dimanche 8 juillet 2012

Euro 2012 : les leçons d'un beau mois de juin


Au-delà de l'impressionnante victoire de l'invincible armada espagnole, quelles sont les leçons à tirer de cet Euro 2012, tant en termes tactiques qu'en terme généraux sur l'évolution du football ? Surtout, quel football peut-on s'attendre à voir dans les années qui viennent ? Ce post s'attache à répondre à ces angoissantes questions.

  1. L'écart entre les grandes nations et les outsiders n'a jamais été aussi fort. Il était peu probable pendant cet euro que l'on revive un scénario à la grecque (2004) ou à la danoise (1992). De fait, les grandes nations traditionnelles (Allemagne, Italie), nouvelles (Espagne) et les petits pays traditionnellement bien classés à la FIFA (Portugal, Pays-Bas) ont largement dominé les autres. La raison : les grandes nations allient désormais qualité de la préparation physique et tactique à une philosophie de jeu offensif, qui ne peut pas se bricoler pendant une préparation. Les autres facteurs (joueurs plus frais parce que second couteaux dans leurs clubs, ...) deviennent secondaires.
  2. Les meilleures équipes sont celles qui sont capables de bâtir sur la base d'une ossature issue d'un ou 2 clubs. Les 4 demi-finalistes possèdent une caractéristique commune. Une majorité de titulaires foule ou a foulé les mêmes pelouses : 
    1. Allemagne : 7 joueurs sont issus du Bayern
    2. Italie : 6 joueurs de la Juve
    3. Espagne : 5 du Barça, 4 du Real
    4. Portugal : 8 ont porté (ou portent) les couleurs du Sporting du Portugal (formidable centre de formation). Au contraire, les autres équipes, même si elles comportent en leur rang des joueurs doués,  n'ont pas réussi à soutenir la comparaison (France, Angleterre, Pays-Bas, Suède). La raison saute aux yeux : lors des préparations, les sélectionneurs nationaux n'ont pas suffisamment de temps pour créer des automatismes et une compréhension suffisante entre leurs ouailles et la complémentarité Pirlo /  Marchisio, Busquets / Xavi / Fabregas / Iniesta, Scwheinsteiger / Müller / Boateng ne s'acquiert qu'au fil des entraînements et des matches répétés. Notons que le dispositif est aussi un copier-coller des clubs pourvoyeurs d'internationaux : le 4-4-2 losange de l'Italie, celui de la Juve. Le 4-2-3-1 allemand, le Bayern...
  3. Le 4 - 2 - 3 - 1 s'est imposé comme le dispositif le plus utilisé (Espagne, Allemagne, France, Pays-Bas, Grèce, République Tchèque, ...). De façon étonnante, le 4 - 3 - 3, très à la mode depuis les succès du Barça et dans une moindre mesure de Chelsea, a été très peu utilisé (Portugal). 2 équipes ont adopté le 4 - 4 - 2 : l'Angleterre dans une version 4 - 4 - 1 - 1 (avec un Rooney décroché) et l'Italie avec son fameux losange. Cela ne veut pas dire que l'interprétation du 4 - 2 - 3 - 1 soit identique. L'Allemagne (avant son crash en demi-finale) et l'Espagne sont probablement les versions les plus intéressantes : l'Espagne joue avec un Neuf et demi qui n'hésite pas à se lier avec ses milieux. En outre, les ailiers espagnols sont très peu excentrés. L'objectif est de faire circuler le ballon de façon inextricable avant de donner de la verticalité sur un appel ou de la largeur vers les latéraux. La Mannshaft fait dériver Özil vers les ailes afin de créer du surnombre et d'initier une attaque sur un côté avant de renverser le jeu rapidement. 
  4. Un grand attaquant ne sert à rien. Après avoir condamné le 10 classiques, les défenses au niveau national semblent avoir rangé le renard des surface ou le super-9 au rang d'aimable souvenir qu'on montrera aux enfants dans les vieux livres jaunis (entre un schéma en WM et une photo de libéro). En demi-finale, on avait donc :
    1. Helder Postiga blessé, remplacé par Almeida,
    2. Negredo, remplacé par Fabregas à la mi-temps, un neuf-et-demi,
    3. Gomez, le plus proche d'un 9 classique remplacé à la mi-temps par Klöse
    4. Balotelli et Cassano, plus classiques,
    5. Toutes les équipes qui possédaient un super buteur (France, Angleterre, Suède, Pays-Bas) ont mordu la poussière.
 A priori, devant la densification des défenses, il est difficile au 9 de roder dans la surface en attendant le ballon d'un coéquipier. L'autre option, le grand 9 rapide, puissant sur lequel on s'appuie sur des ballons longs n'est pas adapté lorsque l'équipe domine. Mais, on aurait pu penser que des équipes comme la Suède (Ibra) ou l'Angleterre auraient pu l'utiliser avec succès. En fait, Ibrahimovic a changé son rôle, il décroche souvent (à l'instar de Benzema) et se transforme souvent en passeur décisif. Dans les fait c'est souvent l'absence de support devant (personne à qui faire la passe) qui a condamné ce type d'initiative. En tout cas, les entraîneurs préfèrent un 9 qui participe au jeu, afin d'asseoir la domination de l'équipe et d'ouvrir des brèches (en mobilisant un défenseur central) qu'une menace permanente dans la surface.

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