jeudi 24 octobre 2013

Athletic Bilbao - Villareal : de la mauvaise utilisation du 4-4-2

Villareal arrivait à San Mames avec une réputation flatteuse de promu doué. Le sous-marin jaune, rétrogradé en Liga Adelante en 2012 n'aura passé qu'une saison au purgatoire de la L2 espagnoles. Malgré l'épuration que ce genre d'opérations nécessite (Rossi, Nilmar, Valero), certains joueurs sont toujours là (Cani, Bruno, Musacchio) et l'équipe occupait le rang de 4ème de la Liga avant Lundi soir.


Ce qui n'a pas changé à Villareal, c'est le dispositif : les visiteurs se présentaient dans un 4-4-2 immuable, à plat avec les 2 "ailiers" ayant plutôt tendance à se recentrer (notamment Cani à gauche) et 2 attaquants assez vifs.

Bilbao se présentait en 4-2-3-1. Mikel Rico était préféré à Benat au sein du double pivot basque.

1ère mi-temps :

Le dispositif de Villareal est de nature très classique. Défensivement, l'équipe de Toral affiche 2 lignes de 4. Les 2 attaquants participent peu au travail défensif. Offensivement, les joueurs de Villareal ont plutôt tendance à trouver dans l'espace les rapides attaquants (notamment Giovanni), notamment en contre. Les visiteurs n'éprouvaient visiblement pas de problèmes à laisser le ballon à leurs hôtes et Bilbao dominait très vite la possession. Les basques s'emparaient rapidement des ailes. Ce fut surtout le cas du côté de Cani. Le meneur de jeu du Villareal ne sut jamais choisir entre le couloir et l'intérieur pour contrer les montées de Mikel Rico. Les basques profitaient donc très souvent de leur surnombre (2 contre 1) pour distiller des centres vers Arturiz. Au bout du match, Bilbao aura tenté 42 centres (dont 28 du côté droit) contre 12 à Villareal.

Malheureusement pour les visiteurs, même en termes offensifs, jamais ils ne purent prendre la mesure de leurs adversaires. Bilbao défendait assez bas, en se repliant dès la perte du ballon. Résultat, jamais Pereira ni Dos Santos ne purent trouver la profondeur qu'ils affectionnent.

L'un des duels clés fut celui opposant Cani à Mikel Rico. Le basque domina le meneur de jeu de Villareal défensivement et offensivement. Sur l'une de ses montées, Cani monta pour couvrir le centre d'Iraola laissant le milieu  basque créer le surnombre dans la surface. Un modèle de "box-to-box".

Le second but illustra bien la stratégie défensive de Bilbao : tous derrière et, occasionnellement, de longs ballons vers Aduriz si les ailes étaient bouchées. Sur l'un d'eux, Musacchio se troua et l'avant-centre ne se fit pas prier pour aggraver le score.

Enfin, pour clore cette mi-temps cauchemardesque, Bruno se fit exclure sur une faute de main. En 45 minutes, Villareal n'avait pas tenté un tir.

Seconde période : réduits à 10 et menés 2 à 0, Villareal ne pouvait pas espérer grand chose de la seconde période. Cependant, les 2 changements opérés par Toral (Trigueros à la place de Pereira, laissant le seul Giovanni en pointe) et Moi Gomes à la place d'Aquino eurent pour résultat de solidifier un peu le dispositif défensif des visiteurs. Bilbao poussa cependant pour faire valoir son avantage numérique mais les basques ne trouvaient plus la faille.

Vers l'heure de jeu, Villareal pointa même le bout de son nez, un joli ballon en profondeur de Moi Gomes atteignit Giovanni en pleine course mais l'attaquant mexicain ne put conclure face à Iraizoz.

Cette phase de jeu était l'illustration de ce qu'espérait réussir Villareal pendant tout le match. Mais ce fut trop tard et trop peu.

Conclusion : la quatrième place de Villareal n'est sans doute qu'un feu de paille ou alors l'équipe devra trouver rapidement un plan B face à des équipes qui opérent assez regroupées défensivement et qui sont capables d'écarter leur jeu offensif.

Bilbao comme d'autres (Espanyol, Real Sociedad) pourraient en profiter pour ravir au sous-marin jaune la dernière place enviée de la Liga, qualificative pour la ligue des champions.

Footballistico




dimanche 6 octobre 2013

Inter - Roma : Garcia, de sergent à empereur

Quand Rudi Garcia est arrivé à Rome, dans la scepticisme général, personne ne donnait cher de sa peau. Au bout de 7 matches de Série A gagnés par la louve, tout le monde voit les romains gagner le scudetto.

Hier, la bande à Totti affrontait son test le plus sérieux depuis le début du championnat : l'Inter de Walter Mazzarri. Dans une certaine mesure, ce match était un affrontement d'hommes de systèmes. Le technicien italien était arrivé de Naples avec son 3-5-2 : une défense à 3, 2 joueurs de couloir. Une différence de taille avec ses années napolitaines : une seule pointe (Palacio) et un meneur de jeu situé derrière lui (Ricky) à la place du trio Hamsik, Lavezzi, Cavani. Rudi Garcia maintient sa préférence au 4-3-3, avec Totti au centre du trident offensif, un dispositif dont il a usé et abusé à Lille.

Première mi-temps : 

Assez vite le 3-5-2 de l'Inter apparut assez pataud face à la Roma :
  •  d'une part, s'il est efficace face à 2 attaquants, ce dispositif n'est pas optimum face à une seule pointe. En outre, Totti, qui n'est pas un vrai attaquant de pointe, eut tendance à décrocher et Ranocchia eut du mal à se situer face à ce positionnement : fallait-il suivre le romain ou le laisser à la charge de Cambiasso, le milieu le plus reculé ? Le jeune défenseur italien ne put jamais choisir. En outre, 3 défenseurs centraux c'est un joueur de champ de moins pour porter le danger dans le camp adverse.
  • les ailiers romains, Gervinho et Florenzi, loin d'occuper leurs côtés, plongèrent souvent dans le dos de Totti, dans des courses rentrantes vers l'intérieur. Ici, ils se retrouvèrent souvent lâchés par les joueurs de couloir interistes, face à Juan Jesus et Rolando, les centraux. Ceux-ci semblèrent bien lourds face aux feu follets romains.
  • par répercussion, les 2 joueurs de couloir semblèrent souvent incertains : fallait-il reculer pour prêter main forte défensivement ou au contraire attaquer bille en tête les latéraux romains ? En tout cas, l'Inter ne domina pas non plus les côtés.
Dans les faits, l'Inter fut donc inférieur dans tous les secteurs de jeu, incertain du schéma de jeu à appliquer alors que plusieurs joueurs 

Dès le début du match, la Roma sut porter le danger, notamment via le côté droit. Sur le premier but, la Roma sut faire apprécier la fluidité de son jeu et du placement de son trio d'attaque : Balzaretti remonta le ballon vers Pjanic, qui transmit à Gervinho, avant que celui-ci de remise en retrait vers Totti pour une belle frappe aux 20 mètres. Un mur de joueurs bleu et noir se trouvait face à Totti mais aucun n'était monté sur lui, désorientés par son placement.

L'Inter imposa ensuite un pressing assez intense aux visiteurs et connut sa meilleure période : les relances romaines étaient perturbées et Guarin sur un tir lointain, puis Alvarez eurent chacun l'occasion de mettre les 2 équipes à égalité. Malheureusement, l'Inter, haut placé, s'exposait aux contres des ailiers romains :
  • sur le second but, Gervinho fit admirer ses dribbles ondoyants et fut séché par Pereira provoquant un penalty
  • sur le troisième Florenzi, à droite pour une fois, était décalé par Strootman et finissait le travail d'une belle frappe croisée.
Gervinho : l'Ivoirien a tenté, et réussi, la moitié des
dribbles de son équipe (source Fourfourtwo)
Fluidité, rapidité, finition, tout y était et l'Inter reprenait le chemin des vestiaires la tête basse.


Seconde période :

Walter Mazzarri fit entrer Icardi (un attaquant) à la place d'un Alvaro Pereira dépassé. L'Inter passait sur une défense à 4, en décalant Juan Jesus. Rétrospectivement, ce fait est révélateur des problèmes de l'Inter en première période. Les locaux jouaient mieux mais avaient du mal à s'approcher de la surface adverse face à une Roma regroupée. Le plus souvent les périodes de possession s'achevaient par un tir lointain (seulement 3 tirs dans la surface sur 18 tentatives). Les visiteurs continuaient de placer des contres meurtriers : sur 2 d'entre eux, Florenzi et Gervinho furent à 2 doigts de corser l'addition.

Le match se déroulait : au fur et à mesure les cochas faisaient entrer des joueurs de plus en plus offensifs (Inter) ou défensifs (Roma) mais jamais les visiteurs ne semblèrent en mesure de remonter tout ou partie de leur retard. Même l'expulsion de Balzaretti, sur une faut bête au milieu du terrain ne changea rien à l'affaire : la Roma était hier la plus forte.

Conclusion : sans révolutionner l'équipe, mais en renforçant certains postes (réalisant au passage de solides plus-values), l'entraîneur français a changé en profondeur le jeu de la louve, en lui donnant rapidité, fluidité et solidité. Un exploit. Quant à Mazzarri, sa rigidité tactique semble avoir atteint ses limites : toutes les équipes n'ont pas la chance d'avoir un trio d'attaque aussi doué que celui qu'il a coaché à Naples.

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jeudi 3 octobre 2013

Dortmund - OM. Marseille gentiment humilié

Le match de mardi soir a quelque chose de désespérant : l'OM est la meilleure équipe française "normale", si l'on oublie le duo du ca$hico. Or, les marseillais ont été dominés dans tous les secteurs de jeu, laissant les co-leaders de la Bundesliga leur donner une leçon de football.

Les marseillais se présentaient dans leur 4-2-3-1, avec Khalifa, étonnamment positionné en avant-centre, devant le pilier Valbuena. Les allemands, dans le même dispositif étaient privés d'un certain nombre de titulaires habituels (Kehl, Weidenfeller, Gundogan, Piszczek), ce qui rend d'autant plus éclatant leur succès.

Première mi-temps :

Assez tôt dans le match, les 2 équipes affichaient un style de jeu très différent :

  • l'OM tentait de construire en remontant le ballon sur les côtés et en s'appuyant en relais sur Valbuena, qui se portait alternativement à droite et à gauche, selon son habitude.
  • Dortmund pressait haut et de façon assez agressive, en se portant rapidement devant, dès que le ballon était récupéré.
Aucune tactique n'est, a priori, meilleure qu'une autre mais, dans son application, Dortmund fut rapide, bien rôdé et agressif, tandis que l'OM était hésitant dans son jeu et approximatif :
  •  en terme de pressing, les allemands pressèrent haut, commirent de nombreuses fautes (22 à 9), de nombreux tacles mais récupérèrent les ballons très hauts à la différences des marseillais, qui trottinaient pour regagner leur camp
Les récupérations de Dortmund : c'est haut !

Les récupérations de Marseille


  • offensivement, les allemands se projetaient très vite devant. Le premier but fut l'illustration de cette capacité : les jaunes et noirs se retrouvèrent à 6 dans les 25 mètres marseillais, en surnombre, face à des marseillais coupés en 2.
  • De son côté, Marseille eut du mal à combiner et passer le mur de la Rürh. Le problème de l'OM, c'est qu'en dehors du 4 de devant, jamais les autres joueurs ne purent prendre leur part du travail offensif : 
    • les 2 latéraux apportèrent peu devant. Fanni est un défenseur central de métier et Mendy sembla mal à l'aise devant la menace Aubameyang.
    • Romao demeura tranquillement devant la défense et Imbula tenta des choses mais sans jamais être décisif. Marseille en revint surtout à des tentatives individuelles : 45 tentatives de dribble. 
  • Jamais, Khalifa, positionné en 9 par Baup ne put trouver son rôle : devait-il se mêler à la lutte du milieu, offrir un relais aux attaquants ou demeurer seul devant pour recevoir de longs ballons devant ? A force de ne pas choisir, l'avant-centre marseillais ne fut nulle part et il réussit l'exploit de ne tenter aucun tir en 83 minutes de présence sur la pelouse.
Seconde période :

L'OM tenta de rentrer des vestiaires de façon plus agressive, notamment pour endiguer les offensives allemandes. Mal leur en prit. Au bout de 8 minutes, Marco Reus inscrivait le second but allemand sur une boulette de Mandanda. Dès lors, le match était virtuellement fini. Même Elie Baup, qui attendit la 73ème minute pour effectuer son premier changement en lançant Lemina (?) à la place de Payet, semblait le penser. Dortmund lançait encore des contres face à des marseillais de plus en plus désespérés. Sur l'un d'eux, Reus était fauché par N'Koulou et Lewandowski améliorait son capital but.

Conclusion : 16 tirs (dont 11 cadrés) à 5. Tout est dit, Marseille a été dépassé techniquement (des latéraux trop maladroits), tactiquement (des milieux trop prudents) et physiquement.

Cependant, la nouvelle la plus triste est venue de la fin d'après-midi : la défaite 5 à 0 des minots marseillais face à leurs homologues de Dortmund : la formation "à la française", jadis la meilleure du monde, semble avoir couler et avec lui, tout le foot hexagonal. Du moins, le football, hors Qatar et Monaco.

Footballistico


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