mercredi 30 juillet 2014

Les leçons du mondial (1/2)

1ère leçon : lost in possession.

La débâcle de l'invincible armada espagnole a mis un terme à un football de possession "scientifique" qui attend la faute de l 'adversaire ou son épuisement pour vaincre. Certes, le tableau n'est pas blanc ou noir, l'Allemagne a remporté le magot avec 60% de possession lorsque l'Argentine en avait plus de 55%. Néanmoins, 3 des 5 premiers à cet exercice (Espagne, donc, Italie et Japon) n'ont pas passé le premier tour. Et les buts des 2 autres (outre l'Allemagne, on trouve nos bleus) ont été marqués la plupart du temps sur des transmissions rapides, suite à des récupérations de balle, sur 2 ou 3 passes. Des équipes ayant plus de 60% de possession sur une mi-temps ou un match ont buté sans cesse sur des défenses bien organisées. Et descendre à 40% n'a pas empêche le Costa-Rica ou l'Algérie de faire une belle coupe du monde.

En fait, la possession produit tout de même 2 sous-produits exploitables :
  • les coups de pied arrêtés : l'Allemagne a ainsi pu convertir 5 corners ou coups francs issus de sa possession,
  • la défense : priver l'adversaire de ballons est le plus sur moyen de l'empêcher de marquer. Exemple : l'Allemagne (encore) face à la France.
La possession ne suffit donc plus à elle seule à assurer la victoire, la percussion, le pressing et les coups de pied arrêtés doivent enrichir la panoplie des équipes qui veulent aller loin.

2de leçon : l’avènement de la défense à 3. En Europe, en dépit de la belle saison de Toulouse, la défense à 3 a perdu du terrain, notamment en Italie où la Fio et la Napoli l'ont abandonné et où seul l'Inter le pratique régulièrement, avec un succès mitigé. Au Brésil, 5 équipes ont fait de la défense à 3 leur système privilégié (Pays-Bas, Uruguay, Mexique, Chili, Costa-Rica) et 2 l'ont utilisé de façon épisodique. Ce sont surtout les performances des Pays-Bas, du Mexique et du Chili qui ont impressionné. A chaque fois, les 2 hommes de couloir ont été parmi les plus en vue de l'effectif. Ce dispositif a fait valoir ses qualités :
  • une grande plasticité, les équipes passant du 3-5-2 (ou 3-4-1-2) au 5-3-2 en fonction du score et de l'intensité du pressing désiré,
  • une capacité à dégager rapidement le ballon sur les côtés vers le piston qui mord souvent la craie et ainsi à accélérer le jeu,
  • une possibilité supplémentaire pour qu'un des centraux, le plus technique, vienne porter le ballon devant (Marquez),
  • une supériorité naturelle lorsque l'équipe d'en face possède 2 attaquants, en conservant systématiquement 1 défenseur en surnombre.
Les 2 défauts d'un tel système (pas de dédoublements possible sur les ailes et un milieu de moins) ne sont pas apparus cas les équipes qui l'ont utilisé avaient souvent des attaquants très mobiles capables d'occuper l'aile où se déroulait l'offensive (Alexis Sanchez, Giovanni Dos Santos). Le cas des Pays-Bas est particulier : l'équipe est restée en 1 contre 1 défensivement même face à un trio d'attaquants. Les 2 latéraux étaient utilisés pour submerger le milieu de terrain et (plus classiquement) relancer rapidement le ballon via Blind / Jarmaat pour les 2 flèches devant (Van Persie ou plus souvent le remuant Robben) en sautant le milieu.
Il est vraisemblable que ce type de dispositif fasse des émules dans les ligues européennes, au moins face à certaines oppositions : Van Gaal a donné ses lettres de crédibilité à ce dispositif jugé très sud-américain jusqu'à présent et le mettra à profit à Manchester United.

3ème leçon : à l'aile, la vie est belle, ou pas ? On pourrait déduire du point précédent que les équipes qui ont su écarter le jeu l'ont emporté. Il est vrai que la répartition des buts est assez indicative :
  • 45% des buts ont été marqué sur un centre (phase arrêtée ou jouée) contre 39% sur des phases de jeu dans la surface. Pour info, seul 10% des buts ont été inscrits sur des tirs de loin (en dehors de la surface) et 6% sur des penaltys. Ce chiffre sur des centres est supérieur aux grandes ligues européennes. Il montre que face aux défenses regroupées (notamment face aux "petites" équipes du premier tour), écarter demeure une solution.
  • Pourtant, ce chiffre de 45% ne dit pas tout : 
    • les 4 équipes qui ont le moins joué au centre du terrain n'ont pas passé le premier tour mais c'est aussi le cas de celles qui ont joué les plus sur les ailes. En fait, comme souvent, il s'agit des équipes pouvant proposer des solutions diverses qui l'ont emporté.
  • on s'attendait à ce que les latéraux de la défense à 4 soient vraiment les stars du mondial. Or, à l'exception de Philipp Lahm (repositionné à son poste de prédilection par Löw, suite à la blessure de Mustafi) et peut-être de Rodriguez (Suisse) ou d'Aurier, il n'en a rien été. L'Argentine a atteint la finale avec un seul latéral de métier, Dani Alves s'est fait sortir du 11 titulaire du Brésil et Marcelo a été catastrophique. Et l'Espagne n'a pas su faire briller Alba ou Juanfran.
En définitive, même si le jeu s'est porté sur les côtés, il a souvent été le fait des ailiers ou de joueurs décalés qui profitent d'une récupération ou qui viennent créer le surnombre. Encore une fois, ce sont les équipes qui sont capables d'avoir des joueurs capables de sortir de leur rôle nominal qui ont su créer des décalages et créer ainsi des occasions de but.

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