisives (centre vers Cavani, 65ème) et son compteur but après une faute d'Umtiti (pénalty, 83ème).

Conclusion : "sic transit gloria mundi" a dû penser Jean-Michel Aulas, au vu de l'écart qui s'est creusé en un an avec le PSG. Bloqué pendant une demi-heure, Paris était simplement trop fort pour des gones qui ont perdu peu à peu la plupart de leurs meilleurs éléments et qui possèdent désormais un banc éthique. Lyon est 10ème et n'ira sans doute pas beaucoup plus haut. Paris est premier et le match Cavani-Zlatan-Pastore vs Enyeama prévu le 22/12 vaudra son pesant de chocolat.

Footballistico

jeudi 21 novembre 2013

France - Ukraine : les bleus comme des Praud

La France a donc validé son billet pour Rio et l'auteur de ces lignes va tenter de contenir son émotion pour conserver son regard froid et distancié qui fait la qualité d'une chronique tactique.

Didier Deschamps, le génial entraîneur des bleus superbes et généreux avait modifié son dispositif pour afficher un 4-3-3. Pas moins de 5 joueurs étaient nouveaux par rapport à la déroute de Kiev (Sakho, le héros, Cabaye, Valbuena, Benzema et Varane).

L'ignoble Fomenko avait reconduit son 4-2-3-1 vil et violent. Au-delà de l'absence des atroces Fedetsky et Kucher (remplacé par Mandzyuk et Rakitsky), le milieu de terrain avait été profondément remanié. Le traître Edmar était positionné plus bas qu'à l'aller dans le double-pivot des visiteurs aux côtés de Rotan. L'absence de Stepanenko, le joueur a priori le plus à même de servir de sentinelle et d'orienter en passes courtes le jeu ukrainien n'était pas présent. Ce choix de Fomenko peut laisser rêveur et ne peut se comprendre que par le fait que l'entraîneur ukrainien espérait se projeter rapidement vers l'avant (Rotan et Edmar ont un profil plus offensif que Stepanenko) pour "profiter des espaces français".

Première période : la question posée à tous les commentateurs par le splendide sélectionneur français est la suivante. Comment être plus offensif en retirant un joueur offensif (3 contre 4) ? La réponse tient en 2 volets :

  1. En demandant à ses latéraux de porter plus vers l'avant, notamment Evra,
  2. En constituant un milieu à 3, capable de porter le danger par 2 moyens : la capacité à se projeter de Pogba et de Matuidi et le jeu de passes de Cabaye, plutôt vertical. 
Le prix, théorique, à payer pour ces choix tactiques était clair. Se faire déborder en contre, notamment via les ailes, par les ukrainiens. Mais ce cauchemar n'a pas eu lieu pour au moins 3 raisons :

  1. d'une part, les français pressaient beaucoup plus haut qu'à l'aller et ce, dès la perte de la balle,
  2. d'autre part, le milieu à 3 n'eut pas de mal à couvrir les côtés dès que les ukrainiens tentaient des transitions rapides,
  3. Enfin, Mandziuk fut beaucoup moins à l'aise que Fedetsky sur Ribéry et par ricochet, Yarmolenko toucha peu de ballons et eut rapidement tendance à se positionner très bas.
Les bleus magnifiques mettaient d'entrée une pression forte sur l'Ukraine. Présents dès la perte de balle, coupant les trajectoires (26 interceptions), n'hésitant pas à faire des fautes tactiques, l'Ukraine ne parvenait pas à faire baisser le rythme ou à contrer. Les français avaient 3 occasions dans les 10 premières minutes et Rotan prenait un carton pour une faute sur Ribéry.

Valbuena : dès le début du match, le superbe marseillais, nominalement positionné sur l'aile droite, fut présent sur tout le front de l'attaque : dès la 3ème minute, il frappa du côté gauche de la surface. Et sur le premier but français, il était situé au centre pour pousser le ballon de la poitrine sur Benzema. Il fut aussi très précis sur coup de pied arrêté et sut exploiter la supériorité des bleus de la tête (63% de duels gagnés, source whoscored.com). Shevchuk, son latéral aurait pu profiter de ce dépositionnement pour se ruer devant mais son profil est peu offensif et il se contenta de transmettre le ballon à un Konopliakna trop esseulé pour être dangereux. Résultat : un joueur offensif présent partout et un défenseur latéral presque inutile et hésitant sur son positionnement : suivre Valbuena ou demeurer sur son côté pour contrer les montées de Debuchy ?

Les 2 buts français vinrent donc du côté droit, le premier sur une faute ukrainienne, le second sur un centre de Debuchy. A chaque fois le scénario fut le même, une défense ne parvenant pas à se dégager et des français sur les 2èmes, 3èmes, 4èmes ballons etc.


Bezus : théoriquement positionné en 10, l'ukrainien eut du mal à se situer sur le terrain surtout défensivement. Théoriquement, il aurait pu être au marquage de Cabaye et perturber la rampe de lancement des bleus. Dans les faits, il recula beaucoup et ne peut donc pas assister Zozulya. Il fut cependant l'un des rares ukrainiens à offrir une porte de sortie de l'étau bleu avec Konoplianka. Souvent, les bleus firent faute sur lui pour l'empêcher de remonter la balle.

A la fin de la mi-temps, les bleus, un peu émoussés, furent confrontés à un dilemme : continuer à attaquer ou gérer le résultat. On s'aperçut que sur les coups de pied arrêtés, l'EdF n'était pas complètement sereine. Sur l'un d'entre eux, le perfide Yarmolenko aurait pu réduire le score si Debuchy ne s'était pas opportunément trouvé sur la trajectoire. A noter que défensivement, le choix de Cabaye était risqué : le magpie, parfait sur les interceptions ou pour orienter le jeu offensif ne possède sans doute pas le profil d'une sentinelle devant la défense, pour s'interposer et racler les ballons aux 20 mètres.

Seconde période : la faute du boucher Kacheridi changea la donne de cette seconde période, en simplifiant le choix des français. A 10 contre 11, les bleus pouvaient prendre leur temps. Rotan descendu en défense centrale, Bezus en double-pivot, les ukrainiens laissaient seulement Zozulya en pointe.

Accentuant leur possession de balle, les bleus continuaient leur pression mais de façon paradoxalement moins intense, toujours à la merci d'un but en contre.

A la 64ème minute, Fomenko remplaçait un Bezus marqué physiquement par Gusev : Mandziuk passait en défense centrale et Rotan réoccupait son poste dans l'entrejeu. Ce changement allait avoir une conséquence puisque 8 minute plus tard, sur un énième ballon mal renvoyé, Ribéry centrait (?) et le dernier entrant, à la lutte avec Sakho, poussait le ballon dans le but vide (à moins que l'ancien parisien n'ait profité d'un trou dans sa cuisse).

Les ukrainiens n'étaient plus capables de faire le jeu. Ils essayérent de lancer quelques piques cependant et la France tremblait notamment sur coupe de pied arrêté : un ballon dériva dangereusement dans la surface à quelques centimètres du pied de Zozulya et Rakitsky tentait un joli tir de volée dans les arrêts de jeu.

Mais plus rien ne pouvait arriver à des bleus fantastiques et les immondes ukrainiens quittaient la scène de l'histoire du football (auréolés de leur titre d'équipe la plus violente des qualifications), laissant nos héros à leur nuit de fête dans la ville lumière.

Footballistico

PS : une petite pensée pour l'immense Zlatan. La coupe du monde sera moins belle sans lui. Temps d'instaurer une wild card pour la FIFA.

dimanche 17 novembre 2013

Ukraine - France : au revoir, Didier et merci ?

Au vu des réactions quasi-hystériques des médias grand public (explosion de Pascal Praud), on pourrait penser que les bleus sont de nouveau remontés dans leur bus sans livrer leur match à Kiev. La réalité est bien différente : on peut sans doute reprocher des choses à cette équipe de France mais souligner leur manque d'engagement semble tout à fait exagéré.

Selon nous, si la France a pêché, c'est pour un raison simple : l'Ukraine avait un plan. Les bleus n'en avaient pas. Au vu des compositions, une chose sautait aux yeux, Fomenko avait modifié son schéma de jeu avec un but en tête : contrer Ribéry. Deschamps avait sélectionné les plus en forme sans trop se soucier de l'adversaire d'en face. Avec le recul, on peut tout de même se demander à quoi sert un Rémy, rapide, ondoyant mais peu à l'aise face à une équipe plutôt en retrait pratiquant le contre.

L'Ukraine affichait son 11 type, à 2 exceptions, Edmar était positionné plus haut et Rotan prenait sa place dans le double pivot du 4-2-3-1 de Fomenko.

Deschamps avait modifié plus fondamentalement son équipe. Nasri occupait le centre du trident offensif bleu à la place de Valbuena, laissant l'aile à Rémy. Matuidi et Pogba étaient titulairisés ensemble. Debuchy était préféré à Sagna.

Première période : le match s'ouvrait sur un combat intense au milieu du terrain. Les ukrainiens pressaient au niveau du milieu de terrain à 10, en tentant de perturber les relances françaises en laissant le seul Zozyula en pointe.

Assez vite, le modus operandi du match se mit en place : les français essayaient de passer par la gauche (42% des offensives), le côté de Ribéry, et les ukrainiens, s'évertuaient à faire avorter ces attaques :

  • En bloquant la transmission : Yarmolenko sur Evra et Edmar sur Matuidi,
  • En créant le surnombre : outre Fedetski, Rotan et Kacheridi s'excentraient pour bloquer le munichois,
  • En multipliant les fautes : 10 ! Il est d'ailleurs anormal que Rotan, notamment, n'ait pas été averti (Fedetski le sera).
Assez souvent, Ribéry se retrouva seul bleu de ce côté. Evra tenta de l'aider au début du match mais débordé par Yarmolenko (frappe 8ème minute) et coupable de 3 fautes dans le premier quart d'heure, le mancunien se replia prudemment.

Dans ces conditions, les stats de Ribéry (2 tirs, 2 "passes clés", la moitié de ses 17 dribles réussis, source whoscored.com) montrent le talent du joueur. Mais l'anormal est ailleurs : en se déportant sur la gauche l'équipe ukrainienne ouvrait des boulevards au centre et à droite du terrain.
  •  A droite, l'apport offensif de Loïc Rémy fut faible. En 1 contre 1, Shekschuk prit continuellement le dessus sur le magpie, plus à l'aise dans des grandes courses que dans une bataille de tranchée. A noter toutefois, le carton jaune du défenseur ukrainien, qui aurait du inciter les français à insister de ce côté là.
  • Au centre, en théorie, les français jouissaient d'un surnombre avec Nasri et Pogba face au seul Stepanenko, devant sa défense. D'une certaine façon, ils en bénéficièrent : 6 tirs à eux 2 (sur les 14 tentatives françaises). Pourtant, leur performance reste décevante : les 2 joueurs furent assez prudents, notamment Pogba, toujours prêt à porter main forte à Debuchy face à Konoplianka et Nasri fut assez mal à l'aise dans son rôle de 10, souvent isolé, loin de ses partenaires, au début du match, avant de redescendre progressivement pour toucher le ballon.
Offensivement, les ukrainiens avaient 2 façons de remonter la balle, soit via les ailes, notamment vers Yarmolenko, suite aux nombreux ballons récupérés sur Ribéry. Et de longs ballons vers Zozulya, bien contrés en première mi-temps par Koscielny et Abidal. Évidemment, dans ce cas, la recette consistait à se projeter rapidement vers l'avant (Rotan, Edmar, notamment). Cela dit, globalement la première mi-temps s'achevait sur une note très pauvre avec peu d'actions de part et d'autre, un nombre de fautes important et un certain déchet technique.



Seconde période :

La seconde période commençait bien pour les bleus, qui mettaient la pression sur le but adverse mais un changement subtil de positionnement de Zozulya allait changer le match. L'avant-centre ukrainien allait s'excentrer de façon assez marquée. Koscielny ou Abidal le suivaient (les défenseurs français n'ont jamais joué le hors-jeu) ce qui ouvraient des brèches béantes dans la défense centrale française. Lorsque Zozulya était seul avec son ailier, ce fait n'avait pas trop de conséquence, Pogba ou Matuidi se déportaient à leur tour et le ballon restait bloqué sur l'aile. Mais problème sur le premier but, Stepanenko offrit une solution pour sortir le ballon et effaça un Nasri trop tendre. Plus personne n'était au centre du terrain pour empêcher une une-deux à 3, Stepanenko, Edmar, Zoluzya. But.

Deschamps en profitait pour effectuer son premier changement, en sortant Rémy pour Sissoko.

3 minutes plus tard, Samir Nasri eut la balle d'égalisation. Enfin, les bleus tentaient de passer au centre, Giroud décrochait et lançait le citizen, qui butait sur Pyatov, aux 18 mètres.


Les français tentaient de pousser (ils eurent d'ailleurs leurs meilleurs tirs durant cette période) et les ukrainiens leur rendaient très vite le cuir, se contentant de balancer de longs ballons vers un Zozulya toujours actif. Après une première alerte, ce fut sur un coup franc des 50 mètres, que l'avant-centre ukrainien prit le meilleur sur Koscielny, qui provoque la pénalty

A 2-0, les français nerveux tentèrent le tout pour le tout mais ni Pyatov, ni la défense centrale ukrainienne ne tremblèrent.

Conclusion : si la France a perdu, elle le doit à une composition d'équipe inappropriée face aux ukrainiens et à un manque d'intelligence tactique pour s'adapter aux conditions d'un match plus qu'à un prétendu jmenfoutisme mis en exergue par certains médias. Ribéry a continué à s'enférer à gauche pendant la quasi-totalité du match, Koscielny et Abidal se sont écartés sans se rendre compte qu'à ce petit jeu, l'unique attaquant ukrainien pourvait les prendre en contre un et Didier Deschamps a effectué des changements poste pour poste (Sissoko pour Rémy, Benzema pour Nasri, Valbuena pour Nasri).

Ceci dit, la défaite pour les bleus est tout de même sévère : possession, tirs cadrés, passes réussies, corners, les français ont dominé tous les critères habituels d'un match de foot, sauf un, le nombre de tirs DANS la surface. La main de Lloris aurait été un peu plus ferme...

Cette équipe a-t-elle une chance dans 4 jours : si l'on en croit les stats issues des coupes d'Europe (l'échantillon des barrages de coupe du monde étant trop restreint pour être significatif), 20%.

2 facteurs joueront en faveur des bleus au retour : la nécessité de ne pas penser mais de pousser et la suspension de 2 pièces maîtresses de la défense ukrainienne (Fedetsky et Kyushev) pourrait changer la donne.

Footballistico

mardi 12 novembre 2013

France - Ukraine : avant-goût tactique

Les compositions probables
A défaut d'une qualification directe, les bleus doivent donc passer par les éliminatoires et y affronter l'Ukraine, 20 ans après l'humiliation bulgare (mais ça n'a rien à voir même si "DD" s'en souvient).

Lors du tirage au sort, un soupir de soulagement s'est échappé des bouches françaises. Puis vint le temps de l'analyse qui montre que les ukrainiens, s'ils n'ont pas le potentiel d'une grosse cylindrée, possèdent le profil type d'une équipe solide, pénible à jouer et qui reste en outre sur des éliminatoires plutôt avantageux.

Dans son groupe, l'Ukraine était opposée à 3 équipes d'un bon niveau : l'Angleterre, le Monténégro et la Pologne (Saint-Marin et la Moldavie étant là pour faire nombre). Les Ukrainiens n'ont connu qu'une seule défaite dans ce groupe : c'était à domicile face au Monténégro, en octobre 2012. Depuis lors, l'Ukraine n'a plus concédé qu'un match nul, face à l'Angleterre.

Au total, les ukrainiens ont obtenu 3 matches nuls, 6 victoires et donc une défaite avec un total de buts encaissé qui s'élève à 4. Si l'on peut parler de match "référence", c'est sans doute le match retour de la bande à Mikhaïl Fomenko face au Monténégro, à Podgorica. Dans un match épique, les ukrainiens se voyaient réduits à 10 peu avant la mi-temps, avant d'ouvrir le score. L'arbitre expulsait à son tour un monténégrin puis dans un dernier quart d'heure de folie, les visiteurs ajoutaient 3 buts, avec notamment un côté droit de feu Yarmolenko / Fedetsky.

Côté dispositif, rien de bien original, un 4-2-3-1 solide.

Les forces :

Si l'Ukraine possède une force, il s'agit donc bien de sa compacité défensive : 2 milieux de terrain solides (Stepanenko et Edmar, le plus souvent) montent la garde face à un 4 très homogène. La défense de l'Ukraine dépend majoritairement du Shakhtar Donetsk (Kucher, Ratisky au centre, Shekchuk, à gauche + le gardien Pyatov et Stepanenko), ce qui en fait une défense très complémentaire habituée à jouer ensemble.

Le côté droit de l'attaque ukrainienne est le plus fort. Yarmolenko a mis 4 buts et a assuré 5 passes décisives durant les éliminatoires. Il est bien secondé par Fedetsky, le latéral le plus offensif (qui joue souvent milieu dans son club). De l'autre côté, le jeune Konoplianka est sans doute le joueur le plus créatif de l'équipe même s'il n'a pas l'abattage de son homologue à droite.


Les faiblesses :

N°1 : le plus invraisemblable, c'est que l'Ukraine a obtenu ses performances défensives avec un gardien qui n'est pas le meilleur d'Europe, loin s'en faut. Pyatov, peu sûr dans ses sorties, lent à se baisser, peut sans doute constituer le meilleur atout des Ribéry and Co.

N°9 : l'autre indiscutable faiblesse des ukrainiens se situe à l'autre bout du terrain. Zozulya est titularisé la plupart du temps devant mais n'a marqué qu'une seule fois (même s'il a raté les journées portes ouvertes face à Saint-Marin). Pour les "petits" matchs, Fomenko préfère Marko Devic, plus opportuniste, mais il est probable que face à la France, Zozulya soit titularisé, notamment grâce à son activité défensive : le N°9 ukrainien n'hésite jamais à tacler, contrer et gêner offrant ainsi un premier rideau défensif.

N°10 : Dans le 4-2-3-1 de Fedoro, c'est Oleg Giusev, qui joue à gauche en club, qui occupe ce poste. Naturellement, dans ce rôle, l'ukrainien a plutôt tendance à se déporter vers sa position de prédilection et à tenter de combiner avec Konoplianka, sans toutefois être très efficace. Toutefois, il ajoute lui aussi une pression défensive forte sur les adversaires et perturbe énormément la relance.

Dans les faits, il est assez logique que les postes de la sélection ukrainienne les plus médiocres soient ceux dévolus au niveau des grands clubs du pays à tous les étrangers, brésiliens en tête (à l'exception notable du Dnipro). Dans les faits, un Giusev n'est même pas titulaire en club et a donc un peu de mal à s'imposer au niveau international.

Enfin, à noter que l'Ukraine possède un réservoir de joueurs importants et n'a donc pas de difficulté à combler certains postes (demi défensif avec Timotchuk et Rotan, défense centrale avec Kacheridi), à l'exception donc des 3 postes ci-dessus mentionnés.

A quel match s'attendre ?

Il est hautement vraisemblable que les ukrainiens joueront prudemment (pas de pressing haut, ni de milieu défensif se portant devant) pour tenter de prendre les français en contre. Cela ne veut pas dire que l'équipe laisse la possession à l'adversaire. Son quatuor de défenseurs centraux et de double pivot peut assez bien tenir le ballon, en attendant que l'adversaire sorte pour le prendre en contre, via des déboulés sur le côté droit ou en créant le surnombre sur la gauche. Même en menant au score, l'équipe de Fomenko, assez technique, essaie toujours d'assurer la possession de balle.

En tout état de cause, les 2 rencontres seront serrées et ne verront pas beaucoup de but. Si Didier Deschamps maintient son 4-2-3-1 (ce qui est probable, les matchs de barrage n'étant pas précisément propices aux expérimentations), on pourrait avoir un combat où les 2 équipes peuvent se neutraliser. Le match devrait se focaliser sur 3 zones.

Coté droit ukrainien / gauche français : 

C'est le côté fort des 2 équipes, car il mobilise probablement leur joueur le plus doué (Yarmolenko, Ribéry). Afin de contrer le danger, les 2 entraîneurs vont probablement demander à leur latéral (Evra/Fedetsky) de rester prudemment derrière. Le match devrait donc se jouer en 1 contre 1 (latéral vs ailier) dans une zone désertée par les autres joueurs. A ce petit jeu, Ribéry semble avoir un avantage face à l'ukrainien. Seul Mathieu Valbuena pourrait perturber ce schéma en se déportant à gauche mais il est vraisemblable que les ukrainiens (qui auront décortiqué le jeu du lutin marseillais) demandent à Edmar de le suivre.

Côté gauche ukrainien / côté droit français : 

A priori, les ukrainiens vont plutôt tenter de combiner et créer un surnombre grâce à Giusev, allié à Konoplianka. Bakary Sagna devrait être préféré à Debuchy grâce à une solidité défensive meilleure (même si le magpie reste sur de très bonnes prestations). C'est le milieu français gauche qui devrait se déporter pour effectuer l'effort défensif. A priori pas impossible mais c'est ici que se pose peut-être le casse-tête majeur de Didier Deschamps : qui pour mon double-pivot ? (cf. point suivant), sachant que le sélectionneur dispose de 4 solutions (Pogba, Matuidi, Cabaye et le revenant Mavuba).

De leur côté, les français vont probablement jouer en triangle Nasri - Benzema - Valbuena avec des permutations entre le citizen et le marseillais. Nasri va de toute façon se recentrer pour combiner, car, abandonné par Sagna, il n'a pas le punch nécessaire pour prendre le dessus sur son latéral en débordement ou en dribble.

Gyusev / Kolyuka vs X / Y :

Par ricochet, le combat offensif sur l'aile gauche va avoir un impact sur celui, défensif, que le duo ukrainien va mener au double pivot français afin de perturber le jeu des tricolores et récupérer des ballons dans la zone proche du but de Lloris.

Dans un monde où seule la valeur sportive serait considérée (sans aucune considération tactique), alors Paul Pogba serait sûr d'être titulaire. Depuis le début de la saison, le turinois est un crach, ayant inscrit la bagatelle de 4 buts dans son rôle de "box-to-box". Pogba est tellement présent dans la surface adverse qu'il met des buts sans même le vouloir, en détournant les tirs de ses partenaires. Problème, il peut être aspiré devant et ne possède pas la qualité de passes simples, de relance qui soulage une équipe. Il pourrait être sacrifié si Deschamps considère que Giusev est un danger.

Si Blaise Matuidi doit être titulaire, une chose est sûre : ce ne sera pas aux côtés de Paul Pogba. Le duo, aligné face à la Biélorussie et à la Finlande possède un profil trop proche et la défense française avait parfois paru déstabilisée voire en panne de relances propres. En outre, le parisien ne règne plus sur l'entrejeu des rouges et bleus comme il le faisait la saison dernière. Matuidi demeure donc un outsider.

Reste donc Cabaye et Mavuba. Selon nous, si le profil de Cabaye est intéressant, le magpie ne survole pas suffisamment les débats pour s'imposer face au lillois, en tout cas dès le coup d'envoi. Si Deschamps a fait revenir le capitaine des dogues, c'est pour ses capacités défensives, son sens du placement, ses petite passes de relance propres et sa capacité à conserver son calme dans le cas d'une éventuelle tempête. Dans ce cas, Pogba serait titularisé à gauche avec des consignes assez prudentes en début de match. Puis, au fil de la rencontre, le turinois pourrait s'aventurer devant, laissant la responsabilité à Mavuba de s'occuper défensivement de Giusev. Pour les relances, il est probable que Koscielny offre une alternative si le double-pivot français est pris en charge par le duo offensif ukrainien. Autre possibilité, Nasri, qui aime ça, pourrait se recentrer et descendre un peu pour offrir une porte de sortie au jeune turinois, dans un endroit où Stepanenko n'osera pas s'aventurer. Ça n'a l'air de rien mais c'est probablement dans cette zone que se jouera le sort de la possession de balle et ce faisant, celui des 2 manches.

Les autres dilemmes de Deschamps (Giroud / Benzema, Abidal / Varane, Debuchy / Sagna) sont beaucoup moins importants que celui-là et influenceront moins le sort du match. Selon nous, Benzema tient la corde au vu de ses récentes performances et de la courbe inverse que suivent celle d'Olivier Giroud.

En tout cas, Footballistico a fait son choix pour le résultat final. Il est même prêt à mettre une petite piécette sur les bleus : si l'on regarde en ce moment les performances des 24 (!), ceux-ci sont en tête de quelques unes des meilleures équipes du continent (Munich, Arsenal, United, Turin, source whoscored) et si les statistiques ont un sens, c'est le moment de le prouver.

Footballistico

mardi 5 novembre 2013

Lille - Monaco : le LOSC étouffe l'armada monégasque

Les compos de départ
Le sommet improbable de la ligue 1 opposait dimanche soir le LOSC à l'ASM. Les protégés de Ranieri se présentaient dans leur 4-2-3-1. Raggi était préféré à Fabinho et James Rodriguez à Ocampos sur le côté gauche. Lille affichait son son 4-3-1-2 (ou 4-4-2 losange) , avec Rodelin derrière les 2 attaquants. Sidibé remplaçait Franck Béria poste pour poste.

Un petit mot en introduction sur le 4-4-2 de René Girard. A priori, ce type de dispositif est adapté lorsque l'effectif possède 2 grands attaquants et un très bon numéro 10 (la pointe avancée du losange). Ce choix du coach Lillois s'est un peu imposé par défaut (départ de Payet et Thauvin, défaite à Reims en 4-3-3) et a fini par devenir le choix privilégié. Étonnamment, il survit même lorsque Martin est blessé, avec un Rodelin dont l'apport créatif est moins évident que l'ancien sochalien. Les 2 défauts quasi rédhibitoires du système Lillois (trop grande dépendance au N°10 pour la construction offensive et absence de présence dans les couloirs) sont de fait devenus des forces face à Monaco. Voici comment.

Première mi-temps :

Le match commençait sur un rythme haché : les 2 équipes commettaient de nombreuses fautes comme si elles jaugeaient leur agressivité. L'un des phénomènes marquants de cette période fut l'étouffement que subit l'ASM au milieu de terrain. Dans les faits, Lille profita de son avantage au centre du terrain : 4 contre 3 du moins tant que Monaco ne prenait pas les ailes. Or, ce fut là que le bât monégasque blessa.

En théorie, il est assez simple de déstabiliser le le 4-3-1-2 : attaquer à 2 sur les flancs de l'attaque oblige un des milieux à se déporter pour couvrir son latéral offrant ainsi des brèches au milieu du terrain. Malheureusement, Ranieri avait sacrifié son côté droit avec un Raggi beaucoup moins offensif que Fabinho et un Rodriguez qui eut rapidement tendance à se recentrer, soit pour contrebalancer la supériorité lilloise au centre du terrain, soit par inclination naturelle pour se mettre sur son pied gauche. Le positionnement du colombien surprit un peu les lillois en début de partie (belle action 6ème minute) avant que Gueye ne s'en occupe plus directement lorsqu'il prenait l'intérieur.

Côté gauche, Kurzawa eut du mal à se situer au début de son match car les 2 attaquants lillois, notamment Nolan Roux eurent tendance à venir dans sa zone. Le jeune latéral monégasque eut du mal à s'imposer défensivement, notamment face à Salomon Kalou et fit montre de ses limites physiques.

Toutefois, au-delà de la domination lilloise au milieu, le vrai point fort de l'équipe fut l'étonnante complémentarité des attaquants. Pendant que Salomon Kalou faisait parler sa puissance et jouait un rôle de pivot au centre, en remise.

Les passes de Kalou : plus de la moitié sont en retrait
Nolan Roux courrait de chaque côté du terrain et recevait les longues balles de ses partenaires. Dans les faits, offensivement, Lille joue SANS la tête de son losange, ce qui est tout de même paradoxal pour ce système.

Les passes reçues par Nolan Roux, une volonté de sauter le milieu de terrain

Toutefois, si Lille eut sans doute les situations les plus chaudes grâce notamment à la présence de Kalou, il ne faut pas exagérer leur emprise : Lille fut assez chanceux d'ouvrir la marque sur corner (leur second de la partie). Toutefois, jamais Monaco ne put se montrer menaçant en cette première période, sauf sur un ballon bêtement perdu par Kjaer.

Seconde période : Ranieri décida de faire entrer Rivière à la place de Ferreira Carrasco, ce qui occasionna un réajustement tactique : l'ASM pasait en 4-1-3-2, Toulalan demeurant seul devant la défense, Obaddi montant d'un cran à gauche, pendant que Moutinho allait occuper le flanc droit et que James Rodriguez se recentrait.

Si l'ancien stéphanois donna un peu de punch à l'ASM, le problème des ailes demeurait entier. Il empira même légèrement, Rodriguez et Moutinho ne semblant pas exactement comment se situer l'un par rapport à l'autre, pendant les 20 premières minutes. Toutefois, le talent du colombien, réel, et le potentiel offensif des monégasques auraient pu leur permettre de s'en sortir, notamment sur un petit ballon de Rodriguez pour Rivière (67ème) à un moment où le 3 du milieu lillois montrait des signes de fatigue. Le festival Enyeama pouvait commencer. Sur l'occasion suivante, Falcao récupérait un ballon dans la surface mais butait sur le gardien lillois. Sur le corner, les lillois récupéraient le ballon et lançaient un contre en 4 contre 2. But de Roux sur un bon décalage de Mavuba. La messe était dite.

Un des changements opérés par Ranieri à la fin du match laisse penser que les choix effectués par le coach monégasque auraient pu mieux aider son équipe dès l'entame. L'entrée de Fabinho à la place de Raggi eut pour effet de dynamiser le flanc droit monégasque. En 10 minutes sur la pelouse, le brésilien allait réussir plus de centres et de dribbles que le titulaire durant les 80 précédentes. Trop tard.

Conclusion : Lille n'est sans doute pas l'équipe la plus spectaculaire de L1 mais c'est, et de loin, la meilleure défense. Compact, bien organisés et épaulé par un gardien sorti d'on ne sait trop où (du Nigéria, apparemment, via Israël), l'équipe peut se payer le luxe de marquer sans meneur de jeu. Le retour de Marvin Martin pourrait encore apporter un plus aux dogues. Quant au PSG, il doit penser qu'une malédiction René Girard pèse sur ses pétro-dollars.

Au-delà des possibles erreurs d'appréciation de son coach, Monaco a perdu quelques illusions et se pose toujours une question lancinante : comment tirer le meilleur parti de son duo de créateurs surdoués, Rodriguez et Moutinho ?

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jeudi 24 octobre 2013

Athletic Bilbao - Villareal : de la mauvaise utilisation du 4-4-2

Villareal arrivait à San Mames avec une réputation flatteuse de promu doué. Le sous-marin jaune, rétrogradé en Liga Adelante en 2012 n'aura passé qu'une saison au purgatoire de la L2 espagnoles. Malgré l'épuration que ce genre d'opérations nécessite (Rossi, Nilmar, Valero), certains joueurs sont toujours là (Cani, Bruno, Musacchio) et l'équipe occupait le rang de 4ème de la Liga avant Lundi soir.


Ce qui n'a pas changé à Villareal, c'est le dispositif : les visiteurs se présentaient dans un 4-4-2 immuable, à plat avec les 2 "ailiers" ayant plutôt tendance à se recentrer (notamment Cani à gauche) et 2 attaquants assez vifs.

Bilbao se présentait en 4-2-3-1. Mikel Rico était préféré à Benat au sein du double pivot basque.

1ère mi-temps :

Le dispositif de Villareal est de nature très classique. Défensivement, l'équipe de Toral affiche 2 lignes de 4. Les 2 attaquants participent peu au travail défensif. Offensivement, les joueurs de Villareal ont plutôt tendance à trouver dans l'espace les rapides attaquants (notamment Giovanni), notamment en contre. Les visiteurs n'éprouvaient visiblement pas de problèmes à laisser le ballon à leurs hôtes et Bilbao dominait très vite la possession. Les basques s'emparaient rapidement des ailes. Ce fut surtout le cas du côté de Cani. Le meneur de jeu du Villareal ne sut jamais choisir entre le couloir et l'intérieur pour contrer les montées de Mikel Rico. Les basques profitaient donc très souvent de leur surnombre (2 contre 1) pour distiller des centres vers Arturiz. Au bout du match, Bilbao aura tenté 42 centres (dont 28 du côté droit) contre 12 à Villareal.

Malheureusement pour les visiteurs, même en termes offensifs, jamais ils ne purent prendre la mesure de leurs adversaires. Bilbao défendait assez bas, en se repliant dès la perte du ballon. Résultat, jamais Pereira ni Dos Santos ne purent trouver la profondeur qu'ils affectionnent.

L'un des duels clés fut celui opposant Cani à Mikel Rico. Le basque domina le meneur de jeu de Villareal défensivement et offensivement. Sur l'une de ses montées, Cani monta pour couvrir le centre d'Iraola laissant le milieu  basque créer le surnombre dans la surface. Un modèle de "box-to-box".

Le second but illustra bien la stratégie défensive de Bilbao : tous derrière et, occasionnellement, de longs ballons vers Aduriz si les ailes étaient bouchées. Sur l'un d'eux, Musacchio se troua et l'avant-centre ne se fit pas prier pour aggraver le score.

Enfin, pour clore cette mi-temps cauchemardesque, Bruno se fit exclure sur une faute de main. En 45 minutes, Villareal n'avait pas tenté un tir.

Seconde période : réduits à 10 et menés 2 à 0, Villareal ne pouvait pas espérer grand chose de la seconde période. Cependant, les 2 changements opérés par Toral (Trigueros à la place de Pereira, laissant le seul Giovanni en pointe) et Moi Gomes à la place d'Aquino eurent pour résultat de solidifier un peu le dispositif défensif des visiteurs. Bilbao poussa cependant pour faire valoir son avantage numérique mais les basques ne trouvaient plus la faille.

Vers l'heure de jeu, Villareal pointa même le bout de son nez, un joli ballon en profondeur de Moi Gomes atteignit Giovanni en pleine course mais l'attaquant mexicain ne put conclure face à Iraizoz.

Cette phase de jeu était l'illustration de ce qu'espérait réussir Villareal pendant tout le match. Mais ce fut trop tard et trop peu.

Conclusion : la quatrième place de Villareal n'est sans doute qu'un feu de paille ou alors l'équipe devra trouver rapidement un plan B face à des équipes qui opérent assez regroupées défensivement et qui sont capables d'écarter leur jeu offensif.

Bilbao comme d'autres (Espanyol, Real Sociedad) pourraient en profiter pour ravir au sous-marin jaune la dernière place enviée de la Liga, qualificative pour la ligue des champions.

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dimanche 6 octobre 2013

Inter - Roma : Garcia, de sergent à empereur

Quand Rudi Garcia est arrivé à Rome, dans la scepticisme général, personne ne donnait cher de sa peau. Au bout de 7 matches de Série A gagnés par la louve, tout le monde voit les romains gagner le scudetto.

Hier, la bande à Totti affrontait son test le plus sérieux depuis le début du championnat : l'Inter de Walter Mazzarri. Dans une certaine mesure, ce match était un affrontement d'hommes de systèmes. Le technicien italien était arrivé de Naples avec son 3-5-2 : une défense à 3, 2 joueurs de couloir. Une différence de taille avec ses années napolitaines : une seule pointe (Palacio) et un meneur de jeu situé derrière lui (Ricky) à la place du trio Hamsik, Lavezzi, Cavani. Rudi Garcia maintient sa préférence au 4-3-3, avec Totti au centre du trident offensif, un dispositif dont il a usé et abusé à Lille.

Première mi-temps : 

Assez vite le 3-5-2 de l'Inter apparut assez pataud face à la Roma :
  •  d'une part, s'il est efficace face à 2 attaquants, ce dispositif n'est pas optimum face à une seule pointe. En outre, Totti, qui n'est pas un vrai attaquant de pointe, eut tendance à décrocher et Ranocchia eut du mal à se situer face à ce positionnement : fallait-il suivre le romain ou le laisser à la charge de Cambiasso, le milieu le plus reculé ? Le jeune défenseur italien ne put jamais choisir. En outre, 3 défenseurs centraux c'est un joueur de champ de moins pour porter le danger dans le camp adverse.
  • les ailiers romains, Gervinho et Florenzi, loin d'occuper leurs côtés, plongèrent souvent dans le dos de Totti, dans des courses rentrantes vers l'intérieur. Ici, ils se retrouvèrent souvent lâchés par les joueurs de couloir interistes, face à Juan Jesus et Rolando, les centraux. Ceux-ci semblèrent bien lourds face aux feu follets romains.
  • par répercussion, les 2 joueurs de couloir semblèrent souvent incertains : fallait-il reculer pour prêter main forte défensivement ou au contraire attaquer bille en tête les latéraux romains ? En tout cas, l'Inter ne domina pas non plus les côtés.
Dans les faits, l'Inter fut donc inférieur dans tous les secteurs de jeu, incertain du schéma de jeu à appliquer alors que plusieurs joueurs 

Dès le début du match, la Roma sut porter le danger, notamment via le côté droit. Sur le premier but, la Roma sut faire apprécier la fluidité de son jeu et du placement de son trio d'attaque : Balzaretti remonta le ballon vers Pjanic, qui transmit à Gervinho, avant que celui-ci de remise en retrait vers Totti pour une belle frappe aux 20 mètres. Un mur de joueurs bleu et noir se trouvait face à Totti mais aucun n'était monté sur lui, désorientés par son placement.

L'Inter imposa ensuite un pressing assez intense aux visiteurs et connut sa meilleure période : les relances romaines étaient perturbées et Guarin sur un tir lointain, puis Alvarez eurent chacun l'occasion de mettre les 2 équipes à égalité. Malheureusement, l'Inter, haut placé, s'exposait aux contres des ailiers romains :
  • sur le second but, Gervinho fit admirer ses dribbles ondoyants et fut séché par Pereira provoquant un penalty
  • sur le troisième Florenzi, à droite pour une fois, était décalé par Strootman et finissait le travail d'une belle frappe croisée.
Gervinho : l'Ivoirien a tenté, et réussi, la moitié des
dribbles de son équipe (source Fourfourtwo)
Fluidité, rapidité, finition, tout y était et l'Inter reprenait le chemin des vestiaires la tête basse.


Seconde période :

Walter Mazzarri fit entrer Icardi (un attaquant) à la place d'un Alvaro Pereira dépassé. L'Inter passait sur une défense à 4, en décalant Juan Jesus. Rétrospectivement, ce fait est révélateur des problèmes de l'Inter en première période. Les locaux jouaient mieux mais avaient du mal à s'approcher de la surface adverse face à une Roma regroupée. Le plus souvent les périodes de possession s'achevaient par un tir lointain (seulement 3 tirs dans la surface sur 18 tentatives). Les visiteurs continuaient de placer des contres meurtriers : sur 2 d'entre eux, Florenzi et Gervinho furent à 2 doigts de corser l'addition.

Le match se déroulait : au fur et à mesure les cochas faisaient entrer des joueurs de plus en plus offensifs (Inter) ou défensifs (Roma) mais jamais les visiteurs ne semblèrent en mesure de remonter tout ou partie de leur retard. Même l'expulsion de Balzaretti, sur une faut bête au milieu du terrain ne changea rien à l'affaire : la Roma était hier la plus forte.

Conclusion : sans révolutionner l'équipe, mais en renforçant certains postes (réalisant au passage de solides plus-values), l'entraîneur français a changé en profondeur le jeu de la louve, en lui donnant rapidité, fluidité et solidité. Un exploit. Quant à Mazzarri, sa rigidité tactique semble avoir atteint ses limites : toutes les équipes n'ont pas la chance d'avoir un trio d'attaque aussi doué que celui qu'il a coaché à Naples.

Footballistico

jeudi 3 octobre 2013

Dortmund - OM. Marseille gentiment humilié

Le match de mardi soir a quelque chose de désespérant : l'OM est la meilleure équipe française "normale", si l'on oublie le duo du ca$hico. Or, les marseillais ont été dominés dans tous les secteurs de jeu, laissant les co-leaders de la Bundesliga leur donner une leçon de football.

Les marseillais se présentaient dans leur 4-2-3-1, avec Khalifa, étonnamment positionné en avant-centre, devant le pilier Valbuena. Les allemands, dans le même dispositif étaient privés d'un certain nombre de titulaires habituels (Kehl, Weidenfeller, Gundogan, Piszczek), ce qui rend d'autant plus éclatant leur succès.

Première mi-temps :

Assez tôt dans le match, les 2 équipes affichaient un style de jeu très différent :

  • l'OM tentait de construire en remontant le ballon sur les côtés et en s'appuyant en relais sur Valbuena, qui se portait alternativement à droite et à gauche, selon son habitude.
  • Dortmund pressait haut et de façon assez agressive, en se portant rapidement devant, dès que le ballon était récupéré.
Aucune tactique n'est, a priori, meilleure qu'une autre mais, dans son application, Dortmund fut rapide, bien rôdé et agressif, tandis que l'OM était hésitant dans son jeu et approximatif :
  •  en terme de pressing, les allemands pressèrent haut, commirent de nombreuses fautes (22 à 9), de nombreux tacles mais récupérèrent les ballons très hauts à la différences des marseillais, qui trottinaient pour regagner leur camp
Les récupérations de Dortmund : c'est haut !

Les récupérations de Marseille


  • offensivement, les allemands se projetaient très vite devant. Le premier but fut l'illustration de cette capacité : les jaunes et noirs se retrouvèrent à 6 dans les 25 mètres marseillais, en surnombre, face à des marseillais coupés en 2.
  • De son côté, Marseille eut du mal à combiner et passer le mur de la Rürh. Le problème de l'OM, c'est qu'en dehors du 4 de devant, jamais les autres joueurs ne purent prendre leur part du travail offensif : 
    • les 2 latéraux apportèrent peu devant. Fanni est un défenseur central de métier et Mendy sembla mal à l'aise devant la menace Aubameyang.
    • Romao demeura tranquillement devant la défense et Imbula tenta des choses mais sans jamais être décisif. Marseille en revint surtout à des tentatives individuelles : 45 tentatives de dribble. 
  • Jamais, Khalifa, positionné en 9 par Baup ne put trouver son rôle : devait-il se mêler à la lutte du milieu, offrir un relais aux attaquants ou demeurer seul devant pour recevoir de longs ballons devant ? A force de ne pas choisir, l'avant-centre marseillais ne fut nulle part et il réussit l'exploit de ne tenter aucun tir en 83 minutes de présence sur la pelouse.
Seconde période :

L'OM tenta de rentrer des vestiaires de façon plus agressive, notamment pour endiguer les offensives allemandes. Mal leur en prit. Au bout de 8 minutes, Marco Reus inscrivait le second but allemand sur une boulette de Mandanda. Dès lors, le match était virtuellement fini. Même Elie Baup, qui attendit la 73ème minute pour effectuer son premier changement en lançant Lemina (?) à la place de Payet, semblait le penser. Dortmund lançait encore des contres face à des marseillais de plus en plus désespérés. Sur l'un d'eux, Reus était fauché par N'Koulou et Lewandowski améliorait son capital but.

Conclusion : 16 tirs (dont 11 cadrés) à 5. Tout est dit, Marseille a été dépassé techniquement (des latéraux trop maladroits), tactiquement (des milieux trop prudents) et physiquement.

Cependant, la nouvelle la plus triste est venue de la fin d'après-midi : la défaite 5 à 0 des minots marseillais face à leurs homologues de Dortmund : la formation "à la française", jadis la meilleure du monde, semble avoir couler et avec lui, tout le foot hexagonal. Du moins, le football, hors Qatar et Monaco.

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lundi 23 septembre 2013

PSG - Monaco : le premier Ca$hico sans vainqueur



Il n'y eut pas de transmission de couronne hier au Parc des Princes mais Monaco a plutôt bien tenu le choc face à l'armada parisienne.

Le PSG se présentait dans son 4-3-3 étrenné à Bordeaux, avec un solide milieu à 3 (Matuidi, Motta, Verratti), censé tenir la baraque et approvisionner le 3 de devant, où Pastore brillait par son absence.

Comme à Marseille, l'ASM se présentait dans son 4-2-3-1, avec Moutinho derrière Falcao. Kondogbia remplaçait Toulalan, toujours blessé. James Rodriguez prenait place sur le banc, suivant l'habitude de Ranieri de faire tourner ses 2 transfuges de Porto.

Première période :
De façon assez étonnante, Paris prenait l'initiative par les ailes. Van Der Wiel et surtout le duo Maxwell / Lavezzi prenait d'assaut les côtés monégasques, prudents. Après 2 banderilles placées l'une à gauche et l'autre à droite, c'est le latéral brésilien qui profitait d'une bonne passe en profondeur de Silva, pour centrer sur Ibrahimovic, but.

Paris allait ensuite tomber dans l'un de ses travers préférés : regarder jouer l'adversaire, dans l'espoir de placer des contres assassins. Mais l'ASM n'est pas Bordeaux. Les joueurs du rocher prenaient le jeu à leur compte. Ils furent aidés pas un dispositif parisien bancal et par le manque de replacement des ailiers parisiens :   nominalement en 4-3-3, Paris joue avec un seul ailier (Lavezzi), Cavani plongeant assez souvent au centre.
-        Le manque d'implication défensive des 2 ailiers obligeait les milieux parisiens à venir prêter main forte à leurs latéraux, étirant ainsi le milieu à 3 des locaux.
Au terme du premier 1/4 d'heure survint le premier fait de jeu : la blessure de Thiago Silva, remplacé par Camara. 1 minute plus tard, Moutinho profitait de ma défense approximative de Cavani pour distiller un petit centre vers Falcao, opportuniste, sur le coup.
A 1-1 partout au bout de 20 minutes, on s'attendait à des étincelles mais il n'en fut rien, sous le coup de plusieurs phénomènes :

  • Monaco fut très prudent. Echaudé sur les ailes, le couple d'ailiers de l'ASM apporta peu offensivement (notamment Ocampos), privant les visiteurs de cette largeur qui est une composante de leur jeu. En revanche, les monégasques parvinrent à bien tenir le ballon, rejoignant presque les parisiens en termes de possession.
  • Le trio de milieux parisiens effectua un pressing incessant sur les monégasques et ni Moutinho, ni Kondogbia n'eurent suffisamment de temps sur le ballon pour orienter le jeu.


 
Les interceptions monégasques, témoin d'un jeu parisien penchant à gauche




Paris essaya plus d'orienter le jeu offensif par le milieu du terrain, via Ibrahimovic en relayeur, situé derrière le duo de milieux défensifs adverse. Cela faillit marcher à la 30ème minute, grâce à une astucieuse talonnade vers Cavani, puis à la 43ème où le suédois gâcha une balle de match (une habitude, qui commence à devenir préoccupante), suite à un ballon gratté par Verratti, 





Seconde période :

Assez vite, les parisiens prirent l'emprise sur le match face à un Monaco, plus attentiste. Ranieri tenta de faire entrer son joker, James Rodriguez en N°10, tandis que Moutinho reculait d'un cran à la place de Kondogbia. Les monégasques plaçaient quelques contres mais commettaient de plus en plus de fautes pour contenir les parisiens, sans trop céder. Mais, les changements opérés par Laurent Blanc allaient re-dynamiser les parisiens :

  • 60ème : Lucas Moura remplaçait Lavezzi,
  • Puis, à la 75ème, Menez prenait la place de Verratti (très bon hier soir) et Paris passait en "vrai" 4-4-2.

Monaco accusait de plus en plus le coup physiquement et semblait à 2 doigts de craquer à plusieurs reprises face au rythme imposé par les 2 nouveaux entrants :
  • 84ème minute, frappe de Lucas, au dessus
  • 90ème + 1 : Cavani, suite à une balle de Matuidi dans la surface est contré dans son tir en pivot,
  • 90ème plus 3 : Cavani, toujours, frappe à côté un centre de Moura.
Conclusion : sur le papier, Paris demeure l'escouade la plus impressionnante de L1. Depuis la sélection de Maxwell, les parisiens comptent 10 internationaux sur le pré et pas mal d'autres sur le banc tandis que Monaco compte encore sur la jeunesse (ou des pré-retraités). Bizarrement, les parisiens ont du mal à l'emporter face aux équipes qui comptent plus de points en championnat : Montpellier en 2011-2012, Marseille, fin 2012 et Monaco, hier. Si le PSG n'a pas gagné, il le doit à 2 facteurs :
  • Un dispositif en 4-3-3 bancal qui peine à tirer le meilleur de son armada offensive,
  • Un manque de précision dans le dernier geste et les coups de pied arrêtés (coups francs dans le mur, tirs à côté), qui devient préoccupant (18 tirs tentés pour 2 cadrés seulement).

Face à cela, Monaco semble plus cohérent même si l'ASM a affiché hier certaines limites comme le manque d'expérience sur les côtés ou l'impossibilité d'associer la paire Moutinho / Rodriguez.  

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