dimanche 3 avril 2016

Bayern - Juve : l'ombre d'un doute pour Kaizer Pep

L'affrontement à l'Allianz Arena a donné lieu à l'un des plus beaux matchs de Ligue des Champions de ces dernières années où talent, tactique et physique se sont affrontés sans répit.

Pourtant, les 2 équipes étaient diminuées : le Bayern était privé de ses défenseurs centraux (Badstuber, Boateng, Javi Martinez) et de Robben. Chiellini et surtout Dybala manquaient à l'appel côté Juve.

Le Bayern se présentait en 4-3-3, la Juve, on y reviendra dans un 4-5-1, qui évolua souvent en fonction du pressing et du dispositif défensif de la vieille dame.

Première mi-temps :  l'élément clé du début de première mi-temps fut la pression que mit la Juve sur l'arrière garde du Bayern. Outre Morata, Pogba et Cuadrado montaient sur l'arrière-garde Munichoise et le positionnement haut de l'ensemble des lignes inhibait les possibilités de passes vers les latéraux. D'habitude, les bavarois s'en sortent grâce à 2 stratagèmes :
  • le jeu au pied de Neuer : il suffit de passer le ballon au gardien allemand pour qu'il trouve un joueur décalé, habituellement un latéral. 
  • Xavi Alonso décroche pour offrir une solution entre les 2 centraux (un classique dans les équipes de Guardiola). 
Mais là, problème, d'une part Morata n'hésitait pas à presser Neuer pour combler les angles de passe. En outre, Khedira montait pour presser Xavi Alonso et ce fut tout le jeu patient de construction depuis l'arrière bavarois qui fut perturbé.

Même si le premier but n'est pas directement issu du pressing, il souligne la présence massive des joueurs de la vieille dame dans le camp bavarois, avec une relance ratée de Neuer devant Lichsteiner qui trouve Pogba. Ce fut pire à la 22ème quand Khedira récupéra une passe de Neuer pour lancer un Morata signalé hors-jeu de façon erronée.

Défensivement, la tactique de la Juve fut d'occuper les ailes afin d'empêcher Douglas Costa et Franck Ribéry de combiner avec leur latéral : on eut ainsi souvent de situations en 5-4-1 (avec ou même 6-3-1 afin de bloquer la  progression du Bayern :

  • Sandro descendit ainsi très bas tandis qu'Evra glissait plus au centre (sur Costa)
  • plus rarement, Cuadrado avec Lichsteiner. 
Au bout d'un quart d'heure de jeu, le Bayern prit acte de l'encombrement des ailes et Ribéry, notamment, se recentra pour tenter de trouver des solutions. 

Ribéry (1-15ème) : ailier


    Ribéry ((16-45ème : central)

Ce repositionnement du français, s'il permit aux bavarois de dominer le centre du terrain eut pour effet indirect de libérer Cuadrado ce qui fut fatal sur le second but de la Juve, après un ballon récupéré aux 20 mètres et un raid solitaire de Morata.

Ce but mit en évidence la nullité des défenseurs allemands dans le 1 contre 1. C'est un fait connu que les défenseurs de Guardiola travaillent peu le duel mais dans ce 1/8ème, on eut parfois l'impression que Morata jouait face à des enfants (et cette impression se confirma en début de seconde période). 

La Juve faillit enfoncer le clou toujours grâce à Cuadrado juste avant la mi-temps mais Neuer se rappela opportunément qu'il était l'un des meilleurs gardiens du monde. 

La Juve finissait la mi-temps à 0-2 et il n'aurait pas été scandaleux que le score s'établisse à 0-4 tant les allemands avaient semblé impuissants, avec une seule action franche à leur actif. 

Seconde période : Bernat remplaça Benatia à la mi-temps mais le modèle du match ne changea guère pendant le premier 1/4 d'heure. Le Bayern,domina la possession mais  Morata continua a terroriser en solitaire la défense allemande. 

Toutefois, il état évident que la Juve ne pouvait pas tenir un tel pressing pendant 90 minutes et allait fatalement reculer de plus en plus. Le changement le plus marquant intervint à la 59ème : Coman remplaçait Alonso et Douglas Costa devenait milieu droit. 

Cela permit au Bayern d'avoir 2 joueurs offensifs sur le côté droit et de créer le surnombre avec l'apport du latéral et cela créa un problème insoluble pour les turinois. L'apport du brésilien dans nouveau rôle fut éclatant, centreur sur le premier but de Lewandowski. Il faillit réitérer son centre vers le polonais hors jeu et frôla la transversale sur une frappe.

Face à cette nouvelle configuration, Allegri ne sut pas réagir et ne reconfigura pas son équipe se contentant d'amener du sang frais; L'erreur fut sans doute de faire entrer Mandzukic : sur le papier le croate peut être un bon joueur d'appui et tenir le ballon en attendant ses co-équipiers. Malheureusement, à la 70ème minute, plus de Pogba ou de Cuadrado pour servir de relais et Mandzukic, lent, ne put pas créer le danger ce qui renforça la capacité des allemands à se jeter à l'assaut. Ce fut Vidal, nominalement milieu le plus reculé; qui récupéra le ballon aux 20 mètres face à Evra.  Allegri réagit à la toute fin du match en remplaçant un Cuadrado épuisé par Pereyra plus central mais le jeune argentin n'eut pas l'influence du colombien. 

Prolongation : on donnait peu cher de la peau de la vieille dame mais celle-ci vendit encore chèrement sa peau. Depuis l'entrée de Pereyra, la Juve jouait en 5-3-2 et en appuyant Mandzukic, elle se permit même de créer le danger dans la surface bavaroise. Toutefois, à force de domination, une erreur défensive était de plus en plus ene plus probable et ce fut finalement sur un ballon mal dégagé que le dernier entrant Alcantara combina avec Müller pour donner l'avantage aux locaux. Coman enfonça le clou peu après dans un raid solitaire. Le Bayern trembla encore un peu sur quelques ballons aériens mais tenait sa qualification.

Conclusion : la Juventus a porté un éclairage cru sur quelques faiblesses du Bayern de Guardiola, jetant un doute sur la capacité des bavarois à triompher dans cette compétition qui est leur objectif ultime. La survie du Bayern n'a tenu qu'à un fil : peut-être la profondeur du banc turinois et l'entrée d'un Mandzukic peu à l'aise. Allegri a maintenant tout le loisir de préparer la saison prochaine et de consolider son titre en Série A. 
 

vendredi 11 mars 2016

Chelsea - PSG : centralité vs pressing

Le PSG a franchi le cap des 1/8ème de finale pour la 4ème fois d'affilée. La victime s'appelle Chelsea et maintenant Paris devra sans doute affronter les cadors européens pour espérer franchir un palier.

Composition : le PSG se présentait en 4-3-3. Marquinhos prenait la place d'Aurier et Rabiot celle de Verratti. Chelsea possédait la même composition qu'à l'aller en 4-2-3-1, à l'exception de Kenedy, en latéral gauche.

Première mi-temps : le fait principal de la première mi-temps fut la centralité avec lequel joua le PSG. D'entrèe, les parisiens avaient décider de tenir le ballon et pour ce faire utilisaient la méthode suivante :

  • relancer depuis l'arrière en essayant de construire. Cela fut fait avec des fortunes diverses, quelques ballons furent perdus dans des zones dangereuses. 
  • dominer le centre du terrain ; nominalement sur les côtés Di Maria et Lucas se recentrèrent constamment, laissant les flancs aux seuls Marquinhos et Maxwell. Di Maria, notamment se mêla au jeu jouant plus comme un quatrième milieu. 
  • Comme d'habitude, Ibrahimovic décrocha pour offrir une solution de relance à ses milieux. 
  • Motta et Rabiot dominèrent les débats au centre du terrain, en jouant près l'un de l'autre et faisant parler leur technique, avec l'apport de Silva et Luis en cas de pressing.
Di Maria, nominalement ailier droit (source fourfourtwo)

Au début du match, Chelsea fut plutôt heureux de laisser le ballon aux parisiens en s'installant dans son camp et en pressant par moment : d'une part, le fait de jouer en contre n'était pas pour déplaire aux anglais comme le montra un ballon perdu par Rabiot à l'orée du match. D'autre part, les locaux avaient largement le temps de marquer pour remonter leur retard.
Les blues se montrèrent cependant assez nerveux face à la domination parisienne. Le duo du milieu Obi Mikel et Fabregas n'arriva pas pas à contrer suffisamment par maque de rapidité et d'agressivité. Chelsea adopta vite une espère de marquage individuel assez lâche, qui vit les 2 latéraux se recentrer progressivement pour perturber les ailiers parisiens, très en verve en début de rencontre (notamment Di Maria, 3 frappes pendant le premier 1/4  d'heure). Le but parisien vint donc de ce simple fait. Kenedy déserta son côté pour suivre Di Maria. L'argentin, trouva Ibrahimovic décalé sur le côté et complètement seul (Cahill n'osa pas le suivre dans son déplacement pour ne pas déserter sa surface). Celui-ci trouva intelligemment Rabiot, qui plongea au second poteau. 

Le but parisien obligea Chelsea à se montrer plus agressif au pressing : les londoniens remontèrent d'un cran et tentèrent de perturber davantage le jeu parisien, notamment le duo Rabiot / Motta. Willian, notamment, s'occupa de Motta et fut le londonien le plus perturbant. Assez vite, la sanction tomba : sur un ballon récupéré par Pedro sur Motta, WIllian trouva Diego Costa, qui enrhuma Thiago Silva et remit les londoniens à hauteur. 

Rabiot : le jeune parisien fut le janus de cette seconde mi-temps. Sa différence avec Verratti sauta aux yeux : moins à l'aise et moins complice avec Motta que le jeune italien, il perdit 1 ou 2 ballon près de son but et fut l'auteur d'une passe assez dangereuse pour Motta sur l'égalisation londonienne. Cependant, il eut le mérite d'être extrêmement dynamique défensivement et, surtout, de se porter devant  dès que l'occasion se présenta, comme sur l'ouverture du score. 

Après l'égalisation de Costa, les parisiens se montrèrent de plus en plus nerveux. S'ils dominaient la possession, ils e mirent à multiplier les fautes, dès que leurs adversaires s'emparaient du ballon, en général dans leur moitié de terrain.

Les récupération des Chelsea : très dangereuses en première période (source fourfourtwo)
Seconde période :

La seconde période reprit sur le même tempo  mais avec des parisiens plus prudents et moins dominateurs dans la possession. Chelsea éprouvait pourtant le plus grand mal à se montrer dangereux sur une attaque placée et le match prenait une allure d'affrontement à haute intensité, avec des londoniens situés de plus ne plus haut. A la 59ème minute eut lieu le premier tournant du match : Diego Costa dut sortir victime d'une blessure musculaire et son remplaçant, Traoré n'eut pas l'impact du bad boy hispano-brésilien. Toutefois, en s'insérant mieux dans le jeu de ses coéquipiers par ses décrochages, il fut impliqué dans la construction de la meilleure occasion de Chelsea, après un bon travail de Willians (4 tirs de suite - 66ème).

Dans la foulée, Chelsea allait de nouveau perdre le fil sur une erreur de ses latéraux. Sur un ballon errant au milieu, Azpi n'était pas assez vigilant et laissait s'enfuir Di Maria, lancé par Motta, qui centrait impeccablement pour Ibra.

A 1-2, le matche était fini, Chelsea devant marquer 3 buts en 20 minutes.

Conclusion : le résultat est plutôt flatteur pour Paris qui a dominé un gros 1/4 d'heure avant de conserver la possession mais de subir les coups de boutoir de Chelsea. Pour les parisiens, cette qualification a mis en évidence la qualité de leur finition mais également leurs difficultés à poser leur jeu lorsqu'ils sont mis sous pression. Qu'en sera-t-il en 1/4 face à une équipe qui leur contexte la possession (Barça / Bayern) ou qui est simplement extrêmement pénible à jouer (Atletico) ?

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