dimanche 22 novembre 2015

Nice humilie l'OL

Pour la reprise de la L1 après les tragiques attentats de Paris, les spectateurs de l'Allianz Riviera ont eu droit à un joli spectacle dominé par les jeunes troupes de Claude Puel,

La plupart des médias ont trouvé des explications psychologico-motivationnelles à la débâcle de l'OL. Pourtant, une simple analyse tactique 4-4-2 losange vs 3-5-2 (alliée au talent des niçois)  est sans doute plus pertinente.

Les 2 équipes souffraient d'absences conjuguées et devaient bricoler avec leur 11 de départ :

  • l'OL avait donc conservé son 4-4-2 losange mais faisait reculer Gonalons en défense centrale aux côtés de Yanga-Mbiwa (Umtiti et Bisevac étaient sur le flanc).
  • Toujours sans Alassane Pléa ni Bodmer et devant se passer des services Wallyson, Claude Puel avait décidé de passer en 3-5-2 plutôt que de forcer des joueurs à occuper des postes à contre-emploi. Simple adaptation ou coup de génie, cette décision allait se révéler cruciale dans le déroulement de la partie.
Première mi-temps : les choix de Puel eurent une conséquence qui fut visible dès le début du match : 
  • Lyon dominait le centre du terrain en 4 contre 3 et pressait assez haut pour perturber les relances niçoises. Ce fut visible dès la 4ème minute où Claudio Beauvue hérita d'un ballon récupéré aux 25 mètres par (au-dessus).
  • mais, dès le premier rideau franchi les aiglons lançaient leurs joueurs de couloir, Hult et, surtout, Jérémy Pied (le grand bonhomme du match), qui se retrouvaient sans opposition jusqu'au latéral adverse et qui n'hésitait pas à tenter leur chance, souvent en 1 contre 1. 
Ce déséquilibre conjugué avec le manque d'expérience des défenses centrales donna un match vif et animé dans lequel l'équipe la plus réaliste prendrait l'avantage.

Ce faillit être l'OL qui, après un ballon via le centre, vit Lacazette échouer sur le poteau. La défense à 3 des aiglons, formée aux deux tiers de latéraux s'écartait dangereusement. L'OL ne le savait pas encore mais il venait de gâcher ses 2 meilleures occasions du match (12ème). Peu de temps après, Nice, ressorti un ballon vers Pied (encore), et après un échange de passes incroyable (15), Séri perfora au centre et donna à Germain. 

Sur ce but, les niçois avaient parfaitement su exploiter la faiblesse inhérente au 4-4-2 losange : son manque de largeur, en baladant le bloc lyonnais de droite à gauche, avant d'enfoncer le clou au centre, Séri se retrouva tout seul face au fragile Darder. 

La construction du premier but Niçois : le "Barça de la riviera"
(source Fourfourtwo)
Evidemment, le simple face à face de 2 dispositifs ne dit pas toute l'histoire : l'OGCN exploita parfaitement la centralité lyonnaise grâce à 2 stratagèmes :
  • des longs ballons donnés latéralement côté opposé à Pied et Hult, qui mangeait la craie, ce qui donna des espaces incroyables aux 2 joueurs de couloir,
  • parallèlement, les 2 attaquants niçois, principalement Ben Arfa, qui se déplaçaient vers l'aile pour donner des solutions plutôt que de viser la surface en attendant le centre. Assez souvent, ce procédé offrit des situation de 2 contre 1 à l'aile (13 passes reçues par Ben Arfa de Pied, 14 dans l'autre sens).
Les passes reçues par Pied. Notez le nombre de longues transversales
(source Fourfourtwo).
Enfin, il faut évidemment souligner la qualité du jeu niçoise à tel point que même Ben Arfa, soliste, se fondit dans le collectif avec bonheur. 

L'OL eut du mal à réagir : fallait-il presser et s'exposer aux remontées de balles rapides des niçois ou bien combiner patiemment pour tenter de profiter de l'inexpérience de la défense locale ? En fait, les gones se montrèrent incapables de prendre le jeu à leur compte après l'ouverture du score : obligés de courir après les ballons poussés à l'aile, ils éprouvèrent des difficultés à prendre le dessus sur un bloc niçois, descendu plus bas et ce fut plutôt l'OGCN qui sembla en mesure de porter l'estocade, notamment sur un joli ballon, donné par Pied (encore) dans la surface pour Séri, qui échoua sur Lopes. 

Seconde période : on pourra sans doute reprocher à Hubert Fournier de ne pas avoir changer des choses à la mi-temps tant son équipe semblait fragile en fin de première période.  Le schéma se reproduisait dès le retour des vestiaires. Certes, la bourde de Yanga-Mbiwa aida les niçois mais l'action vint une fois de plus sur un décalage côté droit de Pied qui centra. 

On peut toujours se demander pourquoi Morel ne couvre pas mieux Pied en position d'ailier. La raison en est simple : souvent le joueur de couloir niçois recevait le renfort d'un de ses 2 attaquants, et la latéral lyonnais fit systématiquement le choix de se rapprocher de Yanga-Mbiwa pour le couvrir et renforcer le centre de la défense. Un choix logique, qui se révéla désastreux. 

A 0-2, l'OL demeura totalement inoffensif. Maintenant, Nice pouvait reculer franchement, ne laissant souvent qu'un seul attaquant en pointe. A la 64ème minute, Hubert Fournier reconnut son erreur et passa en 4-3-3 en remplaçant Beauvue et Darder par les jeunes Cornet et Del Castillo. On ne saura jamais si cette nouvelle organisation aurait pu donner plus de pertinence au système lyonnais car, sur un contre, Nice acheva son travail. Encore une fois l'action fut barcelonaise. Après un long ballon dans la profondeur pour Germain, l'action se déplaça de l'autre côté du terrain et s'acheva une fois de plus vers Jérémy Pied qui remit tranquillement vers Koziello seul à 12 mètres. 

La fin du match fut sans intérêt : seul le remplacement de Niklas Hult, perclus de crampes, indiqua à quel point les hommes de couloir de Puel furent sollicités en effectuant des grandes courses de 30 mètres pour terroriser leurs vis-à-vis. 

Conclusion : week-end après week-end, Nice montre qu'un autre football est possible en France, avec des gringalets de 18 ans (Koziello) qui se la jouent Iniesta ou des solistes qui se mettent au service du collectif (Ben Arfa). L'OGCN doit apprendre à mieux appréhender les matchs avec des défenses regroupées et pourra constituer alors une alternative sympathique et crédible aux grosses cylindrées du championnat (hors PSG). 

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