C’est devenu la tarte à la crème des entraîneurs et des présidents, un soir de défaite brumeuse face à un club plus mal classé : tous invoquent la fameuse "surcharge des calendriers" et son lot de fatigue et de blessures. Pourtant, tous ne sont pas égaux face à ce fléau tant redouté : les clubs de milieu de tableau, éliminés piteusement en 16ème de finale de la coupe de France par un club de National et en 8ème de finale de la Coupe de la Ligue par Bordeaux ou Lyon ne risquent pas -encore- la surcharge. En fait, paradoxalement, celle-ci frappe les joueurs d’élite, sursollicités par leur sélection nationale, leur club en championnat et les coupes d’Europe dans lesquelles ils sont engagés. Ce phénomène est bien sûr amplifié les années de grande compétition (coupe du monde, championnat d’Europe ou Coupe d’Afrique des Nations).
Pour donner du corps à ma petite nalyse, je me suis livré à un exercice : observer les équipes des principaux clubs pourvoyeurs de personnel pour les équipes performantes lors de la dernière Weltmeisterschaft et les buteurs des principaux championnats. Eloquent.
Commençons par la France : certes, on pourrait dire que Lyon continue tranquillement de dominer avec 53 points d’avance mais cela n’a qu’assez peu de rapport avec la valeur intrinsèque de l'OL (cf. l'élimination précoce face à la Roma) plutôt qu’avec la nullité crasse des autres clubs. Qu’on en juge : en Janvier, Lyon n’a ramassé que des miettes mais aucun de ses poursuivants n’a regagné plus de 3 longueurs. En fait, le parcours de Lyon est assez révélateur d’un club pétri d’internationaux (5 français mais aussi 3 brésiliens, 1 suédois, 1 suisse, 1 portugais = 1 équipe complète de Wms). En début de saison, les internationaux qui ont « bénéficié » d’un temps de repos plus court reviennent affutés plus vite que les autres. L’équipe pète la forme en septembre / octobre. Cependant, assez vite, la répétition des matches et les terrains pourris viennent à bout des organismes épuisés et à partir de Décembre, les joueurs stars fantomatiques ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes et errent sur les terrains à la recherche de leur talent perdu. Qu’ils se rassurent, une bonne blessure, une élimination précoce et hop, ils repartiront comme en 14, à condition que leur préparateur physique soit aux petits soins. Au niveau du meilleur buteur, pas de lézard, c’est le sympathique Steve Savidan (dont l'épopée fait pleurer les chaumières avec son histoire d’éboueur rédempté en serial scorer d’un club du Nord) qui mène la danse : Pauleta peut se désespérer, l’aigle des Açores a perdu ses ailes. Quant à la révélation Ribery, l’OM se demande si elle n’aurait pas mieux fait de le vendre bien cher histoire de recruter 3 joueurs d’un bon niveau.
Angleterre : Les « top scorers » sont Drogba (côte d’Ivoire, éliminée au premier tour) et l’exception Christiano Ronaldo. Quant aux clubs : les difficultés de Chelsea cette saison sont toutes liées à la Coupe du Monde : Ballack ? L’ombre de lui-même. Terry ? Ricardo Carvalho ? Blessés. Makélélé ? Critiqué. Bref, sans leur Ivoirien miracle, et un Mickaël Essien au physique hors norme, les blues seraient très, très loin et très, très éliminés. Fort heureusement, Chelsea, dispose d’un effectif riche. Il n’est pas le seul d’ailleurs mais bizarrement, les clubs préfèrent toujours puiser dans une équipe-type de 15-16 joueurs qui a fait ses preuves, plutôt que de les laisser souffler en prenant les 15 ou 16 autres. M.U s’en sort mieux grâce à un recours moins univoque aux top players des top teams (les remplaçants Saha et Carrick, les non-internationaux comme Evra, les « petits pays » comme Solskjear et Giggs). Reste donc l’énigme C. Ronaldo (second meilleur buteur de la premier league) : le lutin portugais doit sans doute sa bonne forme à son jeune âge (22 ans) et à sa faible expérience, synonyme ici d’usure limitée. Quant à Henry, il se tord de douleur, sur son lit, sous infiltration et Raymond Domenech se tord d’appréhension, sur son lit, en attendant la Lituanie (et nous aussi).
Espagne : Petite devinette : qui est le pichichi en Espagne ? Raul ? Torres ? Villa ? Ronaldo ? (non, là, je rigole). Et bien, non, c’est Frédéric Kanouté, le malien de Lyon. En Espagne, on marche sur la tête, Barcelone s’est fait sortir de la ligue des champions, le Real est à la ramasse avec un entraîneur à la réputation de gagneur inoxydable à la baguette et Séville FC fait, presque, la course en tête (jusqu’à la dernière journée). On rétorquera que l’Espagne s’est faite éliminée prématurément par un pays malicieux venu du Nord mais les grands clubs espagnols font massivement appel aux grands joueurs sud-américains, français et italiens. Ceux-ci s’illustrent par un manque de performance criant qui fait hurler leurs entraîneurs et affole les financiers des clubs, pourtant traditionnellement généreux dans ce pays. Cannavaro ? Un spectacle défensif davantage digne d’Arlequin que du ballon d’Or. Thuram ? Le banc (le ban) au Camp Nou ? Ronaldo ? Reste le cas Ronaldinho. Qu’un compétiteur comme Ronaldinho, toujours à l’heure au camp des Loges malgré des nuits bien arrosées se laisse aller physiquement, comme on serait tenté de le croire au vu de quelques photos parues dans la presse espagnole, en dit long sur son état d’épuisement. Allez, va, une bonne blessure et tu vas finir la saison en rééducation dans les boites de Rio…
Demain : les championnats Allemands, Italiens, mes préconisations aux dirigeants et l'appel aux candidats à la présidence.
Aristotelicien
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