mercredi 29 janvier 2014

ASM post-Falcao, acte 1

Après le psychodrame vécu par l'ASM en fin de semaine dernière suite à la blessure de son attaquant vedette, les monégasques retrouvaient un de leurs meilleurs ennemis au Stade Louis II. Ranieri avait convoqué son équipe type, en 4-4-2 losange, remplaçant le colombien par Valère Germain.

José Anigo avait pour sa part répliqué le dispositif monégasque, en positionnant Thauvin et Gignac devant Valbuena. C'était la première fois de la saison que l'OM se présentait dans ce schéma et cela s'est d'ailleurs vu sur le terrain.

1ère mi-temps : L'objectif de José Anigo pouvait paraître simple : annihiler le dispositif monégasque en positionnant un de ses milieux face à son homologue (Romao / Rodriguez, Cheyrou / Moutinho, Lemina / Kondogbia).

En théorie, ce choix avait un risque : l'OM pouvait être débordé sur les côtés. Les latéraux monégasques pouvaient bénéficier de 40 mètres de champ libre et créer le surnombre si l'un de leurs 2 attaquants se décalait sur l'aile. Evidemment, les 2 formations étant exactement identiques, cette faiblesse était symétrique pour l'ASM.

On sentit toutefois que l'OM allait en souffrir davantage dès la première minute avec un ballon dans la profondeur donné par Raggi (pourtant très prudent dimanche soir) à Rivière à 10 mètres du but de Mandanda. Mendy répliquait par un centre fuyant vers Thauvin mais incontestablement, Monaco était plus à l'aise dans son système pratiqué depuis 10 journées. Le problème était double pour les marseillais :
  • familiariser Cheyrou et Lemina avec leur double rôle, à la fois défensif et offensif,
  • faire évoluer Valbuena dans un registre différent, derrière 2 attaquants.
Sur les 2 aspects, Anigo a sans doute surestimé la capacité de ses joueurs à s'adapter face à une équipe rodée. En première période (hormis, donc le centre de Mendy), jamais l'OM ne parvint à se créer des occasions : 
  • Traditionellement, Valbuena est la principale menace olympienne. Dans le 4-2-3-1 traditionnel, il excelle dans son rôle d' "ailier central". Il se déporte sur le ailes, combine avec son ailier et crée des occasions, souvent via centre. Hier, il a paru impuissant, mal à l'aise dans un rôle plus central et replié (jusqu'à la 75ème minute, voir plus bas). Les 2 diagrammes ci-dessous comparent le placement du lutin marseillais dans un match en 4-2-3-1 par rapport à celui d'hier (source fourfourtwo).
A Reims, un ailier central (passes effectuées en bleu foncé)

A Monaco, un joueur plus replié et assez impuissant
  • Les 2 milieux latéraux ont paru anesthésiés, hésitant entre leur rôle défensif et offensif, peu à l'aise dans leur placement. 
Monaco prit tranquillement la mesure de son adversaire. Puis après plusieurs tentatives, le coup de grâce allait venir à la 40ème minute comme illustration des errements olympiens. Un ballon arrivait sur Moutinho, qui le glissait entre Romao et Abdallah, pour un contre un que Valère Germain négocia bien face à Diawara (largué sur ce match). 

Sur le coup, Lemina était monté sur le latéral monégasque (Kurzawa) et Romao quitta son rôle de sentinelle pour tenter d'intervenir. 2 milieux olympiens se trouvaient hors position sans toutefois intervenir franchement. 

Seconde période : Comme disaient les romains "Errare Humanum Est, Perseverare Diabolicum". A la mi-temps, Anigo remplaça Cheyrou par Imbula, un joueur au profil encore plus défensif et Monaco reprit le contrôle des opérations. Sur un ballon de Thauvin, Gignac, très actif sur les miettes, aurait pu ramener les 2 équipes à égalité. Mais dans la minute suivante, le but de l'ASM fut encore une manifestation des errements marseillais puisque Kondogbia hérita d'un ballon qu'il eut tout le temps d'ajuster entre Imbula (censé le marquer) et Romae (à la ramasse) sur un Rivière très tranquille pour ajuster Mandanda. Un but qui est un calque du premier, Kondogbia, aurait aussi pu tenter la passe vers Rodriguez, démarqué.

A 0-2, Anigo devait tenter quelque chose mais décida de sortir Thauvin pour faire entrer Payet. Ce choix est d'autant plus dommageable qu'un quart d'heure plus tard, Khalifa remplaçait Lemina et, enfin, l'OM retrouvait son système, son envie. Pendant ces 15 minutes, les visiteurs eurent autant d'occasions que pendant le 75 précédentes, bousculant un ASM soudain renvoyé à ses limites. Des centres, des tirs et des actions, avec un Khalifa, tout seul aux 6 mètres, envoyant sa tête dehors, à la 90ème. Enfin. Trop tard.

Conclusion : Elle est multiple : 
  • d'une part, il est difficile d'inaugurer une tactique un beau jour et d'en récolter les fruits immédiatement. Certes, on peut adapter son dispositif mais dimanche trop de joueurs marseillais ont semblé errer sur la pelouse son comprendre leur rôle.
  • d'autre part, aucun changement d'entraineur n'a porté ses fruits cette saison en L1 (Courbis sera-t-il l'exception) . Et les compétences de José Anigo, excellent meneur d'homme mais piètre tacticien semblent insuffisantes.
  • Enfin, Monaco reste toujoursune équipe solide, doublée d'une impressionnante machine à passes décisives subtiles. Dans 2 semaines, Louis II fêtera la venue du PSG. Pas étonnant que les parisiens préparent déjà ce match avec des petits week-ends détente en Bretagne.
Footballistico

lundi 13 janvier 2014

Atletico - Barça : les 2 leaders de la liga se quittent dos à dos

Le sommet de la Liga marquait une franche opposition de style entre le Barça obsédé par la possession et un Atletico porté sur la défense et le contre.

Tata Martino avait laissé Messi et Neymar sur le banc pour des problèmes de forme. A part, ces 2 exceptions (importantes !), chaque entraîneur avait sélectionné son 11 type et son dispositif de référence (4-3-3 du Barça vs 4-4-2)

Première mi-temps : plutôt que de rester regroupés dans ses 30 mètres, l'Atletico alla presser haut le porteur du ballon. L'idée était de récupérer le ballon très rapidement et de lancer Diego Costa dans les couloirs (notamment le gauche). Le Barça eut l'air un peu surpris. Le dispositif faillit marcher grâce à un raid d'Arda Turan (2ème) puis une frappe de Costa (5ème).

Au bout du premier 1/4 d'heure cependant, l'Atletico recula et le Barça commença à trouver le moyen de dominer la possession. Fabregas, nominalement avant-centre, tenta de se positionner entre les lignes, proche des 3 milieux pour renforcer la maîtrise du Barça. L'Atletico tenta de perturber la transmission en harcelant Busquets, notamment par ses attaquants. Malheureusement, Villa et Costa n'étaient pas toujours en position pour effectuer un pressing dès la récupération du Barça et Busquets finit le match avec 94% de passes réussies.

Le Barça fut cependant dès lors confrontés à un nouveau problème : comment trouver des espaces face à un bloc regroupé ?  D'autant plus que Diego Costa et David Villa redescendaient souvent pour apporter un premier rideau défensif. En théorie, le Barça pouvait procéder de 3 façons mais une seule d'entre elles sembla fonctionner :

    1. Côté droit, le duo Alves/Sanchez sembla totalement inhibé par Filipe Luis et Koké / Turan (les 2 ailiers madrilènes permutant souvent). Alves fut bloqué dans ses raids et Alexis Sanchez mit en évidence sa capacité à disparaître d'un match (17 passes seulement, pas de tir, un seul centre).
    2. Au milieu du terrain, les madrilène réussirent à étouffer les possibilités de passes en profondeur. En outre, lorsque Fabregas décrochait, aucun blaugrana ne prit la profondeur. Le 3 de devant reçut en tout et pour tout 2 passes dans la surface (hors Messi).
    3. Pedro. L'ailier gauche fut le blaugrana le plus dangereux. Il partit souvent d'assez bas pour s'attaquer à Juanfran avec le soutien d'Alba. Résultat : le jeu des visiteurs pencha franchement à gauche. En dépit du grand nombre d'interceptions madrilènes (cf. graphique), Pedro réussit 2 frappes en première mi-temps et fut à l'origine des phases de jeu les plus intéressantes pour les visiteurs.

    Interceptions madrilènes : vous avez dit jeu penchant à gauche ? (source Foufourtwo)
    Corners : le Barça a encaissé 5 de ses 12 buts en Liga sur corners. L'Atletico tenta de les tirer tous au premier poteau, ce qui peut se comprendre. Malheureusement, comme toute tactique, jouée trop systématiquement, elle fut rapidement mise en défaut par les catalans (2 corners réussis sur 7), qui placèrent leurs bons joueurs de tête (Piqué, notamment) pour répondre à cette menace.

    Les corners : premier poteau trop systématique ? (source Fourfourtwo)


    La mi-temps s'acheva sur une partie assez fermée : le Barça ne parvenait pas à créer du jeu mais l'Atletico avait du mal à lancer Costa et Villa, placés trop bas pour créer du danger en contre.

    Seconde mi-temps : Messi remplaça Iniesta (un peu malmené) et prit la place de Fabregas, qui redescendit en milieu gauche. Aussitôt, l'argentin tenta d'imprimer son rythme à la partie : en 9 et 1/2 mais avec une percussion plus importante que Fabregas. L'Atletico conservait un dispositif très bas et gêna considérablement le Barça. Neymar rentra à son tour, permuta avec Pedro. Le Barça eut peu après sa meilleure action via un centre de Jordi Alba sur Messi qui manqua la cible de la tête.

    Le dernier quart d'heure fut plus équilibré, Barcelone relâcha son pressing et Madrid eut quelques opportunités, notamment par Turan. Les 2 équipes apparurent épuisées avec un Villa perclus de crampes au bout de 80 minutes. Les coachs durent également se dire que la Liga se jouerait plus tard sur d'autres terrains et qu'un nul faisait leurs affaires pour des raisons différentes.

    Conclusion : les 2 équipes ont joué un match sans rien renier de leur football...et sans trouver la faille, ce qui donna un match intense mais au final un peu décevant. En synthèse, l'Atletico apparaît comme hyper solide mais peu créatif (avec un Koké très décevant) et un Barça soyeux mais inoffensif. Au total, les catalans auront réalisé 3 fois plus de passes que leur adversaire (605) mais seulement 7 tirs. Trop prévisibles ?

    Footballistico

    mardi 7 janvier 2014

    Juve - Roma : les turinois impériaux

     Plutôt que d'effectuer une chronique du match complète, voici quelques leçons sur le match au sommet de la Série A Dimanche soir entre la "Juve" et la Roma de Rudi Garcia.

    Les 2 équipes se présentaient quasiment dans leur onze type. Seul Balzaretti était absent côté Louve. Les 2 équipes offraient aussi leur dispositif habituel : 3-5-2 pour l"équipe de Conte, 4-3-3 pour les visiteurs.


    • La Juve a défendu très bas, à onze. Ce fut peut-être la plus importante des caractéristiques du match. Les 2 latéraux descendirent au niveau des 3 centraux et le duo d'attaque Tevez / Llorente était positionné également très bas : au niveau des 40-45 mètres. Cette caractéristiques a fonctionné au-delà du possible et a été servie par les événements du match.
      • A 1-0, les turinois étaient encore moins incités à effectuer un pressing et descendirent encore plus bas dans leur moitié de terrain
      • la sortie du Pjanic sur blessure fut une catastrophe pour l'équipe de Rudi Garcia : le joueur le mieux à même de créer des décalages dans un petit périmètre fut rapidement mis hors d'état de nuire et dès lors, la Roma fut quasiment incapable de tenter un tir
      Les tacles de la Juve : très bas (source : Foufourtwo)
    • La Roma fut capable de créer le danger pendant environ 20 minutes, notamment via un contre (Ljajic) et via des actions sur le centre du terrain : 
      • Ici, la Roma a prouvé qu'elle était capable de créer sans avoir énormément d'espace via la créativité de Pjanic et la position de 9 1/2 de Totti. Le meneur de jeu romain joua son rôle en décrochant puis en orientant le jeu depuis les 30 mètres et créa 3 occasions pour les siens pendant que Ljajic essayait de plonger au centre.
      • Cette domination de Totti fut permise par la relative faiblesse défensive de Pirlo, incapable de marquer le romain pendant la première demi-heure du match. Ensuite, Totti baissa pied physiquement et Bonucci fut plus à l'aise pour monter sur le capitaine de la Louve.
    • Inversement, au-delà de Totti, qui essaya bien de contrôler le "regista" turinois pendant 20 minutes, la Roma n'avait pas de dispositif anti-Pirlo. Or, TOUS les clubs qui ont réussi face à la Juve ou à l'équipe d'Italie depuis 3 ans ont mis en place un marquage serré du meneur barbu. Limite du 4-3-3, si l'avant-centre est défaillant dans son rôle défensif, personne ne peut assurer le contrôle d'un meneur reculé. 
    • A priori, les romains pouvaient espérer posséder une supériorité sur les ailes (2 contre 1) mais le travail de coulissage des 3 centraux turinois rendit cette supériorité quasiment vaine : à eux 4, les joueurs de couloir romains ont tenté (et incidemment raté) 7 centres.
    • Au contraire, les romains ont semblé dominés sur des actions venant par les ailes, surtout sur les phases arrêtées : 
      • sur le premier but, une action provenant d'une touche, Tevez assura une protection parfaite pour effectuer une remise sur Vidal, excentré.
      • sur le second, Castan lâche Bonucci au marquage (bel appel / contre-appel), sur un coup franc de l'inévitable Pirlo.
      • sur le troisième, enfin, c'est encore un centre qui provoque la main de Castan, toujours lui.
    Conclusion : 

    Rudi Garcia aura du mal à se remettre de cette défaite. Outre le bilan comptable et humain (2 expulsés, un blessé), cette débâcle a mis en évidence les limites de la Louve : 
    • un banc plus limité que certaines des grosses écuries de Série A. 
    • l'impossibilité de trouver un plan B valable : la sortie de Pjanic pour passer en 4-2-3-1 a révélé une équipe inoffensive. 
    • enfin, face à un mur défensif placé bas, la Roma a semblé désemparée, sans solution au bout de 20 minutes. Il est à parier que d'autres équipes sauront utiliser cette tactique. D'autres désillusions en perspective.
    Footballistico

    vendredi 3 janvier 2014

    C'est quoi une équipe qui gagne ?

    C'est la trêve dans tous les grands championnats et l'on peut donc se poser légitimement la question avec un certain recul : qu'est-ce qui fait une grande équipe ? Nous abordons évidemment le sujet sur un plan statistique et tactique sans aborder la valeur individuelle des joueurs ou des facteurs psychologisants.

    Tout d'abord, aucun dispositif tactique ne semble l'emporter, malgré la mode toujours vivace du 4-3-3 : 3 des leaders des grands championnats utilisent ce dispositif (le Barça, naturellement, le PSG et le Bayern). On trouve aussi un 4-2-3-1 (Arsenal) et un 3-5-2 (Juve). Si l'on descend un peu plus bas dans les classements en s'arrêtant à la cinquième place qui correspond peu ou prou aux places européennes, on trouve son lot de 4-2-3-1 (City, Athletic Bilbao, Real Sociedad, Napoli) , de 4-4-2 à plat (Atletico Madrid, Mönchengladbach) et même de 4-4-2 losange (Lille) et d'un autre 3-5-2 (Inter). Il nous faut donc chercher ailleurs.

    La possession est le premier critère qui vient à l'esprit et là, de fait, comme l'indique le tableau ci-dessous, la plupart des équipes qui sont placées dans les 5 premiers possèdent un % de possession (souvent largement) supérieur à 50%. Certes, on nous rabâche les oreilles avec des considérations du style "la possession, ça ne veut rien dire" mais les équipes espagnoles nous ont appris que le fait de posséder le ballon était non seulement le meilleur moyen de se créer des occasions mais aussi d'empêcher les autres de marquer. Notons que c'est également le cas d'équipes réputées peu spectaculaires (Lille, Chelsea) qui tiennent plutôt bien le ballon ou de certaines équipes dites "de contre" (Dortmund).

    Championnat Taux de possession moyen des 5 premiers
    France 54,7
    Angleterre 55,8
    Italie 56,7
    Espagne 55,8
    Allemagne 56,3

    Parmi les 25 équipes occupant les 5 premières places des 5 grands championnats, seulement 3 d'entre elles possèdent un taux de possession inférieur à 50% (Saint-Etienne, Atletico et Leverkusen). Cette règle marche aussi à l'envers : les équipes possédant la plus faible possession occupent en général les places de relégable.

    Pour satisfaire toutefois les défenseurs des idées reçues, on peut tout de même trouver des équipes à la possession totalement stérile : Swansea (59,6% et 13ème de premier league), le Milan AC (59,9% et 13ème de série A) et, surtout, le Rayo Vallecano (61,8% et 19ème de Liga !).

    Ce qui est intéressant c'est la relative stabilité de certaines statistiques : il faut par exemple 3,8% de possession pour effectuer un tir. Et 7 tirs pour marquer un but. Ce sont les équipes qui parviennent à dépasser ces statistiques qui font voler en éclat les corrélations. Et c'est naturellement là que l'on retrouve nos "point aberrants". Le cas le plus archétypal est celui de Swansea. L'équipe galloise malgré sa possession est 20ème en termes de nombre de tirs. Stérile. On a donc ici un jeu à la baballe, lent, souvent dans son camp avec peu de percussion, ni de contres.

    Mais les cas les plus intéressants ne sont évidemment pas ceux qui échouent mais ceux qui réussissent. Reprenons donc le cas du Bayer Leverkusen et de l'Atletico, second de leur championnat respectif à la trêve.

    Il existe a priori 3 raisons pour lesquelles ces équipes peuvent malgré tout tenir tête aux cadors de la possession :
    • soit leur système défensif (gardien compris) est particulièrement imperméable et annihile les efforts des adversaires,
    • soit leurs joueurs sont particulièrement efficaces pendant les phases de possession et parviennent à en tirer un rendement supérieur,
    • soit, et ce facteur est une combinatoire des 2 autres, l'abandon du ballon est un choix tactique assumé (qui ne tient pas aux qualités techniques intrinsèques des joueurs), qui peut être systématique ou correspondre à certaines situations (dès que l'équipe a pris l'avantage ou à l'extérieur). 
    Depuis 2 saisons, Diego Simeone a transformé la bande de losers du Vicente Calderon en machine de guerre. Cette saison, les colchoneros tiennent la dragée haute au Barça. La défense de l'Atletico est particulièrement impressionnante : meilleure de Liga, elle est surtout très efficace pour empêcher les autres d'élaborer leur jeu offensif. En dépit d'une possession faible, donc, l'Atletico concède moins de tirs que le Barça, malgré 20% de moins de possession. Dans le 4-4-2 de Simeone, pas de "secret" mais des recettes efficaces :
    • le même système éprouvé depuis 2 saisons, avec des joueurs qui se connaissent et peuvent donc se situer sur le terrain, compenser et combiner,
    • 2 lignes de 4 pas particulièrement hautes mais assez proches pour étouffer l'adversaire, avec un travail défensif, qui commence au niveau des 2 attaquants pour perturber la relance,
    • des joueurs du milieu qui sans être très rapides possèdent tous un bagage technique impressionnant.
    • le "secret" : des "ailiers" (Koké, Turan) qui se recentrent lors des phases offensives et des latéraux assez prudents. Lors des pertes de balle, les 2 attaquants et l'ailier font pression pour récupérer la balle, n'hésitent pas à faire des fautes (Costa, 2 par match), donnant le temps au bloc équipe de se replier et d'étouffer les adversaires.
    Toutefois, une limite semble être la nature du championnat espagnol : assez technique, porté sur l'offensive, l'Atletico a réussi en prenant le contre-pied des équipes joueuses. Il est révélateur de voir que la seule défaite des madrilènes a été subie face à l'Espanyol Barcelone, une équipe rugueuse et défensive.

    Le Bayer Leverkusen est calé dans la roue du Bayern et offre aussi une alternative intéressante. A priori, les statistiques du Bayer sont peu impressionnantes :
    • seulement 7ème attaque contre seconde défense,
    • un bloc défensif pas particulièrement hermétique, avec 14 tirs concédés par match, ce qui la met au 9ème rang outre-Rhin,
    • l'équipe ne joue pas non plus particulièrement haut (6ème en Allemagne), témoin d'un pressing modéré et de sa faible possession dans la moitié de terrain adverse.
    En fait, l'équipe de Sami Hyypia est une tueuse en contre et surtout, son interprétation du 4-3-3 en fait une équipe très particulière : 
    • à l'exception de l'avant-centre (Kiessling), tout le monde défend, les ailiers apportent de la présence sur les côtés, 
    • en situation offensive (comme pour l'Atletico) les 2 "ailiers" repiquent vers le centre afin d'apporter du soutien à Kiessling, 
    • le N°6, Rolfes, demeure très prudent et ne s'éloigne jamais de ses défenseurs centraux ce qui procure de la stabilité à l'équipe,
    • Enfin, last but nos least, Bernd Leno est le Enyeama allemand, décourageant les attaquants adverses.
    Comme l'Atletico, le Bayer masse ses joueurs sur des lignes très proches pour les étouffer. Elle évite ainsi, et c'est là son secret, de concéder des situations dangereuses dans la surface, ou mieux dans ses 6 mètres (plus faible total de Bundesliga). Comme les madrilènes, l'équipe de Sami Hyypia est aussi étonnamment stable et opte pour une option défensive de façon volontaire à rebours du "tout pour l'attaque" qui règne en Bundesliga.

    En synthèse, pour être une bonne équipe, soit vous pouvez vous payer le luxe de posséder des joueurs techniques et de chercher à dominer le ballon, soit vous adoptez une stratégie alternative par rapport au championnat qui vous abrite, grâce notamment à une organisation défensive irréprochable et une qualité de contre. Evidemment, cette description est très grossière : Lille, Dortmund ou la Real Sociedad sont très différentes des grosses écuries qui dominent les championnats européens. Pourtant, la mode de la possession a emporté l'Europe et aujourd'hui bien peu peuvent se vanter de réussir sans tenir le ballon. Alors, Diego Simeone et Sami Hyypia, dinosaures ou pionniers d'un retour vers moins de possession et plus de réactivité ? Réponse dans les années à venir.

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