vendredi 27 avril 2012

Le Barça sans Pep


On peut s’interroger suite à la déroute de Barcelone, mardi soir face à Chelsea, si le départ de Pep Guardiola n'est finalement pas une bonne affaire pour le Barça. Et ce même si, au-delà de la défaite, qui aggrave le cas de l'entraîneur catalan après la probable perte du titre, le bilan de Pep demeure étonnamment bon. Depuis son arrivée sur le banc du Barça, Guardiola a tout gagné de 2008 à 2011 (13 titres sur 16 possibles) mais il a surtout construit au choix « la meilleure équipe du monde », « la meilleure équipe des tous les temps » ou « mes que un equipo ». Pour Footballistico, le summum de l’art du Barça a été atteint en Décembre dernier, face au Santos de Neymar et Ganso. Les brésiliens ont dû se sentir impuissants face à la machine de guerre Blaugrana. A l’arrivée 4 – 0, 1 seule occasion concédée pendant tout le match et les starlettes brésiliennes réduites à l’impuissance.

Pendant ce temps, en Europe, les tacticiens se sont penchés sur le cas Barcelone et ont fini par trouver quelques recettes qui, si elles ne garantissent pas une victoire à tous les coups, peuvent dérégler la belle mécanique :

  • Défendre bas. En massant les joueurs devant la surface, on évite d’être pris dans la profondeur, comme les madrilènes lors de la fameuse manita. Pas la peine d’ailleurs d’être brutal comme Pepe, une défense disciplinée fait l’affaire.
  • Monter dans le dos de Dani Alves. Le brésilien explose souvent sur le côté droit. Mais si vous mettez de ce côté 1 ou 2 joueurs rapides, le terrain s’ouvre tout grand (Ramires lors du match aller à Stamford Bridge). 
  • Adapter le profil des joueurs chargés de marquer Messi. Face à l’argentin, un défenseur central rapide, petit (bref, un latéral) fera mieux l’affaire qu’un lourd Terry (Bonsingwa). 
  • Mettre un joueur costaud devant afin de lutter sur les dégagements, les longs ballons et tenir le ballon pendant que ses petits copains remontent. Eviter d’isoler trop cet attaquant en plaçant un « 10 » non loin de lui afin de lui permettre de combiner rapidement.
  • Tenter de profiter des coups de pied arrêtés pour bénéficier de l’avantage de taille que TOUTES les équipes possèdent face au Barça.
Cela, c’est la théorie. Évidemment, c’est plus facile à écrire qu’à faire mais cela semble devenu le nouveau style des équipes qui ONT EFFECTIVEMENT battu le barça. L’autre tactique, presser haut afin de perturber le jeun catalan, peut être efficace (match nul à Bilbao, à Valence), mais se montre incroyablement exigeante en termes physique et en rigueur de placement. Il est à peu près inévitable qu’une erreur d’alignement, un déplacement latéral, viennent perturber l’organisation défensive et qu’un blaugrana se présente alors seul face au gardien plusieurs fois dans le match.

Or, et c’est le point de ce post, placé devant ce fait, Guardiola a plutôt aggravé la situation avec des décisions pas toujours comprises mais surtout il n’a pas su trouver de solution alternative. Le Barça possède un jeu efficace, certes, plaisant, peut-être, mais sans solution lorsque son système ne fonctionne pas :
  • Parmi les décisions mal comprises, celle de la défense à 3 est sans doute la pire. Guardiola l’a parfois utilisé lors des gros matchs (cette saison à Valence, face au Real et face à Chelsea). Ce dispositif possède au moins 2 défauts : 
    •  Alves est sans doute plus un puncheur qui déboule sur son côté qu’un véritable ailier. Situé face à un défenseur, il subit souvent et ne possède pas assez d’espace pour le déborder.
    • Dans les faits, le 3-4-3 est à la fois plus figé et plus défensif que le 4-3-3 puisque dans cette dernière configuration, les 2 latéraux peuvent conjointement (domination forte) ou alternativement porter le danger devant. 
  • Le Barça marque de plusieurs façons, toujours en combinant des déplacements (Messi décrochant, Xavi ou Iniesta prenant l’espace), un jeu préparatoire de passes courtes, destiné à dépositionner l’adversaire et une qualité dans la dernière passe (centre, passe latérale ou en profondeur) exceptionnelle. A noter que Barcelone possède le plus haut pourcentage de tirs effectués DANS la surface (67%). Mais, si cette tactique échoue, l’équipe se retrouve sans alternative : pas de tirs lointain, pas de grand N°9 capable de prendre des ballons de la tête. 
  •  Les catalans mènent un pressing très exigeant, qui a participé à la fatigue apparente de l’équipe en cette fin de saison. Le centre de formation « maison », la masia, n’a pas formé de nouveau Messi ou Xavi depuis 2/3 ans à la possible exception de Thiago Alcantara.
  • Enfin, l’obsession de Guardiola de masser des milieux sur le terrain semble s’être retourné contre lui. Face à Madrid, l’équipe s’est retrouvée pendant plus d’une heure avec le seul Messi en pointe. Les autres possèdent une technique et une vision du jeu remarquable mais manquent de hargne ou d’un dixième de seconde pour tuer un match. En face il y avait Ronaldo et Drogba.
Le Barça en cette fin de saison ressemble un peu au Milan AC d’Arrigo Sacchi : une équipe dont le jeu a profondément modifié la perception du foot (même s’il est possible que les entraîneurs de la planète aient plus de mal à émuler le Barça que le Milan), qui a tout gagné, mais qui semble un peu au bout du rouleau et qui semble attendre qu’un Capello lui propose autre chose pour reconquérir ses titres de meilleure équipe d’Espagne et d’Europe à défaut de celle de meilleure de tous les temps. 

Footballistico

dimanche 22 avril 2012

Clasico : les 6 erreurs de Guardiola

Hier, pour la première fois depuis que Mourinho a pris en main les destinées du Real, les madrilènes ont vaincu le Barça en championnat.

Même si la possessions fut blaugrana, les merengues ont cadré plus de tirs, eu plus de corners et ont mérité leur victoire.

Surtout, pour la première fois, Mourinho a sans doute dominé tactiquement Pep Guardiola. Les 2 équipes restaient sur une impression mitigée en Ligue des Champions. Mais tandis que Mourinho reconduisait son 11 de Munich, dans sa version 4-2-3-1, Guardiola avait réagi en tirant les leçons du jeu extrêmement central de son équipe. En outre, les catalans avaient absolument d'une victoire pour espérer dans la liga alors que les madrilènes pouvaient s'en sortir avec un nul.

Le barça se présentait donc dans un 3-4-3 / 4-3-3 avec Busquets faisant le tampon entre défense centrale et milieu de terrain. Guardiola jouait avec 2 vrais ailiers, ou supposés tels, Alves et Tello. A l'arrivée, le bilan est pourtant médiocre, le Barça ne s'est procuré que peu d'occasions et très peu par les ailes. Pourquoi ?

Voici les 6 erreurs de Guardiola :

1 - Un Alves isolé sur l'aile droite. Si l'on excepte son interception dès le début du match, jamais Alves ne fut un danger pour les madrilènes. On peut discuter de la pertinence du brésilien en tant qu'ailier mais hier, il s'est souvent retrouvé seul. Puyol, à droite du "back three" du Barça ne montait pas l'aider et Xavi, nominalement milieu droit, a joué assez centralement, aidant très rarement son ailier. Coentrao a donc tranquillement pu gagner ses un-contre-un.

2 - Une aile gauche plus fournie mais inefficace. A gauche, l'alliance de Tello et d'Iniesta était a priori plus prometteuse, d'autant que le milieu catalan jouait franchement à gauche (ce qui renforça l'impression que le jeu du Barça penchait de ce côté). Malheureusement, elle se heurta à l'opposition féroce de Di Maria et d'Arbeloa. L'arrière madrilène a confirmé tout le bien que son entraîneur dit de lui : on peut être limité techniquement, assez lent et pourtant bon défenseur. Tello n'a tenté que 2 centres qui n'ont pas trouvé preneur.

3 - Un Messi isolé. Comme assez souvent, l'argentin décroche pour toucher le ballon et attirer des défenseurs et ouvrir ainsi des brèches pour ses partenaires. Hier, cependant, à l'exception de Xavi, une ou 2 fois, aucun blaugrana n'a saisi cette chance, tanqués sur les côtés (l'entrée d'Alexis Sanchez allait démontrer de façon éclatante ce paramètre). Pepe pouvait donc suivre Messi jusqu'à 30-35 mètres sans craindre d'ouvrir des boulevards.

4 - Pas de présence aérienne. Déjà privé d'Abidal, le fait de se passer de Piqué allait mettre le barça en situation de faiblesse sur les coups de pied arrêtés. Et c'est exactement ce qui s'est passé. Notons que la situation aurait pu être pire si Ozil avait tiré les corners correctement.

5 - Une gestion des changements insatisfaisante : au vu de l'incapacité de son équipe, Guardiola avait de nombreuses solutions. La plus évidente consistait à repasser en 4-3-3, en faisant descendre Alves. Dans les faits, le technicien blaugrana a attendu la 70ème minute pour effectuer son premier changement, qui fut immédiatement payant. Il est probable qu'un Alexis Sanchez entré à la mi-temps aurait pu changer le cours de la partie.

6 - Un dispositif tactique inadapté à l'opposition. Le 3-4-3 n'a pas été globalement un succès pour le Barça. Il est étrange que Guardiola l'ait ressorti de son tiroir. De façon plus précise, le décrochage de Busquets a permis à Ozil d'évoluer librement (comme l'a noté zonal marking). Sans doute, Guardiola attendait un Madrid plus défensif mais il n'a rien fait pour s'adapter.

Cette partie illustre assez bien le fait qu'un certain nombre de décisions individuellement justifiées (mettre Puyol à droite pour contrer Ronaldo, se positionner en 3-4-3 pour dominer la possession) peut se révéler catastrophique dans la gestion d'un match.

Le Real vogue tranquillement vers le titre de Liga. Hier, Guardiola l'a aidé.

Footballistico

mercredi 11 avril 2012

PSG - OM : que tirer d'un petit clasico ?

Il est difficile d'être très original dans l'analyse de ce clasico un peu décevant sur lequel tout a été dit, notamment par Canal+, à l'aide de ses 235 journalistes/expert/commentateurs et des 1 300 caméras installées au Parc.



Essayons tout de même :


  • La politique d'"événementialisation" de la chaîne cryptée s'est heurtée à un petit inconvénient. Le match, lui-même. Entre des parisiens paniqués de reproduire la prestation inconsistante de l'aller et des marseillais limités, le match était en retrait par rapport aux attentes. Un soufflé. Parions que Canal+ allégera un peu le dispositif la saison prochaine.
  • Le PSG semble avoir au moins appris à défendre... via ses attaquants. Menez est le parisien qui a fait le plus de tacles (6) dans la partie et Pastore a contribué à neutraliser Cheyrou, au prix d'une certaine inactivité offensive. Le parisien se retrouvant serré de près par le même Cheyrou.
  • La tactique d'Ancelotti est encore plus défensive que son dispositif initial le laissait supposer (4-3-2-1). Ses 3 joueurs offensifs ont été remplacés en cours de jeu respectivement par Bodmer, Sakho et Hoarau. Et encore, ce dernier semblait plus destiné à renforcer l'arrière-garde parisienne sur les coups de pied arrêtés qu'à occuper son poste de N° 9.
  • Paris a marqué ses 2 buts sur ses 2 seules frappes cadrées (6 tirs). Inversement, l'OM a eu besoin de 13 tirs pour en cadrer 3 et mettre 1 but.
  • Pourquoi mais pourquoi n'y a-t-il plus d'homme au second poteau ?
  • Thiago Motta est précis comme un coucou suisse : 91% de passes réussies (dont 7 longues sur les 9 qu'il a tentées) : record sur la pelouse, dimanche soir. Inversement, les 2 organisateurs du jeu marseillais ont failli : Cheyrou n'a réalisé que 73% de passes (à cause de Pastore). Et Diarra, malgré un très bon taux de réussite (87%), n'a tenté aucune passe longue, se contentant de son jeu court et latéral qui n'imprime que peu de rythme au jeu marseillais.
Conclusion : pour les 2 leaders médiatiques de notre championnat, la partie de dimanche ressemblait un peu à un aveu d'impuissance.
  •  en termes de jeu, Paris se rêvait sans doute comme le Real. Le voici plutôt comme Nancy, ou si l'on est gentil Chelsea, version Ancelotti. C'est moche, c'est solide et ça peut le faire en fin de saison.
  • Marseille est en fin de cycle. L'année prochaine, une équipe renouvelée et allégée des ses "boulets financiers" devrait voir le jour. D'ici là, un défi : ne pas déplaire à ses supporters, sans perdre une fois de plus, face à Montpellier, ce soir.
Footballistico

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