mardi 18 décembre 2012

PSG - OL : Rémi Garde tente un coup de poker mais perd

Un match au sommet de la L1 un peu décevant, que les parisiens ont dominé mais, à certains égards, leur victoire apparaît chanceuse.

Paris se présentait dans son 4-4-2 à plat, devenu standard depuis 4 matches. Seul Alex, blessé, manquait à l'appel, remplacé poste pour poste par Mamadou Sakho.

Mais la surprise du chef avait été concoctée par Rémi Garde. Contre toute attente, celui-ci avait nommé un 3-5-2 :
  • Umtiti, Bisevac et Lovren formaient un trio de défenseurs centraux convaincant,
  • Bastos et Réveillere étaient positionnés en joueurs de couloir,
  • Enfin, Lisandro avait toute latitude pour virevolter autour de Gomis, utilisé en point d'appui.
Première mi-temps :

La passionnant dispositif lyonnais était à la fois dicté par la nécessité (beaucoup d'absences côté OL) et par la volonté farouche d'empêcher Paris de développer son jeu.

En effet, les avantages pour Lyon étaient les suivants :
  •  à trois derrière, le défenseur central au marquage de Menez n'avait pas peur de suivre l'attaquant parisien lorsque celui-ci décrochait pour offrir des solutions à ses partenaires. De fait, Menez a eu moins d'influence que d'habitude.
  • Lyon dominait le centre du terrain, selon un schéma en 3 contre 2 : Fofana et Malbranque pouvaient ainsi bloquer les relance de Matuidi et Motta. En outre, Gonalons avait tout le temps voulu pour orienter le jeu.
  • En théorie, l'OL se retrouvait dominé sur les ailes, en 2 contre 1. Toutefois, cette situation ne les perturba pas trop car les ailiers parisiens sont soit employés à contre-emploi (Pastore), soit inversés et rechignent donc à manger la craie. Les 2 ont ainsi tendance à repiquer et tombaient sur Fofana et Malbranque.  En outre, les centraux n'ont pas hésité à venir prêter main forte à leur latéral (Umtiti, notamment).
Paris fut longtemps perturbé par le jeu lyonnais sans réellement comprendre ce qui se passait : on a ainsi vu Motta et Silva rater plusieurs relances, eux qui excellent dans ce rôle de rampe de lancement. La solution : donner sur les latéraux, ne portait que peu de fruits, pour les raisons évoquées plus haut.

Lisandro fut le joueur le plus intéressant de la première mi-temps. Il est paradoxal de voir que le petit argentin de l'OL exerça le rôle normalement dévolu à Menez. Très actif, il fut le lyonnais le plus dangereux, notamment par ses déplacements. Paris, déjà dominé numériquement au milieu ne pouvait pas se permettre de suivre Lisandro. Le capitaine lyonnais fut bien près d'ouvrir la marque sur un ballon donné par Fofana, libre de tout marquage au moment d'effectuer sa (jolie) passe. Il avait déjà semé la panique par un raid, déclenché depuis le milieu du terrain où il effaça Pastore, et déclencha une frappe contrée après une belle séquence lyonnaise. Lisandro fut aussi malheureux sur le but parisien, contré par Silva, le ballon fut rapidement relancé.

Pourtant, l'OL ne sut pas prendre sa chance : en insistant au centre du terrain, les lyonnais permettaient à la défense parisienne de jouer assez serré facilitant ainsi le travail. Sur 12 tirs, les parisiens ont ainsi contré 6 fois les lyonnais, qui manquaient d'espace dans les 25 derniers mètres. On peut aussi se demander si Gomis, très performant sur les centres ou servant de point d'appui en contre était le 9 idéal pour ce type de match que l'OL dominait par le centre. Mais Rémi Garde n'avait pas le choix...

Le but parisien, marqué dans les arrêts de jeu est le symbole de 2 choses :

  • Zlatan n'est pas seulement habile sur les frappes style kung-fu, c'est un attaquant intelligent, sur le but, il se déporte sur l'aile. En passant derrière le latéral lyonnais, il étire la défense centrale lyonnaise en ouvrant des brèches.
  • Le milieu "box-to-box" demeure une arme ultra efficace, il arrive de derrière, tout le monde court vers le but sans le voir et la moindre balle donnée dans l'espace devient un danger.
Seconde mi-temps :

Paris allait changer ses plans à la mi-temps : dès la reprise les joueurs parisiens allaient tenter de profiter de leur avantage sur les ailes. on voyait davantage Jallet / Pastore et surtout Maxwell / Lavezzi. L'OL dominait toujours le milieu de terrain mais semblait cette fois bien en peine de l'utiliser à bon escient. Matuidi se positionnait un peu plus bas et pouvait ainsi bloquer encore mieux les tentatives lyonnaises.

De fait, les occasions parisiennes vinrent souvent par les ailes, ce fut notamment sur un centre de Lavezzi vers Ibrahimovic, contré in extremis par Umtiti ou sur un ballon renvoyé qui atterrit dans les pieds de Jallet, qui reprenait de volée.

De fait, l'OL sembla rapidement incapable de prendre l'initiative pour refaire son retard. Bastos et Réveillere demeuraient très prudents et le jeu lyonnais au milieu continuait à buter sur le mur parisien. Paris dominait de fait la possession et le faisait même dans le camp lyonnais. Émoussés, sans solution sur le banc (premier remplacement à la 85ème minute), l'OL se dirigea tranquillement vers sa place de dauphin.

A noter enfin, l'excellent match de Pastore, qui fut présent sur quasiment toutes les grosses occasions parisiennes et qui fut le seul à pouvoir s'immiscer dans la défense adverse en première mi-temps, en profitant du moindre espace entre les lignes. Présent défensivement, plutôt inspiré, l'argentin pourrait être enfin à la hauteur des attentes placées en lui.

Pour Paris, c'est une bonne et une mauvaise nouvelle : leur 4-4-2 commence à être analysé et donc contré. De nouveaux cauchemars à venir pour Ancelotti, qui peut quand même savourer sa place de leader. Pour Lyon, c'est juste la confirmation que cette équipe, sans être renversante, possède à la fois l'effectif et la maturité tactique pour constituer une menace pour le club de la capitale.

Footballistico

samedi 15 décembre 2012

PSG : un coup de 4-4-2 et ça repart ?

Le PSG
Après sa traditionnelle "crise" de novembre, le club parisien a rebondi de la plus belle des façons, d'abord en LdC (Porto) puis en championnat (Evian puis Valenciennes)

Paris a marqué 10 buts en 3 matchs et n'en a encaissé qu'un seul. Les médias ont mis l'accent sur les "explications" qui s'étaient déroulées dans une Pizzeria de la capitale et sur la nouvelle union des "italiens" et des "anciens".  Evidemment, c'est un peu court, et Footballistico s’appesantira surtout ici sur le 4-4-2 à plat que Carlo Ancelotti a adopté depuis ces 3 matches.

Le technicien transalpin a testé à peu près tous les systèmes depuis son arrivée au PSG : 4-3-2-1 (le "sapin de Noël"), 4-3-3, 4-4-2 losange. Il était donc logique qu'il revienne un jours à ses premières amours techniques, dans un Milan AC très marqué par la culture d'Arrigo Sacchi.

Quel impact sur le jeu du PSG ?

A la différence des systèmes avec un meneur central, le 4-4-2 cherche avant tout 2 choses :
  • soit une verticalité vers les 2 pointes,
  • soit un jeu sur les côtés, s'appuyant sur les couples ailiers / latéraux.
En outre, ce dispositif retire un joueur participant au jeu et laisse donc davantage la possession à ses adversaires.

Logiquement donc, cela devrait se retrouver dans les stats de Paris. Et force est de constater que c'est exactement ce qui arrive : en 4-4-2 à plat, Paris ne cherche pas forcément à toucher plus le ballon que ses adversaires (2 matches à moins de 50% de possession, V.A et Porto), pour la première fois de la saison. En outre, le club attaque davantage via les côtés (74% des offensives, source www.whoscored.com) et cette tendance augmente de match en match. En revanche, le nombre de passes longues ou pénétrantes n'augmente pas. Paris ne balance pas devant (la tendance en 4-4-2). Pourquoi ?

En 4-4-2, le rôle des joueurs de devant a évolué par rapport aux autres systèmes même si le quatuor offensif est resté le même à l'exception de Nenê.

Pastore : après avoir oscillé entre une place d'ailier, de meneur central et de milieu reculé, l'argentin est aujourd'hui ailier. Evidemment, il ne pourra jamais être un ailier au sens classique du terme : il centre assez peu, aime repiquer vers le centre et ne défend pas très bien (le seul but du PSG depuis 3 matches est venu de son côté, face à Porto). Pourtant, c'est dans cette situation que Pastore semble donner son meilleur. L'argentin bénéficie de plus d'espace dans cette zone de jeu : il est plus difficile pour les milieux adverses de marquer le meneur parisien. Lorsque le ballon est récupéré derrière, l'action pastorienne se déroule donc en 2 temps :
  1. La balle m'est passée. En général, le latéral adverse cherche à se replier plus qu'à presser haut. J'ai donc du temps.
  2. Je bénéficie de ce temps pour orienter le jeu ou couper à l'intérieur. Je dispose d'espace entre les milieux défensifs et le latéral adverse. 
El Flaco, joueur brillant, bénéficie donc de ce qui lui manque le plus en situation de 10 classique, du temps pour orienter le jeu. Prix à payer : une friabilité défensive (en dépit d'un investissement croissant) sur le côté gauche que Jallet aura du mal à combler seul.

Lavezzi : l'ancien napolitain est, lui, un véritable ailier. Il est le grand bénéficiaire (avec par contrecoup, Maxwell) du nouveau dispositif. Il semble plus à l'aise à gauche où il arpente le couloir  tant en attaque qu'en défense. Le petit N°11 a marqué dans chacune de ses sorties depuis l'intronisation du 4-4-2. L'intérêt pour lui est de pouvoir faire jouer sa vitesse et, comme Pastore, de pouvoir repiquer à l'intérieur pour faire jouer sa frappe de balle. De fait, Lavezzi centre peu et tire beaucoup, tout en cherchant à effectuer le lien avec Ibra ou Menez.

Menez : même si le rôle des 2 argentins est important, c'est peut-être Jérémy Menez qui est le plus libre dans le nouveau système et qui le plus "lacher les chevaux". En effet, dans sa nouvelle situation, Menez n'est plus attaché à un côté de l'attaque parisienne et est libre de courir vers là où se trouve le ballon. Dans les faits, plutôt qu'un attaquant pur, Menez joue le lien entre les ailiers parisiens (ou éventuellement avec les rares incursions de Matuidi) et Ibrahimovic. Par ailleurs, il fait jouer sa vitesse afin de désorganiser les défenseurs qui ont déjà du mal à savoir où l'attendre. Menez n'hésite pas à dézoner complétement pour rejoindre ses milieux. Cela a pour effet, soit de faire sortir un défenseur central de sa zone naturelle (pour que Pastore et Lavezzi s'y engouffrent) soit de créer un surnombre au milieu et d'obliger la ligne de 4 adverse à se resserrer, créant ainsi des espaces sur les ailes (comme l'a noté www.chroniquestactiques.fr).

L'opposition face à l'OL dimanche soir promet donc d'être intéressante : les lyonnais ne devraient pas refuser la balle que leur laisseront les parisiens. Ils seront handicapés par l'absence d'un meneur de jeu (Grenier et Gourcuff sont sur le flanc)mais le retour de Bastos leur offre la possibilité d'un 4-2-3-1 intéressant en insistant sur leur côté gauche (défensivement, celui de Pastore) avec le retour de Bastos (et l'appui de Monzon). Défensivement, l'un des 2 milieux, probablement Gonalons, prendra en charge les déplacements de Menez avec une limite, cependant, si l'attaquant parisien se déplace latéralement hors de sa zone. Le problème pour les lyonnais viendra du côté droit. Reveillére devrait hésiter entre se projeter vers l'avant et reculer devant Lavezzi. Enfin, dernière carte lyonnaise, l'excellent Steed Malbranque devrait hésiter entre option défensive (supporter Gonalons, couvrir les montées des ailiers parisiens) et offensives.

Un match passionnant en tout cas entre une équipe en pleine renaissance et une autre sans véritable faiblesse, à défaut d'être géniale.

Footballistico.

dimanche 9 décembre 2012

Roma vs Florentina : qui a dit que le championnat italien était ennuyeux

2 des meilleures attaques du Calcio étaient opposées hier dans une rencontre qui promettait de faire des étincelles. Et c'est peu dire que l'on pas été déçu, en dépit des absents.

La Roma se présentait sans Lamela et Osvaldo restait sur le banc. Destro occupait donc le poste d'avant-centre dans le 4-3-3 de Zeman. Le reste de l'équipe était classique.

La "Viola" était encore plus affaiblie : les 2 attaquants du 3-5-2 (Jovetic et Ljajic) étaient sur le flanc. En outre, le malheureux regista de la Fio, Pizarro, avait dû retourner au Chili pour les funérailles de sa sœur. Montella devait donc bricoler :
  • Cuadrado, nominalement ailier était positionné en attaque aux cotés de Luca Toni. Sa place traditionnelle était occupée par Cassani,
  • Oliveira était positionné à la place de Pizarro,
  • Aquilani remplaçait Romulo pour donner une touche un peu plus technique au milieu de terrain.
Le match fut débridé et un peu fou, notamment pendant la première heure de jeu.

Première mi-temps :

L'un des facteurs-clé des matches de la Viola est l'absence quasi-totale de défense. Normalement dans une défense à 3, les 2 latéraux assurent des tâches à la fois défensives et offensives (on pense à Naples ou à Bordeaux, les 2 joueurs de côté sont d'ailleurs surnommés "carrileros" en Amérique Latine car ils coulissent tout le long de leur couloir). A la Fio, Cuadrado / Cassani et Pasqual sont des ailiers et occupent une place très avancée avec une implication modérée dans le repli défensif. Parmi les milieux de terrain, seul Olivera (et modérément Aquilani) semblait s'intéresser aux tâches défensives. En tout, donc 5 joueurs concernés défensivement, facteur aggravé par les incursions sporadiques de Roncaglia devant.

Déjà malmené par Bergame la semaine dernière, Montella aurait dû réagir mail il semble se complaire dans un système où son équipe doit juste marquer un but de plus que l'adversaire.

La tactique offensive de Zeman a semblé reposer sur ses 2 milieux latéraux, Bradley et Florenzi, ceux-ci n'hésitaient à porter le danger devant dès que les "giallorossi" récupéraient le ballon. Plutôt que de tenter de passer par les ailes (un exercice qui ne correspond ni à Totti ni à Pjanic), la Roma tentait de créer le surnombre en se projetant rapidement devant, en passant par un milieu déserté. Ce fut particulièrement visible sur le deuxième but des romains, où 4 locaux se trouvèrent face à 2 défenseurs florentins. En théorie, ce surnombre aurait dû se retrouver ailleurs, inversé, sur les ailes, lorsque le latéral romain se trouvait face au carrilero et au milieu latéral florentins. Mais dans les faits, Bradley et Florenzi furent suffisamment concentrés pour éviter ce type de situation.

Un facteur clé de la première mi-temps fut les coups de pied arrêtés : la Viola est l'équipe la plus efficace dans ce secteur de jeu en Italie et elle le démontra une fois de plus sur l'égalisation, une balle subtile de Valero pour une remise en retrait de Rodriguez vers Roncaglia seul devant la cage.

Néanmoins, ce but sur coup de pied arrêté illustre bien l'impuissance offensive de la Viola pendant la première période : incapable de distiller le jeu depuis le milieu, inoffensif sur le côté droit, les florentins semblaient anesthésiés, seul le duo Valero / Pasqual semblait capable de créer des décalages. Luca Toni, utile lorsque son équipe domine et distille des centres semblait ici employé à contresens.

Le troisième but de Totti, juste avant la mi-temps, depuis les 25 mètres, fut une nouvelle preuve de l'abandon du milieu de terrain par les visiteurs.

Seconde mi-temps :
Montella allait procéder à 2 changements à la mi-temps : El Hamdaoui remplaçait Cassani et Cuadrado pouvait ainsi glisser vers sa place favorite, l'aile droite. Fernandez prenait la place du décevant Olivera et Aquilani glissait en milieu reculé pendant que le nouvel entrant se portait à droite en soutien de Cuadrado.

Les changements allaient tout de suite porter leurs fruits puisque après un travail Pasqual / Valero sur l'aile gauche, l'espagnol centrait sur El Hamdaoui, qui marquait. Pour une fois, le surnombre de la Viola avait porter ses fruits, Bradley étant très loin de Valero sur cette action.

On pouvait croire que la viola allait se jeter à l'attaque pour remonter son but de retard. Dans les faits, les locaux reculaient d'un cran et profitaient de la désorganisation de la défense adverse pour se projeter devant. Il s'en suivit un nombre incroyable de situations dans lesquelles Florensi et Bradley, comme souvent, furent impliqués :

  • 47ème : Florensi adresse une frappe magistralement repoussée par Viviano,
  • 54ème : Pjanic transmet à Bradley qui bute sur Viviano, avant que Destro ne voit son tir repoussé de façon désespérée par Gonzalez,
  • 69ème : après un raid solitaire, Bradley frappe a l'entrée de la surface, dehors,
  • 78ème, ballon profond de De Rossi (entré à la place de Tachtsidis) sur Bradley, dont la tête ne trouve pas le cadre.
Le positionnement de Valero fut assez étonnant pendant cette période : plutôt que d'insister à gauche avec Pasqual, l'espagnol dériva au centre et sur la droite, en cherchant Cuadrado. Malheureusement, la Roma était suffisamment organisée défensivement pour résister à ce surnombre et les florentins présents de ce côté (Matias Fernandez était le troisième) semblaient parfois se marcher dessus.

Néanmoins, la pression de la florentina s'accroissait au fur et à mesure que le temps passait et le match aurait très bien pu se terminer à 3 - 3 lorsqu'une dernire banderille trouva Totti (encore lui) qui prolongea sur Osvaldo.

Conclusion : une performance défensive catastrophique de la Viola. Un nombre de tacles énorme (notamment 5 en position de dernier défenseur), des gestes parfois désespérés et un milieu qui ne protège pas suffisamment ses 3 défenseurs. Si les florentins veulent jouer un vrai rôle en Série A (et pas seulement celui d'entertainer), elle doit absolument trouver une solution. A Rome, il n'y a pas que la ville qui soit éternelle, Francesco Totti l'est aussi.

Footballistico

mardi 20 novembre 2012

Bordeaux / OM : Gillot change de système et prend la roue de l'OL

Les lecteurs fidèles de Footballistico savent que ce blog voue un culte discret mais réel à Francis Gillot. Le technicien bordelais a obtenu des bons résultats partout où il est passé (Lens, Sochaux et maintenant Bordeaux), il n'hésite pas à innover et à bricoler tactiquement.

Hier, dans un match poussif face à l'OM, Francis Gillot a offert une intéressante démonstration : comment un changement de système peut bouleverser le cours d'un match sans aucun remplacement.

Démonstration :

  • les girondins se présentaient en 4-4-2 losange. Ce système, que Gillot privilégiait à Sochaux (avec Marvin Martin à la tête du losange), n'avait été employé qu'une seule fois cette saison. Obraniak était cette fois dans le rôle du meneur derrière les 2 pointes, Jussiê et Gouffran.
  • l'OM innovait lui aussi. Baup affichait un 4-4-1-1, qui était une variante du 4-2-3-1 traditionnel avec les 2 ailiers (Morel / Amalfitano) un peu plus reculés que d'habitude. L'idée était de contrer les latéraux bordelais, perçus comme les joueurs les plus dangereux. En outre, l'OM, privé d'atouts offensifs était obligé de composer avec un Morel / Mendes inédit.
Il est difficile de comprendre a posteriori le plan de jeu de Gillot (la raison invoquée, mener un pressing haut n'a pas été démontrée pendant le match) : un joueur comme Obraniak, adroit mais plutôt lent, était plutôt voué à s'enferrer dans le duo Cheyrou / Kaboré et sa qualité de centre était inutile au vu de son positionnement. En outre, Saivet et Plasil, positionnés en milieu latéral du losange, avaient du mal à porter le danger sur les ailes. Tremoulinas parvenait, avec le support de Plasil, à adresser quelques centres mais Mariano demeurait très prudent. En fait, malgré une opposition assez faible, Bordeaux parvenait à être plus faible qu'un faible OM. Valbuena parvenait à porter la danger, en se déportant sur les ailes comme à son habitude (centre vers Ayew pour la meilleure occasion marseillaise) et à gauche Morel adressait quelques centres. Comme Sané suivait le lutin marseillais dans ses déplacements, il devenait de fait indisponible pour la relance. Ajoutée à l'incapacité d'Obraniak à prendre le jeu à son compte, les girondins se contentaient d'adresser de longs ballons à leurs 2 attaquants qui ne parvenaient pas à prendre le dessus sur la solide charnière marseillaise. Quant à Plasil et Saivet, ils traversaient la mi-temps comme des fantômes. Fin de la purge.

Au retour des vestiaires, changement de dispositif : Plasil descendait d'un cran, en vrai "regista" et Jussiê glissait plus à droite. Aussitôt, le jeu bordelais s'éclairait et la lumière vint presque aussitôt : Plasil transmettait le ballon sur la gauche à Trémoulinas, qui débordait en centrait à ras de terre sur Gouffran. But.

La suite ne fut pas brillante mais l'OM n'avait pas les moyens de remonter un but à des girondins désormais bien équilibrés dans leur football : les latéraux bloquaient les couloirs, le duo Sané / Plasil orientait le jeu et Planus bloquait les tentatives sur Ayew. Le summum fut atteint lors de la sortie de Valbuena remplacé par le sympathique Fabrice Apruzesse. Dès lors, l'OM abandonnait définitivement toute ambition offensive (1 seul tir en seconde période alors même que les olympiens furent menés pendant 40 minutes).

C'est d'ailleurs la seconde leçon de cette soirée : l'OM était hier privée de 4 joueurs (Barton, J. Ayew, Rémy, Gignac) et déjà Elie Baup faisait appel à un amateur et à un jeune débutant comme remplaçants. Demain, José Anigo remet le maillot ? Il y a un mois, l'OM faisait peur. Aujourd'hui, elle ferait presque pitié.

Quant aux girondins, même sans star (et sans recrue), ils peuvent compter sur leur coach pour leur tirer des mauvais pas.

Footballistico

mardi 13 novembre 2012

Comment le foot évolue : le N°9 passeur décisif

Avant, c'était simple : le rôle du N°9 était simplement de marquer. Bien entendu, l'avant-centre pouvait se décliner de différentes façons :
  • rapide et percutant (à la Torres) permettant à l'équipe de trouver l'attaquant lors de contres,
  • grand et puissant (Drogba) qui servent de point d'appui et de cible lors de centres aériens,
  • devenu plus rare, le renard, toujours à la limite du hors-jeu, un sens du placement inné, un peu truqueur, il permet d'exploiter au mieux les ballons, souvent mal donnés par ses co-équipiers et de transformer des miettes en or.

Il serait bien entendu réducteur de transformer les avant-centres en joueurs passifs attendant simplement les ballons : ils constituent souvent le premier élément du pressing (comme l'a démontré Torres en ligue des champions, la semaine dernière) et un point d'appui pour les relances longues. Néanmoins, offensivement, leur point commun est de participer de façon parcimonieuse à la construction mais de constituer une menace permanente dans la surface adverse.

Cela dit, cette menace perpétuelle rend le jeu trop prévisible (ce qui ne veut pas forcément dire toujours facile à contrer). En retirant un joueur de la construction, on diminue la capacité de l'équipe à proposer des solutions alternatives.

Bien entendu, cette idée de faire reculer un attaquant n'est pas totalement nouvelle, la notion de 9 1/2 et du 4 - 4 - 1 - 1 pré-existait mais souvent en appui d'un "vrai" avant-centre. Avec la généralisation des dispositifs en 4-2-3-1 / 4-3-3, l'unique attaquant de pointe devient ainsi partie intégrante du jeu, alors qu'il était jusqu'à présent un peu en marge, un caractère à part.

Face à ce constat, les équipes joueuses ont donc commencé à réagir :
  • Messi. L'idée sans doute la plus géniale de Pep Guardiola a été de positionner Messi en avant-centre capable de décrocher. Messi posséde la capacité de rentrer balle au pied depui les 30-35 mètres mais surtout de donner des passes décisives à ses partenaires qui plongent derrière la défense (Villa l'a fait 2 fois lors de la fameuse "manita" au Camp Nou).
  • Van Persie. Il était normal qu'Arsenal émule le Barça. Robin Van Persie participait souvent au jeu d'Arsenal en se positionnant en N°10. La difficulté pour Arsenal était de fournir des joueurs offensifs de la trempe de Villa aux cotés du hollandais.
En termes de statistiques, les profils de ces 2 types de joueurs sont très typés :

  • les attaquant classiques (Torres, Gomez, Falcao, Higuain, Giroud, Gignac) effectuent au maximum une vingtaine de passes par match, avec un taux de réussite plutôt faible (moins de 80%), tirent beaucoup (environ 3 tirs par match). Surtout, les passes décisives sont souvent un hasard. Falcao a marqué 10 buts mais effectué une seule passe décisive, Torres 0 (pour 7 buts).
  • les attaquants créateurs (Jovetic, Benzema, Ibrahimovic et donc Van Persie) font plus de passes (souvent 30, jusqu'à 40 pour Zlatan), possèdent un taux de passes réussies plus important (souvent 85% et plus, ce qui témoigne d'un positionnement plus décroché et aussi d'une technique très sure) mais surtout ont un taux de passes décisives très important par rapport au nombre de buts marqués.
Ce dernier point suscite d'ailleurs parfois des incompréhensions : pour le grand public, un attaquant, ça doit marquer. Passe encore s'il marque beaucoup ET qu'il réalise des passes décisives mais dans le cas contraire...

Le seul critère qui vaille est : ce type de système est-il efficace ? En effet, la perte périodique d'un point d'appui peut être troublant pour les latéraux et les autres attaquants censés alimenter leur avant-centre. Vers qui centrer ? Inversement, un 9 décroché offre souvent des problématiques insolubles à la défense adverse :
  • pour la défense centrale : suivre l'attaquant ou le laisser libre et dégarnir ainsi la surface de réparation ?
  • pour le milieu de terrain défensif : prendre le relai de la défense ou s'occuper en priorité des milieux offensifs adverses ?
En fait, l'efficacité de ce type de dispositif dépend de plusieurs paramètres :
  •  un 9 décroché doit compter sur l'un de ses coéquipiers capable de plonger dans l'espace libéré (souvent en diagonale). C'est naturel en 3-5-2 (Jovetic) ou 4-4-1-1 (Rooney) mais lorsque l'attaquant est isolé, il doit pouvoir compter sur l'un de ses partenaires à l'aile pour finir le job (Villa avec Messi et Ronaldo avec Benzema). 
  • le nouvel avant-centre doit pouvoir profiter du décrochage pour frapper de loin. C'est le cas d'un Ibrahimovic. Lorsque Zlatan frappe en dehors de la surface, il ne s'agit pas seulement de situations de contre : il est souvent dans le cas (comme face à Nancy) où il dispose d'une marge de manœuvre car ses défenseurs ne l'ont pas suivi.
  • enfin, l'équipe doit pouvoir disposer d'un plan B. Les décrochages incessants, c'est  bien mais si votre adversaire "parque le bus" derrière et dispose ainsi d'une densité forte de joueurs dans ses 20 mètres, ça ne va pas amener grand chose. A ce moment, le fait d'étirer la défense en écartant le jeu, la présence sur coup de pied arrêté ou une capacité à combiner dans un mouchoir de poche redeviennent la tactique privilégiée. Encore une fois, Zlatan offre un plan B précieux sur coup de pied arrêté.


Conclusion : le pari de Footballistico : quelques managers vont sans doute mobiliser de plus de joueurs atypiques en N°9 : Hazard, Valbuena, Callejon sont des candidats naturels et on peut s'attendre à ce qu'émerge dans les années qui viennent d'autres candidats à ce poste hybride : le "9/10".

Footballistico

dimanche 21 octobre 2012

L'équipe de France dont vous n'aurez plus honte

Les dispositifs après le remplacement de Silva par Cazorla (13ème)
L'équipe de France a donc ramené un match nul mérité de Madrid face à l'équipe championne du monde / d'Europe en titre et subitement toutes les critiques tombées sur cette équipe depuis 6 ans s'évanouissent et on est de nouveau fier de se grimer bêtement les joues en bleu - blanc - rouge devant sa télé.

Didier Deschamps avait privilégié son 4 - 3 - 3 fétiche avec un milieu de terrain assez physique (Gonalons, Matuidi, Cabaye). Vicente Del Bosque lui répondait du tac au tac (l'Espagne jouait plutôt en 4-2-3-1 à l'Euro). Pour pallier l'absence de Piqué et Puyol, le technicien espagnol avait positionné Busquets en défense centrale aux côtés de Ramos. Fabregas était en tête du trident offensif de la Roja en faux 9.

Première mi-temps : Le match commençait comme un bon vieux Barça - Grenade. Les espagnols dominaient la possession et pressaient les français qui avaient choisi de défendre très bas afin de couper les lignes.

Coté gauche espagnol : au début du match, l'Espagne possédait un coté gauche offensif mais repiquant vers le centre (Alba, Iniesta, Silva). La sortie du mancunien dès la 13ème minute avec le repositionnement de Pedro allait avoir des effets importants sur la physionomie de la partie :
  • Pedro est un véritable ailier et son positionnement allait étirer la défense française en maintenant l'avantage numérique du trio espagnol dans cette zone, souvent face à 2 français : Debuchy / Cabaye, Menez défendant par à-coup. Souvent, Koscielny devait combler les errances en se déportant à gauche.
  • En revanche, Fabregas était isolé dans le jeu et les combinaisons au centre du terrain étaient plus rares.
  • Le côté droit espagnol était beaucoup plus prudent : Arbeloa demeurait très bas. Ceci donna aux 2 équipes une forme de diagonale montante de gauche à droite. On a d'ailleurs peu vu des techniciens aussi doués que Cazorla et Xavi, situés à droite.
Néanmoins, la défense bleue ne parvenait pas à enrayer le jeu côté gauche : 60% des offensives espagnoles sont parties de ce côté. Le but Espagnol est venu d'un corner de ce côté, le penalty fut causé par Koscielny sur Pedro et Iniesta tenta plusieurs frappes.

Offensivement, l'équipe de France s'en remettait à ces contres rapides grâce à Menez et Ribéry. Au début du match, la pression espagnole (et un certain manque de techique coté tricolore) empêcha cette tactique d'être efficace mais à partir de la 30ème minute, les espaces s'ouvraient et les français allaient placer quelques banderilles : une frappe de Benzema et surtout le but de Menez, refusé pour un hors-jeu imaginaire.

2de mi-temps :

La seconde mi-temps repartait sur les mêmes bases que la première. Les espagnols tentaient de mettre la pression. La sortie d'Arbeloa, assez vite, sur blessure, allait limiter les options de Del Bosque en fin de match. Mais le fait important fut l'entrée de Valbuena à la place de Gonalons (57ème). La France passait en 4-2-3-1 et le match changeait de figure :
  • très mobile, Valbuena offrait à la fois une solution pour les remontées de balle des français et un relais précieux pour Menez et, surtout, Ribéry, soudain moins seuls sur leurs ailes,
  • défensivement, il mettait la pression sur Xavi Alonso et soudain, les remontées de balle des espagnoles se faisaient beaucoup moins fluides. A noter que le madrilène, isolé au centre du milieu de terrain, était beaucoup moins à l'aise que le 4-2-3-1 madrilène classique (où il est épaulé par Khedira ou pendant l'Euro à côté de Busquets).
La sortie de Menez au profit de Sissoko apparaît plus curieuse mais, rétrospectivement, il dénote la volonté réussie d'annihiler définitivement le dernier danger espagnol, Jordi Alba. Durant les 30 dernières minutes, les bleus ont multiplié les occasions (même nombre de tirs que les espagnols, avec une possession de seulement 34%) mais sans parvenir à faire sauter le verrou espagnol. Mais il était dit que les espagnols n'étaient pas dans leur assiette : ils perdaient le ballon bêtement au bout des arrêts de jeu suite à un corner et Ribéry mettait un superbe ballon à Giroud, entré en jeu 5 minutes avant.

On peut toujours faire la fine bouche devant ce résultat obtenu face à la meilleure équipe du monde : blessures de titulaires de la roja (avant et pendant le match), égalisation à la dernière minute, penalty mal tiré... mais il faudrait être aveugle pour tirer un trait sur une équipe fière, qui s'est battue et qui parfois fait preuve d'une intelligence de jeu pour contrer l'armada d'en face.


Le match nul des bleus offre la perspective d'une vraie finale à Saint-Denis pour la première place du groupe. Et ce match, on ne le loupera pour rien au monde. Et ça, c'est déjà une victoire.

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mardi 2 octobre 2012

Inter - Fiorentina : 3-4-1-2 vs 3-1-4-2

Même s'il est commun de dénigrer le championnat italien (fuite des talents, crise économique, etc), la Série A demeure toujours le lieu de fascinants affrontements tactiques que les autres championnats ne peuvent qu'envier.


La rencontre de dimanche soir entre l'Inter et la "Viola" florentine confirmait une tendance de fond sur le dispositif des équipes de la botte : la généralisation de la défense à 3. Étrennée par Naples et l'Udinese, popularisée par la Juve, la saison dernière, ce dispositif est en train de se répandre comme une traînée de poudre, aidé par l'invasion de joueurs sud-américains sur le Calcio, issus d'un continent où ce système n'a jamais disparu (seulement 2 italiens, Dimanche soir, dans chaque équipe).

Les 2 équipes livraient une interprétation bien à elles du dispositif :
  •  l'Inter, privée de Sneijder, se présentait en 3-4-1-2. Devant le "back three", les 2 milieux Cambiasso et Gargano font le boulot au milieu, alignés défensivement avec les 2 latéraux (Angatomo et Zanetti), au profil bien différent. Cassano et Milito forment un duo de choc devant. L'homme clé est Nagatomo, en se projetant sans cesse devant (sur les stats, le latéral japonais est le 3ème joueur le plus avancé de l'Inter, derrière le duo d'attaquants), et en entraînant ses co-équipiers, il déséquilibre l'équipe vers la gauche en entraînant Cassano, Cambiasso et Coutinho vers lui. A droite, seuls Zanetti et Gargano montent, prudemment, la garde.
  • La "Viola" se présentait en 3 - 1 - 4 - 2. Ici, c'est Pizarro, qui est l'homme de base. Le chilien est le vrai "regista" des florentins. Il oriente le jeu, avec un pourcentage important de passes longues-précises (12 sur 13 dimanche soir)- surtout vers les 2 latéraux (Cuadrado et Pascual).

Première mi-temps : de façon incroyable, les florentins ne cherchaient pas à contrer les milanais à gauche mais à les battre en les attaquant de leur côté faible. Le résultat est simple : sur leur côté gauche, les milanais étaient 1 de plus (Coutinho, Cambiasso, Moutinho et Nagatomo) face à Romulo, Cuadrado et Roncaglia. Sur le premier but, c'est Coutinho qui s'enfonce dans la défense milanaise avant de déclencher le penalty. Sur le second, c'est une longue passe de l'arrière milanais Ranocchia toujours vers un côté gauche déserté qui crée le décalage.

L'ouverture de Ranocchia : toute la Viola attend l'Inter à droite















Une des conséquences du dispositif milanais fut l'absolue liberté dont jouissait Pizarro, seul au milieu du terrain. Au-delà de l'avantage en termes de distribution et de possession, le chilien en profitait pour s'enfoncer sans problème sur le côté droit milanais, sans opposition sur 30 mètres, avant de centrer joliment sur Romulo.

Mené 1-2 à la pause, Florence pouvait légitimement y croire.

Seconde période :

A la mi-temps, Vincenzo Montella remplaça le fantomatique Ljajic par Matias, positionné un cran derrière. Aussitôt, les 2 équipes étaient plus équilibrées, défensivement s'entend. La florentina dominait numériquement le milieu de terrain et empêchait l'Inter de construire grâce à celle-ci. Malheureusement, cette belle mécanique était privée d'attaquant : la sortie de Ljajic et la tendance de Jovetic à dézoner limitaient l'impact offensif des florentins. L'Inter défendait maintenant à 5 et était beaucoup plus stable.

L'expulsion de Gonzalo Rodriguez à la 62ème minute compliquait un peu plus la mission de la Viola. Montella réagissait en faisant entrer un deuxième attaquant à la place d'un de ses latéraux et Florence passait en 3 - 4 - 2. De façon hallucinante, les visiteurs continuaient à dominer la possession mais sans pouvoir conclure malgré un ou 2 bons centres vers Toni.

En dépit d'une seconde mi-temps plutôt médiocre en termes de jeu mais plus équilibrée défensivement, l'Inter s'en sortait avec ce 2 - 1.

Conclusion : les défenses à 3 peuvent donner de beaux spectacles, on en a maintenant la preuve, même si ce sont encore des dispositifs qui nécessitent une maîtrise à apprendre pour des joueurs peu habitués à ce système. L'Inter demeure déséquilibré et semble jouer en-dessous de son potentiel depuis le début de saison. La Viola offre quant à elle un visage très séduisant mais doit résoudre ses problèmes défensifs pour prétendre à quelque chose cette saison.


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lundi 1 octobre 2012

VA/OM : Marseille, leader aux pieds d'argile

Les commentateurs pouvaient toujours gloser sur la série historique de l'OM ou sur le renouveau de l'équipe depuis le départ de Didier Deschamps. Certes, l'équipe jouait avec sérieux et Gignac connaissait un net regain de forme. Mais tout de même, les victoires des olympiens pouvaient donner à réfléchir :

   




  • quasiment toutes ont été acquises face à des équipes de la seconde partie de tableau (Rennes 14ème, Nancy 19ème, Evian 18ème, Sochaux 17ème, Montpellier 13ème). Seul Reims fait aujourd'hui partie du top 10 . Mais c'était lors de la première journée face à une équipe qui découvrait la Ligue 1 et qui n'avait pas fini son recrutement.
  • en dépit du respect envers Elie Baup, il faudrait presque un miracle à une équipe appauvrie pendant l'intersaison de 3 titulaires (M'bia, Diarra, Azpilicueta) sans renfort (Abdullah ?) pour s'améliorer de façon sensible et durable.
  • les matches remportés faisaient montre d'un état d'esprit retrouvé, certes, mais ont souvent été conclus sur des 1-0 petit bras (à Reims, face à Montpellier, à Nancy). Certes, il n'y a aucune honte à gagner sur la plus petite des marges, surtout à l'extérieur. Mais cela est le signe d'une équipe solide à défaut d'être inspirée.
En tout état de cause, l'OM n'était donc pas encore champion même si Elie Baup a su redonner sa chance à un collectif qu'on accusait d'être trop payé, trop inconsistant, trop nul.

En un sens, le match d'hier à Valenciennes était le premier test sérieux à l'extérieur pour les olympiens face à une équipe joueuse, peu décidée à attendre et jouer le contre. C'est peu dire que l'OM l'a raté.

Première mi-temps :

Les 2 équipes se présentaient en 4-2-3-1. Si l'OM a toujours joué dans ce dispositif cette saison, il était nouveau pour Daniel Sanchez. Sans doute le coach Valenciennois préférait un milieu central pour perturber la relance de l'OM. En effet, dès le début du match, VA pressait très haut, avec souvent 5 joueurs aux avant-postes pour troubler les olympiens, avec Kadir positionné très haut et Ducourtioux se joignant aux 4 de devant. Ce fut un carnage en terme de ballons perdus pour l'OM.

Offensivement, les valenciennois privilégiaient un jeu rapide et direct pour trouver ses ailiers Dossevi et Danic, d'où un taux de réussite assez faible dans les transmission mais des ballons souvent dangereux, donnés dans la profondeur. En début de match, ce fut plutôt l'aile droite qui fut privilégié avec le duo Dossevi / Mater. Souvent, André Ayew fut pris dans son dos par le duo valenciennois et Morel se trouvait esseulé. Après une première alerte très chaude sur le but de Mandanda suite à un centre de Dossevi, c'est de ce côté qu'une faute du latéral marseillais allait être la cause du premier but sur le beau coup franc de Danic.

Suite à l'ouverture du score, Ayew était obligé de redescendre beaucoup plus et les valenciennois allaient pouvoir solliciter l'aile gauche.

En effet, l'OM privilégiait l'aile droite pour ses offensives : Néry demeurait très prudent et comme Danic pressait haut, les olympiens étaient souvent en surnombre :

  • Valbuena percutait souvent de ce côté même s'il était nominalement milieu central (le fameux "ailier central" intronisé par Didier Deschamps),
  • Kaboré fut le latéral marseillais le plus entreprenant,
  • même Gignac eut tendance à venir chercher les ballons à droite.
Sur les 29 centres marseillais, 20 sont venus de la droite mais souvent sans succès, car l'OM jouait plutôt en passes courtes, ce qui avait tendance à ralentir leurs actions et à laisser le temps à la défense nordiste de se replacer.

Le second but est une illustration parfaite de la stratégie des locaux, long ballon vers les ailes (Ducourtioux, qui remet de la tête), pressing de Danic, centre vers Le Tallec. Le troisième but est gag mais est témoin du positionnement très haut de Kadir, souvent très proche de son attaquant.

Seconde mi-temps :

A 0-3, l'OM ne pouvait plus espérer grand chose et visiblement les forces et l'imagination lui manquaient.Elie Baup faisait entrer Loïc Remy à la place d'un Cheyrou boitillant et l'OM passait en 4-3-3. Cette modification tactique eut plutôt tendance à déstabiliser un peu plus le milieu défensif marseillais et le duo Kadir / Le Tallec allait s'en donner à cœur joie, d'abord sur une action bien stoppée par Mandanda, avant que l'attaquant nordiste donne le coup de grâce de la tête.

C'était pour ainsi dire fini, à presque une demi-heure du terme. V.A, fatigué, reculait. Seul Jordan Ayew mettait un peu de percussion dans le jeu marseillais et fut justement récompensé pendant les arrêts de jeu.

Conclusion : Si l'OM veut battre Paris, elle devra en une semaine résoudre les problèmes identifiés à Valenciennes :
  •  manque de créativité devant : Gignac est bon en percussion et en combat mais moins en remise. En outre, Amalfitano a souvent doublonné avec Valbuena sans gain pour l'équipe.
  • manque d'équilibre défensif avec un Abdullah encore trop tendre pour protéger son back-four et un Ayew trop passif (au moins en début de rencontre). La prestation de Rod Fanni en défense centrale est inquiétante. Qu'en sera-t-il face à Ibrahimovic ?
  •  manque d'agressivité et de mouvement lorsque l'équipe est pressée.
Nul doute que Carlo Ancelotti a vu VA/OM devant sa télé et qu'il en tirera quelques enseignements. Elie, à toi de jouer. Des changements sont sans doute à attendre.

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mardi 25 septembre 2012

Marco Verratti, portrait robot du nouveau N°6, le "Makelolo"

Dans la lutte aussi vieille que le football entre création et destruction, le N°6 jouit d'une réputation particulière.

Pour comprendre l'origine du N°6, il faut remonter aux années 50. A l'époque, les principales équipes jouent en WM. Mais les hongrois vont innover en faisant reculer leur avant-centre (Hidegkuti) derrière les 2 pointes du W (en l'occurrence Puskas et Kocsis). Le fameux N°10, qui allait dicter le tempo pendant les 4 décennies suivantes, était né.

En un sens, tout a changé derrière le N°10 mais les meilleures équipes jouaient toujours avec un "trequartistas", entre les milieux et la défense, derrière les 2 attaquants (Platini, Maradona, Zidane, Pelé). Presque tous les plus grands joueurs ont occupé ce poste. Et puis, les équipes se sont adaptées et ont cherché à annihiler le talent des meneurs de jeu. Pour ce faire, elles ont positionné un milieu devant la défense. Celui-ci n'était pas seulement chargé de surveiller sa zone mais aussi d'intercepter les passes par son placement, de tacler et de perturber le jeu du N°10. Prix à payer : son apport offensif est normalement très faible. Il demeure assez bas sur le pré. En outre, sa technique est plutôt frustre. Il est souvent le premier relanceur de son équipe mais il le fait via des passes courtes, souvent latérales qui permettent d'éviter une perte de balle immédiate. Enfin, il fait preuve d'une activité inlassable et possède un goût du duel très affirmé.

Ce rôle de destructeur, dont Makélélé fut l'archétype (et John Obi Mikel son disciple) a peu à peu poussé les joueurs les plus brillants vers les côtés (Ribéry, Ronaldo, Müller, Neymar) ou un cran devant (Messi, Rooney) reléguant les numéros 10 au rang de curiosité sud-américaine (Pastore). Ceci dit, il fallait bien organiser le jeu : ici intervient le meneur reculé. Le parfait exemple en est Pirlo : positionné plus bas, celui-ci n'a pas à craindre un pressing adverse intense. Il peut distribuer le jeu, via des ouvertures longues, il est libre de monter s'il le juge utile. Rançon du succès : c'est un joueur qui est naturellement peu porté sur la défensive et donc moins apte à perturber les attaques adverses. Ses montées peuvent constituer un danger en découvrant son camp. Il doit souvent être protégé de près par un autre milieu défensif pour le couvrir en cas de rush adverse (Gattuso au Milan AC, De Rossi chez les Azzurri).

Mais quid si un "hybride" apparaît ? Un mélange d'agressivité et de créativité ? Celui-ci existe, il s'appelle Marco Verratti et préfigure les nouveaux N°6, capables de verticalité ET teigneux, décisifs MAIS prudents.

Voyons cela en statistiques :

  1. Le N°6 destructeur. John Obi Mikel possède des statistiques simples : il effectue le plus de passes de son équipe avec un taux de succès très important. Il procède donc en passes courtes (2,2 par match) , prend peu de risques, ne tire quasiment pas, ne marque dons pas et ne réalise aucune passe décisive. Il tacle raisonnablement mais surtout intercepte beaucoup (2,2 par match).
  2. Le N°6 meneur reculé. Pirlo écrase les autres joueurs de la Juve en nombre de passes par match (81 contre 67 pour le second, le défenseur Chiellini) mais est loin d'être le plus précis. En cause, un plus grand nombre de passes longues (9 par match) et une présence plus importante dans le camp adverse. Il tire plus, marque et fait des passes décisives. Défensivement, Pirlo tacle mais mal et intercepte peu (1 ballon par match).
  3. Enfin le "Makélolo", Marco Verratti, donc. Celui-ci possède des statistiques, eh bien, intermédiaires. Il n'est pas devant en nombre de passes (signe qu'il n'est pas un passage obligé dès que son équipe récupère la balle) et en taux de succès. Il effectue 5 passes longues et réalise presque 2 interceptions par match tout en réussissant ses tacles. Il ne tire jamais mais grâce à sa précision sur passes longues a déjà réussi 2 passes décisives. Il met ses partenaires du milieu à l'aise offensivement (Matuidi, Chantôme) et rend ainsi redondant un profil de milieu défensif à ses côtés (Thiago Motta). 
Marco Verratti préfigure-t-il le futur N°6 ou restera-t-il un cas isolé ? Notre anticipation est que son profil va être recherché par tous les entraîneurs de la planète. Voici pourquoi :
  1.  Il est parfaitement adapté en milieu reculé dans les dispositifs 4-4-2 losange, 4-3-3 (le dispositif à la mode) ou 3-5-2.  Il sécurise ses coéquipiers défensivement mais offre aussi une solution dès que l'équipe récupère le ballon et peut se montrer décisif en contre. En revanche, il est vrai que dans les milieux à 2 (4-2-3-1, 4-4-2 à plat), sa polyvalence peut être un obstacle, sachant qu'un entraîneur préférera 2 joueurs au profil plus marqué : typiquement un couple destructeur / relayeur (Mikel / Lampard).
  2. La proximité des lignes le rend décisif lorsqu'il parvient à marier récupération puis passe longue dans un même mouvement, ce qu'aucun autre profil ne parvient à réaliser, surtout si ses partenaires parviennent à "gicler" suffisamment vite.
  3. Enfin, sa polyvalence le rend précieux pour gérer des temps de jeu où la tactique initiale est modifiée (afin de gérer le score par exemple) ou si l'équipe doit faire l'objet d'un réajustement tactique.
On doit donc s'attendre à voir se multiplier les clones du petit italien du PSG dans les années à venir.

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mercredi 19 septembre 2012

Real - City : les anglais loupent le hold-up

Le champion d'Espagne face au Champion d'Angleterre, il était difficile de rêver plus belle affiche pour inaugurer cette phase de poules. Si Man City se présentait dans une configuration classique (seule la titularisation du jeune Nastasic à la place de Lescott était surprenante), Mourinho avait procédé à plusieurs changements qui laissent à penser que la crise entre le portugais et son vestiaire n'était peut-être pas un vain mot. Ni Sergio Ramos (au profit de Varane), ni Ozil (pour Khedira) n'étaient sur le terrain.

Tactiquement bien sûr, c'est la titularisation de Khedira, qui était la plus intéressante. L'allemand fut libre de se porter devant, souvent positionné centralement dans le 4-3-3 de Mourinho. Ce choix possédait plusieurs conséquences :
  • il renforçait l'impact de Madrid dès que le ballon était perdu, allié à un gros travail de pressing de l'ensemble de l'équipe,
  • il offrait une solution d'un milieu en pénétration dans la surface adverse,
  • en contrepartie, l'animation du jeu madrilène manquait de créativité et de mouvement latéral.
Un effet collatéral du choix de Mourinho fut de faire reposer le jeu madrilène sur les épaules de Di Maria. Celui-ci était entraîné à l'intérieur plus qu'il n'a l'habitude. Il s'en tira plus qu'honorablement en première mi-temps (quelques tirs dangereux et un amour de petit ballon vers Higuain) mais il est remarquable de voir qu'il devint décisif en seconde mi-temps quand le fardeau créatif lui fut retiré (passeur décisif sur le but de Benzema).

1ère mi-temps :

Madrid allait commencer fort et un problème immédiat allait se poser aux Citizens : la lenteur du coté droit de la défense, avec Maicon et Kompany. Le brésilien fut souvent dépassé par Ronaldo qui redoublait avec Marcelo et le central belge fut ainsi continuellement attiré pour colmater les brèches. Kompany allait payer cette dépense d'énergie en fin de match.

Offensivement, City ne proposait pas grand chose : Nasri et Silva, nominalement ailiers eurent tendance à jouer très centralement et à s'enferrer dans la défense madrilène. Clichy montait très peu car il se retrouvait souvent seul face aux montées d'Arbeloa ou de Di Maria. Seul Maicon aurait pu constituer un danger, souvent seul à droite mais il fut rarement servi. Toutefois, après 2 parades déterminantes, le jeu de Madrid devint un peu trop prévisible (les tirs de Di Maria en se recentrant, les débordements de Ronaldo) et le match s'étirait avec assez peu d'occasions franches, Madrid s'en remettant trop aux tirs lointains. Le seul danger pour le Real était les raids de Yaya Touré. Une fois le premier rideau défensif madrilène percé, l'ivoirien avait le champ libre sur 30 mètres pour s'avancer. La passe réalisée pour Silva (qui vit son tir contré) fut la seule tentative des Citizens en première mi-temps (contre 15 aux merengues !).

L'autre événement pour l'équipe de Mancini fut la sortie de Nasri sur blessure et son remplacement par Kolarov. Celui-ci occupait le poste de Silva, à gauche, qui passait nominalement à la place du français. Comme dans les faits, l'espagnol se positionnait très centralement, la situation sur le coté droit de City ne fit qu'empirer.

2de mi-temps :

La seconde période commençait sur le même tempo que la fin de la première. Le Real avait perdu un peu d'énergie dans son pressing intense et laissait respirer son rival. City ne jouait toujours pas bien mais parvenait à conserver -un peu- le ballon. Comme souvent, les changements allaient s'avérer déterminants. Dzeko remplaçait un Silva transparent et City passait dans un 4 - 4 - 1 - 1 bancal, dans lequel, il y avait un ailier gauche (Kolarov) mais toujours personne à droite, avec Tevez derrière Dzeko.

Mourinho lançait Ozil et l'allemand se positionnait au centre du trident offensif madrilène. Le fait de supprimer Essien eu sans doute un impact sur le premier but de City. Les chevauchées de Yaya Touré sont toujours menaçantes mais le fait de supprimer un milieu défensif n'a sans doute pas aidé tout comme le positionnement de Pépé, ridiculement haut sur cette action où Varane se retrouve face à 2 attaquants.

Mourinho réagissait de façon frénétique en lançant Benzema et Modric à la place d'Higuain et Khedira.

Dans la foulée, Marcelo se jouait de Maicon et trouvait les filets de Hart, conséquence logique, mais tardive, de la faiblesse de City sur ce flanc.

Le match aurait pu se terminer sur ce score mais le coup franc de Kolarov amenait une fin de match incroyable et City craquait sur son côté droit malgré l'entrée de Zabaleta.

Conclusion : la gestion de Mancini est critiquable sur au moins 2 plans :
  • le côté droit de la défense de City était le point faible des anglais et Mancini, conscient du problème, l'a plutôt affaibli en remplaçant Nasri par Kolarov. Le coach italien pensait sans doute que Maicon pouvait surprendre Marcelo par son jeu d'attaque. Mais alors, pouquoi ne pas avoir positionné franchement un ailier de ce côté.
  • en outre, jamais les citizens n'ont paru capables de gérer le match : il restait 8 minutes à jouer après le but de Kolarov mais les anglais n'ont pas réussi à faire tourner le ballon pour épuiser les madrilènes et gagner le temps nécessaire. Une faiblesse récurrente des clubs anglais qui pourrait coûter la qualif à City. 
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mardi 4 septembre 2012

LOSC - PSG : Ibra dépendance

Pour ce sommet de la 4ème journée de L1, les 2 dauphins de Montpellier s'affrontaient dans ce qui ressemblait pour les 2 équipes à une rédemption après une début de championnat un peu raté.

Rudi Garcia devait composer avec une équipe fatiguée par son tour préliminaire de Ligue des Champions : il avait composé une équipe assez défensive, avec le trio Mavuba, Gueye Pedretti au milieu de son 4-3-3 et Marvin Martin positionné en ailier droit à la place de Salomon Kalou. En outre, la titularisation de Nolan Roux, un attaquant d'espace donnait bien le ton du schéma de jeu lillois : assurer le combat au milieu et donner en profondeur.

Ancelotti avait décidé d'innover tactiquement : après avoir essayé 13 joueurs (!) dans son 6 de devant en 3 matches, le technicien italien tentait un 4-4-2 losange, Pastore devant servir les 2 attaquants, Menez et Ibra. On se sut pas vraiment ce que les 2 coach avaient préparé tactiquement car, en moins d'une minute, Ibra avait déjà scoré obligeant Lille à courir après le score.

1ère mi-temps : 

L'ouverture du score fut facilitée par Martin. L'ex-sochalien avait toute licence pour dériver de son aile droite. Moins au fait qu'un véritable ailier de son rôle défensif, il laissa Maxwell totalement libre sur la première offensive parisienne. De façon invraisemblable, c'est Basa (le défenseur central) qui vient contrer l'arrière gauche brésilien. Rudi Garcia avait sans doute sous-estimé Maxwell, auteur de 3 premiers matches très décevants.

Lille se retrouvait donc obligé d'attaquer. Il fut encouragé par un dispositif défensif parisien peu à l'aise en début de match. Les 2 milieux latéraux parisiens (Matudi et Motta) devaient en effet couvrir une zone beaucoup plus importante qu'en 4-3-3, où, théoriquement, les ailiers couvrent les latéraux adverses. Point d'ailier ici et le PSG souffrait, notamment sur les redoublements Martin / Béria. Ce fut particulièrement le cas de Motta, plus habitué a un rôle central. L'erreur de Jallet sur le premier corner qui occasionne le but lillois vient de là, un isolement trop grand du latéral parisien.

Paris devra régler ses problèmes défensifs sur corner mais il faut rendre hommage au corner de Payet, excellement tiré.

Le second but parisien est plutôt chanceux dans son origine (et talentueux dans sa réalisation). Ibra défendait afin de prêter main forte à ses milieux et récupère un ballon, relayé par Pastore. But.

Lille parut affecté et la dépense physique consentie face à Copenhague limitait les ambitions du LOSC. Mavuba était positionné plus près de Pastore, ce qui limitait l'apport offensif du milieu lillois. Les parisiens eurent tendance à reculer un peu, tandis que Gueye et Pedretti hésitaient à s'aventurer trop haut. Dès lors, Verratti était en surnombre et pouvait couper les ballons qui revenaient vers l'intérieur, vai Martin, notamment, pendant que Matuidi et Motta assistaient leurs latéraux. Menez joua aussi un rôle énorme en interceptant un nombre important de ballons (12) et en constituant de fait la première ligne parisienne venant perturber la relance lilloise. Paris finissait la mi-temps sans être trop inquiété, en profitant même du manque de replacement de Payet pour lancer Jallet auteur de bons centres vers Ibra.

2de mi-temps :

A la mi-temp, Rudi Garcia décida de faire entrer Kalou à la place de Pedretti. Lille passait en 4-2-3-1. En théorie, ce dispositif aurait dû créer le surnombre Lillois au milieu, les milieux parisiens étant tiraillés entre le soutien à leur latéral et la couverture des montées de Gueye et Mavuba. Mais dans les faits, les 2 milieux lillois restèrent assez prudents et montèrent assez peu.

Le PSG restait bien organisé, Verratti faisait sa teigne et Lille ne trouvait pas la solution. Le remplacement suivant était du poste pour poste (De Melo pour Roux). Dans les faits, le brésilien est très utile pour convertir des centres et des balles dans la surface, bref une situation où Lille domine. Mais la domination lilloise réelle en termes de possession fut stérile : 3 tirs en seconde période et la solution De Melo, plus statique que Roux, eut tendance à empirer les choses, en participant moins au jeu que l'ancien brestois. Dès lors, le PSG se contentait de faire enter du sang neuf, avec notamment la sortie de Pasotre pour un Néné plus actif défensivement. La fin du match fut un peu désorganisée avec un LOSC incapable de prendre le jeu à son compte et un Paris tenant bien le match, assez serein.

Conclusion : ce ne fut pas parfait mais le PSG a rendu sa meilleure copie depuis le début de saison. Il est demeuré pendant ce match assez défensif. L'équipe ne semble pas encore capable de prendre le jeu à son compte, comme un Barcelone de l'hexagone mais Ancelotti peut s'appuyer sur quelques certitudes (Ibra, Menez, Verratti, la charnière centrale) tout en continuant à chercher un dispositif brillant et une solution au problème Pastore (une passe décisive mais encore une fois décevant). Lille commence à comprendre que le départ d'Eden Hazard, un joueur capable de dynamiter une défense sur quelques dribbles ondoyants risque de coûter cher en points, Martin n'évoluant pas dans ce registre.

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dimanche 26 août 2012

La métamorphose de Chelsea

Di Matteo est-il en train de réussir là où Villas-Boas avait échoué. Etonnant homme que ce Di Matteo : appelé à restaurer les fondamentaux de Chelsea (puissance, jeu offensif simple s'appuyant sur un attaquant pivot), il a entrepris après le plus grand succès du club de transformer le jeu de celui-ci.

La performance du club, hier après-midi à Stamford Bridge face à Newcastle fournissait donc une démonstration sur le nouveau Chelsea :

  • en termes d'effectif : exit Drogba, Kalou, Anelka. Au loft, Malouda. Remplaçant, Lampard. De l'équipe championne en 2010, il ne restait hier que Cole, Ivanovic, Cech et Obi Mikel.
  • en termes de système de jeu : fini du 4-3-3 instauré par Mourinho et reconduit par ses successeurs. Di Matteo a franchement opté pour le 4-2-3-1.
  • en termes de style de jeu. Désormais, ça passe moins par les ailes (13 centres contre 27 en mars 2012) et surtout, ça combine plus. 
La seule concession de Di Matteo semble être de renoncer au pressing haut. Ceci dit, tout le monde participe à la récupération même Torres.


Chelsea se présentait donc dans un 4-2-3-1. Hazard nominalement derrière Torres mais dans les faits très mobile, n'hésitant pas à dériver à gauche et à droite pour apporter le danger. Le jeune prodige belge a d'ailleurs bonifié tout le jeu de son équipe:

  • Torres se retrouve à faire des appels avec des ballons qui arrivent dans les pieds
  • Mata trouve un partenaire en remise et en combinaisons
Di Matteo avait positionné Bertrand devant Cole afin de contrer la menace Ben Arfa.

Première victime expiatoire, Newcastle. Il y a quelques mois, les Magpies avaient maltraité Chelsea à Stamford Bridge. En se présentant hier en 4-4-2, l'équipe acceptait de laisser le jeu à l'initiative de son adversaire mais espérait que Ben Arfa et ses 2 attaquants réussiraient à transpercer la défense des blues.

Première période :

Newcastle allait donc subir, assez bas (trop ?), le jeu de Chelsea. De façon étonnante, si la remontée de balle de Chelsea passait souvent par les ailles, la conclusion des attaques se déroulait au centre. La positionnement de Hazard, en particulier, fut un problème insoluble pour le 2 du milieu (Cabaye / Anita). Suivre le jeune belge c'était laisser les défenseurs seuls mais ne pas le suivre c'était offrir un point d'appui pour les attaques des blues. Souvent celui-ci se portait donc à gauche pour échapper aux défenseurs. Par contrecoup, la paire Meireles / Obi Mikel était laissée relativement libre pour distribuer le jeu.

Autre point d'importance à noter, si le côté gauche de Chelsea était très prudent, le côté droit (Mata, Ivanovic) se portait devant. C'est ainsi que l'espagnol fut impliqué sur les 2 buts des blues :
  • sur le premier, c'est lui qui transmet à Torres, qui s'infiltrait dans la défense avant de subir une faut d'Anita
  • sur le second, Ivanovic lance l'action et après un échange Mata / Meireles, l'avant-centre déclenche un une-deux avec Hazard.

Offensivement, Newcastle semblait compter sur les longs ballons vers ses attaquants. Cela faillit réussir, notamment sur un coup de pied arrêté. Ben Arfa, calé à droite fut bien pris par Cole, notamment. A noter que les londoniens se méfaient comme de la peste du français car souvent un troisième blues (Hazard) se mêlait au duo  Bertrand / Cole.

Seconde période :

En seconde période, Allan Pardew allait donner tout liberté à Ben Arfa pour errer sur le terrain à sa guise. Nominalement, cela aurait dû créer des situations de 2 contre 1 sur le côté droit de la défense des Magpies. Dans les faits, Bertrand n'est pas un très bon attaquant et Simpson ne fut pas mis en danger. A ce titre, il est d'ailleurs étonnant que Di Matteo n'ait pas cherché à exploiter davantage cette situation en faisant entrer Sturridge.

Si Ben Arfa fut plus percutant avec notamment une belle action à l'heure de jeu (durant une bonne période pour les Magpies), le problème de Newcastle restait entier. Chelsea dominait la possession et laissait peu de munitions à Newcastle.

Pardew allait tenter d'apporter plus de peps sur les côtés en remplaçant Simpson et surtout Santon Par Marveaux mais sans succès. Les latéraux de Chelsea sont bons défensivement et Ramires rentré à la place de Mata faisait le boulot défensivement. Le jeu de Newcastle se délitait progressivement et on en restait là.

Conclusion : tant en termes de créativité offensive que de gestion de ses temps faibles, Chelsea semble avoir progressé énormément sans perdre sa solidité défensive. De quoi rattraper 25 points de retard sur les Manchester ? Peut-être.

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mardi 21 août 2012

PSG : ça se corse

A tous ceux qui avaient peur d'un "championnat à 2 vitesses" et qui se lamentaient à l'avance que tout risque de suspense risquait d'être annihilé, le PSG a apporté un cinglant démenti, dimanche soir sur la pelouse de François Coty.

Tous les observateurs ont noté la médiocrité du jeu parisien et se demandent où Carlo Ancelotti va puiser les ressources pour en faire une machine à gagner. Pire que ça, tandis que Koumbouaré avait l'excuse d'un groupe constitué à la hâte avec un certain nombre de joueurs arrivant très tard (Sirigu, Sissoko, Pastore), le PSG, cru 2012-13, a géré son mercato assez promptement laissant à la plupart des joueurs le temps de faire une préparation digne de ce nom. En plus comme le disent les observateurs, l'ossature de l'équipe est restée la même.

Le seul problème, c'est que les ressorts du succès de Paris de l'année dernière sont aujourd'hui remis en cause. Ils étaient basés sur quelques principes simples :
  • un 4-3-2-1 assez défensif, avec un 3 de devant très fluide (Menez, Pastore, Néné). L'influence du 3 de devant a été énorme : 43 buts et passes décisives (plus des 2 tiers du total parisien) après la trève et un PSG qui a fini meilleure attaque du championnat.
  • un milieu à 3 solide (Sissoko, Motta, Matuidi) mais avec une caractéristique pas assez soulignée pour l'italien : sa capacité à jouer long depuis le milieu du terrain. De façon assez récurrente, Motta aligne entre 10 et 20 passes longues par match, dont 75% parviennent à leur destinataire (chiffre exceptionnel).
  • une défense à 4 assez classique : en dépit des déclarations d'Ancelotti, les latéraux parisiens ne sont pas les plus offensifs de L1 et la défense parisienne a eu du mal pendant toute la saison sur coup de pied arrêté.

Or, à Ajaccio, la dynamique offensive était brisée malgré un dispositif affiché en 4-3-3/4-3-2-1.

  • des changements importants : sur les 6 joueurs milieu / attaquants, seuls les 2 ailiers, Néné et Menez retrouvaient leur poste de l'année dernière.
  • Lavezzi. Seul véritable nouveau dimanche soir, l'ancien napolitain est apparu plutôt perdu devant. A Naples, Lavezzi était utilisé comme un ailier combinant souvent avec le grand Cavani, notamment lors de contres. On comprend l'intérêt avec Ibrahimovic. Mais la complémentarité avec Néné et Menez est beaucoup moins évidente. Des statistiques assez pauvres jusqu'à son coup de sang à la 59ème minute qui disent bien toute la frustration de l'argentin.
  • Pastore. Positionné plus bas, à gauche par Ancelotti, Pastore se retrouve dans une situation qui visiblement lui réussit peu. A ce poste, il doit contribuer défensivement. Peu à l'aise dans cet exercice, il est demeuré assez bas sur le pré (plus bas que Chantôme à droite) et a donc relativement peu contribué offensivement. En positionnant André (milieu offensif très concentré par le taf' défensif) et Diawara assez haut, Alex Dupont a fait reculer Pastore et par effet collatéral, Maxwell. Comme Menez demeure assez peu intéressé par les tâches défensives, c'est tout le flanc gauche parisien qui souffrait. C'est d'ailleurs de ce côté  que viendra la meilleure occasion ajacienne avec le poteau d'Eduardo. Pour "el flaco", le bilan de la soirée est maigre : à ses défauts irritants (ballons trop facilement perdus pour un joueur possédant son bagage technique), il n'a pas été décisif offensivement, même par bribes.
  • rare satisfaction Parisienne de la soirée, Blaise Matuidi fit un travail défensif remarquable mais ses relances, toutes en passes courtes (1 seul long ballon donné) a ralenti les contres parisiens par rapport à la rampe de lancement que constitue Thiago Motta.

Que faire ? Ancelotti va sans doute bricoler encore : c'est un entraîneur qui met parfois du temps à trouver ses formules mais qui ne rechigne pas à en essayer plusieurs. Il disposera bientôt de tout son effectif.

Basiquement, Ancelotti dispose de 3 options tactiques :
  • maintenir le sapin de Noël (4-3-2-1). Comme Ibra est indéboulonnable devant, le technicien italien pourrait positionner à ses côtés Menez (ou Lavezzi) et Néné. Le 3 du milieu pourrait voir le retour de Motta, avec à ses côtés le duo de solides récupérateurs Sissoko / Matuidi. Seul problème, que faire de Pastore : un joker de luxe ou la solution préférée à gauche à domicile ?
  • le 4-2-3-1 : c'est la solution qui maximise le potentiel offensif (théorique) du PSG. Avec Pastore repositionné plus haut, derrière Ibra avec Lavezzi / Néné comme ailiers. L'ailier argentin est préféré à Menez grâce à sa contribution défensive plus élevée (sur le papier) permettant de laisser Pastore et Ibra vaquer devant.
  • le 4 - 4 - 2. Le Milan AC utilisait souvent ce dispositif (plutôt dans sa version diamant) avec un Robinho libre situé à gauche d'Ibra. Si l'élu parisien semble plutôt être Menez, ce dispositif remet en selle Gameiro dont l'entrée en lice à Ajaccio a permis de constater que l'ex-lorientais possédait encore énergie et vitesse de déplacement. La version parisienne serait plutôt un 4 à plat avec Lavezzi et Néné sur les ailes et Motta / Matuidi en milieux défensifs.

Conclusion : le cœur de Footballistico penche plutôt pour le 4-4-2 mais une chose est sûre : le parcours du PSG en championnat ne sera pas un chemin de rose.
Des espoirs pour la Coupe de France ?

Footballistico


dimanche 8 juillet 2012

Euro 2012 : les leçons d'un beau mois de juin


Au-delà de l'impressionnante victoire de l'invincible armada espagnole, quelles sont les leçons à tirer de cet Euro 2012, tant en termes tactiques qu'en terme généraux sur l'évolution du football ? Surtout, quel football peut-on s'attendre à voir dans les années qui viennent ? Ce post s'attache à répondre à ces angoissantes questions.

  1. L'écart entre les grandes nations et les outsiders n'a jamais été aussi fort. Il était peu probable pendant cet euro que l'on revive un scénario à la grecque (2004) ou à la danoise (1992). De fait, les grandes nations traditionnelles (Allemagne, Italie), nouvelles (Espagne) et les petits pays traditionnellement bien classés à la FIFA (Portugal, Pays-Bas) ont largement dominé les autres. La raison : les grandes nations allient désormais qualité de la préparation physique et tactique à une philosophie de jeu offensif, qui ne peut pas se bricoler pendant une préparation. Les autres facteurs (joueurs plus frais parce que second couteaux dans leurs clubs, ...) deviennent secondaires.
  2. Les meilleures équipes sont celles qui sont capables de bâtir sur la base d'une ossature issue d'un ou 2 clubs. Les 4 demi-finalistes possèdent une caractéristique commune. Une majorité de titulaires foule ou a foulé les mêmes pelouses : 
    1. Allemagne : 7 joueurs sont issus du Bayern
    2. Italie : 6 joueurs de la Juve
    3. Espagne : 5 du Barça, 4 du Real
    4. Portugal : 8 ont porté (ou portent) les couleurs du Sporting du Portugal (formidable centre de formation). Au contraire, les autres équipes, même si elles comportent en leur rang des joueurs doués,  n'ont pas réussi à soutenir la comparaison (France, Angleterre, Pays-Bas, Suède). La raison saute aux yeux : lors des préparations, les sélectionneurs nationaux n'ont pas suffisamment de temps pour créer des automatismes et une compréhension suffisante entre leurs ouailles et la complémentarité Pirlo /  Marchisio, Busquets / Xavi / Fabregas / Iniesta, Scwheinsteiger / Müller / Boateng ne s'acquiert qu'au fil des entraînements et des matches répétés. Notons que le dispositif est aussi un copier-coller des clubs pourvoyeurs d'internationaux : le 4-4-2 losange de l'Italie, celui de la Juve. Le 4-2-3-1 allemand, le Bayern...
  3. Le 4 - 2 - 3 - 1 s'est imposé comme le dispositif le plus utilisé (Espagne, Allemagne, France, Pays-Bas, Grèce, République Tchèque, ...). De façon étonnante, le 4 - 3 - 3, très à la mode depuis les succès du Barça et dans une moindre mesure de Chelsea, a été très peu utilisé (Portugal). 2 équipes ont adopté le 4 - 4 - 2 : l'Angleterre dans une version 4 - 4 - 1 - 1 (avec un Rooney décroché) et l'Italie avec son fameux losange. Cela ne veut pas dire que l'interprétation du 4 - 2 - 3 - 1 soit identique. L'Allemagne (avant son crash en demi-finale) et l'Espagne sont probablement les versions les plus intéressantes : l'Espagne joue avec un Neuf et demi qui n'hésite pas à se lier avec ses milieux. En outre, les ailiers espagnols sont très peu excentrés. L'objectif est de faire circuler le ballon de façon inextricable avant de donner de la verticalité sur un appel ou de la largeur vers les latéraux. La Mannshaft fait dériver Özil vers les ailes afin de créer du surnombre et d'initier une attaque sur un côté avant de renverser le jeu rapidement. 
  4. Un grand attaquant ne sert à rien. Après avoir condamné le 10 classiques, les défenses au niveau national semblent avoir rangé le renard des surface ou le super-9 au rang d'aimable souvenir qu'on montrera aux enfants dans les vieux livres jaunis (entre un schéma en WM et une photo de libéro). En demi-finale, on avait donc :
    1. Helder Postiga blessé, remplacé par Almeida,
    2. Negredo, remplacé par Fabregas à la mi-temps, un neuf-et-demi,
    3. Gomez, le plus proche d'un 9 classique remplacé à la mi-temps par Klöse
    4. Balotelli et Cassano, plus classiques,
    5. Toutes les équipes qui possédaient un super buteur (France, Angleterre, Suède, Pays-Bas) ont mordu la poussière.
 A priori, devant la densification des défenses, il est difficile au 9 de roder dans la surface en attendant le ballon d'un coéquipier. L'autre option, le grand 9 rapide, puissant sur lequel on s'appuie sur des ballons longs n'est pas adapté lorsque l'équipe domine. Mais, on aurait pu penser que des équipes comme la Suède (Ibra) ou l'Angleterre auraient pu l'utiliser avec succès. En fait, Ibrahimovic a changé son rôle, il décroche souvent (à l'instar de Benzema) et se transforme souvent en passeur décisif. Dans les fait c'est souvent l'absence de support devant (personne à qui faire la passe) qui a condamné ce type d'initiative. En tout cas, les entraîneurs préfèrent un 9 qui participe au jeu, afin d'asseoir la domination de l'équipe et d'ouvrir des brèches (en mobilisant un défenseur central) qu'une menace permanente dans la surface.

Footballistico


mardi 26 juin 2012

Euro 2012 - Avant-goût tactique Espagne vs Portugal

Sur le plan tactique, l'affrontement entre l'Espagne et le Portugal pourrait se résumer en 1 phrase : l'Espagne va tenter de dominer le centre du terrain et le Portugal de lancer les offensives via les ailes.

Ceci dit, plusieurs questions tactiques intéressantes se posent sur ce "pattern" de base : le rôle de quelques joueurs clé et la capacité des 2 équipes à subir / Maintenir la pression.



  1. Compositions. Le Portugal affichera son 4 - 3 - 3 inébranlable depuis le début de la compétition, d'autant plus que les hommes de Bento ont eu 6 jours pour récupérer. Seul changement subi, la blessure de Postiga oblige l'entraîneur portugais à un changement poste pour poste. Hugo Almeida tient la corde même si le jeune Oliveira a rendu des copies très propres sur les bouts de matches où il est rentré. Le cas de l'Espagne tourne aussi autour du 9 : Fabregas ou Torres ? Toutefois, à chaque fois que Vicente Del Bosque a affronté une grosse équipe (ou supposée telle), il a privilégié son 4 - 6 - 0, avec Fabregas.
  2. Pressing. Il est vraisemblable que l'Espagne mène un pressing assez haut pour gêner les relances portugaises. La grande crainte de la Roja, c'est que les ballons parviennent aux 2 ailiers portugais où tout devient possible. Les chapions de monde en titre vont donc essayer un pressing haut, notamment sur les 3 milieux portugais afin de gêner la relance et récupérer la balle le plus vite possible afin de perturber le replacement défensif des portugais. De son côté, la 11 de Bento sera sans doute plutôt heureux d'aspirer la pression assez près de leur but pour priver les espagnols d'espace et de relancer rapidement. Le problème espagnol : entre la fatigue apparente de certains cadres (Xavi, Silva) et les 2 jours de récupération de moins, il est probable que le pressing s'effiloche au fil de la rencontre. Si, à l'heure de jeu, l'Espagne n'a pas pris les devant, il est probable que le tiki-taka ne suffise plus et qu'il fasse sortir un plan B (Torres, donc, et des ballons en profondeur).
  3. Les ailes. 2 configurations assez différentes ici : l'aile gauche où sévissent Ronaldo et Coentrao est l'aile forte portugaise. Il est donc fort probable qu'Arbeloa soit très prudent. De l'autre côte, un dilemme va se poser à Jordi Alba. Il sera le seul à pouvoir offrir de la largeur au jeu espagnol mais au risque de découvrir son arrière-garde face à Nani. Même si Busquets peut couvrir alternativement l'un des 2 côtés, il est probable qu'Alba commence le match de façon très sage avant de devenir plus offensif au fur et à mesure que le match avance (à moins que l'Espagne ne prenne le commandement assez vite, comme face à la France).
  4. Busquets / Alonso. Si Busquets offrira sans doute un profil très reculé surtout si l'un des 2 latéraux prend son couloir, Xavi Alonso aura plus de liberté. Il aura 2 possibilités : soit partciper au pressing de ses co-équipiers sur le milieu portugais, soit descendre rapidement dès la perte de balle pour présente un second rideau. Dans le premier cas, le risque est que le centre soit très dégarni lorsque les portugais débouleront avec les énergiques Meireles et Moutinho. dans le second, le pressing sera moins efficace et il permettra aux portugais de distribuer tranquillement le jeu vers les ailes.
Conclusion : même si l'Espagne demeure la favorite, c'est sans doute le match le plus compliqué qu'elle ait à jouer depuis le début de l'Euro : une très bonne défense, un milieu discipliné et assez technique et, par rapport à l'Italie, un attaquant fuoriclase, capable de faire basculer un match à lui tout seul. Il est probable que si la Roja parvient à marquer vite, elle réussisse à tenir le résultat. Mais plus le match va avancer, plus la fatigue physique risque de se faire sentir et plus les portugais vont faire mal.

Footballistico


dimanche 24 juin 2012

Euro 2012 - France - Espagne. Adios, Laurent y gracias por todo

L'équipe de France a donc quitté la compétition sur l'un des matches les plus décevants de cet euro. La Roja évoluait dans son classique 4-3-3, avec Fabregas en faux 9. L'innovation se trouvait côté français avec le positionnement des 2 latéraux Debuchy / Réveillère pour contrer Iniesta / Alba.

La formation de l'EdF ressemblait à un vague 4-1-4-1 penchant à gauche, vers Ribéry.

Le plan de Laurent Blanc était clair mais il a échoué et ce, dès la 19ème minute. Bien entendu, la glissade de Debuchy ne peut pas être imputée au sélectionneur mais, avec le recul, sa décision apparaît étrange pour au moins 3 raisons.

  1. Dans les faits, Alba ne s'est pas montré à son avantage dans cet euro : 5 centres lors du premier tour, aucune passe décisive, une seule "passe-clé" selon whoscored.com. 
  2. Le meilleur moyen de contrer Alba n'est pas forcément de positionner un défenseur mais plutôt un joueur offensif qui va le faire descendre d'un cran.
  3. En cas de but encaissé, la France se retrouvait sans plan B, à moins d'effectuer des changements.
De l'autre coté, Clichy était tout seul face à Silva et Arbeloa (non suivi par Ribéry) :  l'arrière espagnol a réussi 2 centres assez dangereux dans le premier quart d'heure. Heureusement, Arbeloa n'est pas considéré comme un danger par ses propres partenaires et Silva préférait combiner avec Fabregas vers l'intérieur que servir son latéral.

Même le centre du terrain a posé des problèmes aux bleus. Lorsque Fabregas décrochait, le milieu de terrain tricolore se trouvait régulièrement dépassé car les 2 centraux ne montaient pas et Malouda était toujours attiré par le côté droit de la défense. Ceci dit, cela n'explique pas la faute défensive sur le but d'Alonso, Cabaye ne suivant pas le milieu espagnol.

Une fois mené, les bleus n'ont jamais semblé à même de remonter leur but de retard. Benzema était trop isolé. Ribéry tentait bien de profiter des montées d'Arbeloa mais Busquets décrochait pour contrer l'ailier français. Le rôle offensif de Malouda et Debuchy n'apparut jamais clair : porter le danger en se faisant le lien avec Benzema ou tenter de déborder.

2de mi-temps : face à cette situation, il est inconcevable que Laurent Blanc n'ait pas procédé à des changements à la pause. La situation de la seconde période allait ainsi ressembler à la première avec un Debuchy un peu plus avancé. On allait perdre 20 minutes à attendre les nouveau entrants. Les espagnols appliquaient leur tiki-taka en tactique défensive, je passe et j'attends. La France allait passer en 4-2-3-1 avec les entrées de Nasri et Menez. Mais le parisien se heurtait à un Alba, défensivement rapide et compact et cela posait immédiatement des problèmes défensifs puisque Menez n'était pas trop préoccupé par le marquage (il n'est d'ailleurs peut-être pas anodin que le penalty soit causé par Reveillère). Nasri faisait du Nasri, c'est à dire assez lent et peu décisif.

En synthèse, la France a tenté 4 frappe dont une seule cadrée pendant tout le match et aucune dans ces 25 dernières minutes où elle avait des arguments offensifs. Un bilan famélique pour une équipe menée au score pendant les 3/4 du match.

Au total, les bleus pourraient se satisfaire de leur Euro après le désastre sud-africain : 1/4 de finaliste défait par les champions du monde en titre, ce n'est pas si déshonorant, n'est-ce pas ? Pourtant à y regarder de près, l'EdF a fait un seul bon match face à l'Ukraine, un match médiocre face à une équipe d'Angleterre diminuée et 2 défaites face à la Suède et l'Espagne. Cet Euro est un échec.

Footballistico

samedi 23 juin 2012

Euro 2012 - Allemagne - Grèce : Eurobons

Le match d'hier peut se résumer en 1 phrase : les allemands étaient meilleurs et les grecs défendaient trop mal pour espérer quoi que ce soit.



Plusieurs choses sont néanmoins impressionnantes dans la victoire allemande d'hier. Les voila.

1°) C'était une attaque bis. Schürrle, Reus, Klose ? Les 2 premiers ne vous disent pas grand chose, c'est normal, ils ont moins de 22 ans. Klose,est plus expérimenté et avait été préféré  à Gomez, pourtant auteur de 3 buts. C'est clair, Joachim Löw avait privilégié le mouvement et la rapidité. Le rendement de l'équipe sen est trouvé amélioré. Qui a dit que les espagnols avaient le banc le plus fourni d'Europe ?

2°) Le match d'hier était un bonne publicité pour les ailiers inversés, notamment côté Schürrle. Non seulement, ceux-ci peuvent repiquer au centre mais ils ont plus de facilité pour trouver leurs partenaires à l'intérieur et combiner même si cela limite leurs capacité à déborder.

3°) Özil. Le joueur du Real fut le grand bonhomme du match. Toujours en train de dériver à gauche, puis à droite, il offre toujours des solutions : 118 passes hier, avec 93% de réussite.

4°) Les joueurs allemands jouent vite devant, même dans une surface encombrée. En général, leurs actions suivent 2 modèles :
  • soit, ils partent de derrière et lancent l'un de leurs ailiers dans une cours rentrante en diagonale. Celui-ci se voit ensuite offrir des solutions, par Klose, Özil, Reus, ou l'un des 2 milieux défensifs (Khedira, Schweinsteiger) dans leurs montées alternées. Le but allemand hors-jeu à la 6ème minute est l’œuvre de Schweinsteiger, le second
  • soit, ils développent une attaque sur un côté avant de renverser le jeu rapidement pour déséquilibrer la défense, ce qui renforce l'intérêt des ailiers inversés pour achever l'action.
Tout ne fut pas parfait, cependant et l'on peut noter 2 points faibles à cette équipe :

1°) Une certaine incapacité à marquer et à tuer le match. Hormis Klose, les allemands ont beaucoup tenté hier et finalement peu marqué (jusqu'à la 59ème minute au moins). Lorsque les grecs égalisent, c'est leur 3ème tir. Les allemands en avait réalisé 15. A ce moment, on ne sait pas ce qui serait advenu si les grecs avaient eu de bons défenseurs latéraux et un bon gardien. Sur ce sujet, Sifakis, outre sa bourde sur le but de Klose, a relâché 6 des 8 ballons cadrés par les frappeurs allemands.

2°) Une relative faiblesse défensive. Les latéraux allemands se sont projetés vers l'avant et les 2 milieux défensifs devenaient de plus en plus offensifs au fur et à mesure que le temps passait. Malgré cette excuse, au vu de la possession que les grecs ont eu (24%), réaliser 9 tirs et marquer 2 buts relève presque de la mauvaise blague.

Ceci dit, hier, en football comme en économie, les allemands ont surdominé une équipe grecque qui n'avait que son courage et les cheveux de Samaras à leur opposer.

Qui arrêtera la mannshaft ?

Footballistico

dimanche 17 juin 2012

Euro 2012 : Ukraine - France, après l'orage, le ciel bleu

L'EdF se présentait hier à la Donbass Arena dans un dispositif renouvelé et plus offensif par rapport au match face à l'Angleterre. Cabaye prenait place à côté de Diarra et Menez occupait le flac droit. Le 4 -2 -3 - 1 de Blanc faisait 2 victimes, l'une à cause de ce réaménagement tactique, l'autre poste pour poste afin d'"énergiser" le côté gauche de la défense (Clichy). Les ukrainiens se présentaient dans un dispositif similaire sans changement par rapport à la victoire face aux suédois.

On peut mettre en exergue comme tous les commentateurs l'excellence prestation des bleus mais on peut aussi dire que cette victoire s'est décidée en 3 minutes peu après la mi-temps. Que s'est-il passé ? La réponse en 4 points.

1 - Ribéry / Clichy. Une grosse partie du match s'est déroulé côté gauche français (56% des attaques, ce qui est énorme), le côté Clichy / Ribéry face à Yarmolenko / Gusev. Au fur et à mesure que le match avançait Ribéry a de moins en moins suivi les avancées nombreuses de son latéral. Ceci a eu comme implication d'exposer ce coté aux attaques ukrainiennes mais de laisser Ribéry posséder quelques mètres d'avance sur son défenseur. Le munichois a appliqué un plan simple, repiquer vers le centre, avant de transmettre. 
  • 15ème minute Ribéry lance Menez, but signalé hors-jeu,
  • 26ème minute Ribéry s'enfonce dans la défense et centre vers Menez : tir au-dessus du parisien,
  • 28ème minute, débordement du munichois, centre, Menez reprend au second poteau mais tombe sur Pyatov.
Comme offensivement, Yavkolenko et Gusev ne se trouvaient pas, il est étonnant qu'Oleg Blokhine n'ait pas effectué un changement à la mi-temps ou une reconfiguration tactique de ce côté, car il était évident que Menez finirait par trouver la mire (53ème).

2 - Voronin. Si les stats de l'attaquant russe sont médiocres, son travail sur Diarra permettait à l'Ukraine de ne pas subir un 3 contre 2 au milieu. Dès que celui-ci fut remplacé par un joueur situé plus haut, Devic, le 2 du milieu français se trouvait en large supériorité numérique et Cabaye se trouva libre de s'avancer pour trouver le second but (56ème) et manquer le troisième de peu.

3 - Benzema. Il est toujours étonnant de voir un attaquant de sa classe reculer. Mais hier, Benzema l'a fait avec talent. Le 9 français a réalisé autant de passes "clé" que de tirs et il a toujours proposé des solutions au 3 de devant. Sa passe à Cabaye sur le second but est une merveille (défenseur central attiré, espace ouvert) et il est probable que cette attitude dictée par la nécessité (les ballons n'arrivent pas) devienne un moteur de l'efficacité bleue.

4 - Les centres. Les 11 centres ukrainiens, souvent en l'air, n'ont pas trouvé preneur. La moitié des 13 centres français l'a été. D'une façon générale, les bleus ont été beaucoup plus précis que leurs opposants : pourcentage de passes réussies, tirs cadrés. Signe d'une technique supérieure.

Conclusion : les bleus ont renoué avec le succès dans une compétition internationale. Ce n'était pas arrivé depuis 2006. La victoire est méritée mais elle a été facilités par les décisions ou les non-décisions d'Oleg Blokhine.

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