dimanche 21 octobre 2012

L'équipe de France dont vous n'aurez plus honte

Les dispositifs après le remplacement de Silva par Cazorla (13ème)
L'équipe de France a donc ramené un match nul mérité de Madrid face à l'équipe championne du monde / d'Europe en titre et subitement toutes les critiques tombées sur cette équipe depuis 6 ans s'évanouissent et on est de nouveau fier de se grimer bêtement les joues en bleu - blanc - rouge devant sa télé.

Didier Deschamps avait privilégié son 4 - 3 - 3 fétiche avec un milieu de terrain assez physique (Gonalons, Matuidi, Cabaye). Vicente Del Bosque lui répondait du tac au tac (l'Espagne jouait plutôt en 4-2-3-1 à l'Euro). Pour pallier l'absence de Piqué et Puyol, le technicien espagnol avait positionné Busquets en défense centrale aux côtés de Ramos. Fabregas était en tête du trident offensif de la Roja en faux 9.

Première mi-temps : Le match commençait comme un bon vieux Barça - Grenade. Les espagnols dominaient la possession et pressaient les français qui avaient choisi de défendre très bas afin de couper les lignes.

Coté gauche espagnol : au début du match, l'Espagne possédait un coté gauche offensif mais repiquant vers le centre (Alba, Iniesta, Silva). La sortie du mancunien dès la 13ème minute avec le repositionnement de Pedro allait avoir des effets importants sur la physionomie de la partie :
  • Pedro est un véritable ailier et son positionnement allait étirer la défense française en maintenant l'avantage numérique du trio espagnol dans cette zone, souvent face à 2 français : Debuchy / Cabaye, Menez défendant par à-coup. Souvent, Koscielny devait combler les errances en se déportant à gauche.
  • En revanche, Fabregas était isolé dans le jeu et les combinaisons au centre du terrain étaient plus rares.
  • Le côté droit espagnol était beaucoup plus prudent : Arbeloa demeurait très bas. Ceci donna aux 2 équipes une forme de diagonale montante de gauche à droite. On a d'ailleurs peu vu des techniciens aussi doués que Cazorla et Xavi, situés à droite.
Néanmoins, la défense bleue ne parvenait pas à enrayer le jeu côté gauche : 60% des offensives espagnoles sont parties de ce côté. Le but Espagnol est venu d'un corner de ce côté, le penalty fut causé par Koscielny sur Pedro et Iniesta tenta plusieurs frappes.

Offensivement, l'équipe de France s'en remettait à ces contres rapides grâce à Menez et Ribéry. Au début du match, la pression espagnole (et un certain manque de techique coté tricolore) empêcha cette tactique d'être efficace mais à partir de la 30ème minute, les espaces s'ouvraient et les français allaient placer quelques banderilles : une frappe de Benzema et surtout le but de Menez, refusé pour un hors-jeu imaginaire.

2de mi-temps :

La seconde mi-temps repartait sur les mêmes bases que la première. Les espagnols tentaient de mettre la pression. La sortie d'Arbeloa, assez vite, sur blessure, allait limiter les options de Del Bosque en fin de match. Mais le fait important fut l'entrée de Valbuena à la place de Gonalons (57ème). La France passait en 4-2-3-1 et le match changeait de figure :
  • très mobile, Valbuena offrait à la fois une solution pour les remontées de balle des français et un relais précieux pour Menez et, surtout, Ribéry, soudain moins seuls sur leurs ailes,
  • défensivement, il mettait la pression sur Xavi Alonso et soudain, les remontées de balle des espagnoles se faisaient beaucoup moins fluides. A noter que le madrilène, isolé au centre du milieu de terrain, était beaucoup moins à l'aise que le 4-2-3-1 madrilène classique (où il est épaulé par Khedira ou pendant l'Euro à côté de Busquets).
La sortie de Menez au profit de Sissoko apparaît plus curieuse mais, rétrospectivement, il dénote la volonté réussie d'annihiler définitivement le dernier danger espagnol, Jordi Alba. Durant les 30 dernières minutes, les bleus ont multiplié les occasions (même nombre de tirs que les espagnols, avec une possession de seulement 34%) mais sans parvenir à faire sauter le verrou espagnol. Mais il était dit que les espagnols n'étaient pas dans leur assiette : ils perdaient le ballon bêtement au bout des arrêts de jeu suite à un corner et Ribéry mettait un superbe ballon à Giroud, entré en jeu 5 minutes avant.

On peut toujours faire la fine bouche devant ce résultat obtenu face à la meilleure équipe du monde : blessures de titulaires de la roja (avant et pendant le match), égalisation à la dernière minute, penalty mal tiré... mais il faudrait être aveugle pour tirer un trait sur une équipe fière, qui s'est battue et qui parfois fait preuve d'une intelligence de jeu pour contrer l'armada d'en face.


Le match nul des bleus offre la perspective d'une vraie finale à Saint-Denis pour la première place du groupe. Et ce match, on ne le loupera pour rien au monde. Et ça, c'est déjà une victoire.

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mardi 2 octobre 2012

Inter - Fiorentina : 3-4-1-2 vs 3-1-4-2

Même s'il est commun de dénigrer le championnat italien (fuite des talents, crise économique, etc), la Série A demeure toujours le lieu de fascinants affrontements tactiques que les autres championnats ne peuvent qu'envier.


La rencontre de dimanche soir entre l'Inter et la "Viola" florentine confirmait une tendance de fond sur le dispositif des équipes de la botte : la généralisation de la défense à 3. Étrennée par Naples et l'Udinese, popularisée par la Juve, la saison dernière, ce dispositif est en train de se répandre comme une traînée de poudre, aidé par l'invasion de joueurs sud-américains sur le Calcio, issus d'un continent où ce système n'a jamais disparu (seulement 2 italiens, Dimanche soir, dans chaque équipe).

Les 2 équipes livraient une interprétation bien à elles du dispositif :
  •  l'Inter, privée de Sneijder, se présentait en 3-4-1-2. Devant le "back three", les 2 milieux Cambiasso et Gargano font le boulot au milieu, alignés défensivement avec les 2 latéraux (Angatomo et Zanetti), au profil bien différent. Cassano et Milito forment un duo de choc devant. L'homme clé est Nagatomo, en se projetant sans cesse devant (sur les stats, le latéral japonais est le 3ème joueur le plus avancé de l'Inter, derrière le duo d'attaquants), et en entraînant ses co-équipiers, il déséquilibre l'équipe vers la gauche en entraînant Cassano, Cambiasso et Coutinho vers lui. A droite, seuls Zanetti et Gargano montent, prudemment, la garde.
  • La "Viola" se présentait en 3 - 1 - 4 - 2. Ici, c'est Pizarro, qui est l'homme de base. Le chilien est le vrai "regista" des florentins. Il oriente le jeu, avec un pourcentage important de passes longues-précises (12 sur 13 dimanche soir)- surtout vers les 2 latéraux (Cuadrado et Pascual).

Première mi-temps : de façon incroyable, les florentins ne cherchaient pas à contrer les milanais à gauche mais à les battre en les attaquant de leur côté faible. Le résultat est simple : sur leur côté gauche, les milanais étaient 1 de plus (Coutinho, Cambiasso, Moutinho et Nagatomo) face à Romulo, Cuadrado et Roncaglia. Sur le premier but, c'est Coutinho qui s'enfonce dans la défense milanaise avant de déclencher le penalty. Sur le second, c'est une longue passe de l'arrière milanais Ranocchia toujours vers un côté gauche déserté qui crée le décalage.

L'ouverture de Ranocchia : toute la Viola attend l'Inter à droite















Une des conséquences du dispositif milanais fut l'absolue liberté dont jouissait Pizarro, seul au milieu du terrain. Au-delà de l'avantage en termes de distribution et de possession, le chilien en profitait pour s'enfoncer sans problème sur le côté droit milanais, sans opposition sur 30 mètres, avant de centrer joliment sur Romulo.

Mené 1-2 à la pause, Florence pouvait légitimement y croire.

Seconde période :

A la mi-temps, Vincenzo Montella remplaça le fantomatique Ljajic par Matias, positionné un cran derrière. Aussitôt, les 2 équipes étaient plus équilibrées, défensivement s'entend. La florentina dominait numériquement le milieu de terrain et empêchait l'Inter de construire grâce à celle-ci. Malheureusement, cette belle mécanique était privée d'attaquant : la sortie de Ljajic et la tendance de Jovetic à dézoner limitaient l'impact offensif des florentins. L'Inter défendait maintenant à 5 et était beaucoup plus stable.

L'expulsion de Gonzalo Rodriguez à la 62ème minute compliquait un peu plus la mission de la Viola. Montella réagissait en faisant entrer un deuxième attaquant à la place d'un de ses latéraux et Florence passait en 3 - 4 - 2. De façon hallucinante, les visiteurs continuaient à dominer la possession mais sans pouvoir conclure malgré un ou 2 bons centres vers Toni.

En dépit d'une seconde mi-temps plutôt médiocre en termes de jeu mais plus équilibrée défensivement, l'Inter s'en sortait avec ce 2 - 1.

Conclusion : les défenses à 3 peuvent donner de beaux spectacles, on en a maintenant la preuve, même si ce sont encore des dispositifs qui nécessitent une maîtrise à apprendre pour des joueurs peu habitués à ce système. L'Inter demeure déséquilibré et semble jouer en-dessous de son potentiel depuis le début de saison. La Viola offre quant à elle un visage très séduisant mais doit résoudre ses problèmes défensifs pour prétendre à quelque chose cette saison.


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lundi 1 octobre 2012

VA/OM : Marseille, leader aux pieds d'argile

Les commentateurs pouvaient toujours gloser sur la série historique de l'OM ou sur le renouveau de l'équipe depuis le départ de Didier Deschamps. Certes, l'équipe jouait avec sérieux et Gignac connaissait un net regain de forme. Mais tout de même, les victoires des olympiens pouvaient donner à réfléchir :

   




  • quasiment toutes ont été acquises face à des équipes de la seconde partie de tableau (Rennes 14ème, Nancy 19ème, Evian 18ème, Sochaux 17ème, Montpellier 13ème). Seul Reims fait aujourd'hui partie du top 10 . Mais c'était lors de la première journée face à une équipe qui découvrait la Ligue 1 et qui n'avait pas fini son recrutement.
  • en dépit du respect envers Elie Baup, il faudrait presque un miracle à une équipe appauvrie pendant l'intersaison de 3 titulaires (M'bia, Diarra, Azpilicueta) sans renfort (Abdullah ?) pour s'améliorer de façon sensible et durable.
  • les matches remportés faisaient montre d'un état d'esprit retrouvé, certes, mais ont souvent été conclus sur des 1-0 petit bras (à Reims, face à Montpellier, à Nancy). Certes, il n'y a aucune honte à gagner sur la plus petite des marges, surtout à l'extérieur. Mais cela est le signe d'une équipe solide à défaut d'être inspirée.
En tout état de cause, l'OM n'était donc pas encore champion même si Elie Baup a su redonner sa chance à un collectif qu'on accusait d'être trop payé, trop inconsistant, trop nul.

En un sens, le match d'hier à Valenciennes était le premier test sérieux à l'extérieur pour les olympiens face à une équipe joueuse, peu décidée à attendre et jouer le contre. C'est peu dire que l'OM l'a raté.

Première mi-temps :

Les 2 équipes se présentaient en 4-2-3-1. Si l'OM a toujours joué dans ce dispositif cette saison, il était nouveau pour Daniel Sanchez. Sans doute le coach Valenciennois préférait un milieu central pour perturber la relance de l'OM. En effet, dès le début du match, VA pressait très haut, avec souvent 5 joueurs aux avant-postes pour troubler les olympiens, avec Kadir positionné très haut et Ducourtioux se joignant aux 4 de devant. Ce fut un carnage en terme de ballons perdus pour l'OM.

Offensivement, les valenciennois privilégiaient un jeu rapide et direct pour trouver ses ailiers Dossevi et Danic, d'où un taux de réussite assez faible dans les transmission mais des ballons souvent dangereux, donnés dans la profondeur. En début de match, ce fut plutôt l'aile droite qui fut privilégié avec le duo Dossevi / Mater. Souvent, André Ayew fut pris dans son dos par le duo valenciennois et Morel se trouvait esseulé. Après une première alerte très chaude sur le but de Mandanda suite à un centre de Dossevi, c'est de ce côté qu'une faute du latéral marseillais allait être la cause du premier but sur le beau coup franc de Danic.

Suite à l'ouverture du score, Ayew était obligé de redescendre beaucoup plus et les valenciennois allaient pouvoir solliciter l'aile gauche.

En effet, l'OM privilégiait l'aile droite pour ses offensives : Néry demeurait très prudent et comme Danic pressait haut, les olympiens étaient souvent en surnombre :

  • Valbuena percutait souvent de ce côté même s'il était nominalement milieu central (le fameux "ailier central" intronisé par Didier Deschamps),
  • Kaboré fut le latéral marseillais le plus entreprenant,
  • même Gignac eut tendance à venir chercher les ballons à droite.
Sur les 29 centres marseillais, 20 sont venus de la droite mais souvent sans succès, car l'OM jouait plutôt en passes courtes, ce qui avait tendance à ralentir leurs actions et à laisser le temps à la défense nordiste de se replacer.

Le second but est une illustration parfaite de la stratégie des locaux, long ballon vers les ailes (Ducourtioux, qui remet de la tête), pressing de Danic, centre vers Le Tallec. Le troisième but est gag mais est témoin du positionnement très haut de Kadir, souvent très proche de son attaquant.

Seconde mi-temps :

A 0-3, l'OM ne pouvait plus espérer grand chose et visiblement les forces et l'imagination lui manquaient.Elie Baup faisait entrer Loïc Remy à la place d'un Cheyrou boitillant et l'OM passait en 4-3-3. Cette modification tactique eut plutôt tendance à déstabiliser un peu plus le milieu défensif marseillais et le duo Kadir / Le Tallec allait s'en donner à cœur joie, d'abord sur une action bien stoppée par Mandanda, avant que l'attaquant nordiste donne le coup de grâce de la tête.

C'était pour ainsi dire fini, à presque une demi-heure du terme. V.A, fatigué, reculait. Seul Jordan Ayew mettait un peu de percussion dans le jeu marseillais et fut justement récompensé pendant les arrêts de jeu.

Conclusion : Si l'OM veut battre Paris, elle devra en une semaine résoudre les problèmes identifiés à Valenciennes :
  •  manque de créativité devant : Gignac est bon en percussion et en combat mais moins en remise. En outre, Amalfitano a souvent doublonné avec Valbuena sans gain pour l'équipe.
  • manque d'équilibre défensif avec un Abdullah encore trop tendre pour protéger son back-four et un Ayew trop passif (au moins en début de rencontre). La prestation de Rod Fanni en défense centrale est inquiétante. Qu'en sera-t-il face à Ibrahimovic ?
  •  manque d'agressivité et de mouvement lorsque l'équipe est pressée.
Nul doute que Carlo Ancelotti a vu VA/OM devant sa télé et qu'il en tirera quelques enseignements. Elie, à toi de jouer. Des changements sont sans doute à attendre.

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