lundi 19 mars 2012

Paris sur coup de pied arrêté

Cette année, le PSG fait aussi le spectacle défensivement
Si l'on regarde les statistiques défensives du PSG, on ne peut qu'être frappé par 2 choses :

  • l'importance des coups de pied arrêtés dans le total des buts encaissés : 66% sur le total honorable de 29 buts au soir de la 28ème journée (4ème défense). Ce total est issu d'une analyse Footballistico à partir des actions de but.
  • l'incroyable nombre de buts encaissés de la tête : 45% contre 19% pour la moyenne de la L1 (source LFP Stats).

Si l'on pousse un cran plus loin l'analyse, on s'aperçoit que le problème du PSG se focalise sur les centres. Paris a en effet encaissé un nombre faible de but sur penalty (2) ou sur coup franc direct (1).

En synthèse, sur coup de pied arrêté comme dans le jeu, Paris est très fragile sur les centres et possède notamment un mal fou à se dégager : un grand nombre de buts sont issus de ces 2d temps de jeu où le ballon est repoussé avant d'être recentré ou rageusement frappé : plus de 2/3 des buts parisiens encaissés l'ont été sur ces centres dans le jeu ou sur coup de pied arrêté (contre 42% pour la L1).

Or, le PSG ne concède pas un nombre particulièrement important de corners (5 par match, soit la moyenne de L1) ou de centres. Lors du fameux match à Gerland, où 3 des 4 buts encaissés sont directement attribuables à des corners, l'OL n'en a obtenu que 7. Paris tient plutôt le balle cette saison (55% de possession). Il y a bien une petite tendance à faire des fautes à moins de 30 mètres de ses buts, notamment sur les côtés, mais cela l'explique pas à soi tout seul, le récurrent problème parisien. Il y a donc bien un problème défensif. Mais lequel ?

Les problèmes d'une équipe sur coup de pied arrêtés s'expliquent par la conjugaison de 4 facteurs :
  1. des caractéristiques tactiques : marquage en zone ou individuel / combinaison des 2 ;
  2. des caractéristiques physico-mentales des joueurs (taille moyenne, gnaque, concentration) ;
  3. le comportement du gardien ;
  4. la coordination de l'ensemble des acteurs impliqués défensivement.
 Détaillons chacun de ces points :

  1. Sur les coups de pied arrêtés type corner, le PSG privilégie une défense individuelle sur les 4/5 adversaires présents dans la surface. 2 joueurs se trouvent à la récupération aux 16 mètres, 1 joueur au premier poteau, 1 joueur en zone au centre sur la ligne des 6 mètres. L'un des problèmes des parisiens est de se trouver systématiquement attiré par le ballon et d'oublier le marquage individuel. Sinon, on trouve à la fois des problèmes tactiques (absence de marquage sur un joueur en mouvement) qu'individuel (un parisien dominé de la tête).
  2. Si Footballistico n'est pas dans la tête des joueurs du PSG, il peut les mesurer : les parisiens possèdent au moins 6 titulaires habituels à plus d'1 m 85 (Alex, Motta, Pastore, Sakho, Sirigu et Sissoko). En revanche, il y a visiblement certains problèmes individuels qui semblent ne pas arranger les choses :
  • Hoarau semble doué pour fouetter un ballon dans le but adverse mais, défensivement, il a énormément de problèmes. Son positionnement (il ne remonte pas) et ses coups de tête défensifs sont finalement assez peu performants.
  • Menez, Pastore et Néné sont très médiocres de la tête particulièrement sur les phases défensives. La plupart du temps, ils font de la présence dans la surface (1er poteau ou récupération) mais en laissant le travail physique aux défenseurs et milieux. 
  • Lugano a des problèmes de placement sur les centres dans le jeu, il vient couvrir systématiquement, le centre du terrain, sans se préoccuper d'un joueur au second poteau,
  • Enfin, la coordination de la défense a eu énormément de mal à se construire : Paris a connu 7 défenses centrales (soit 1 tous les 4 matches) et 6 latéraux (Armand, Bisevac, Ceara, Maxwell, Jallet, Tiéné). Alors que la plupart des écuries de L1 tourne autour de 5 ou 6 joueurs, Paris connaît donc les problèmes de riches.
3. Le cas de Sirigu est intéressant. Le gardien parisien est unanimement apprécié mais, humblement, Footballistico, lui attribue une responsabilité directe sur au moins 3 des buts. Il sort peu, demeure campé sur sa ligne. Et cette incapacité chronique à s'aventurer loin de ses buts handicape peut-être plus qu'on ne le pense la défense du PSG : les défenseurs parisiens doivent couvrir un plus grand espace vers leur but et savent que leur gardien ne les aidera pas. Sirigu possède une autre caractéristique : il boxe les ballons plutôt que d'essayer de les capter, ce qui tend à expliquer l'une des autres faiblesses du club de la capitale
    4. Paris a énormément de mal sur les seconds temps de jeu : outre les dégagements de Sirigu, les coups de tête de Sissoko, Matuidi ou Sakho finissent souvent à 20/25 mètres au centre. Ici, c'est le manque d'agressivité du premier rideau parisien qui est en cause, on retombe donc aux problèmes Menez / Pastore / etc.

    Conclusion : à cause de ses problèmes sur les centres, particulièrement dans le domaine aérien, Paris est constamment sur la brèche. Le problème ne semble pas simple à traiter : il naît d'une conjonction de problèmes individuels et de la rotation de l'effectif parisien. En outre, les buts encaissés engendrent un manque de confiance qui doit faire empirer la situation.

    Les solutions : maintenir un "back four" cohérent. Revenir à une individuelle stricte et 2 hommes à chaque poteau. Insister auprès des attaquants sur l'importance des seconds temps de jeu et entraîner Sirigu à sortir. Pas facile en 10 journées.

    Footballistico

    mercredi 14 mars 2012

    Inter - OM : la rédemption de Brandao

    Il y a certaines fois où la dynamique intrinsèque d'un match et les événements qui le parsèment sont plus éloquents que toutes les considérations statistico-tactiques. C'est ce qui s'est passé hier sur la pelouse de San Siro.

    Car que dire du match avant la 88ème minute ?
    • que l'Inter se présentait en 4 - 4 - 2 diamant avec Sneijder à la tête du diamant, en soutien des 2 attaquants ?
    • que l'OM affichait une configuration dans un 4-2-3-1 "physique" avec Diarra et M'Bia en sentinelle. Valbuena était au centre de l'attaque marseillaise, en soutien de Rémy?
    • qu'après 10 premières minutes un peu folle pendant lesquelles l'OM a eu du mal à se positionner, les olympiens ont à la fois su poser le jeu et museler Sneijder, ce qui a annihilé le lien entre le milieu et l'attaque milanais. Qu'ensuite l'OM a pu développer quelques attaques, sur la droite notamment : le duo Azpi / Amalfitano fonctionnait bien et que Valbuena avait tendance à dériver sur ce côté pour aider ses 2 collègues ?
    • Que le début de la seconde période allait reproduire le schéma de la première avec un OM défendant bien et un Inter peu à l'aise dans le jeu ? Ranieri allait alors dégainer le premier la carte changements. Avec l'entrée d'Obi à la place de Sneijder, l'Inter changeait de système, passait en 4 - 4 - 2 "à plat" et mettait plus de rythme dans le match. Parallèlement, l'OM faiblissait physiquement et ne parvenait plus à tenir le ballon. Sans être remarquable, les intéristes se procuraient de nombreuses situations de coup de pied arrêtés. C'est sur l'un d'eux que Milito, plein d'opportunisme, pensait gagner le droit d'envoyer l'Inter en prolongation (75ème).

    C'est à dire avant l'entrée de Brandao (88ème). On pourra épiloguer longtemps sur ce remplacement si tardif, alors que Rémy semblait épuisé depuis une bonne demi-heure.

    La ligne de statistiques ci-dessus montre les performances de Brandao (source whoscored) :






    Aucune passe, aucun ballon touché, aucun centre. Rien. Mais un but sur une passe de Mandanda, après un contrôle du dos (qui lui vaut cette note de 7 sur 10). Le brésilien, seul au monde, a eu le mérite de croire en sa bonne étoile alors que même son entraîneur ne semblait pas posséder une grosse foi en lui. Il prouve au monde que, même à une époque qui valorise les Xavi et les Messi, les gros costauds un peu patauds mais avec un mental énorme demeurent une valeur sûre.

    Sinon, il s'agit évidemment d'un acte de rédemption pour Brandao : accusé de viol (instruction toujours en cours), renvoyé au pays comme un vulgaire malien pris en flagrant délit de deal par Claude Guéant, moqué par les chroniqueurs hexagonaux et les supporters de Porto Alegre qui voient en lui un attaquant aux pieds carrés au pays du Jogo Bonito et finalement rapatrié à Marseille pour cause de portefeuille vide.

    D'ailleurs la réussite de Brandao hier possède aussi cette part mystique qui transforme des faits de jeu en miracle. Écoutons l’intéressé : "Sur le but, je ne sais pas comment le ballon est arrivé, je n'ai pas regardé, j'ai frappé." Il aurait pu ajouter "Dieu a guidé le ballon au fond des filets".

    On serait presque tenté de le croire.

    Footballistico

    mardi 6 mars 2012

    Bordeaux - Nice : Gillot dominé tactiquement

    Parfois, des matches a priori sans intérêt proposent un affrontement tactique passionnant. Samedi soir dernier, Nice, qui n'a jamais gagné à l'extérieur cette saison, affrontait un Bordeaux en état de grâce depuis le passage en 3-5-2 et l'arrivée de Mariano et d'Obraniak.

    Pour ce match, Francis Gillot avait choisi un dispositif très offensif, anticipant sans doute un rideau niçois. Plasil jouait en milieu reculé (à la place de N'Guemo), et jouait avec 4 joueurs au profil offensif.

    Mais le principal intérêt réside dans la réaction de Marsiglia, qui s'est déclinée de 3 façons :

    • il a dupliqué le dispositif Bordelais : Didier Digard est descendu entre ses 2 centraux pendant que Monzon et Clerc montaient sur les côtés : 3-5-2
    • le positionnement du second attaquant :  décalé sur le côté gauche en début de match, Mouloungui permit d'occuper à la fois un des 3 centraux tout en étirant la défense et/ou de neutraliser Mariano sur son couloir. Guié Guié allait occuper la même position dès son entrée en jeu suite la blessure de l'attaquant niçois, mais de l'autre côté. Avec le recul, ce changement fut peut-être la chance des niçois car Guié Guié se positionnait du côté de Trémoulinas, qui passa la partie aussi haut que ses attaquants, sans la prudence de Mariano,
    • des longs ballons permettant de sauter le milieu girondin sans trop de problème pour se retrouver dans des positions en 2 ou 3 (souvent Coulibaly) contre 3.
    En première mi-temps, les 3 actions déterminantes ont toutes été construites sur ce modèle :
    • 18ème minute : Julien Sablé adresse un long ballon à Guié Guié. La défense girondine se dégage comme elle peut et après un relais avec Clerc, Mounier se fait sécher par Ciani.
    • 30ème minute : Ospina pour Clerc, qui transmet à Coulibaly pendant que Ciani est attiré par Guié-Guié sur le côté. Carrasso intervient.
    • 38ème minute : long ballon de Digard pour Guié Guié, en profondeur, but de l'attaquant azuréen.
    En seconde mi-temps, Francis Gillot réagissait en passant en 4 - 4 - 2. Jussié avançait ainsi que Sané, pendant que les 2 latéraux reprenaient leur place "naturelle", plus bas. Bien aidé par des niçois qui reculaient sensiblement, Bordeaux allait se montrer dangereux, notamment sur coup de pied arrêté. Trop tard. Ospina et un peu de maladresse devant allaient permettre le premier succès niçois à l'extérieur.

    Conclusion : les entraîneurs de L1, qui ont déjoué les plans tactiques de Francis Gillot ne sont pas légion. René Marsiglia fait désormais partie de ceux-là et sa stratégie a parfaitement fonctionné même si Bordeaux s'est ressaisi en seconde période, en revenant à un 4-4-2 plus traditionnel.

    Footballistico

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