samedi 31 mars 2007

Main basse sur le foot français

C’est un coup de tonnerre qu’a déclenché le communiqué de la Ligue annonçant l’octroi des droits de la diffusion des résumés de Ligue 1 et Ligue 2 le dimanche à France Télévision. Avec cette émission, la société nationale, qui possède déjà les droits de la Coupe de France et de la Coupe de la Ligue aura un quasi-monopole sur le Foot National en clair (seul Eurosport conserve un match de Ligue 2, le lundi soir). Il faudra s'habituer à appuyer sur le bouton "2" de sa télécommande le Dimanche matin. Bizarrement, c’est plutôt le manque de combativité de TF1 qui est surprenant. La chaîne privée a baissé son offre (14 millions d’euros) par rapport au montant actuel (alors que France Télévision propose 24,5 millions), sans faire aucun aménagement ni sur l’horaire ni sur le contenu, quand la Ligue grinçait des dents, au vu de la portion congrue allouée à la Ligue 1 dans Téléfoot. En fait, en maintenant malgré tout son magazine hebdomadaire, TF1 va au bout de sa logique : l’abandon de la Ligue 1 au bénéfice de compétitions plus "porteuses" à ses yeux : la ligue des champions, l’équipe de France et les championnats étrangers. Pour les téléspectateurs de l’émission dominicale de TF1, cet aboutissement semble logique tant les compétitions nationales y sont traitées par-dessus la jambe. Au total, le temps consacré à la Ligue 1 + Ligue 2 ne représentait plus que 35-40% de l’émission. Surtout, les extraits de matches de la veille servent de bouche-trou entre les passionnantes séquences sur la Premiership (Episode 12, 13, 14, etc), les interviews de Sydney Govou dans "le monde des bleus" ou la saga de Gonzalo Higuain. TF1 ne laissait vraiment sa place qu’à 1 ou 2 matches par journée (l’affiche). Visiblement, le chaîne privée poursuit une stratégie méthodique qui consiste à dévaloriser la Ligue 1 et le foot national au profit de toutes les autres compétitions. Cette façon de faire s’avérera-t-elle payante ? Certes, la L1 fait parfois rire avec ses passionnants affrontements Lorient-Sedan ou Troyes-Valenciennes mais elle demeure la compétition de référence pour les clubs et les spectateurs tout au long de l'année. Tout le monde se gaussait de Canal en 2004 mais de fait, la chaîne cryptée a gagné son pari : de nouveaux clients en masse, une audience L1 en forte croissance et surtout, la mise à mort de son concurrent TPS, qui lui laisse une marge de manœuvre confortable pour 2008. A un niveau plus local, les stades sont de plus en plus remplis (même si la Ligue déplore leur ancienneté) et les spectateurs sont ravis du spectacle. Est-ce que tout ça vaut 24,5 millions d’euros pour quelques résumés ? Sans doute pas, mais au moins tous les fans d’Ajaccio, Metz et Le Mans pourront voir leur équipe traitée à sa vraie place sans être coincée entre les impressions de William Gallas et le résumé d’Italie-Ecosse. Et ça, ça n’a pas de prix.

Aristotelicien

jeudi 29 mars 2007

2030 : el mundial vuelve a casa

C’était promis, ils l’ont fait. Après un siècle plus ou moins tumultueux et tous les continents visités, le « mundial » de foot rentre à la maison, son premier hôte, l’Uruguay, qui avait gagné cet insigne privilèe en étant champion olympique de la discipline aux jeux de 1924 et 1928. J’ai essayé d’imaginer ce que pourrait être cet événement au vu des tendances lourdes à l’œuvre dans ce sport. Ca pourrait être assez rigolo.

Après la Chine en 2022 et les Emirats en 2026 (joués en plein été dans des stades couverts à air conditionnés), le mundial revient donc à la « casa » avec un retour aux sources de la tradition footballistique. Seize ans que les sud-américains attendaient cela depuis le Brésil en 2014. Simplement, comme l’Uruguay est un petit pays, et que l’événement a réellement pris une ampleur incroyable (64 pays participants à la phase finale, 2 mois de compétition, 45 milliards de téléspectateurs cumulés), seuls le match d’ouverture, ceux de la poule F (où joue le pays organisateur) et la finale se joueront à Montevideo. L’Uruguay partagera donc l’organisation de la compétition avec ses voisins brésilien et argentin. Le Paraguay, un temps évoqué, n’a pas su remplir les normes de sécurité drastique ni n’a pu construire un stade répondant aux exigences du football moderne (pelouse auto-régénératrice, climatisation pour éviter les coups de chaleur, fréquents même pendant l’hiver austral, lasers détecteurs de hors-jeu). Mais qu’importe, comme le dit Samir Nasri, le président de la FIFA (oui, l’ex grand joueur français des années 2010), l’essentiel est que « l’esprit du mondial soit préservé ». La coupe du monde FIFA® a d’ailleurs changé de nom, elle s’appelle maintenant GlobalCup China Telecom®, du nom du platinum sponsor, qui a accepté de verser 5 milliards de Yuan par an pendant les 4 ans qui viennent, simplement pour le droit d’accoler son nom à la compétition la plus fameuse du monde (10 % de cette somme servira d’ailleurs à l’installation de climatisation dans les stades des pays pauvres).

Les spectateurs seront privilégiés puisqu’ils pourront revoir l’ensemble des actions sur les écrans géants 3D HD de l’ensemble des stades. Simplement, il fallait savoir anticiper pour ce bonheur simple (mise en vente aux enchères des billets dès Janvier 2027) et accepter pour les plus passionnés de verser 7 000 euros pour une place en finale.

Comme lors de chaque mondial, quelques innovations ont été apportées aux règles même si l’IFAB se montre elle aussi très respectueuse de l’esprit du sport :
- pendant le temps réglementaire, le nombre de remplaçants reste fixé à 5 mais chaque entraîneur peut procéder à 3 nouveaux changements, si son équipe joue les prolongations.
- après avoir essayé toutes les combinaisons possibles depuis de nombreuses années pour déterminer le vainqueur du match (but en or, but en argent, nombre de cartons rouges, jaunes, etc), la FIFA est revenue aux tirs aux buts.
- des puces émettrices ont été placées dans les chaussures des joueurs afin de déterminer quel est le dernier soulier qui est entré en contact avec le ballon. Cela évite en théorie les contestations en cas de touche ou de corner mais malheureusement le dispositif reste impuissant si le ballon a été touché de la poitrine ou de la tête.
- en revanche, la règle de l’avantage en cours, qui permettait de revenir à l’origine de la faute lorsque l’équipe qui a subi celle-ci ne profite pas de l’avantage a été abandonnée. Cette règle, testée notamment lors de l’Euro 2028, n’a pas convaincu car elle nuisait à la continuité du jeu selon l’IFAB.

Les supporters qui ont décidé de rester dans leur pays d’origine devront puiser dans leur bas de laine ou faire preuve d’ingéniosité. En effet, à l’exception d’une trentaine de pays pauvres (essentiellement en Afrique), la FIFA a concédé à un fonds d’investissement Koweiti, l’exclusivité des droits de la GlobalCup China Telecom® pour 32 milliards de Yuans. Pour la France, Yahoo+ a dû débourser 2,3 milliards d’Euros afin de disposer de l’exclusivité de l’intégralité des matches et ce ticket d'entrée sera répercuté sur ses abonnées. Yahoo+ sera le seul castnet a diffuser la compétition en France à l'exception du consortium indien Omni-TV, qui a racheté France Télévision en 2023 (en dehors des bureaux régionaux de France 3) et qui a racheté les droits pour quelques rencontres du premier tour.

Ces droits ont d’ailleurs été férocement contestés par les opérateurs de téléphonie présents sur le territoire (outre China Telecom France et Orange, on trouve Orascom et la Western European). Finalement, un accord a été trouvé : dans la maison de l’abonné ou à proximité ("home zone"), c’est Yahoo+ qui obtient l’exclusivité. A l’extérieur, ce sont les opérateurs qui se partagent les droits complémentaires (pour 1,2 milliards d’euros). Ce combat est devenu féroce parce qu’avec la 5G, les terminaux mobiles disposent maintenant d’un projecteur 3D HD presqu’aussi performants que les projecteurs de salon. Comme le dit un pore parole de la Western "avec notre techologie, chaque abonné est plongé au coeur des rencontres". Un plaisir à 12 € par match, tout de même.

Au vu du coût des droits, Yahoo+ s’est donc vu contraint d’augmenter le prix de l’abonnement mensuels à 120 €. Outre les droits versés Omni-TV, Yahoo+ s’est vu obligé d’insérer de la publicité dans ses retransmissions pour assurer l'équilibre financeir de l'opération. Celle-ci est d’ailleurs perçue comme peu intrusive par les abonnés car elle est personnalisée et les téléspectateurs peuvent à tout moment éliminer ces inserts par un cimple geste de la main, prétend un porte-parole du castnet. Néanmoins, la société a apparemment franchi un peu les limites du raisonnable en matière de financement : même le liveforum, normalement gratuit pendant les matches de la French League China Telecom est payant. Publier un post ou chatter avec d’autres passionnés coûtera 5 € par rencontre. Comme le dit Maxime Adaas, le président de Yahoo+, "la Global Cup China Telecom® 2030 n’est pas rentable en tant que telle mais c’est un formidable vecteur d’image".

Pour les non abonnés ou ceux qui refusent la hausse des prix, peu de solution à part les bars ou les restaurants. On raconte qu’une bande de hackers promet de mettre en ligne un exécutable permettant de prendre le contrôle du flux 3D HD crypté mais rien n’est moins sûr au vu de l’armée de cyber gorilles que Yahoo+ a embauché pour l’occasion.

Les victimes les plus emblématiques de cette guerre des droits sont les uruguayens eux-mêmes. Le pays a tellement investi en infrastructure pour répondre aux exigences de la FIFA que les télévisions locales n’ont pas pu surenchérir sur l’offre de l’opérateur satellite Latino Bird qui diffuse sur tous le continent. A 200 € par mois pendant la période plus l’équipement, peu d’uruguayens pourront donc suivre la compétition sur leur téléviseur à moins de passer la frontière pour suivre les matches en Argentine.

Au niveau des équipes qualifiées, on note la première participation du Kazakhstan, du Kosovo et de Dubaï. La qualification de Dubaï a beaucoup fait jaser car certains disent que l’émirat attire beaucoup de joueurs naturalisés dans ses équipes (6 originaire du brésil, 3 argentins, 7 africains, 3 européens et 1 asiatique sur un contingent de 30 joueurs). Cependant, cette tendance touche aujourd’hui toutes les équipes et l'institut Globe Sport a calculé qu’en moyenne, chaque équipe du mundial fait appel à 7 joueurs nés à l’étranger.

Les phases finales ont opposé les équipes européennes à leurs homologues latino-américaines. Seul le Cameroun s'est glissé dans ce cénacle et a atteint les quarts de finale. A noter que l’Argentine s’est débarrassée de la Chine à l’occasion d’un match extrêmement houleux en huitième pendant lequel les Chinois ont hérité de 2 penalties. Mais les argentins ont su revenir avec leur grinta habituelle, soutenus par tout un peuple. En prolongation, c’est le jeune Mascherazzi qui marqué d’une tête plongeante devant les pleurs de son entraîneur Gonzalo Higuain. La finale a opposé le Brésil à l’Italie. Les auriverde se sont imposés 2 à 1. Ils avaient ouvert la marque après un slalom dans la surface de leur avant-centre Mullerçao et pensaient bien l’emporter quand l’arrière italien Siffredi s’est effondré dans la surface à quelques minutes de la fin et a bénéficié d’un penalty. En prolongation, le Brésil s’est finalement imposé grâce à un coup franc somptueux des 40 mètres de leur phénomène Mazinho. Comme le dit le milieu défensif italien Di Mazzo avec une belle lucidité « on a beau faire des fautes loin du but, ils marquent quand même, ces brésiliens ». Rendez-vous en 2034 pour la prochaine coupe du monde. Celle-ci sera organisée pour la première fois sur plusieurs continents en même temps, le stade de la finale étant déterminé aux enchères ou choisi par le nouveau platinum sponsor. Une fois retenu, celui-ci devra toutefois mettre sur la table 4 milliards de Yuans, s’il veut jouir de ce privilège.

Aristotelicien

mercredi 28 mars 2007

Le bal des maudits (4 et fin)

David Ginola : belle gueule, cheveux mi-longs, patte gauche plus portée vers les gris-gris que vers l’efficacité, tendance frime assumée, Ginola est le branluchon type que vous aimiez haïr. Passé par le Racing et Brest (2 clubs qui ont fait faillite), Ginola se révèle réellement au PSG (oui, il y a des destins comme ça) en 1991. Jusqu’à présent, sa carrière est impeccable et a marqué une progression régulière. Il fera partie de la grande équipe du PSG, championne de France en 1994, celle des années de gloire (Artur Jorge). Déjà parti, quand même, en 1996, quand le PSG remporte sa coupe d’Europe. Après avoir brûlé le torchon par les 2 bouts Avec Luis Fernandez, il a déjà franchi le channel pour échouer à Newcastle, club anglais milieu de gamme. Mais sous l’égide de Kevin Keegan et emmené par les dribbles chaloupés du beau David, le club inconnu du nord tient la vedette. Malheureusement, Newcastle s’écroule dans la dernière ligne droite et M.U est champion pour la 37ème fois. Déçu par le manque de reconnaissance du club, David est embauché par Tottenham, club anglais également moyen mais totalement dépourvu d’ambition à la différence de Newcastle. Trois saisons puis petit passage à Aston Villa et Everton (donc, un échantillon représentatif des losers de Premiership) et David arrête. Mais si en club, David est parfois sorti de la grisaille, c’est bien en équipe de France qu’il a donné toute sa mesure : souvenez-vous un soir de novembre 1993. C’est lui qui adresse ce centre raté qui permet aux Bulgares de remonter tout le terrain et de foutre une patate sous la barre de Lama. Les bulgares iront aux U.S et Papin rameutera les troupes au Guignols ("on finira par pas y aller"). Rarement un joueur (désigné à la vindicte publique par Gérard Houillier) aura constitué le symbole aussi fort d’une génération perdue, celles de Papin-Cantona-Roche-Le Guen-Sauzée. Celle-ci amènera au foot français ses premiers titres européens mais aura été un sacré fiasco en équipe nationale. Notre David, plus porté par l’individualisme et les contrôles orientés que par la solide tactique et la glorification du collectif mise en place par Aimé Jacquet sera à jamais banni. Il regardera l’Euro 1996 et la Coupe du Monde 1998 devant sa télé. Le temps d’admirer un autre artiste, ZZ, emmener les bleus jusqu’au sacre. Mais quand on fait des pubs pour cosmétique, ou de façon plus noble, quand on est le sybole d'une campagne contre les mines anti-personnel (grâce à un double contact droite-gauche), a-t-on encore du temps à consacrer à regarder les bleus sur le petit écran ?

Aristotelicien

mardi 27 mars 2007

Le bal des maudits (3)


Zico : le "pelé blanc" possède la réputation d’être le meilleur joueur de tous les temps à n’avoir jamais gagné une coupe du monde. Certes, cet élégant N°10, doué à la fois pour organiser le jeu car avec sa vista sans égale, est surtout connu pour avoir marqué dans toutes les positions possibles avec toutes les parties du corps autorisées (dont les 2 pieds). Malheureusement, tous ses talents se purent résister à des choix de carrière médiocres et une fragilité dans les moments importants. Même s'il a connu un franc succès dans le championnat brésilien (4 fois champion avec son club de Flamengo) il ne parvint pas à réitérer son succès local à l'étranger. Il fut transféré à l’Udinese entre 1983 et 1985 mais échoua pour le titre de meilleur buteur face à Michel Platini et ne remporta aucun titre.
Mais les moments clé pour Zico, son chemin de croix, fut les coupes du monde. Aucune de gagnée, aucune finale : un désastre. Surtout, si l’on observe les conditions des éliminations.
- 1978 : la qualification pour la finale se jouait en poule de 4. Le Brésil semblait sur de lui après ses 2 victoires face au Pérou et à la Pologne. Mais il ne put se défaire de l’Argentine (0-0) et celle-ci battit le Pérou 6 – 0 dans l’ultime match, privant la Seleçao de finale au goal-average (cette rencontre a d’ailleurs fait l’objet d’une controverse animée même si les intéressés ont toujours nié). Zico ne marqua qu’un but sur penalty… Il ne sait pas encore que ce sera son meilleur mundial.
1982 : « l’une des meilleures équipes brésiliennes de tout les temps » (donc, en fait à chaque coupe du monde) tombe en ¼ de finale face à l’Italie de Paolo Rossi. Ce matche symbolise pour les brésiliens « le talent face à la tactique ». Il montre surtout que la défense brésilienne est encore une fois à côté de ses pompes. Sur les 3 buts, Rossi se retrouve 2 fois seul face au gardien et le 3ème est issu d’une interception à 40 mètres. Zico met une merveille d’extérieur à Socrates pour le premier but brésilien mais c’est du banc qu’il assistera à la défaite des siens.
1986 : On reprend la « meilleure équipe brésilienne de tous les temps » à laquelle on ajoute quelques années et l’on recommence. Les brésiliens se baladent tranquillement dans leur poule avant de faire taire les quelques critiques grâce à retentissant 4-0 face à la Pologne en 1/8ème de finale. En quart, ils se retrouvent face à la France (qui n’est pas encore leur pire ennemi). Les français jouent en passes courtes alors que les brésiliens font parler leur explosivité avec leurs 2 pointes Careca et Muller. Les auriverde vont rapidement prendre la direction des opérations (but de Careca) mais les français ne s’en laissent pas compter et égalisent grâce à un but de Platini avant la mi-temps. Les brésiliens auront les occasions les plus nettes durant la seconde mi-temps, surtout après l’entrée en jeu de Zico. Sur son premier ballon, celui-ci adresse un amour de passe de l’extérieur du pied (une manie, décidément)à Branco de 35m, paf, celui-ci est fauché par Joël Bats. Dans une scène devenue célèbre, les brésiliens se congratulent dès le coup de sifflet. Zico est préposé et... Bats arrête, les brésiliens loupant même la reprise. Durant les 15 minutes qui restent à jouer, Zico est partout, à la baguette pour l’inévitable Careca ou à la conclusion d’un centre de la tête à 5m du but. Bats, qui a brûlé un cierge sur le Christ du Corcovao stoppe encore. La séance de penalty qui s’annonce est restée dans les mémoires. Bellone marque (après poteau rentrant sur le gardien), Socrates manque, Platoche manque, Luis marque (Zico aussi) et les français sont en demi. Décidément, il était écrit que Zico échouerait au Mundial… Le reste, une fin de carrière dans un club japonais, un part-time job au ministère des sports brésilien est une simple anecdote. Zico est coach aujourd’hui (Fenehrbaçe, tiens, comme notre Nico) : on lui souhaite plus de réussite qu’en tant que joueur.

Demain, dernier maudit : David Ginola.

Aristotelicien

lundi 26 mars 2007

Le bal des maudits (2)

A la façon du rock qui a engendré des générations de grands musiciens dont le talent s’est dissout dans le drogue ou l’insuccès, le joueur « maudit » constitue une figure emblématique du football. Il en existe évidemment de plusieurs sortes mais tous ont en commun plusieurs caractéristiques :

- être surdoué. Jamais un tâcheron à la Deschamps ou à la Makélélé ne seront des maudits, il faut savoir caresser le ballon avec affection (de préférence du pied gauche), ondoyer dans les défenses à la façon d’Ingmar Stenmark ou « inventer un geste », comme Ronaldinho,
- faire des choix de carrière bizarres, voire incompréhensibles pour des joueurs de ce calibre. Choisir des clubs médiocres ou en plein marasme et s’enfoncer à chaque fois que l’on prétend « rebondir »,
- avoir un côté sale gosse : s’engueuler avec ses co-équipiers, le sélectionneur national, s’attirer la haine des supporters par quelques déclarations fracassantes, flamber de façon provocante particulièrement en période de disette pour le club qui l’emploie. Se laisser aller à quelques gestes déplacés lors de matches télévisés.
- rater de façon grossière quelques occasions dans des matches clé ou perdre le ballon bêtement à quelques minutes de la fin face à des adversaires plus en verve, qui vont l’utiliser à bon escient. Ce genre de geste permet d’éviter que le joueur maudit ne se construise un palmarès, ce qui le transformerait en joueur talentueux normal.

Parmi tous les maudits de l’histoire, j’en retiendrai 3 : Zico, David Ginola, Alvaro Recoba
Alvaro Recoba : pas forcément très connu, l’uruguayen possède un toucher de balle et une frappe qui font de lui l’un des plus grands marqueurs de coup franc de l’histoire. Malheureusement, issu d’un petit pays et d’une volonté de travailler déficiente, il est totalement passé à côté d’une grande carrière en club et il n’est jamais parvenu à rendre à son pays ses lustres d’antan. Pourtant, tout avait bien commencé pour le natif de Montevideo. En 1993, il fait ses débuts dans un club local, Danubio, avant d’être transféré au Nacional en 1996, l’un des 2 plus grands clubs du pays. Un an après, il est acheté par l’Inter de Milan. Il semble désormais promis à une grande carrière surtout que, dès son premier match, alors qu’il rentre en cours de jeu, il marque 2 fois dans la lucarne ce qui permet à son équipe de battre Brescia (2-1). Pourtant, Alvaro va échouer à s’imposer. Prêté à Venise, il marque 11 buts et évite la relégation à ce club. De retour à Milan 6 mois après, les choses ne vont pas s’améliorer pour l’uruguayen. Ayant acquis la nationalité italienne en 1999, il sera condamné pour une affaire de faux passeport (celui de ses ancêtres) à un an de suspension. En outre, ces années là sont les moins productives en termes de titre pour le grand club italien. Celui-ci finira par être champion en 2006 suite au déclassement de l’Inter et de la Juve. Aujourd’hui, alors que l’Inter fait une saison d’une classe inédite, Recoba ne joue plus : 5 apparitions. Au sein de la "Celeste", Recoba n’eut pas plus de réussite. Absent en 1995, lors de la dernière victoire de l’Uruguay en Copa America, il ne parvint pas à faire passer le premier tour à l’Uruguay en 2002. Incapable de battre Barthez, alors que l’équipe de France fut réduite à 10, dès la 17ème minute (il déclara à l'issue du match "Barthez a tout arrêté"). Il marqua ensuite face au Sénégal mais ce fut insuffisant pur qualifier la Celeste. Cependant le grand moment de la carrière de maudit reste les qualifications Weldmeisterschaft 2005. Recoba permit à son pays d’arracher la 5ème place du continent sud-américain en inscrivant un but qui permit de battre le grand voisin argentin. Le match de barrage face au Socceroos australiens devait être une formalité ("l'Uruguay possède un droit divin à être présent à la coupe du monde") mais se passa mal pour l’Uruguay et Recoba, qui, lors du match retour envoya la balle 1 m dehors après une action spectaculaire, seul face au gardien. Sorti en cours de match, Recoba aura au moins la satisfaction de ne pas rater un penalty dans l’éprouvante séance qui élimina l’Uruguay. Aujourd’hui trop vieux (31 ans) pour espérer quoi que ce soit en sélection nationale, Recoba cherche à changer de club. Le PSG peut-être ?

Demain, les autre maudits

Aristotelicien

dimanche 25 mars 2007

Le bal des maudits du foot (épisode 1 : Nicolas Anelka)

Le 24/03, donc, la France a battu l’immense équipe de Lituanie par 1 à 0, sur un but de Nicolas Anelka. Ce coup d’éclat, éclair assez isolé au sein d’une équipe de France amoindrie et sans idée, est révélateur d’un joueur qui a toujours brillé dans les petits matches face aux petites équipes, face aux grandes dans les matches amicaux et qui détient plus de records au Playstation hall of fame que de titres de pichichi dans tous les championnats d'Europe.

Pourtant, Anelka est bien un attaquant racé, puissant, possédant un physique, une explosivité et un sens du but à faire pâlir Louis Saha. Malheureusement, de mauvais conseils, des choix de carrière très contestables et un caractère de cochon l’ont clairement empêché d’accumuler les trophées. Qu’on en juge :
- à 18 ans, il quitte Paris, son club formateur, pour Arsenal où il va exploser pendant 3 saisons, plantant 23 buts. A la même période (1999), la France humilie l’Angleterre chez elle à Wembley sur 2 buts d’Anelka. On lui façonne une image de star mais un premier choix de carrière malencontreux (mais rémunérateur) va lui faire quitter Wenger pour l’écurie dorée du Real. Las, de Madrid il ne connaîtra que les bancs de touche, s’en levant de temps en temps en cours de rencontre, dont une fois en demi-finale de la ligue des champions où il renvoie le Bayern de Munich à sa bavière. Malheureusement, il suivra la finale victorieuse du banc de touche. Entre mauvais comportement et temps de jeu réduit, il décide de revenir au PSG.
- Là, c’est le quotidien du club parisien qui l’attend entre début de saison riche en espoirs, puis en déceptions, arrivée d’un nouvel entraîneur (c’est Luis Fernandez), et enfin prêt (à Liverpool) et transfert (à Manchester City). C’est l’époque des pubs Danette et de sa voiture recouverte de crème dessert par de facétieux supporters mécontents de ses prestations.
- A City, Nicolas semble avoir trouvé un club à sa mesure : médiocre souvent, brillant par séquence. Il le quittera avec fracas en 2005, après 3 saisons, pour… Fenerbahçe. Un choix étonnant, qui en dit long sur la pertinence des conseils de son entourage.
- Nico remporte quand même un championnat de Turquie mais il en vite marre et décide de retourner en Angleterre, les Bolton Wanderers, toujours une équipe du ventre mou de la Premiership. Mais au moins, Nicolas joue et marque (9 fois à ce jour, il est le meilleur scorer du club). Et ranime l’intérêt de Raymond Domenech. Peut-on envisager au moins jusqu’à l’Euro 2008, une carrière qui redécolle : des Wanderers qualifiés pour la Ligue des Champions (ils sont actuellement 5ème), un Nico en état de grâce qui amène l’équipe de France jusqu’en finale (face à l’Italie) et qui, après un magnifique une-deux avec Thierry Henry, tout juste remis de blessure, élimine Materazzi (qui se casse la jambe dans l’action), et humilie Buffon d’une pichenette dans la lucarne. But, victoire, c’est le titre, c’est la gloire.

Las, il est fort probable qu’après le retour en forme des attaquants habituels de l’équipe nationale, Nicolas se brouille avec le sélectionneur, signe pour un club grec ou ukrainien à la fin de saison, déçu par les propositions de Bolton et agacé par les remarques de ses co-équipiers sur la couleur de son coupé.

Mais ce n’est pas grave : il reviendra en 2009, gonflé à bloc pour les éliminatoires de la CM 2010 et mettra un but splendide en Estonie ou en Islande pour aider encore l’équipe de France.

Demain, les autres invités du bal des maudits.

Aristotelicien

vendredi 23 mars 2007

Faut-il sauver le soldat PSG ?

D’habitude, les mauvais résultats du PSG font plutôt se gausser le peuple du Foot. Voilà un exemple de la France d’en haut qui se vautre lamentablement dans son recrutement, sa gestion, son organisation et finalement, ses résultats. Que du bonheur. Pour peu qu’en sus de ses déboires en Ligue 1, le club de la capitale se fasse sortir par Clermont Foot en Coupe de France et notre beau pays, qui n’aime rien tant que les sans-grades et les sans-culottes, surtout quand ça ne prête à aucune conséquence, bruisse littéralement de bonheur. Cette saison, riche en mauvais résultats dans toutes les compétitions, en matches médiocres et en faits divers d’une tristesse insondable (avec mort d’homme, quand même), ravissait donc les plus blasés. C’est que même si le fric domine depuis longtemps la planète foot (genre 8 plus gros budgets d’Europe = tableau des ¼ de finale de la Ligue des Champions), rien de plus flatteur pour notre égalitarisme que de voir un puissant à terre.

Pour les 4 derniers supporters du PSG (6, depuis l’arrivée de Paul Le Guen), donc, rien à faire, sinon aller au Parc et espérer le réveil de Pauleta, un coup franc dans la lucarne de Rothen ou un joli tacle glissé de Mendy (sur le ballon, le tacle). Aucune alternative sinon encaisser en silence les quolibets de tous : marseillais, lensois, beaux esprits, bien-pensants, anti-footeux, femmes, LICRA, guignols, … Bref, de quoi vous donner envie, des fois, de rejoindre les Boulogne Boys pour aller haïr en paix le reste de la planète.

Et puis, brutalement, depuis que l’équipe de la capitale, s’est incrustée à une belle 19ème place, les « mouches changent d’âne » et les beaux esprits susnommés se mettent à déplorer la descente prévisible du club haï, « au nom de l’intérêt du football français ». C’est que tout le monde a fait ses comptes. Paris, en tant que club unique de l’élite francilienne (soit un bassin de supporters potentiels de 10,4 millions d’habitants) est la première audience de la France du Football. Le PSG est le club le plus diffusé par Canal+ (plus que l'OM ou l'OL). A titre, d’exemple, le dernier OM/PSG a rassemblé 2,3 millions de téléspectateurs, soit 45% des abonnés de la chaîne cryptée. Si l’on ajoute les diffusions en Coupe de France, Coupe de la Ligue, Coupe de l’UEFA + TeleFoot, il est difficile de trouver une chaîne (de TF1 à Paris Première) qui ne trouve pas son compte à la présence du PSG au sein de l’élite. Et puis, pas de bol, cette saison correspond justement au lancement de l’appel d’offre pour la diffusion du championnat de France pour la période 2008-2011. Canal+, qui a perdu avec le rachat de TPS, une bonne raison de surenchérir, va pouvoir consacrer tout son argent aux exclus de Desperate Housewives, Saison 4 ou du championnat du monde WBFAXT, catégorie Super Walter. Bref, quand Aulas déclare « pour le Football Français, il est indispensable que le PSG reste en Ligue 1 », il n’est pas uniquement dans le domaine de l’affrontement symbolique.

Le pire, c’est que le monde du football étant petit, il n’est pas du tout impossible que cette trouille des dirigeants et des financiers n’affecte pas le corps arbitral. Insidieusement, bien sûr. La corruption, tout comme le dopage, est réservé aux autres. On pourrait ainsi de nouveau mettre en avant la « malchance » du PSG depuis le début de saison où les aléas des décisions d’arbitrage avaient « défavorisé » l’équipe de la capitale (les tirages de maillot de Yepes punis de penalties, Cissé impuni, Frau condamné à perpet, …). Tout cela méritant « compensation » bien sûr. Et puis, pour l’intérêt du championnat…

Et bien, moi, je dis non. J’ai beau soutenir le PSG de tout mon cœur, j’aime trop ce club pour le voir sauvé autrement que par ses mérites propres. Si le foot reste beau, en dépit de l’argent qui y coule, des schémas tactiques dignes du jeu d’échec, de ses supporters racistes et bornés, c’est justement grâce à ça : un gamin des favelas ou un club d’une petite cité du nord de la France peuvent humilier les riches et les puissants. Une bande de tocards décriée peut se prendre, l’espace d’une douce soirée d’été, pour les dieux de l’Olympe, et même les français peuvent gagner une grande compet’ face aux armadas d'Amérique Latine ou d'outre-Rhin. Alors, non, le PSG n’aura pas de traitement de faveur, il vaincra en héros face à Nantes ou Lorient ou mourra en brave…avant d’ajouter peut-être, dès la saison prochaine, une ligne à son glorieux palmarès, celle de champion de L2 !

Aristotelicien

jeudi 22 mars 2007

La meilleure attaque, c’est la défense (2)

Résumons nous donc : le football d’antan porté vers l’attaque et dénué de considérations tactiques donnait libre cours au jeu et aux artistes. Le temps qui passe s’est traduit par un appauvrissement du spectacle et du nombre de buts marqués et possède au moins 3 causes :
- les immenses progrès techniques et tactiques des défenseurs et du gardien. Finie l’époque où l’on mettait les buses derrière et dans les cages. Aujourd’hui les défenseurs sont à la fois physique, vicieux (afin d’éviter les cartons) et ont travaillé un sens du placement qui met souvent les attaquants en défaut (mise hors-jeu, isolement d’un attaquant sur le côté, interception des trajectoires, fautes à 50m du but pour bloquer les surnombres).
- la notion de bloc équipe : aujourd’hui, une équipe défend complètement, depuis les attaquants qui harcèlent la relance, jusqu’au gardien qui monte assez haut afin d’intercepter les longs ballons par-dessus. Les milieux défensifs, nouveaux héros de ce football moderne (à la Gattuso ou Deschamps), parcourent sans trêve des kilomètres, viennent prêter main forte aux défenseurs, interceptent, bloquent, relancent. L’espace a disparu sauf, donc, lors d’interceptions promptement jouées.
- la peur de perdre par opposition à celle de ne pas gagner. Sanction immédiate, valse des entraîneurs : les équipes, à moins d’être menées à 20 minutes de la fin ne vont pas risquer le tout pour le tout face à des forteresses difficiles à prendre.

L’International Football Association Board (IFAB), qui administre les « lois du jeu » n'est pas restée les bras croisées :
- elle a d’abord eu pour objectif de protéger les attaquants en accroissant la sévérité des sanctions : apparition des cartons (1970 !), puis durcissement des règles concernant les expulsions, parfois directes, pour brutalité.
- elle a depuis peu cherché à valoriser davantage la victoire : 3 points contre 1 au match nul, victoire directe qui prévaut en phase de poule sur le goal-average, etc.
- enfin, elle cherche à rendre les dispositifs tactiques défensifs, notamment le hors-jeu, plus complexe (rappel insistant de la règle d’avantage pour l’attaquant en cas de doute, fin du hors-jeu passif, règle de la même ligne, etc).

Tout cela n’a eu que peu d’influence sur la beauté du jeu même si ces règles ont eu le mérite de sauver quelques tibias. Cependant, les défenseurs se sont simplement adaptés : fautes plus bénignes –et plus lointaines- qui bloquent le jeu sans risque.

A noter que cette fameuse IFAB, le gardien du temple des règles du football, est connu pour son conservatisme. Composée d’1 membre de chaque fédération britannique et de 4 membres de la FIFA (depuis 1958), cette instance est particulièrement peu représentative et vise surtout à protéger la simplicité des règles. Elle se montre particulièrement réticente à adapter des dispositions qui ont fait leur preuve dans d’autres sports, comme la vidéo. Par rapport à son cousin rugby, dont l’objet est de sauvegarder l’esprit de ce sport (faire vivre le ballon tout en protégeant les joueurs), il s’attache à défendre les sacro-saintes 17 règles à la façon d’un Ayatollah condamnant une version alternative du coran. Et cela même quand l’une d’entre elles est détournée de son objet initial.

Comme on ne peut pas désapprendre à jouer aux défenseurs ou interdire la préparation physique aux milieux récupérateurs, je propose donc d’appliquer les quelques règles suivantes, qui, je l’espère, pourront améliorer l’esprit et la réussite offensive des équipes qui attaquent :
- mener comme au basket une politique de recensement des fautes : 5 fautes pour un joueur, carton jaune, 10 fautes, (c’est exceptionnel quand même), carton rouge. Bien sûr, ces cartons se cumulent aux autres pris normalement dans le jeu. Chaque équipe dispose également d’un quota de fautes (25, 30) au-delà duquel chaque faute commise est l’objet d’un carton pour le joueur fautif. Cela ferait une page de plus dans l'Equipe du Dimanche (en hausse, en baisse).
- recours de la vidéo, évidemment, pour détecter les ballons qui franchissent la ligne de but (en attendant les ballons traceurs technos actuellement en test)
- retour à la source du hors-jeu : éviter qu’un attaquant se plante devant les buts adverses. Un joueur est hors-jeu dès lors qu’il est nettement devant le dernier défenseur. Toute volonté de « jouer le hors-jeu » en avançant au moment de la passe remet automatiquement en jeu TOUS les attaquants adverses.
- suppression de la règle du hors-jeu sur coup franc.
- importation de la règle de l’avantage rugbystique. L’arbitre laisse jouer tant que l’avantage profite à l’équipe qui attaque. Si celle-ci perd la ballon, retour à l’origine de la faute.

Bien entendu, tout cela ne transformera pas d’un coup de baguette magique les tâcherons surentraînés en ballerines des terrains mais devrait aider à revenir aux sources du foot : s’amuser en essayant de mettre le plus de cacahuètes possibles dans le but adverse.

Aristotelicien

mercredi 21 mars 2007

La meilleure attaque, c'est la défense

La dernière journée de championnat a mis en lumière un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur au fur et à mesure des saisons : l’impossibilité chronique pour une équipe qui domine de planter un but et la facilité déconcertante avec laquelle il est aisé d’en mettre en contre. La 29ème journée en a offert une illustration parfaite :
- Lille / Le Mans : les manceaux, « bien regroupés » derrière, ont battu de frêles dogues 2 à 0.
- Sedan / Bordeaux : l’équipe girondine, « opportuniste », a mené en première mi-temps avant de se faire rejoindre à cause d’une mésentente entre Jurietti et Ramé : 1 à 1
- Nancy / Lyon, après avoir été maltraité, Lyon a retrouvé son « réalisme de champion » grâce à un premier but (du genou) de Baros avant d’asseoir son succès dans le dernier quart d’heure (0-3)
- Monaco / Nantes : 2 actions, 2 buts : c’est le réalisme à la monégasque a permis à l’équipe du rocher de gagner face à des nantais entreprenants (2-1)
- Rennes – PSG : Gallardo glisse et le PSG apprend à ses dépens 10 secondes plus tard que Briant (Jimmy) saute plus haut que Mendy (Bernard) : 1-0.

Bien entendu, aucune journée de L1 ne serait complète sans son score clasico, le 0-0 (Valenciennes – Lorient) ni, même, son joli match Sochaux – Toulouse (4-2), grâce à Grax. Certes, le foot est justement beau à cause de cette glorieuse incertitude où une équipe surdominée, peut l’emporter grâce à la main de dieu ou, de façon moins mystique, à un bon corner bien frappé pour une tête bien placée.

Cependant, en France, on obtient le contraire aujourd’hui, les équipes dominatrices ne l’emportent JAMAIS, à moins de s’appeler Lyon ou par période des équipes comme Lens, Marseille ou Sedan. Sedan, justement est un bon exemple : selon le jugement des observateurs les hommes de Pasqualetti forment une équipe volontaire au jeu ambitieux et porté vers l’offensive (troisième attaque de Ligue 1). Résultat, patatras, les sangliers sont derniers même s’il est probable que les Job, Pujol & Co n’aient pas trop de souci à se recaser. La raison n’est pas évidente. Et pourtant, elle forme le paroxysme du football tactique d’aujourd’hui, l’apothéose d’un monde où la médiocrité s’est bardée de sérieux tactique et où les exploits des attaquants se font rares.

Cette rapide histoire du foot devrait aider à comprendre :
- au début des temps, donc, quand les footballeurs disputaient encore leur match sous le regard des derniers dinosaures : les équipes jouaient en 2-3-5 (pas en 5-3-2). L’objectif était de marquer plus que l’adversaire. On mettait les mauvais joueurs derrière et les gardiens mesuraient 1 m 70. Bref, ça faisait des chouettes matches où les scores à plus de 5 buts n’étaients pas rares. Les buteurs de l’époque s’appelaient Thadée Cisowsky (33 buts dans le championnat 56 -57, à 18 clubs), Just Fontaine, Roger Piantoni. Reims remporta le championnat 1959-1960 en marquant 109 buts. A ma connaissance, c’est le record absolu.
- les choses commencèrent à se gâter dans les années 80. Les clubs français mirent très longtemps à se mettre au diapason des autres pays européens, qui avaient érigé plusieurs principes pour leur permettre d’être plus compétitif. D’une part, les défenseurs, avaient vu leur nombre et leur niveau accru (W-M puis 4-4-2). En outre, les équipes adaptaient leur tactique et leur placement sur le terrain en fonction du score. Un avantage 1-0 était défendu avec acharnement. Un acharnement même limite, avant que la FIFA effrayée par le traitement réservé aux artiste brésiliens en 1966 ne commence à durcir les règles En outre, la préparation physique faisait des progrès de géants et les joueurs, notamment au milieu de terrain, couraient des distances devenues phénoménales, de la 1ère à la 90ème minute privant les attaquants adverses d’espace pendant tout le match. Dans ces années là, la moyenne des buts marqués par le champion devint inférieure à 70 buts, le pichichi baisse à moins de 30 buts (Delio Omnis, Jules Bocande), puis moins de 20 (Stéphane Zénier, JPP).
- Aujourd’hui : où en est-on ? Le nombre de buts a encore diminué. Lyon se mantient régulièrement au-dessus de la ligne de flottaison des 60 mais il est en général le seul. Les autres clubs oscillent entre 50 et 30. Les meilleurs buteurs tournent autour de 20 (Frei, Pauleta, Cissé) mais plus par isolement (on joue en général avec 1 attaquant de pointe, qui plante en contre que par un jeu porté vers l’offensive).
Bref, que faire ?

Après la nalyse, demain les mesures courageuses à prendre.

Aristotelicien

Après avoir voté non au référendum, les clubs français disent non à l'Europe


En dépit d’un match courageux à Lisbonne et d’une partie jouée sur un coup de dé, le PSG s’est donc incliné et quitte la coupe de l’UEFA sans trop de regrets, prêt à se consacrer à son objectif : le maintien. Pourtant, le verdict global est sans appel : aucun club français ne sera qualifié pour les ¼ de finale d’une coupe d’Europe cette année, pour la première fois depuis longtemps, éliminés par des clubs issus d’une nation puissante, comme l’Ukraine, le Portugal ou la République Tchèque. On ne peut pourtant pas dire que cette année (malgré l’exception parisienne), les clubs français présents étaient des billes. Tous de L1 et pas des plus mauvais : Lens, second, Marseille, Bordeaux, Auxerre… Après l’échec de Lyon et de Lille en coupe des champions, le foot français serait-il en fin de cycle : capable le temps d’un été de mobiliser des stars vieillissantes pour une glorieuse tournée d’adieux mais inapte à injecter du sang neuf dans leur championnat. Cette perte de statut est d’autant plus inquiétante qu’aujourd’hui les clubs nationaux, longtemps pleurnichards vis-à-vis des pouvoirs publics : trop d’impôts, mon bon monsieur, pas assez d’argent, a vu ses principaux rêves exaucés en quelques années :
- 30% des revenus des footballeurs sont désormais considérés comme des droits d’image (14/10/2004) et donc exempts de charges sociales.
- la guerre des droits télé aboutit à une bonne solution pour les clubs : la L1 touche 430 millions d’euros (sans compter les autres compétitions comme la coupe de la Ligue, Coupe de France et les compétitions internationales). Les autres revenus : sponsoring, autres diffuseurs (Téléphonie Mobile), etc ajoutent des somme rondelettes à ce total déjà croustillant.
- enfin, le statut des clubs de foot, un peu particulier jusqu’à présent (les SAOS) a fini par se craqueler suite à la pression de Bruxelles et à admettre sans révolution l’OL en Bourse.

Désormais, plus trop d’excuse, si les clubs français offrent un pauvre spectacle et se font sortir de l’UEFA par des buses, ils sont les seuls coupables et c’est bien ce qui fait peur. Car désormais, on pourra donc benoîtement clouer au pilori les Seydoux, Aulas et Triaud en cas d’élimination précoce. Donc, au vu des résultats, on peut commencer à tailler les troncs d’arbre.
Halte là, crient les plus farouches : les clubs français souffrent de 2 tares. D’une part, les ventes de produits dérivés (les maillots OL, les chaussures Cissé, les porte-clés ASSE) devraient représenter une part beaucoup plus importante du budget des clubs. D’autre part, si la France était un pays « normal », c'est-à-dire dense et urbain, Paris devrait posséder au moins 4 clubs en L1 (le PSG, Champ de Mars Rangers, le club de l’Arsenal et West Nanterre Albion), Lyon et Marseille, 2 (Jeunesse de Lyon et Athlétique de Marseille). Quant aux gentils clubs de Sedan, Auxerre ou Lorient, un peu de division inférieure ne leur ferait pas de mal. Seulement, on peut renverser le raisonnement : à cause de la faible concurrence, les clubs des grandes villes devraient vendre leurs bimbeloterie comme des petits pains, écraser le championnat et porter bien haut les couleurs de la nation en coupe d’Europe.
La conclusion est donc simple : dans notre beau pays, soit les dirigeants sont des nuls, soit les entraîneurs sont des brelles, soit les joueurs sont surcotés, soit les supporters sont des avares. Je préfère la première solution. En tout cas, la France semble bien partie, en dépit de moyens accrus, pour demeurer en seconde division du foot européen, derrière l’Angleterre, l’Espagne et l’Italie, à se battre avec l’Allemagne.

Aristotelicien

mardi 20 mars 2007

La surcharge des calendriers (3)

Après avoir dressé un bilan sans complaisance des conséquences de la "surcharge des calendriers", je voudrais proposer ici un plan d’action pragmatique adressé aux candidats à l’élection présidentielle pour traiter ce problème qui, à mon sens, n’a pas la place qu’il mérite dans les programmes au détriment du chômage, de la dette, des retraites ou du ministère de l’immigration et de l’identité française. Cette vision programmatique pourra être imposée à une ligue de foot réticente, passée depuis longtemps aux puissances de l’argent.

1°) Garantir un délai minimum d’au moins 3 jours entre 2 matches. Si le second match est un match européen, passer ce délai à 4.

2°) Imposer une trêve hivernale d’au moins 4 semaines. De toute façon, l’hiver, les terrains sont pourris, la forme des équipes amoindrie et le spectacle lamentable.

3°) Supprimer sans trembler la coupe de la Ligue. De toute façon, à part France Télévision, qui a acheté les droits, cette coupe n’intéresse pas grand monde. Un comble : l’argent des contribuables sert à financer cette compétition nulle, dédiée au financement, sans réel intérêt sportif. Un coup plus vicieux, si cette affaire de droits télé s’avère inextricable, serait de supprimer la place qualificative en coupe de l’UEFA pour le vainqueur de façon à rétablir le 5ème du championnat dans ses droits. On verrait ainsi s’affronter les équipes réserves des grands clubs sous les caméras de télé : spectacle aussi inintéressant que l’original mais indolore pour les muscles de nos stars.

4°) Profitez de l’élection de Platini pour revoir la formule de la ligue des champions. Revenir à une élimination directe ou qualifier pour le tour suivant uniquement le 1er des groupes de qualification.

5°) Passer à un championnat d’élite à 18 clubs.

J’ai conscience que ces propositions vont très très loin et qu’elles nécessitent un courage politique hors du commun. Afin de tester celles-ci, je les ai soumises aux principaux candidats par e-mail. Voici leurs réponses :

Mme Ségolène Royal : Je propose une véritable démocratie participative dans le football. Tout le monde : joueurs, supporters, dirigeants, arbitres auraient ainsi voix au chapitre dans le cadre des excès que vous dénoncez. J’ai confiance dans la formidable capacité du peuple français-et de ses enfants- à trouver une solution à ce grave problème.

Mr François Bayrou : Les français en ont assez de la bipolarisation de la vie footballistique. Joueurs contre Dirigeants, petits club contre grand club. Je propose une ligue d’union nationale qui prendrait comme mesure immédiate le recrutement supplémentaire de 2 joueurs totalement exemptés de droits d’image.

M. Nicolas Sarkozy : Je propose la création d’un grand ministère de l’identité du football français. Ce nouveau ministère aurait tout pouvoir pour établir un calendrier et un rythme conforme au génie national français.

M. Jean-Marie Le Pen : Je propose d’appliquer la préférence nationale pour tous les recrutements, la sélection en équipe première et les primes de match. Ainsi, les africains ne pourraient jouer qu’à la condition qu’ils aiment leur club, qu’ils leur fassent allégeance dans un serment et qu’ils ne prennent pas la place d’un joueur français.

Mme Arlette Laguiller : footballeur, footballeuse, on vous spolie, on vous ment. Les dirigeants des plus gros clubs français et de la ligue accumulent des profits fabuleux et votre niveau de vie s’est dévalorisé suite à la hausse vertigineuse du prix des coupés Mercedes et BM. De plus, la pénibilité des tâches s’est trouvée renforcée par suite de la pression du chômage, qui atteint des niveaux incroyables. C'est pour permettre aux footballeurs d’améliorer leur existence que je me présente à cette élection.

Bonne lecture et votez bien !

Aristotelicien

La surcharge des calendriers (2)

(suite de l'article précédent)

Allemagne : L’Allemagne est sans doute le cas le plus éclairant : le plus gros fournisseur de contingent de la Mannschaft (Kahn, Lahm, Schweinsteger, Podolski) et d’internationaux (Sagnol, Lucio), le Bayern Munich se traîne à la cinquième place, lui qui en général se balade, « à la Lyonnaise » chez nos voisins d'outre-Rhin. Inversement, Schalke04, le brillant leader qui éclabousse le championnat allemand de toute sa classe comporte une jolie brochette de membres émérites d’équipes internationales bien médiocres qui osent à peine rêver de se qualifier pour la prochaine world cup (Bosnie, Danemark, Turquie, Uruguay, Géorgie…) Leurs noms : Varela, Altintop, Bajmarovic, Lovenkrands, Kobiashvili. On vous le dit, que des stars… Les töchschutzen ? Diego Gomez (un allemand. Si, si), Roy Makaay (hollandais mais pas retenu par Van Basten) et Theofanis Gekas (si quelqu’un possède des informations sur ce joueur merci de m’en faire part). Klose est loin.

Italie : La Juve hors jeu, on pouvait s’attendre à ce que le Milan AC, enfin débarrassé de son pire ennemi, se pavane en tête du Calcio. Les instance italiennes toujours désireuses de maintenir le suspense (tout en garantissant le résultat) avaient même lesté les rossoneri de 8 points de malus (comme les 5 kg de charge de « Zéphir du Plantier » pour le Grand Prix de l’Arc de Triomphe). Mais, pour une fois, le foot, en Italie semble l’emporter et l’Inter domine son voisin milanais de la tête et des épaules : 33 points d’avance. Même avec les 8 points de pénalités, ça fait quasiment 1 point de pris chaque journée… La raison est encore une fois très simple : Gilardino, Kaka, Cafu, Nesta, Pirlo, Inzaghi, Gattuso…On peut brandir une belle coupe une chaude soirée de Juillet et perdre face à Lille quelque mois plus tard. Quant à l’Internazionale, il mérite bien son nom en offrant un sympathique camp de refuge à tous les exclus des sélections (Zanetti, Dacourt, Maicon, Samuel, Maxwell, Julio Cesar). Les joueurs de l’effectif présents à la coupe du monde ne jouent plus ou si peu (Vieira, Adriano). L’Inter a eu la sagesse de se passer d’eux à la différence du Milan qui tourne depuis 18 saisons avec la même équipe de 15 joueurs.

Bref, sans être grand clerc et même si bien sûr ce petit palmarès souffre d’exceptions (Totti est le marcatore le plus en vue, C. Ronaldo ou Zizou, buteur lors de son match en Thaïlande), il est assez facile d’offrir un petit vademecum pour les dirigeant de grands clubs après une saison marquée par une grosse compet’ internationale :
- après ces compétitions, recensez tous vos joueurs qui ont atteint au moins les ¼ de finale. S’ils ont été titulaires, transférez-les immédiatement. Vous empocherez une belle plus-value et vous laisserez aux autres la saison blanche et les frais médicaux.
- s’ils ont été remplaçants, nouez des contacts, laissez-les jouer un trimestre et transférez-les par surprise le premier jour du mercato suivant. En ciblant les équipes mal classées, vous empocherez une belle plus-value et vous êtes sur de voir celles-ci descendre plus vite en L2.
- si ces joueurs sont intransférables (trop cher, trop vieux ou coupe du monde ratée), achetez une doublure poste pour poste jeune, talentueuse, issue d’une équipe nationale n’ayant pas disputé de compétition (Géorgie, Nicaragua ou Islande).
- renforcez de toute façon votre staff : préparateur physique, médecin, psychologue, diététicien, ortho-dentiste, cardiologue, rhumatologue, kiné, ostéopathe, …
- rappelez-vous que, même si la tentation est forte, la nandrolone fait partie des produits prohibés
- rodez bien votre discours sur la « surcharge des calendriers » en cas d’échec (probable) en compétition

Aristotelicien

(il me faudra une troisième chronique pour enfin parler de ce fléau à ceux qui briguent nos voix. Restez connectés.)

Un sujet pour les candidats à la présidentielle : la surcharge des calendriers

C’est devenu la tarte à la crème des entraîneurs et des présidents, un soir de défaite brumeuse face à un club plus mal classé : tous invoquent la fameuse "surcharge des calendriers" et son lot de fatigue et de blessures. Pourtant, tous ne sont pas égaux face à ce fléau tant redouté : les clubs de milieu de tableau, éliminés piteusement en 16ème de finale de la coupe de France par un club de National et en 8ème de finale de la Coupe de la Ligue par Bordeaux ou Lyon ne risquent pas -encore- la surcharge. En fait, paradoxalement, celle-ci frappe les joueurs d’élite, sursollicités par leur sélection nationale, leur club en championnat et les coupes d’Europe dans lesquelles ils sont engagés. Ce phénomène est bien sûr amplifié les années de grande compétition (coupe du monde, championnat d’Europe ou Coupe d’Afrique des Nations).

Pour donner du corps à ma petite nalyse, je me suis livré à un exercice : observer les équipes des principaux clubs pourvoyeurs de personnel pour les équipes performantes lors de la dernière Weltmeisterschaft et les buteurs des principaux championnats. Eloquent.

Commençons par la France : certes, on pourrait dire que Lyon continue tranquillement de dominer avec 53 points d’avance mais cela n’a qu’assez peu de rapport avec la valeur intrinsèque de l'OL (cf. l'élimination précoce face à la Roma) plutôt qu’avec la nullité crasse des autres clubs. Qu’on en juge : en Janvier, Lyon n’a ramassé que des miettes mais aucun de ses poursuivants n’a regagné plus de 3 longueurs. En fait, le parcours de Lyon est assez révélateur d’un club pétri d’internationaux (5 français mais aussi 3 brésiliens, 1 suédois, 1 suisse, 1 portugais = 1 équipe complète de Wms). En début de saison, les internationaux qui ont « bénéficié » d’un temps de repos plus court reviennent affutés plus vite que les autres. L’équipe pète la forme en septembre / octobre. Cependant, assez vite, la répétition des matches et les terrains pourris viennent à bout des organismes épuisés et à partir de Décembre, les joueurs stars fantomatiques ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes et errent sur les terrains à la recherche de leur talent perdu. Qu’ils se rassurent, une bonne blessure, une élimination précoce et hop, ils repartiront comme en 14, à condition que leur préparateur physique soit aux petits soins. Au niveau du meilleur buteur, pas de lézard, c’est le sympathique Steve Savidan (dont l'épopée fait pleurer les chaumières avec son histoire d’éboueur rédempté en serial scorer d’un club du Nord) qui mène la danse : Pauleta peut se désespérer, l’aigle des Açores a perdu ses ailes. Quant à la révélation Ribery, l’OM se demande si elle n’aurait pas mieux fait de le vendre bien cher histoire de recruter 3 joueurs d’un bon niveau.

Angleterre : Les « top scorers » sont Drogba (côte d’Ivoire, éliminée au premier tour) et l’exception Christiano Ronaldo. Quant aux clubs : les difficultés de Chelsea cette saison sont toutes liées à la Coupe du Monde : Ballack ? L’ombre de lui-même. Terry ? Ricardo Carvalho ? Blessés. Makélélé ? Critiqué. Bref, sans leur Ivoirien miracle, et un Mickaël Essien au physique hors norme, les blues seraient très, très loin et très, très éliminés. Fort heureusement, Chelsea, dispose d’un effectif riche. Il n’est pas le seul d’ailleurs mais bizarrement, les clubs préfèrent toujours puiser dans une équipe-type de 15-16 joueurs qui a fait ses preuves, plutôt que de les laisser souffler en prenant les 15 ou 16 autres. M.U s’en sort mieux grâce à un recours moins univoque aux top players des top teams (les remplaçants Saha et Carrick, les non-internationaux comme Evra, les « petits pays » comme Solskjear et Giggs). Reste donc l’énigme C. Ronaldo (second meilleur buteur de la premier league) : le lutin portugais doit sans doute sa bonne forme à son jeune âge (22 ans) et à sa faible expérience, synonyme ici d’usure limitée. Quant à Henry, il se tord de douleur, sur son lit, sous infiltration et Raymond Domenech se tord d’appréhension, sur son lit, en attendant la Lituanie (et nous aussi).

Espagne : Petite devinette : qui est le pichichi en Espagne ? Raul ? Torres ? Villa ? Ronaldo ? (non, là, je rigole). Et bien, non, c’est Frédéric Kanouté, le malien de Lyon. En Espagne, on marche sur la tête, Barcelone s’est fait sortir de la ligue des champions, le Real est à la ramasse avec un entraîneur à la réputation de gagneur inoxydable à la baguette et Séville FC fait, presque, la course en tête (jusqu’à la dernière journée). On rétorquera que l’Espagne s’est faite éliminée prématurément par un pays malicieux venu du Nord mais les grands clubs espagnols font massivement appel aux grands joueurs sud-américains, français et italiens. Ceux-ci s’illustrent par un manque de performance criant qui fait hurler leurs entraîneurs et affole les financiers des clubs, pourtant traditionnellement généreux dans ce pays. Cannavaro ? Un spectacle défensif davantage digne d’Arlequin que du ballon d’Or. Thuram ? Le banc (le ban) au Camp Nou ? Ronaldo ? Reste le cas Ronaldinho. Qu’un compétiteur comme Ronaldinho, toujours à l’heure au camp des Loges malgré des nuits bien arrosées se laisse aller physiquement, comme on serait tenté de le croire au vu de quelques photos parues dans la presse espagnole, en dit long sur son état d’épuisement. Allez, va, une bonne blessure et tu vas finir la saison en rééducation dans les boites de Rio…

Demain : les championnats Allemands, Italiens, mes préconisations aux dirigeants et l'appel aux candidats à la présidence.

Aristotelicien

Chronique de l’ange Gabriel

Certains des lecteurs du blog se sont étonnés des références récurrentes à Gabriel Heinze dans mes chroniques à propos de tout et n’importe quoi. Certains se sont montrés même indignés de mon admiration pour un défenseur rugueux aux pieds carrés et à la mentalité haineuse pour l’adversaire. En fait, j’ai plusieurs raisons de vouer effectivement une vénération discrète pour « Gaby » que je vais expliciter ici. 1°) Tout d’abord, Heinze vient d’Argentine, pays fascinant : Europe réinventée dans l’hémisphère sud. Lui-même, nom allemand ( ?), prénom d’ange (et visage à l’avenant) sont une parfaite synthèse d’un pays où le football est une seconde religion pour qui Maradona est le nouveau Dieu et l’affrontement River / Boca le rite central.
2°) Ensuite, Heinze m’a permis de comprendre que la défense, à l’argentine, est un art : du placement, de la relance, du tacle, des petites fautes vicieuses et invisibles par l’homme en noir. Bref, un art âpre et élitiste (plus cold wave que disco, plus concerto brandebourgeois que 4 saisons) mais un art tout de même. Et moi qui pensais naïvement que les grands joueurs s’appelaient Pelé, Platini ou Zidane alors que Marius Trésor, Osvaldo Piazza ou Lilian Thuram sont peut-être plus essentiels.
3°) Gabriel s’est trompé : il pensait qu’en arrivant d’Espagne au PSG grâce à Luis Fernandez, il trouverait à Paris, l’équivalent d’un club digne d’une capitale : Real Madrid, Arsenal ou Roma. Las, il s’est fourvoyé au Herta Berlin… Ainsi, on a vu pendant 3 saisons, un homme sur la pelouse du parc croire en la victoire, haranguer les siens, mette des buts, même, contre Monaco ou Gueugnon (un contre-emploi évident) et continuer inlassablement, jusqu’à la 94ème, jusqu’à l’épuisement, à remonter inlassablement le ballons, à centrer (un peu derrière les buts, toutefois) à arracher les jambes des attaquants adverses même quand tout semblait perdu. Avec quelques autres (le remplaçant Alonso, le traître Dehu), il fut même à 2 doigts de priver l’ogre Lyonnais d’un 17ème titre de champion de France.

Pour tout cela, Gabriel, toi et tes descendants soit vénéré jusqu’à la 17ème génération.

Aristotelicien

Un formidable exploit : le 18ème du championnat de France bat le 2d du championnat portugais :

Encore une fois, le PSG a honoré son statut d’équipe « de coupe » en battant à domicile les dauphins éternels de Porto, le Benfica Lisbonne. Le contraste est frappant entre le ramassis de tanches à la peine en championnat, martyrisé par les cadors des Ardennes, de l’Artois et d’Occitanie et les terreurs de l’UEFA. Même si la qualification du PSG est loin d’être assurée, nous restons devant ce mystère : pourquoi l’équipe parisienne, véritable Janus du football, si brillant en coupe est si médiocre dans le train-train de la Ligue 1. Depuis sa naissance, en 1970, le PSG a gagné 10 coupes (dont la fameuse « coupe des coupes », la bien nommée) toutes compétitions confondues contre 2 championnats. Pour ma part, j'y vois au moins 4 raisons :

- la nature : depuis sa naissance, en 1970, c’est ainsi, le petit Paris ne s’inscrit pas dans l’effort au long cours des compétitions nationales mais donne tout dans les matches à élimination directe. Un sprinter plutôt qu'un marathonien, au niveau musculaire, donc.
- la culture : à force de se cantonner aux compétitions à élimination directe, les joueurs ont fini par intérioriser totalement cet état de fait : quand on signe au PSG, on sait qu’on ne finira pas premier de Ligue 1 mais qu’on a une chance de brandir une coupe aux grandes oreilles par un joli soir de Juin, devant le public de sa ville. Seuls les joueurs étrangers maîtrisant mal notre langue (l’ange Gabriel Heinze et Ronaldinho, par exemple, ainsi que ceux qui cherche au contraire à monnayer leur valeur à l’extérieur (Frédéric Dehu), veulent réellement en mettre un gros coup tous les Samedi face à Metz ou au FC Nantes. Le seul club pour lequel les joueurs parisiens acceptent de se décarcasser en Ligue 1, c’est l’OM mais cela ne fait que 6 points dans la saison.
- Le public : il méprise naturellement tous les clubs de province à part l’OM et plus récemment l’OL qu’il se contente de détester. Les autres matches de la saison sont donc juste matière à hurler des cris de singe dans les kops lorsqu’un attaquant adverse africain s’empare de la balle. Que du banal. En revanche, n’importe quel matche de coupe déchaîne les foules et attire le match et les teignes des grands soirs. Ce n’est pas un hasard si le drame face à Tel Aviv a eu lieu en coupe de l’UEFA : cela attise plus sûrement la volonté d’en découdre du supporter parisien moyen que le tranquille PSG – Sedan.
- Les propriétaires : à chaque fois que le club possède de bons résultats (ou de mauvais d’ailleurs) les rumeurs de rachat enflent, le climat devient délétère, l’entraîneur prend conseil auprès d’un avocat et le public brandit des bannières haineuses envers l’actuel propriétaire : pas de quoi réaliser une fin de saison harmonieuse. Il faut vraiment un entraîneur militaro-autiste à la Halilhodzic pour rester « focused » sur l’objectif normal d’un club de L1 : le classement.
- Le rapport glamour/gloire : y a-t-il plus grand pied de descendre les champs-élysées, acclamé par une foule en délire : en championnat 38 matches, en coupe : 6. Que feriez-vous à leur place ?
Aristotelicien

L'OL, champion des phases de poule

Ainsi, encore une fois, Lyon est tombé piteusement entre hiver et printemps, face à une bonne équipe, mais pas forcément un cador, en Ligue des Champions. Pour la cinquième fois, le champion de France a chuté sans avoir réellement lutté, sans s’être transcendé, après avoir joué petit bras à l’aller et bafouillé son football au retour. A quoi sert donc d’être champion, pour la 53ème année consécutive (record national battu) avec 34 points d’avance sur le second pour arriver à CA ? La question mérite d’être posée, surtout à la lumière de nos 2 (seuls) champions d’Europe, l’OM et le PSG. Voilà 2 clubs, décriés, méprisés, en passe pour le premier d’être repris par un mystérieux homme d’affaires canadien (le mot « affaire » mérite bien ici sa polysémie) et l’autre à la dérive, perdu quelque part entre Sedan et Troyes dans les tréfonds d’un championnat dominé par les rhodaniens. L’OL, donc, impressionnante machine à écraser tranquillement l’ASSE ou Valenciennes. Seulement, voilà, l’Europe, c’est autre chose et Totti, ça reste au dessus de Savidan et les ambitions de l’OL se brisent régulièrement sur le mur de solides équipes Luso-Italo-Hollandaises. Alors, on pourra dire que les exploits des Phocéo-Parisiens sont d’une autre époque, que le Rapid de Vienne, c’était quand même pas le Milan AC et que Juninho comme tireur de coup franc c’est mieux que N’Gotty (ceux la n’osent quand même pas critiquer Basile Boli). Mais justement, c’est cette fantastique capacité à transformer le plomb du championnat en Or des coupes qui fait les grandes équipes, les souvenirs émus et la passion dans les chaumières, la certitude que le talent sans la hargne n’est rien et que les teignes (Heinze est leur Dieu) ont leur place au Panthéon du foot. D’une autre époque les exploits de l’OM et du PSG ? Allons donc, en 2004, l’OM, égale à elle-même en championnat, c'est-à-dire très loin des bourgeois lyonnais, arrive en finale de la coupe de l’UEFA. Plus récemment, une équipe de remplaçants parisiens allait humilier le champion en titre grec avec un but superbe de Mendy (Mendy !), une patate dans la lucarne, après avoir effacé 2 défenseurs. Et cela sans parler des exploits de Monaco (qui n’a pas repassé en boucle le but de Giuly face au real ?). Même la réaction de Lille, très excessive face au but du rusé Giggs, apparaît comme ce qu’elle est : la rage énorme et finalement saine de joueurs moyens, qui, pendant un soir, se sont élevés à la hauteur de l’événement en tenant tête à l’une des meilleures équipes d’Europe. Pendant ce temps, l’OL se promène en poule, fait le beau et passe de temps en temps les huitièmes face à la Real Sociedad. Mais voila, dès que les tueurs se pointent, plus personne. Réveillez-moi quand Réveillère mettra un tir à la Mendy, quand Gérard Houllier sortira Juninho en plein match comme Luis Fernandez avec Ronaldinho ou quand il aura l’accent belge comme le regretté Goethals.

En fait, Aulas incarne tellement Lyon qu’il a intégré les complexes naturels de la capitale des Gaules : capitale de la Province du foot mais incapable de s’élever plus haut, Beaujolais, plus que Bourgogne, ainsi va l’OL. Mais que pouvaient-ils faire face à la cité éternelle ?

Dernière remarque : je suggère de nommer en début de saison l’OL champion de France et de qualifier en Ligue des Champions l’OM, le PSG (même en L2), plus une équipe au hasard (Lorient, Nantes ou Lille, par exemple). Comme ça, le suspense en Ligue 1 sera au même niveau qu’aujourd’hui mais nos chances en Ligue des Champions plus fortes.

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