samedi 12 avril 2014

Chelsea - PSG : petite leçon tactique à Stamford Bridge

Les esprits chagrins pourront prétendre qu'en une année, le PSG n'a rien appris. Ce n'est pas tout à fait vrai. On peut penser que Laurent Blanc, notamment, devrait retire beaucoup de ce match, dans l'optique éventuelle de prochains 1/4 de finales (il an a déjà perdu 3, après Bordeaux et l'équipe de France à l'Euro 2012).

Les 2 équipes se présentaient dans leur dispositif attendu. Cavani remplaçait Ibrahimovic devant. Lucas était titulaire. Côté Chelsea, Lampard prenait la place de Ramires, suspendu, et Eto'o retrouvait son poste d'avant-centre.

Dès le début du match, surprise, les londoniens ne mettaient pas une pression d'enfer sur le porteur de balle mais s'appliquaient à récupérer beaucoup plus bas qu'à l'aller et à tenter de remonter le ballon sur les côtés. Toutefois, ce fut plutôt le PSG qui joua contre nature. Plutôt que de porter le ballon haut, les parisiens semblaient heureux de jouer à la baballe dans leur camp. On vit ainsi quelques longues séquences de possession parisienne, très stériles, à hauteur de leurs 40 mètres. L'objectif semblait être d'épuiser les blues et, aussi, de laisser tourner la montre.

Les tacles de Chelsea à Stamford Bridge : sage

Les tacles des Chelsea à Paris : agressif

Quelque part, cette élimination est donc un renoncement. On peut se demander pourquoi ?

  • premier niveau de réponse, Ibrahimovic. Le suédois n'est pas juste un super buteur, c'est aussi une courroie de transmission vers le terrain adverse. Cavani n'a pas du tout les mêmes caractéristiques. Les 2 schémas ci-dessous donnent bien la mesure de la différence entre les 2 joueurs. Par ricochet, David Luiz et Lampard se trouvaient beaucoup plus libres de porter le jeu devant. 
  • second niveau de réponse. La volonté de priver d'espaces les anglais (Chelsea étant perçue comme une "équipe de contre") amena l'ensemble du bloc parisien à jouer plus bas.
  • Enfin, les 2 joueurs de couloirs anglais ayant été les plus dangereux lors du match aller. Les latéraux parisiens furent ainsi très prudents et on ne vit quasiment jamais de combinaisons latéral / ailier.
Le jeu d'Ibrahimovic à l'aller : courroie de transmission

Le jeu de Cavani : déporté

Le problème, c'est que les locaux profitaient souvent des récupérations pour porter le danger sur les buts parisiens. En outre, la défense s'exposa aux coups de pied arrêtés et aux centres des anglais. Visiblement, Paris n'est d'ailleurs pas du tout équipé pour défendre bas :
  • l'absence d'Ibra, encore, priva les parisiens d'un bon joueur de tête,
  • Paris commit assez peu de fautes (11 contre 18) mais celles-ci furent situées très proches de la surface. Sur l'une d'entre elles, Lampard faillit bien ouvrir le score (27ème) mais Sirigu fut vigilant
  • le manque d'habitude de subir la pression. Paris se montra incapable de gérer, gagner du temps, bloquer les relances des londoniens. Pas assez de vice en somme. Et se montra parfois dépassé par la présence londonienne massive dans la surface, présence qui allait s'accentuer au fil du match. 
En première mi-temps, Paris se montra ainsi totalement désemparé sur une action qu'on ne voit plus jamais en L1 : une touche directe dans la surface, qui amena l'ouverture du score par Schürrle (32ème). Cahill faillit doubler la mise encore sur un coup franc Comme l'a déclaré Mourinho après le match, ce n'est pas la faiblesse de la L1 qui est en cause mais l'absence d'un jeu direct où les opposants portent le danger dans la surface dès qu'ils en ont la possibilité.
Le bilan de la première mi-temps pour le PSG est particulièrement maigre, un coup franc contré et un joli centre de Maxwell sur Cavani. Ce n'était pas "rêvons plus grand", c'était "jouons plus étriqué". 

Le début de seconde période apporta à Laurent Blanc une nouvelle occasion de se faire des cheveux blancs : toujours Chelsea s'approchait de la surface et tentait un jeu direct fait de passes. Logiquement, après 2 ballons frappés sur la barre, le PSG, protégé des dieux sur le coup, aurait dû sombrer ou marquer en contre sur un gros coup de chatte. Il ne se passa ni l'un, ni l'autre. Cabaye entra en jeu et l'effet sur le jeu fut immédiat : enfin Paris progressait. Enfin, Matudi s'enfonçait sur son côté gauche (Ivanovic fut tout heureux de commettre une faute EN DEHORS de la surface). Et Paris connut sa meilleure période, aidé en cela par la sortie de Lampard, qui laissa le seul David Luiz au centre du terrain. Laurent Blanc continua dans sa volonté de remettre le pied sur le ballon quand José Mourinho appuya sur les ballons directs en faisant entrer Demba Ba puis Torres. Les 3 "avant-centres" furent d'ailleurs très complémentaires, Eto'o, ntoamment, glissant à gauche dès l'entrée de Ba.

La réaction de Laurent Blanc à ce dernier changement fut étrange. Marquinhos semble sur le papier un choix logique mais positionner le brésilien en milieu défensif apparaît contre nature alors que les blues jouaient avec 3 avant-centres. La partie se finissait ainsi en 4-1-5 contre 4-5-1. Le but un peu chanceux de Demba Ba arriva presque logiquement tant Paris fut terrorisé par le jeu de surface des londoniens.

Conclusion : si l'on regarde froidement la physionomie des 2 matches, le PSG a dominé les 10 premières minutes et la seconde période à domicile. Surtout, José Mourinho avait plusieurs cordes à son arc quand Paris a semblé malmené lorsqu'il ne put / voulut pas mener son plan A (une domination de balle supérieure à 60% et un ballon maintenu haut). Le foot est un combat et Chelsea l'a rappelé mardi soir.

Footballistico


dimanche 6 avril 2014

PSG - Chelsea : les argentins prennent leur revanche sur les malouines

Le PSG est à un match d'un véritable exploit : sortir une équipe entraînée par Mourinho au niveau des 1/4 de finale, après 7 succès du portugais.

Les parisiens se présentaient dans leur 4-3-3 traditionnel. Seul Van Der Wiel, remplacé par Jallet, manquait à l'appel. Côté Chelsea, le Special One avait nommé une équipe "annihilatrice". Schürrle profitait de la blessure d'Eto'o. David Luiz et Ramires occupaient le 2 du 4-2-3-1 des visiteurs.

Première mi-temps :

Bien entendu, la bataille du Parc ne peut pas se résumer à un affrontement tactique, les erreurs / exploits individuels eurent énormément d'influence sur le résultat. Mais 2 phénomènes tactiques méritent d'être décrits.

1 - Le milieu qui s'excentre : nouveau paradigme des coachs intrépides

Comme l'a souligné Zonal Marking dans son analyse de Real -Barça. Il est extrêmement contre-intuitif pour une équipe de déserter le centre du terrain pour aller contrer un milieu qui prend l'aile (en l'occurrence Di Maria). Celui-ci crée le surnombre (ailier, latéral + milieu) et peut s'enfoncer librement sur l'aile avant de centrer. A Paris, Di Maria, c'est Matuidi.

Démonstration : au bout de 3 minutes de jeu, Matuidi prend l'aile gauche. Le défenseur le plus proche, Willian, est à 5 mètres. Ivanovic est dans la surface pour marquer Lavezzi. Le français centre (mal) sur Terry mais le défenseur central anglais repousse sur un Lavezzi haineux qui coule une première fois les londoniens.

2 - Comment contrer un 4-3-3 ou le resserrement défensif

Paris possède 3 plaques tournantes : Motta, Verratti et Thiago Silva. Les 2 premiers tournent à 100 passes par match. Dès lors, Mourinho avait conçu un dispositif propre à enrayer cette belle mécanique :

  • un marquage individuel strict sur Motta. Oscar fut le joueur désigné pour s'y coller. 
  • un resserrement général du dispositif pour bloquer les parisiens. L'objectif est de contrôler le jeu de passes, dès l'origine. C'est ainsi que Schürlle, Hazard et Willian se recentrent pour couper les trajectoires. 
  • une montée des milieux défensifs (notamment de David Luiz) pour prêter main forte, notamment sur Verratti. 
  • une agressivité de tous les instants, dans le camp parisien. Sur 18 fautes de Chelsea, 14 ont été commises dans le camp parisien. 
Chelsea (en rouge) : dispositif ramassé (source whoscored)
Le prix à payer de ce dispositif était au moins double : d'une part, lors des récupérations, les joueurs londoniens se trouvaient souvent à proximité de leur homologue parisien. D'autre part, le positionnement central laissa des espaces sur les ailes à Paris. Outre le but, Jallet, notamment, bénéficia d'espaces incroyables qui manquèrent de faire mouche à 2 ou 3 reprises : 
  • centre de Matuidi sur la tête de Lavezzi (52ème)
  • remise sur Ibra de Jallet, dont le tir est contré (63ème)
  • centre de Jallet sur Cavani, qui loupe sa reprise (81ème).
Il est intéressant de noter que les parisiens, un peu décontenancés en première période ne restèrent par les 2 pieds dans la même predator. L'évolution du positionnement du Matuidi, notamment, fut intéressant. En se recentrant, le milieu parisien fit perdre à Paris des opportunités offensives mais permit à son équipe de remettre le pied sur le ballon en offrant une solution de passe simple à Thiago Motta. 

Matuidi en 1ère mi-temps : faux ailier (source squawka)
Matuidi en 2de période : vrai milieu

La fatigue aidant, Chelsea allait relâcher son pressing et s'en remettre à des fautes pour stoppe les parisiens. L'évolution de Chelsea en seconde période est symbolisée par David Luiz. Au fur et à et mesure de l'avancement du match, le brésilien commit d eplus en plus d'erreurs (3 fautes en 45 minutes) et son influence offensive disparut.

Pastore pouvait frapper, Chelsea avait perdu le fil du match depuis 20 bonnes minutes, lorsque l'Argentin ondoya entre les défenseurs londoniens comme des plots.

Conclusion : la première mi-temps de Chelsea est un modèle du football "réactif" : comment annihiler une équipe, qui n'aime rien temps que dominer la possession. Mais le PSG n'est pas Arsenal. Les parisiens ont du répondant physique et possèdent des plans A (Ibra), B (les ailes) et C (contre et coups de pied arrêtés). Au total, les londoniens devront montrer un tout autre visage que celui qui les a vu se construire au final une seule occasion (le poteau de Hazard) avec un effectif offensif acheté 110 millions d'euros.

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