dimanche 27 septembre 2015

Le Celta corrige le Barça


Battre le Barça relève toujours de l'exploit pour une équipe "moyenne" de Liga mais dominer le Barça dans le jeu grâce au talent de ses attaquants est très rare. Il s'agit donc bien d'un exploit pour les galiciens.

L'équipe entraînée par l'ancien défenseur argentin Berizzo (auteur d'un passage fugace à l'OM, une manie décidément) se présentait en 4-4-2 avec Iago Aspas en pointe et l'ancien pensionnaire de L1, Daniel Wass, à ses côtés. Côté catalan, Jordi Alba absent, Mathieu prenait sa place côté gauche de la défense et Sergi Roberto était préféré à Rakitic.

Première mi-temps : le Celta prenant immédiatement le contrôle des opérations, grâce à un pressing haut et à des transmissions de balle rapides. On se frottait les yeux tant le Barça ne voyait pas la balle (59% de possession pour les locaux dans les 10 premières minutes) et les "celticos" plantaient même quelques banderilles. Assez vite, cependant le Barça allait reprendre le ballon et le match prenait un rythme moins frénétique. A ce moment, le dispositif défensif du Celta se mit en place et celui-ci est fort intéressant à plusieurs titres :

  • la disposition en 3 lignes 3-2-4, Daniel Wass, descendant au niveau des 2 ailiers et marquant le plus souvent Busquets, Comme la défense à 4 du Celta était très compacte, cela donnait au dispositif un côté entonnoir, où les catalans se sont souvent engloutis. 
  • un harcèlement constant du blaugrana en possession de la balle. Dès la transmission, le joueur celtico le plus proche montait sur le catalan pour lui disputer le ballon, ce qui fut démontré sur le second but des locaux. 
  • une sortie de balle simple vers Nolito. L'ailier galicien fut le grand bonhomme de la première mi-temps. Il offrit surtout un conduit pour évacuer le ballon pour ses partenaires du milieu de terrain (cf. schéma). Alvés, nominalement face à Nolito ne sembla jamais en mesure de contrer la relance sur l'ailier celtico, qui mangeait la craie. 
Les passes reçues par Nolito en première mi-temps. Craie. (source fourfourtwo)

Ceci dit, le Celta Vigo ne s’embarrassa pas toujours d'une tactique complexe et n'hésita pas à dégager des longs ballons devant pour le seul Aspas. Ce fut d'ailleurs le maître mot de la tactique des locaux. Jouer simple et vite. Ainsi, offensivement, Orellana et Nolito provoquèrent constamment leur adversaire direct plutôt que de se lancer dans des combinaisons compliquées. On vit la défense du Barça en grande difficulté, en 1 contre 1, notamment Mathieu, face à Orellana. 

Les dribbles du Celta. Sur l'aile droite, Orellana a mis la misère à Mathieu (source Fourfourtwo)

Face à ce dispositif, le Barça eut du mal à se mettre dans le sens de la marche. D'une part, les latéraux ne purent jamais donner de la largeur au jeu des catalans : Alvés fut prudent face à Nolito et Mathieu, après un contrôle manqué dès la troisième minute fut incapable de créer le danger. Le pressing fut également assez lâche. Seul Messi constitua, par ses mouvements, un danger constant, notamment par ses combinaisons avec Neymar. Ce fut d'ailleurs des passes entre ses 2 joueurs, qui créèrent les 2 meilleures actions, dans l'espace. Toutefois, l'un des problèmes de Neymar fut son manque d'implication défensive. Ainsi, sur le premier but du Celta, le latéral Mallo centre sans opposition. 

Après le second but du Celta, sur une récupération de Nolito face à Piqué, le Barça eut du mal à se remettre dans le sens de la marche. La mi-temps s'achevait avec une possession à peine en faveur des catalans et seulement 2 tirs : une misère. 

Seconde période :

Les catalans reprirent la seconde période sans remplaçant mais en ayant la ferme intention  de mettre la défense du Celta à rude épreuve. Plus hauts sur le terrain, les blaugranas effectuaient enfin un sévère pressing sur les celticos, qui, du coup, éprouvèrent de plus en plus de difficulté à se dégager. En 10 minutes, Messi heurta le poteau et eut un tir dangereux aux 20 mètres, soit plus d'occasions franches que dans les 45 premières. C'est sur un contre, suite à un corner en sa faveur que le Barça encaissa son troisième but, après un ballon dégagé par le gardien, Aspas se retrouva en 1 contre 1 face à Alvès et se joua de lui pour aller crucifier Ter Stegen une fois de plus. 

A 3-0 à 35 minutes de la fin, la messe était dite mais le Barça ne lâcha pas l'affaire. L'entrée de Mounir ajouta un peu de vitesse au champion d'Europe et Rakitic (à la place de Busquets) un peu de technique. Cependant, la disparition du N°6 catalan offrit plus d'espace à Daniel Wass, qui put profiter de sa mobilité pour distiller des ballons à ses compères d'attaque. 
Les occasions (en bleu ciel) créées par Wass en seconde période (source Fourfourtwo)

A noter que du côté du Celta, Berizzo ne procéda à son premier remplacement qu'au bout de 75 minutes, ce qui augure d'une équipe bien en place mais qui ne sombra jamais dans la débauche d'énergie désorganisée. 

Si Neymar inscrivit le but du Barça (sur une passe de l'omniprésent Messi), ce fut surtout le dernier but du Celta qui fut remarquable tant la passivité de la défense catalane fut immense : Mallo centre sans opposition sur Guidetti qui, aux 6 mètres, à tout le temps de contrôler et d'ajuster Ter Stegen. C'était la troisième fois que le gardien allemand se retrouvait seul face à un attaquant du Celta dans la partie. 

Conclusion : bien sûr, on pourra dire que sur le match, le Celta n'a pas été malheureux : 4 buts sur ses 5 tirs cadrés et dieu sait ce qui se serait passé si Messi avait conclu son occasion de la 52ème minute au lieu de frapper le poteau. Néanmoins, c'est la troisième fois, cette saison, que le Barça en encaisse 4 buts. L'interdiction de recruter commence à faire mal et certains joueurs (Busquets, Piqué, Rakitic) sont très en dessous de leur performance habituelle. Un gros souci face à un Real qui semble plus fort que jamais. Quant au Celta, il exploite au mieux les recettes des budgets moyens de Liga : recruter des refusés des grands centres de formation ibériques (Nolito) et compléter avec des sud-américains teigneux (Fernandez) ou techniques (Orellana). 

dimanche 6 septembre 2015

Roma - Juve : la vie sans Pirlo

Avant, à la Juve, la vie était simple. Il suffisait de passer le ballon à Pirlo et celui-ci savait en faire quelque chose :

  • soit il écartait vers les latéraux (Evra et Lichsteiner),
  • soit il tentait de trouver Tevez, assez loin devant, mais toujours en mouvement,
  • soit il poussait la balle vers ses 2 compères du milieu, Pogba et Vidal. 
On peut dire que l'ensemble du système était construite autour du stratège italien. Pogba et Vidal offraient à la fois des solutions et de la protection pour un joueur de 36 ans peu mobile. La solide assise défensive (peut-être la meilleure du monde, l'année dernière) avec ses 3 centraux, compensait la médiocrité défensive de Pirlo. Les 2 joueurs de couloir offraient une destination simple en cas de congestion au milieu. 

Pendant l'intersaison, la Juve a perdu 3 joueurs clés. Outre Pirlo, Vidal et Tevez ont pris la poudre d'escampette. Le problème, c'est que Massimiliano Allegri n'a pas repensé du tout son système. Il a donc positionné Padoin à la place de Pirlo et Mandzukic devant. Le seul problème, c'est que ces 2 joueurs n'ont pas du tout les mêmes caractéristiques : 

  • Padoin est un bon joueur mais il ne possède absolument pas la vista de Pirlo, notamment sur le jeu long.
  • Les passes longues de Padoin (source fourfourtwo)

  • Mandzukic est un joueur de surface, pas un joueur d'espace et il n'offrit pas l'échappatoire à ses partenaires qu'un Tevez pouvait présenter.
De son côté la Roma se présentait dans son 4-3-3 traditionnel mais si le milieu est resté le même, devant et derrière la plupart des joueurs ont changé, donnant une touche plus jeune (Digne, Falqué) et plus offensive avec notamment Florenzi en arrière droit.

Première mi-temps : la caractéristique principale de la première période fut le pressing intense que mirent les romains sur le milieu adverse. Outre les 3 du milieu, Salah et Falqué se recentrèrent et furent particulièrement actifs. La louve se présentait en rangs serrés, souvent à 6 dans une zone très étroite et la Juve avait toutes les peines du monde à se dégager. La première belle opportunité des romains vint d'un ballon chipé par Pjanic à Pogba aux 40 mètres, la seconde sur un mauvais renvoi d'Evra où Pjanic (encore) trouva le poteau. Il est probable que dans une telle situation, un Pirlo aurait su ralentir le tempo ou trouvé ses latéraux excentrés pour soulager un peu la pression. Malheureusement, tout en passes courtes, jamais la Juve ne sembla en position de desserrer l'étau. Obligée de défendre bas, elle fut en outre incapable de sortir proprement pour faire mener des contres décents, Dybala, notamment étant situés trop loin de ses partenaires du milieu et de Mandzukic. La vieille dame finissait la mi-temps avec 8 tirs contre elle (1 seule tentative) et avec 32% de possession. Seul bémol dans la domination romaine, Dzeko était isolé dans la défense turinoise et à part des fautes à répétition eut du mal à exister. Néanmoins, le 0-0 n'était pas cher payé pour la vieille dame. 

Seconde période : le début de seconde période fut encore plus catastrophique que précédemment pour les visiteurs. Les romains se déchaînèrent en terme de pressing. Après une tentative de Dzeko, repoussée par Buffon, ce fut Pjanic qui trouva la mire sur un beau coup franc (60ème). Dans la minute suivante, Allegri remplaça Mandzukic mais le problème principal des turinois demeurait, l'étouffement de leur milieu. 

Le match se durcissait ensuite, revanche d'une rencontre de triste mémoire qui avait vu 3 expulsions la saison dernière. Puis, à la 71ème, Allegri bouleversa son système en 2 temps en remplaçant d'abord Lichteiner par Pereyra (4-4-2 losange, Caceres glissant au poste de latéral droit) avant de substituer Padoin par Cuadrado (4-2-3-1 ?). On ne saura probablement jamais si le dispositif qu'Allegri avait en tête pouvait fonctionner car dans la minute qui suivit Evra fut expulsé et, sur le coup franc, Falqué, trouva la tête de Dzeko.

Réduite à 10 et menée 2 à 0 à 15 minutes de la fin, ce fut pourtant à ce moment que la Juve se mit à jouer et plutôt bien. Repassant avec une défense à 3 (en 3-4-2), enfin, le jeu devint fluide et vertical et la Juve se mit même à prendre le dessus eu milieu. Les romains essayèrent de gérer mais la fatigue aidant, ils durent reculer et n'opposèrent plus de pressing sur les visiteurs. Les turinois auront ainsi connu 6 tentatives dans ce dernier 1/4 d'heure, plus que dans les 3 précédents. Dybala réduisait le scoren sur un ballon gratté par Peyrera et les romains n'avaient plus que les changements opérés par Rudi Garcia pour calmer le jeu. 

Conclusion : un match passionnant tactiquement. Où comment le départ d'un joueur peut enrayer l'une des plus belles mécaniques du football récent. Où encore, comment mieux jouer à 10 qu'à 11. Pour la Juve, des leçons d'espérer tout de même, si leur entraîneur n'essaie pas de pérenniser un système qui ne convient plus à son effectif. Pour la Roma, il faudra apprendre à mieux gérer ses temps faibles et ses efforts dans un match qu'elle a failli laisser filer après l'avoir dominé de la tête et des épaules. 

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