vendredi 13 juin 2014

Espagne : la fin ou l'exploit

L'une des multiples possibilités même si le 4-2-3-1 devrait rester
le système nominal
L'Espagne est-elle réellement plus faible qu'en 2010 ? Au-delà du souhait, légitime, de voir l'hégémonie hispanique s'achever, qu'en-est-il réellement ?

Par rapport à 2010, l'Espagne arrive avec une équipe extraordinairement stable. Il est vraisemblable que 9 des joueurs ayant joué la finale 2010 soient encore titulaires en 2014. C'est la logique du "on ne change pas une équipe qui gagne". La capacité des espagnols à dominer la possession (65 à 70%) tant pour trouver la faille que pour priver l'adversaire de ballons une fois le score en poche est dons restée la même. Ces dernières années, on a pourtant senti que la Roja finissait par exaspérer tout le monde à force d'avoir autant le ballon et, finalement, d'en faire si peu de choses. La plupart du temps, en effet, la Roja a gagné ses matches petitement (l'exception glorieuse fut la finale de l'Euo 2010 face à l'Italie), enquillant une suite de 1-0 assez prudents (face à l'Allemagne, aux Pays-Bas, à la France en qualification). En gros marquer en épuisant l'adversaire puis tenir le score en tenant le ballon, cela semble diablement efficace mais générateur d'ennui, tant la domination devient scientifique et semble tuer la glorieuse incertitude du foot. L'Espagne est-elle encore capable de gagner grâce à cette tactique ? Voyons cela.

Equipe : Vicente Del Bosque privilégie un 4-2-3-1, plus prudent que le 4-3-3 pratiqué cette saison par les 2 grosses écuries espagnoles.

Casillas demeure inébranlable dans les buts, alors passons vite à la défense. S'il est un domaine où l'Espagne semble avoir progressé, il s'agit des latéraux. En 2010, les postes étaient occupés par Ramos et Capdevilla. Aujourd'hui, il s'agit de véritables spécialistes du poste, Jordi Alba à gauche et Juanfran / Azpilicueta à droite. Jordi Alba offre un punch offensif intéressant tandis que le côté droit est plus prudent mais les 2 titulaires en puissance sortent d'une très bonne saison dans leurs clubs respectifs (pour mémoire, Azpi a pris la place d'Ashley Cole). Au centre, Ramos et Piqué forment probablement l'une des meilleures paires de centraux du mondial : aptes techniquement, bons de la tête, ils semblent en plus complémentaires, Ramos étant plus dans le registre combattant que "Piquénbauer".

C'est au milieu de terrain que naissent les premiers doutes. Si Busquets et Xavi Alonso constitue un double-pivot redoutable tant défensivement qu'en terme d'orientation du jeu, la percussion leur manque parfois un peu. Xavi Alonso et Busquets restent très prudents dans leurs clubs respectifs et sont donc parfaits pour conserver la possession. Mais quid si l'Espagne est menée ? L'un des 2 devra sans doute céder sa place en cours de jeu pour passer en 4-3-3.

Le trio offensif devrait être composé d'Iniesta à gauche, Xavi au centre et Silva à droite. Le problème de ces 3 joueurs, c'est qu'ils risquent de jouer de façon très centrale. Il manque dans ce dispositif un ailier capable d'élargir le jeu. En l'absence de Navas, ce rôle pourrait échoir à Pedro.

Xavi : Mais la grosse interrogation concerne le meneur de jeu. Celui qui était il y a encore 2 ans comme le meilleur milieu de terrain du monde tant dans la possession, les ouvertures que le pressing a perdu de sa superbe. Dans ces conditions, Fabregas pourrait occuper le milieu de l'attaque de la Roja.

L'attaque pourrait être occupée par Torres, auquel Del Bosque a maintenu sa confiance. Diego Costa est le nouvel élément perturbateur de l'attaque. Mais comment pourrait s'insérer le Colchonero dans la logique de fonctionnement d'une Roja presque antinomique avec celui de l'Atletico ? Reste Fabregas qui pourrait revenir occuper la place de faux 9 qu'il a occupé en 2012 pendant tout l'Euro.

Conclusion : Del Bosque est fidèle. Il devrait vouloir rassurer ses troupes en leur laissant la possession du ballon et jouer sur l'épuisement de l'adversaire. Costa, Torres, même Pedro devraient être utilisés dans des contextes particuliers où si l'Espagne a besoin d'emporter la décision en cours de match. Ne rayons pas la Roja trop vite de la liste des favorites. Elle a en a encore sous la pédale. 

jeudi 12 juin 2014

Allemagne : le bon moment ?

Un 4 de devant, qui risque d'être chamboulé en cas de méforme
ou d'échec. Outsiders : Podolski, Klöse et même Kroos
Avant, c'est-à-dire jusqu'aux années 90, l'Allemagne était réputée pour ses attaquants de pointe sans pitié (Gerd Müller, Rummenigge), ses arrières (Beckenbauer, Vogts, Breitner) et ses gardiens. Les milieux étaient plutôt des porteurs d'eau rugueux, travailleurs sans génie, propres à détruire les offensives adverses plus qu'à créer. 20 ans et une révolution footballistique plus tard, c'est presque exactement le contraire, les allemands affichent un effectif rempli de milieux de terrain doués et techniques mais manquent cruellement d'un buteur et de défenseurs.

La crise est telle que Joachim Löw pourrait positionner en avant-centre et derrière des joueurs dont le poste de prédilection se situe au milieu. Voyons cela.

La Mannschaft affiche un 4-2-3-1 très fluide devant dans lequel Schweinsteiger dicte le tempo du jeu et l'autre joueur du double-pivot crée les décalages. En l'absence de Marco Reus, les joueurs clé devant pourraient être Thomas Müller ou Mario Götze, de par leur intelligence tactique et leur capacité à occuper tous les endroits de l'attaque, se transformant en casse-tête pour la défense adverse. Les allemands semblent armer pour trouver le bon équilibre entre les contres (leur arme principale en 2010) et le jeu placé, que les joueurs du Bayern, notamment, ont abondamment pratiqué.

Composition :

Dans les cages, on devrait retrouver Manuel Neuer. Le gardien munichois sort d'une bonne saison avec son club même si la hype née au moment de son transfert vers le club bavarois (le futur "meilleur gardien du monde") était peut-être surévaluée. En fait, le problème de Neuer est que le Bayern a tellement dominé la possession cette année qu'il a eu finalement peu d'occasions de se mettre en valeur. Et les 2 demi-finales face au Real n'ont pas rassuré, notamment sur les coups de pied arrêtés (autre point fort traditionnel des allemands un peu en déshérence).

L'un des latéraux devrait être Lahm, qui a occupé le poste de milieu toute la saison avec Guardiola. Il peut être positionné presque indifféremment à droite ou à gauche mais Löw n'a pas de solution alternative évidente, quel que soit le côté. Si Lahm est positionné à droite (sa position de prédilection), alors c'est le jeune Eric Durm qui devrait occuper le flanc gauche. Si Lahm passe à gauche, alors le poste de latéral droit pourrait échoir à Boateng (nominalement arrière central) ou à l'homme à tout faire de Dortmund, Kevin Grosskreutz. 

Au centre, même si Boateng et Mertesacker sont des arrières centraux décents, ils ne sont pas exempts de tout reproche. Mertesacker est un stoppeur à l'ancienne, lent et assez maladroit même s'il s'avère précieux sur les ballons aériens. Boateng est presque son exact inverse, bon dans la relance mais souvent dépassé dans les duels. Face à un Ronaldo recentré, ça pourrait ne pas le faire. Mats Hummels, qui sort, lui, d'une excellente saison à Dortmund, pourrait s'imposer même si la relance 

Le double-pivot devant la défense est une composante clé de l'équipe. Schweinsteiger est un titulaire certain. Ce joueur est tellement important depuis si longtemps au sein de la Mannschaft qu'on oublie qu'il n'a que 28 ans. Même si sa saison a été gênée par les blessures et qu'il semble moins à l'aise dans le système de Guardiola, il reste en sélection le véritable métronome par ses passes précises, longues et courtes. Il est probable que Scheiwni s'avance de plus en plus au fil de la partie pour porter le danger aux 30 mètres adverses si l'Allemagne n'arrive pas à prendre le dessus. A ses côtés, Löw dispose de 2 options, les "2 K", Khedira et Kroos. Le premier d'entre eux comble le léger manque d'agressivité défensive de Schweinsteiger par son travail et ses tacles. En outre, par son rôle de box-to-box midfielder, il vient constamment créer le surnombre dans la surface adverse. Toni Kroos est un joueur légèrement plus avancé, plus technique, davantage dans un registre de 10 reculé. Problème, face à une opposition forte, un duo de milieux défensifs Kroos / Schweinsteiger risque d'être un peu léger défensivement.

N° 10 ? : Devant, Löw a une multiplicité de compositions possibles, qu'il a  peu près toutes utilisées dans les matches de préparation. La place de N°10 revient logiquement à Mesut Özil. Mais si le meneur de jeu a tout cassé lors de son arrivé à Arsenal, il s'est progressivement éteint au fil de la saison. Özil semble en outre fragile psychologiquement, si tout ne tourne pas comme il le souhaite dans les 20 premières minutes. L'alternative la plus évidente se nomme Thomas Müller, qui peut occuper à peu près tous les postes devant. Özil serait alors décalé sur la droite. Dernière solution, Toni Kroos, qui monterait alors d'un cran. Ce choix s'était révélé désastreux lors de la demi-finale perdue face à l'Italie mais Löw peut l'envisager si l'équipe d'en face possède un meneur reculé.

A gauche de l'attaque, le forfait de Reus devrait logiquement profiter à Schürrle, très travailleur mais il n'est pas exclu que Podolski, excellent lors de ses entrées en matche de préparation lui chipe la place.

N°9 ? : normalement, depuis la retraite de Gerd Müller en 74, la place échoit à Miroslav Klöse. Le "bomber" allemand a toujours fait taire ses détracteurs, qui critiquent son manque de vitesse et de puissance grâce à sa finition "clinique" face au but et à sa capacité à hausser son niveau lors des grands rendez-vous. Le problème c'est que l'inoxydable Miroslav semble cette fois au bout du rouleau, à 36 ans. Il sort d'une saison très moyenne avec la Lazio (seulement 7 buts) et la Mannschaft semble de plus en plus prête à se passer de lui. Le mieux placé pour prendre la relève semble Mario Götze. Le bavarois a souvent occupé cette place à Munich (souvent en tant que remplaçant il est vrai) et il apporte autre chose que Klöse en décrochant, en multipliant les fausses pistes  ou par sa simple technique individuelle. Un dispositif où Müller et Götze jouent ensemble et proches devient assez vite illisible pour les défenseurs et Löw devrait s'appuyer dessus. Enfin, troisième possibilité, Müller toujours lui, qui en plus de ses déplacement pourrait proposer son bon jeu de tête.

Conclusion : à moins de perdre le fil de sa composition tactique, Joaquim Löw pourrait brandir la coupe du monde à Rio. Mais si l'Allemagne manque son entrée dans la compétition face au Portugal, le doute et les changements qui en découleront risquent de couler une Mannschaft, qui semble avoir perdu ses qualités morales tellement vantées

mercredi 11 juin 2014

Suisse : la Nati "multikulti" est arrivée

La Suisse est sans doute l'adversaire le plus dangereux des français au premier tour et il n'est pas sûr que cela soit une bonne nouvelle.

La confédération helvétique touche en effet les dividendes inattendus d'une politique d'accueil au début des années 90, notamment dirigée vers les populations en souffrance de l'ex-Yougoslavie au moment de la guerre.

Résultat pour la "Nati", aux qualités traditionnelles des suisses (défense, effort, abnégation collective) s'est ajoutée une technicité inconnue depuis des lustres chez nos voisins. En fait, on pourrait arguer qu'à l'exception de Stocker, TOUS les joueurs au profil offensif sont issus d'une immigration récente bosnienne, kosovare ou macédonienne. La Nati est donc devenue une équipe capable d'allier physique et technique, pressing et jeu placé, contre et possession. Elle s'est baladée pendant les éliminatoires même si, à y regarder de près, ses victoires ont souvent été étriquées (1-0).

En terme d'effectif, si les suisses n'ont pas de grandes stars, ils n'ont aucune grande faiblesse comme d'autres équipes du mondial (Argentine, Belgique) et possèdent l'un des effectifs les plus jeunes de la compétition (24,5 ans de moyenne d'âge)

Le 4-2-3-1 développé par les suisses est un jeu plutôt proactif orienté vers le pressing du 4 de devant. Le jeu offensif passe souvent par les côtés avec les latéraux et les 2 ailiers.

Dans les cages, Gennaro Benaglio est un gardien décent, auteur d'une saison correcte avec son club de Wolsfburg.

Avec le Brésil, la Suisse possède peut-être la meilleure paire d'arrières latéraux du tournoi. Selon whoscored, Ricardo Rodrigez est simplement le meilleur latéral d'Europe cette saison. Rapide et précis, il est capable de tout sur son aile, déborder, passer, tirer et même frapper les coups de pied arrêté sur son côté gauche. De l'autre côté, Lichsteiner est sans doute moins doué techniquement mais demeure très offensif et capable de couvrir son couloir sans arrêt pendant 90 minutes.

Si la Suisse devait avoir un point faible, ce serait sans doute du côté des arrières centraux qu'il faudrait le trouver. Ce défaut est d'autant plus visible que les latéraux sont donc offensifs. Le rôle de titulaire à droite devrait échoir à Fabian Schär, plutôt doué techniquement. Problème, il manque d'expérience à haut niveau, n'étant confronté qu'aux attaquants de la ligue suisse. De l'autre côté le poste est en balance entre Djourou et Von Bergen. Le premier sort d'une bonne saison mais avec une équipe très médiocre, Hambourg, qui a échappé de peu à la relégation. Le second est un défenseur central, "à l'ancienne" assez fruste techniquement, plutôt bon de la tête mais prêt à tout pour dégager au loin.

La défense possède la chance d'être protégé par une paire (ou même un trio) de milieux habitués à jouer ensemble à Naples, combatif, parfait dans ce rôle plutôt reculé (Inler et Berhami ou, autre option, Dzemaili). Gokhan Inler est un très bon milieu de terrain, très bon dans le jeu défensif et dans la relance. Il n'hésite pas à monter et, parfois, à décoincer un match d'une frappe puissante. A côté, Valon Berhami est plus un destructeur, toujours présent pour tacler, intercepter et contrer. Dzemaili propose une alternative plus technique et plus offensive dont la titularisation devrait dépendre de la qualité de l'adversaire (plus l'opposition est forte plus Berhami  aura sa chance).

Le 3 de devant apporte sa touche technique à l'équipe et en même temps presse sans relâche pour présenter un premier rideau. Xherdan Shaqiri est potentiellement le joueur le plus doué de l'équipe. Il sait dribbler et combiner même s'il a été relégué sur le banc du Bayern du fait de la concurrence (une situation qui lui pèse apparemment). C'est probablement le joueur le moins actif défensivement mais c'est aussi celui qui peut créer le décalage par sa percussion. Au centre du trident offensif, Granit (!) Xhaka est sans doute l'un des joueurs les plus bosseurs de l'équipe. Même si la créativité n'est pas son point fort, il sera particulièrement apprécié pour détruire un 4-3-3 avec un meneur reculé (Cabaye prends garde) par son positionnement et ses fautes nombreuses ainsi que par sa capacité à servir intelligemment de relais pour ses partenaires Une solution alternative, qui fait évoluer le système plus vers un 4-4-1-1 est de positionner Admir Mehmedi derrière l'attaquant. Plus offensif que Xhaka, capable de passes et d'action décisives, il sera probablement préféré en cas d'opposition faible (Honduras par exemple). Enfin, sur la gauche, Valentin Stocker est un ailier très direct et efficace dans la ligue suisse (13 buts).

L'attaquant titulaire sera probablement Josip Drmic, auteur d'une bonne saison à Nuremberg, est un attaquant à la finition excellente mais qui peine à apporter quelque chose dans le jeu. Un vrai "renard des surfaces" comme on n'en fait plus beaucoup.

Le problème avec tous ces joueurs, c'est qu'à quelques exceptions (les napolitains, Lichsteiner,  les 2 de Wolfsburg, Xhaka), la plupart évolue dans des équipes secondaires de Bundesliga (Nuremberg, Fribourg, Hambourg) ou de la faible ligue suisse et qu'ils risquent d'avoir du mal à supporter la pression d'une grande compétition, surtout que pour un certain nombre d'entre eux, il s'agit de leur premier grand rendez-vous. En outre, on a parfois l'impression, que le double-pivot demeure très prudent pour protéger sa défense, ce qui nuit globalement à l'efficacité offensive. Enfin, la complémentarité entre les latéraux et les ailiers, qui devrait constituer la grande force de cette équipe n'a pas été démontrée en match :

  • Rodriguez et Stocker possèdent le même jeu direct qui le rend trop similaires pour une opposition
  • De l'autre côté, Shaqiri a plutôt tendance à se recentrer, vers Xhaka, ce qui nuit à Lichsteiner. 
En fait, en dépit de son potentiel offensif et créatif, la Suisse demeure souvent une équipe qui préfère laisser le ballon à l'adversaire, quitte à presser haut pour tenter de profiter de ses erreurs pour prendre l'avantage et tenter de tuer en contre. Le bilan en qualification et en amical est excellent mais des victoires 1 - 0 face à la Jamaïque ou à Chypre ne révèlent pas l'étoffe d'un futur champion.

Conclusion : l'équipe de Suisse n'a pas de défaut mais, elle est sérieuse et bien organisée et possède quelques joueurs de talent, théoriquement capables de faire la différence. Malgré tout cela ,une impression d'inachevé persiste comme si elle n'avait pas réellement pris conscience de son potentiel, trop contente d'accumuler de petites victoires. Face aux cadors de la compétition, cela risque de ne pas suffire.

Footballistico

Le Brésil : ordem au centre et progreso sur les côtés

Ordem, donc, au centre du terrain, Progreso sur les côtés
Marcelo a dû le dire à ses coéquipiers : 12 ans est une bonne durée pour mettre fin à une disette de titres. Vainqueur de la decima avec le Real en 2002 (avec Zidane et les galacticos), le pentacampeon attend enfin le 6ème titre comme une expiation du maracanaço, 12 ans après son dernier mondial au Japon.

L'un des apports apprécié de Luiz Felipe Scolari après le désastreux intérim de Mano Menezes fut de reconstruire une équipe du Brésil conquérante. En 18 mois, les Brésiliens sont passés d'objet de moquerie (Copa America 2012) à celui de puissance respectée (Coupe des Confédérations 2013). L'entraîneur brésilien s'est appuyé sur un groupe stable, où les performances individuelles en club n'influent que peu sur ses choix et a construit une équipe qui combinent des stars ayant à peu près carte blanche (Neymar, Alvés, Marcelo) avec des joueurs disciplinés et combatifs pour lequel le "jogo bonito" est un lointain souvenir.

Le 11 de départ brésilien (face à la Croatie) est sans doute l'un des plus faciles à prévoir de toutes les équipes.

Le Brésil joue en 4-2-3-1. Zonal Marking à pu écrire que le talent se situe sur les ailes (les 2 latéraux et les 2 ailiers) alors que le centre du terrain est la zone de la discipline et il y a une certaine dose de bon sens dans cette assertion. Voyons cela.

Dans les buts, le survivant Julio Cesar devrait être titulaire. Mais, il ne s'agit plus de Jules Cesar, le conquérant de l'Inter, plutôt d'un gardien brésilien standard, en prêt à Toronto dont le niveau réel laisse planer le doute et qui devrait constituer l'un des points faible de la Seleçao.

Le back four devrait être constitué de Marcelo et Alvès sur les côtés, et de la paire Thiago Silva / David Luis au centre. Les 2 latéraux auront toute liberté de foncer devant, charge à leur partenaires de couvrir les rapides contres éventuels. Ce point est particulièrement problématique du côté de Dani Alvès, dont le repli défensif est de plus en plus aléatoire au fur et à mesure que les années passent (31 ans déjà).

L'une des solutions consiste à faire descendre Luiz Gustavo, qui sort d'une très bonne saison (à l'inverse de quelques-uns de ses coéquipiers, cf. infra), au niveau des 2 centraux pendant les phases offensives. Le milieu brésilien est un joueur énergique qui n'hésite pas à se déplacer mais problème, il ne peut pas se trouver à 2 endroits en même temps. Face à un 4-2-3-1, le 10 adverse risque donc de se trouver libre, d'autant plus que les centraux brésiliens risquent de jouer assez bas. D'où l'importance de Paulinho, qui doit assurer à la fois la transmission des ballons vers l'avant mais aussi faire pression défensivement pour gêner au maximum les transmissions adverses. Au vu des performances du joueur londonien, on peut penser que c'est ici que peut se trouver l'une des failles des auriverde. Plus haut sur le pré, on trouve Oscar. De façon contre-intuitive pour un 10 brésilien (et pour un physique aussi frêle), le jeune milieu travaille énormément, se montre extrêmement discipliné tactiquement et risque de presser haut, toujours dans l'objectif de perturber la relance. Offensivement, Oscar va sans doute tenter de se déporter latéralement pour offrir des solutions à ses latéraux ou à ses ailiers.

Devant, le danger se nomme Neymar. La star auriverde cherchera à combiner avec Marcelo et à se recentrer sur son bon pied. Le brésilien fonctionne souvent en percussion, il est rapide, est armé d'une très bonne frappe et aime s'appuyer sur Fred, qui a montré des qualités de remiseur et de finisseur insoupçonné lors de son passage lyonnais. Fred offre aussi le profil d'un joueur très altruiste capable d'aller chercher les ballons longs en attendant du soutien et de presser les centraux adverses. L'inconnue de l'équipe se nomme Hulk. Très décevant pendant la coupe des confédérations, le gaucher est un joueur puissant, qui n'aime rien tant que de s'engouffrer dans les espaces libérés par Fred pour faire parler sa frappe. Il prendra sans doute systématiquement l'intérieur, espérant dégager des boulevards sur les montées d'Alvès (et sa célèbre banane). Il aura aussi un rôle défensif essentiel en bloquant les remontées de balle sur le côté où les brésiliens seront sans doute les plus vulnérables.

Il faut noter que l'une des qualités de cette équipe est sa versatilité offensive :
-          Contre, avec la rapidité des 2 ailiers et le réalisme de Fred,
-          Longs ballons, en s'appuyant sur Fred et/ou Hulk,
-          Jeu placé et possession avec les combinaisons sur les ailes et l'adresse d'Oscar,
-          Enfin, percussion avec le rythme de Neymar et Dani Alvès.

L'un des principaux problèmes des brésiliens est que très peu d'entre eux sortent d'une très bonne saison dans leurs clubs respectifs :
  • Neymar, la principale gâchette offensive, sort d'une saison moyenne au Barça même si l'on sait que s'incorporer dans un club où la culture de jeu est aussi forte demande du temps. Dans le même club, Dani Alvès a semblé moins performant, notamment défensivement.
  • Paulinho a plutôt raté sa première saison à Tottenham. Beaucoup d'observateurs lui préféreraient Fernandinho ou Ramires (testé pendant les matches amicaux) mais il semble que Scolari place la fidélité avant tout.
  • David Luiz a livré des performances très inégales à Chelsea alternant le pire et le très bon.
  • En synthèse, la note moyenne sur la saison des 23 brésiliens (7,10) donnée par whoscored est inférieure à l'Espagne et même à la France.
Autre problème, le dispositif des Auriverde est maintenant bien connu, d'autant plus qu'il semble invariable. La solution des adversaires est en théorie simple : dès récupération du ballon, plonger vers les ailes, désertées par les latéraux, grâce à des joueurs rapides, prendre le couloir et tenter de centrer pour profiter de l'absence de Silva ou Luiz, obligés de se décaler dans l'histoire.

Conclusion : le Brésil dispose d'un plan de jeu (voire de plusieurs), de cohérence collective et d'éclat individuel pour vivre son rêve d'être champion du monde. Seul problème, si certains joueurs déçoivent, c'est le dispositif dans sont entier, qui risque de ne plus être à la hauteur. Enfin, le gardien risque d'être un souci. Face à une équipe précise devant leur but, il n'est pas impossible que les brésiliens se prennent un ou 2 buts casquettes durant la compétition et qu'ils ne doivent courir après leur score. Situation qu'ils détestent.

Footballistico

lundi 9 juin 2014

Italie : la louve, blessée, peut-elle encore rugir ?

Un 4-3-2-1 où on ne va pas rigoler
Prenez tous les commentateurs et secouez leurs pronostics : eh bien, aucun ne donnera l'Italie comme vainqueur potentiel préférant l'Espagne, le Brésil ou même la Belgique. Comme en 2006, donc. C'est d'autant plus curieux que les Azzurri restent sur de très bonnes performances entre la finale à l'Euro 2012 et une demi-finale au couteau à la coupe de confédérations, toutes les 2 perdues face à l'Espagne.

D'autant plus que tactiquement, Cesare Prandelli affiche sans doute une imagination tout à fait excitante face à l'armada de 4-3-3 qui se profile (Brésil, Espagne, France, Belgique, Argentine). Dans les faits, il est à peu près impossible de prévoir le dispositif qu'affichera la Squadra Azzurra qui a alterné un 3-4-2-1, un 4-1-4-1, un 4-3-2-1 (le "sapin de Noël"), le 4-4-2 losange et même le 4-3-3. Essayons tout de même.

Si la campagne de qualification s'est déroulée sans anicroche face à des équipes qui n'étaient pas des cadors (Bulgarie, Danemark, Arménie), les matches de préparation, en revanche, ont été un chemin de croix : après le match face à l'Eire où Montolivo s'est cassé la jambe, les Azzurri ont concédé un humiliant nul à domicile face au Luxembourg.

Montolivo out, le 4-4-2 losange, toujours très mode en Italie, a du plomb dans l'aile. Il est vraisemblable que les transalpins voudront se rassurer avec l'un des 2 dispositifs qu'ils connaissent le mieux le 4-3-2-1 ou le 3-4-2-1.

Le 3-4-2-1 (ou das une version 3-5-2) offre des repères tactiques aux joueurs de la Juve qui jouent dans un dispositif proche. En outre, ce dispositif semble adapté face à des équipes fortes, qui jouent sur la largeur et un football de possession. ll est vraisemblable que dès lors, la triplette défensive Bonucci / Barzagli / Chiellini joue devant Buffon (alternative : De Rossi au centre). Mais, problème, ni Maggio, Ni Pasqual, ni Balzaretti, les joueurs de couloir aptes à fonctionner dans ce dispositif ne seront présents au Brésil. Abate devrait faire l'affaire sur le côté droit tandis que Di Sciglio et Damian se battraient pour le flanc gauche. Au milieu, De Rossi devrait protéger Pirlo. Qui devant ? Rossi blessé et Osvaldo non sélectionné, on pourrait penser qu'un boulevard s'offre à Balotelli, peu en verve ces cerniers temps mais que Prandelli a toujours apprécié. La rumeur veut qu'Immobile tienne la corde au vu de ses récentes performances même s'il semble encore un peu juste pour débuter en coupe du monde : une solution alternative si "super-mario" déçoit.

Le 2 situé derrière Balotelli pourrait être composé de Candreva et Marchisio. Ces 2 joueurs possèdent le créativité offensive mais aussi la discipline nécessaire pour solidifier la Squadra Azzurra. A noter que le laziale sort d'une très bonne saison avec son club. Il semble inimaginable que Prandelli s'en passe dans ce dispositif. En revanche, en 3-5-2, Cerci et Immobile, donc, tiennent la corde pour remplacer Candreva.  Seul problème mais de taille le manque de largeur, tant défensive (les latéraux peuvent être débordés si le couple ailier / latéral adverse s'avance) qu'offensive de ce dispositif. Ni Candreva, ni Marchisio ne sont nominalement des ailiers et l'on risque de se retrouver les latéraux adverses avec des boulevards devant eux. Et l'on est confronté au problème N°1, l'absence des joueurs de couloir.

Il est donc probable que Prandelli opte pour un arbre de Noël, quelque peu décalé au Brésil. Dans ce cas, Chiellini glisse sur le côté gauche et Abate conserve le droit. Le rôle des 3 milieux de terrain, en coulissant, peut offrir une protection aux latéraux. Le joueur qui tient la corde pour occuper la place additionnelle est Verratti, qui s'inscrit dans le milieu à 3 du PSG. Le 2-1 de devant demeure identique au système précédent. Quoiqu'il en soit Le manque de largeur dans le jeu devrait être la principale faiblesse des italiens au Brésil, ce qui pourrait être un problème face à l'Angleterre au premier tour.

Conclusion : échaudé par les contre-performances des siens, il est probable que Prandelli opte pour un dispositif compact. Devant l'absence de joueurs de couloir aptes à faire la piston et de Montolivo, le choix tactique du technicien italien s'est réduit comme peau de chagrin. Le 4-3-2-1 semble la moins mauvaise des options. De bien belles migraines tactiques en perspectives. Qu'attendre de la Squadra Azzurra dans cette coupe du monde ? Avec eux, toujours la même chose, personne ne les attend et ils se retrouvent en finale ou alors ils se crashent dès le premier tour dans un groupe difficile qui les verra affronter l'Angleterre, l'Uruguay et le Costa-Rica.

Footballistico

dimanche 8 juin 2014

EdF : la vie sans Ribéry

Le dispositif probable des bleus sans Ribéry
Le couperet est tombé et il ne faut pas se leurrer, la perte de Ribéry est un coup terrible pour Didier Deschamps. Le munichois est impliqué dans 11 des 18 réalisations des bleus pour les qualifications à la coupe du monde (6 "pasdéc", 5 buts). L'équipe de France sans Ribéry, c'est un la coupe du monde 2002 avec la cuisse de Zidane "reloaded".

En fait, la seule question est : pourquoi Ribéry n'a-t-il jamais atteint l'aura de Zizou ? Sans doute parce que la France est restée bercée par la vision romantique du N°10 traditionnel, sans s'apercevoir que les grands joueurs avaient migré sur les côtés dans les années 2000 (Ronaldo, Hazard, demain Januzaj).

En tout état de cause, l'équipe de France doit donc trouver autre chose que son percutant ailier. Un système où le collectif pourra prendre le relais de Francky, qui non content d'être décisif, savait aussi créer des espaces pour ses partenaires en occupant souvent 2 adversaires.

Un 4-3-3 bourré de certitudes

L'option la plus simple consiste à remplacer numériquement Ribéry à gauche. Dans ce cadre, Griezmann tient la corde. Le jeune français sort de 2 bonnes saisons avec la Real Sociedad et ses sorties avec les bleus, à défaut d'être géniales, montrent un joueur concerné. Ce schéma possède l'avantage de la simplicité, avec un Valbuena à droite mais repiquant souvent dans l'axe afin d'offrir de la variété et le fameux milieu à 3 né face à l'Ukraine : Cabaye en meneur reculé et 2 milieux "box-to-box" Matuidi et Pogba qui apportent de la vitalité. Dans ce système, se pose naturellement la question de l'avant-centre. Benzema décroche naturellement, mais dans ce cas, il manque un ailier au vrai profil de buteur pour rentrer dans la surface et profiter des espaces du madrilène. Dans un tel système, Giroud semble plus naturel et offre plus de présence aérienne mais son niveau absolu est en-dessous de Benz.

Si Deschamps préfère néanmoins Benzema, une option alternative, sans casser tout son 4-3-3 consiste à titulariser Loïc Rémy qui sort d'une bonne saison avec Newcastle, sur l'aile gauche. Rémy est un véritable attaquant et peut jouer son rôle de perforateur. Le problème c'est qu'en terme de possession et de discipline défensive le magpie est inférieur à Griezmann. Il est vraisemblable que Deschamps limite cette option aux matches où l'équipe de France est menée ou face au Honduras, qui semble l'équipe la plus faible du groupe.

L'avantage d'un tel système est qu'il offre beaucoup de repères aux joueurs clés : Cabaye occupait cette place de meneur reculé à Newcastle. Il sera le Pirlo de Pogba à la Juve. Matuidi est positionné de la même manière au PSG. Seul Valbuena quitte son poste axial qu'il occupe à l'OM mais le lutin marseillais est de toute façon tout le temps en train de quitter sa position nominale pour foncer sur l'aile et il fait preuve d'une intelligence tactique qui le rend propre à jouer dans tous les systèmes.

Un 4-2-3-1 osé :

Au vu de l'importance de Ribéry l'autre option consiste carrément à tout casser. Si le 4-4-2 semble difficile à envisager (jamais Giroud et Benzema n'ont fait preuve de complémentarité), le 4-2-3-1 peut être sorti du chapeau en 2 versions. Le joueur clé dans ce dispositif est le joueur créatif situé derrière l'attaquant : 2 options s'offrent à Deschamps, Valbuena ou...Cabella. Le montpelliérain, s'il n'offre aucune garantie en bleu, est l'un des joueurs les plus virevoltants de L1, capable de dynamiter n'importe quelle défense. Le marseillais, en tant qu'"ailier central" va davantage chercher à se déporter sur les ailes pour créer le surnombre. Dans le premier cas, Benzema est une évidence (pour combiner) et, par contrecoup, Rémy tient la corde sur le côté gauche. Dans l'autre, Giroud conserve ses chances, en offrant plus de présence physique pour recevoir les centres. Enfin, par contrecoup, si Valbuena est titularisé au centre, Sissoko tient la corde à droite. Au milieu, c'est probablement Matuidi, qui sera sacrifié dans le double pivot de ce dispositif. Le problème de ce dispositif est qu'il enlève un joueur au profil défensif (Matuidi, donc) au profit d'attaquants à la contribution défensive aléatoire (hormis Sissoko).

Conclusion : l'air de rien, l'EdF arrive au mondial en étant privé de 2 de ses meilleurs atouts offensifs (Nasri et Ribéry). L'équipe de France possède un effectif jouant dans quelques uns des meilleurs clubs européens (PSG, Real, Arsenal, Juve et, hum, Newcastle). Whoscored prête aux 23 une note moyenne de 7,15, ce qui est excellent (seulement dominé par l'Espagne). Reste à faire prendre la (nouvelle) sauce collective et ça pourrait faire mal. SI DD y arrive, il sera promis "génie tactique de la décennie" devant Mourinho. Début de réponse le 15 juin.

Note : cet article fait partie des "avant-goûts" tactiques que nous nous attacherons à publier avant le mondial. 

Footballistico

vendredi 6 juin 2014

Statistiques et classement : bilan de la L1 2013/2014

Les statistiques sont bien sûr une représentation simplifiée de la réalité. Contrairement à la sagesse populaire (la possession, ça ne veut rien dire), un coup d’œil aux principales d'entre elles permettent tout de même d'expliquer en grandes partie le nombre de points de la L1.

Une corrélation assez évidente mais des points aberrants (source % de passes réussies whoscored)
Le coefficient de corrélation (c'est à dire l'intensité qui lie une variable à une autre) s'établit à 0,78 (rappelons que la valeur maximale est de 1) pour le % de passes réussies et à 0,8 pour la possession. Donc, quand on dit que "la possession n'est pas tout", c'est vrai. A 20%.

La courbe ci-dessus le montre bien. En gros, plus vous réussissez de passes, plus vous avez de points. Ça peut paraître sensé :  moins les passes sont ratées, plus vous êtes à même de vous créez des occasions et plus vous privez l'adversaire d'opportunités.

Mais, le foot étant le foot, le plus intéressant, ce sont les exceptions à la règle, les points qui dévient de la droite de régression. Globalement, on peut identifier 3 groupes :
  • les losers : Ajaccio et V.A. Largués, les 2 clubs finissent avec un nombre de points très inférieur à leur possession. C'est particulièrement vrai pour Valenciennes qui aurait dû finir en milieu de tableau si l'on en croit son seul pourcentage de passes réussies.
  • les challengers : Monaco, Saint-Etienne et Lille, tous européens, finissent avec un nombre de points supérieurs à ce que l'on serait en droit d'attendre.
  • les décevants. Rennes, Nice et Toulouse. On était en droit d'attendre mieux cette saison de Nice (4ème la saison dernière), Rennes (Montanier) et Toulouse.
Comment expliquer ces anomalies ?
  • tout d'abord, les dispositifs n'expliquent que peu de choses. Des tactiques très différentes (4-3-3, 4-2-3-1, 4-4-2) sont sur la droite ou totalement en marge. Il existe cependant un fait troublant. Les 3 dispositifs les plus "originaux" (le 3-5-2 toulousain et les 4-4-2 losange de Monaco et Lille) font partie des équipes "à l'écart de la droite". Pourquoi ? On peut penser que les équipes adverses ont eu du mal à adapter leur système tactiques par manque de repères. Le cas de Toulouse est inverse : on pourrait arguer que la formation de Casanova a eu du mal à s'adapter à ses adversaires, surtout défensivement. Les toulousains ont concédé un nombre de penalty invraisemblables, qui laisse penser que dans la surface, les 3 défenseur centraux occitans ont souvent du courir pour combler des brèches laissés par les "pistons" montés jouer les filles de l'aile.
  • un certain nombre de variables offensives échappe à la seule efficacité des passes et de la possession. Globalement, si une équipe est tueuse en contre (même si cela implique une prise de risque importante sur la passe et donc un taux d'échec significatif) ou très efficace en coups de pied arrêté, alors, elle arrive au-dessus de la courbe. Et c'est exactement ce qui se passe :
    • St-Etienne est une équipe particulièrement tueuse sur coup de pied arrêté : 16 buts sur corner ou coup franc (la plupart du temps indirect). 
    • Dans une moindre mesure, Lille (10 buts) et Monaco sont également à la fête sur ces phases arrêtées. Lille est également à l'aise dans les contres, ce qui peut sembler contradictoire pour une équipe qui a eu plutôt tendance à bien tenir le ballon.  
  • Certaines caractéristiques qui aident à marquer sur coup de pied arrêté aident aussi sur les phases aériennes défensives. A ce titre, les cas de Saint-Etienne, Monaco et Lille sont éclairants : ce sont les 3 meilleures équipes de L1 en duels aériens derrière... le PSG. En revanche, en termes défensifs, Rennes possède certains des pires ratios de L1 : pire équipe en % de duels aériens et peu de fautes commises. Les bretons, coachés par un ancien entraîneur de Liga semblaient cette année comme les doux agneaux d'une L1 qui demeure très physique.
  • Nice constitue un cas à part. Les Niçois possèdent l'une des meilleures possession de L1 et un taux très respectable de passes réussies. Tout cela pour avoir le 19ème nombre de tentatives de buts (devant Ajaccio) et le dernier nombre de passes décisives (15). Les aiglons ont fait la preuve d'une inefficacité terrifiante, qui ne peut pas être imputée au seul manque de réussite de Cvitanitch mais bien à la construction offensive tout entière. On peut penser que sans les performances d'Ospina et de Bodmer / Pejtinovic derrière, l'OGCN aurait pris la direction inférieure. Que s'est-il passé ? En fait et c'est intéressant, les aiglons sont sans doute l'équipe la plus traditionnelle de L1. Dans le 4-2-3-1 de Claude Puel, les ailiers jouent sur les ailes, aidés (un peu) par les latéraux, qui se replient souvent prudemment, l'avant-centre reste devant et participe peu au jeu, le N°10 (Eysseric souvent) reste derrière Cvitanitch et les 2 milieux demeurent prudemment au centre. Il s'en suit une équipe organisée, cohérente mais parfaitement inoffensive car elle manque cruellement d'inventivité (pas de déplacement) et de percussion. Une leçon à méditer. 
  • Concernant Ajaccio et Valenciennes, un petit mot tout de même : pour Ajaccio, le changement continu de personnel et de dispositif a complètement fait déjouer les corses. Quant aux nordistes, ils ont simplement arrêté de jouer à la 29ème journée fin mars, après une humiliante défaite face à Ajaccio. Le mental fait partie du foot aussi.
Conclusion : clap de fin sur cette Ligue 1 2013/14, bientôt des chroniques sur la Coupe du Monde viendront peupler ces colonnes.

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