lundi 12 janvier 2015

MHSC - OM : Bielsa dépassé tactiquement par Courbis !

L'OM se présentait sur la pelouse de Montpellier pour son premier match de championnat 2015. Bielsa nommait un 3-4-2-1 puisqu'il anticipait un dispositif à 2 attaquants. Bashyuayi remplaçait Ayew parti à la CAN. Roland Courbis avait choisi, pour la première fois de la saison un 4-4-2 losange avec Samson à la tête de celui-ci.

La caractéristique majeure du match fut la domination de Montpellier au centre du terrain. Souvent les montpelliérains se retrouvaient à 4 contre 2 (Imbula, Payet) dans cette zone. En théorie, cette domination numérique aurait dû se payer à d'autres endroits du terrain, typiquement sur les ailes. Dans les faits, cela fut rarement le cas, voyons cela.

Première mi-temps : Si l'OM eut la possession du ballon assez vite dans le match, ils se retrouvèrent face à un problème insoluble. Leurs 2 rampes de lancement, Imbula et Payet, n'avaient pas leur rendement habituel :

  • Imbula était marqué en 1 contre 1 par Samson et 4 autres joueurs bloquaient ses possibilités de passe. Le milieu marseillais fut souvent obligé de remettre en retrait vers ses 3 défenseurs.
  • Les efforts de Payet furent également annihilés par les 3 milieux montpelliérains. La tactique classique du meneur marseillais, s'excentrer, fut inefficace car à gauche, il tombait sur Mounier et à droite sur Lasne. 
  • Le rôle des 2 milieux latéraux fut d'ailleurs particulièrement intéressant ;
    • dans les phases de pressing, c'est à dire dans le camp de Marseille, Lasne et Mounier étaient donc placés centralement et bloquaient les passes vers Payet ou vers les latéraux.
    • puis, lorsque l'OM réussissait à transmettre le ballon, ils se décalaient sur les ailes pour contrer le surnombre marseillais dans cette zone.
    • en phase offensive, ils explosaient sur les côtés de façon à faire jouer leurs qualités de vitesse et à plonger derrière les latéraux marseillais. 

Le placement de Lasne (à droite) et Mounier (à gauche) - source Squawka

    Pressing haut et transitions rapides : le MHSC récupéra souvent la balle assez haut en imposant un pressing intense à l'OM, dans lequel les 11 joueurs étaient impliqués. Dès la récupération effectuée, Montpellier tentait de lancer rapidement le jeu via Lasne et Mounier. Ainsi, si le dispositif était effectivement un 4-4-2 losange, on peut facilement arguer que l'animation offensive tenait plus du 4-4-2 à plat. Evidemment, l'implication défensive de Mounier et Lasne ne fut pas parfaite. Marseille exploita notamment le côté d'un Mounier situé assez haut, via Dja Djédjé, en débordant. 

    Par contrecoup, les 2 ailiers Marseillais (Thauvin et Bashyuayi) eurent du mal à se situer sur le terrain. Devaient-ils se recentrer pour apporter des solutions de relance ou se situer à l'aile pour attaquer le latéral montpelliérain ? Tel fut leur dilemme, insoluble, apparemment. 

    Le but montpelliérain vint sur une action typique. Congré récupère le ballon sur une montée de Dja  Djédjé et transmit le ballon rapidement à Samson, qui le glisse à Lasne. Le joueur de côté héraultais, centra sur Bérigaud, isolé à 23 mètres des buts. Sur l'action initiale, Dja Djédjé est tout seul, Bashyuayi est dans la surface et les 4 attaquants ne bougent pas pour récupérer le ballon. Le mi-temps se finissait et un chiffre suffit à résumer l'impuissance de l'OM : Gignac n'avait réussi que 6 passes en première mi-temps, dont 2 sur les engagements...

    Seconde période : le début de seconde période allait achever une équipe marseillaise un peu pâlichonne. A la 62ème, sur un pressing de Barrios, Mounier récupérait le ballon et centrait sur Lasne, tout seul (Mendy était loin du marquage de son ailier). 

    Mené 2 à 0, l'OM se devait de réagir. Malheureusement pour Bielsa, son banc est tout maigre et il se retrouva obligé de lancer Omrani dans le grand bain. Le but olympien fut encore le résultat d'un grand classicisme, Thauvin s'enfonça dans la surface sur une action individuelle, ressortit le ballon vers Dja Djédjé qui centra sur le nouvel entrant. 

    Il restait 20 minutes à l'OM pour chercher le match nul mais jamais les olympiens ne semblèrent capables de marquer : seuls 2 tirs de loin, hors cadre (et largement) à mettre à leur actif pendant ce temps. Il est vrai que Montpellier continuait à presser les visiteurs. A tel point que Courbis devait remplacer Barrios et surtout Mounier, visiblement éprouvés. Le match se terminait avec un OM incapable de mettre du rythme et qui allait perdre son fauteuil de leader.

    Conclusion : avec l'OM, on sait à quoi s'attendre, du rythme et du pressing. Le problème, c'est que si vous luttez en termes d'intensité et que vous pouvez mettre en place un plan pour contrer les ficelles de Bielsa, alors, vous avez votre chance. C'est exactement ce qu'à fait Courbis. En surpeuplant, le centre du terrain, le coach héraultais a réussi à annihiler Imbula (presque), Payet et Gignac (tout à fait). Comme l'a dit Anthony Mounier "le but était de contrer Imbula et de lui couper ses possibilités de passe. On savait aussi qui son on plongeait derrière leurs latéraux, on aurait des occasions". On ne saurait mieux dire. 

    Footballistico

    mercredi 7 janvier 2015

    OM / OL / PSG : qui pour le titre ?

    Selon les statistiques les plus évidentes (possession) , il n'y a pas photo, le PSG devrait être leader haut la main. Mais, les lois du foot étant complexes, la réalité n'est pas celle-ci. Dans cet article, Footballistico va analyser la première partie de saison de nos 3 cadors avant d'anticiper la seconde partie de saison.

    Une présentation rapide des 3 types de jeu permet d'anticiper les différences d'approches des 3 coachs :

    Le PSG : l'armada parisienne n'a que peu changé depuis l'année dernière. Le seul changement dans le 11 de départ est le remplacement d'Alex par David Luiz, ce qui devait donner encore plus de possession au 11 de Laurent Blanc. De fait, c'est ce qui s'est passé : les parisiens finissent la première partie de saison avec 65,6% de possession, soit encore plus que la saison dernière à la même époque :(63,8%). Le dispositif, malgré quelques discussions, est resté le même (un 4-3-3). Et l'arrivée d'Aurier, le retour de Chantôme ont encore élargi les options de Laurent Blanc. Alors, que s'est-il passé ?

    Le projet de jeu de Paris était clair : imiter le Barça. En assurant une possession maximale via son milieu à 3. Offensivement, les parisiens pouvaient compter sur les décrochages d'Ibra, qui ouvraient des espaces (Cavani plongeant) ou par les ailes. En cas de match bloqué, Laurent Blanc pouvait compter sur les coups de pied arrêtés ou la touche plus technique d'un Pastore pour rompre 2 lignes de 4 situées respectivement à 16 et 20 mètres. Malheureusement, rien ne s'est passé comme prévu. Paris a réussi son pari : faire penser à Barcelone, celui, impuissant de la saison 2012-2013, défait à Munich 4 à 0. Et sans Messi. 3 phénomènes expliquent ce désarroi :
    • une innocuité offensive, relative à sa domination (3ème attaque). Non seulement, le PSG se crée peu d'occasions (seulement 13 tirs par match contre 15,8 à l'OM) mais  en outre, il rate beaucoup. Ce ratage porte un nom : Cavani. L'uruguayen est le joueur européen, qui a manqué le plus d'occasions (16). Notons que lors de la saison précédente, le PSG tentait 15,9 tirs par match. 
    • par ailleurs, la domination du PSG pourrait se retrouver à l'autre bout du pré, en termes de nombre de buts encaissés. Mais là encore, si le PSG est la deuxième défense de la L1, ses statistiques sont en fait relativement décevantes. Dans les faits, avec 10,9 tirs subis, Paris n'est que 4ème (un tir subi toutes les 3 minutes). Le PSG possède quasiment les plus mauvais ratios de L1 en termes de fréquences de tirs subis. Une possession stérile, donc. Et une défense passoire. 
    En fait, au-delà de ses problèmes individuels (Cavani, Silva) et de quelques absences (Ibrahimovic), les parisiens semblent avoir reculé sur plusieurs plans :
    • en termes offensifs, les parisiens jouent à la ba-balle mais semblent incapables de varier leur jeu offensif (moyen en centre et derniers de la classe en balles longues), sont peu efficaces en coup de pied arrêtés et face à des défenses regroupées ont du mal à élargir leur jeu.
    • en termes défensifs, le manque d'agressivité de la première ligne (Ibra, Moura, Cavani) laisse exposé la défense parisienne, sachant que l'ensemble du dispositif de lAurent Blanc préfère reculer que presser haut.
    • si l'on ajoute à cela les problèmes physiques de l'équipe (à cause sans doute d'un emobilisation importante pendant la coupe du monde) et l'on comprend que Paris possède à la pause 6 points de moins que la saison dernière, avec surtout 12 points de moins que l'année dernière.
    Pronostic : un constat inquiétant pour cette équipe de Paris, qui semble sur une pente descendante. Laurent Blanc n'a pas de plan B et a admis en creux qu'il ne tenait pas trop ses troupes. A moins que le chéquier ne soit sorti pendant l'inter-saison, on ne voit pas Paris rafler la L1, d'autant plus que Paris se déplacer à Marseille, Lyon, Monaco et Saint-Etienne. Seule, une baisse de régime de ses 2 rivaux pourrait le couronner. Par défaut. Pourcentage de chance : 25%


    OM : Si la L1 attendait de voir ce qu'un grand entraîneur peut faire d'une équipe, elle a vu. L'équipe anesthésiée de l'année dernière a cédé la place à 11 guerriers laissant leurs tripes sur le terrain. Les Imbula, Thauvin, Payet, Gignac, moqués sur le pré la saison dernière, ont mis le vélodrome à leurs pieds (encore que Thauvin...). Physiquement, rarement un titre de champion d'automne fut aussi mérité.

    La tactique de Bielsa est connue : l'OM change entre un 4-2-3-1 et un 3-5-1 (ou 3-4-2-1), en fonction du dispositif offensif adverse, l'idée étant d'avoir un défenseur de plus que d'attaquants adeverse. Un pressing haut, marqué par la volonté de récupérer le ballon dès la perte de balle et un jeu rapide, porté vers les ailes, avec une occupation massive de la surface adverse. Les forces de l'OM font aussi ses faiblesses, une telle débauche d'énergie laisse ses joueurs en difficulté en fin de mi-temps et de match. 

    En termes de statistiques, l'OM affiche une possession de 58,7%, mais qui est totalement différente de Paris. Les marseillais prennent en effet des risques, tant dans la rapidité des passes que du nombre de dribbles tentés (26 par match soit le plus fort total de L1). Simplement, l'OM compense le déchet, inévitable, par un effort intense, dès le ballon perdu, et ce, par les 11 joueurs. Lorsque l'OM a le ballon, elle n'hésite cependant pas à construire dès Mandanda, tentant de sortir rapidement par ses hommes de couloir, Dja Djédjé et Mendy. 

    Si l'on applique le modèle déjà mis en oeuvre pour le PSG, on peut déduire que l'OM possède une fréquence de tirs subis / déclenchés équivalente (1 toutes les 3 minutes 20) et que le classement des marseillais est donc dû exclusivement à leur possession.

    Pronostic : l'OM possède 2 faiblesses.

    • Son effectif semble un peu court. Certes, les olympiens ne disputent pas le ligue des champions (et ont été sortis des 2 coupes nationales) mais à un moment, le seul championnat devrait marquer les organismes (malgré le travail remarquable de Jan Van Winckel, le préparateur physique amené par Bielsa). 
    • En outre, la tactique de l'OM, qui a décontenancé au début, semble mieux appréhendée par l'opposition. Certes, il y a un pas entre "comprende une tactique" et "contrer une tactique". Mais on peut penser que des compositions leurres (avec 1 puis 2 attaquants en cours de match), des dégagements rapides dès la récupération du ballon ou des plongeons derrière Dja Djédjé et Mendy devraient se multiplier. Enfin, l'OM semble avoir du mal à gérer un match. Les marseillais ont du mal à faire tourner et lorsque l'équipe est épuisée, en fin de match, elle devient comme un fruit mur, bon à cueillir sur l'arbre. Dès que les équipes adverses sont capables de mettre de l'intensité (comme en coupe), alors la force de l'OM se retourne contre elle. En synthèse, 40% de l'emporter en fin de saison mais comment faire souffler des garçons comme Imbula, Thauvin ou Gignac qui ont joué tous les matchs de la première partie de saison ?
    Lyon : De carrefour de stars évoluant en L1, l'OL s'est réinventée en meilleure pépinière de jeunes talents de l'hexagone. C'est d'autant plus intéressant que ses 2 meilleurs joueurs, a priori, Grenier et Gourcuff, ont manqué la plupart des matchs des gônes. L'OL possède sans doute le dispositif le plus excitant de l'élite avec son 4-4-2 en losange. Tout le crédit en revient à Hubert Fournier qui a maintenu ce dispositif expérimenté par son prédécesseur Rémi Garde. 

    L'OL a confié les clés offensives aux jeunes de son centre de formation : Nabil Fekir est à la tête du losange (il passe devant lorsque Gourcuff est apte), Alexandre Lacazette devant évolue aux côtés de N'Jié ou de Fekir, donc. Les lyonnais ont moins le ballon que leurs concurrents directs (57,3%) mais en font le meilleur usage.

    En termes de fréquence de tirs, l'OL est l'antithèse de Paris : très efficace lorsqu'il à la ballon (3'15 de possession pour 1 tir, ce qui fait des gônes la meilleure attaque de L1) mais ils parviennent surtout à empêcher leurs adversaires de faire de même puisque les opposants des lyonnais doivent passer 3'42 pour tenter une frappe. Comment expliquer ces performances avec l'équipe la plus jeune du trio de tête ?

    Offensivement, le 4-4-2 losange de Fournier est moderne, en ce sens que Nabil Fekir se balade de droite et de gauche pour combiner avec ses latéraux (Jallet et Bedimo) plus que de s'échiner dans l'axe. Cela donne aux lyonnais une capacité à couvrir le terrain intéressante. Mais la plus grosse originalité réside dans l'élaboration du jeu offensif. Celle-ci se déroule en 3 temps :

    1. relance depuis le milieu du terrain, souvent opérée par Gonalons, le métronome vers l'aile.
    2. construction (souvent via Fekir mais les 2 attaquants ne détestent pas opérer depuis un côté) avec l'un des 2 latéraux (Bédimo, Jallet)
    3. repiquage vers le centre, et échange de ballons entre Fekir, N'Djie et Lacazette.

    Ainsi, au lieu de servir des ailes comme d'une occasion de centrer, l'OL ne l'utilise que comme une étape vers les buts.

    Défensivement, le manque de largeur des lyonnais devrait constituer un vrai handicap. Et ce d'autant plus que l'OL est extrêmement mal classé dès que l'on tombe dans les statistiques purement défensive (nombre de tacles, d'interceptions, de dégagements). Simplement, l'OL affiche un dispositif défensif original :
    • un jeu défensif, réparti en 3 lignes, 3 - 3 - 4, les 10 joueurs de champ étant impliqué dans le pressing. 
    • ce pressing est joué relativement haut (sans être particulièrement agressif) et permet de repousser l'équipe adverse dans son camp.
    • enfin, l'OL n'hésite pas à casser les offensives adverses en étant l'équipe qui (derrière Metz) a commis le plus de fautes. Ces fautes sont intelligentes puisqu'elles sont situées majoritairement dans le camp adverse (une litanie chez les bonnes équipes) et que l'OL est l'un des clubs qui a pris le moins de cartons.
    Pronostic : comment éviter que Fekir et Lacazette pensent plus au titre qu'à leur prochain transfert chez Manchester United ? Ou plus simplement, comment garantir le maintien de la performance du meilleur buteur du championnat sur toute la durée de la saison. Au taf', Hubert. 30% de chance de soulever "Hexagoal" en Juin 2015.

    Les autres : une petite piécette pour l'ASM et Saint-Etienne, qui déroulent tous les 2 une solidité défensive encore plus convaincante que l'OL. 5%

    Footabllistico

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