dimanche 22 novembre 2015

Nice humilie l'OL

Pour la reprise de la L1 après les tragiques attentats de Paris, les spectateurs de l'Allianz Riviera ont eu droit à un joli spectacle dominé par les jeunes troupes de Claude Puel,

La plupart des médias ont trouvé des explications psychologico-motivationnelles à la débâcle de l'OL. Pourtant, une simple analyse tactique 4-4-2 losange vs 3-5-2 (alliée au talent des niçois)  est sans doute plus pertinente.

Les 2 équipes souffraient d'absences conjuguées et devaient bricoler avec leur 11 de départ :

  • l'OL avait donc conservé son 4-4-2 losange mais faisait reculer Gonalons en défense centrale aux côtés de Yanga-Mbiwa (Umtiti et Bisevac étaient sur le flanc).
  • Toujours sans Alassane Pléa ni Bodmer et devant se passer des services Wallyson, Claude Puel avait décidé de passer en 3-5-2 plutôt que de forcer des joueurs à occuper des postes à contre-emploi. Simple adaptation ou coup de génie, cette décision allait se révéler cruciale dans le déroulement de la partie.
Première mi-temps : les choix de Puel eurent une conséquence qui fut visible dès le début du match : 
  • Lyon dominait le centre du terrain en 4 contre 3 et pressait assez haut pour perturber les relances niçoises. Ce fut visible dès la 4ème minute où Claudio Beauvue hérita d'un ballon récupéré aux 25 mètres par (au-dessus).
  • mais, dès le premier rideau franchi les aiglons lançaient leurs joueurs de couloir, Hult et, surtout, Jérémy Pied (le grand bonhomme du match), qui se retrouvaient sans opposition jusqu'au latéral adverse et qui n'hésitait pas à tenter leur chance, souvent en 1 contre 1. 
Ce déséquilibre conjugué avec le manque d'expérience des défenses centrales donna un match vif et animé dans lequel l'équipe la plus réaliste prendrait l'avantage.

Ce faillit être l'OL qui, après un ballon via le centre, vit Lacazette échouer sur le poteau. La défense à 3 des aiglons, formée aux deux tiers de latéraux s'écartait dangereusement. L'OL ne le savait pas encore mais il venait de gâcher ses 2 meilleures occasions du match (12ème). Peu de temps après, Nice, ressorti un ballon vers Pied (encore), et après un échange de passes incroyable (15), Séri perfora au centre et donna à Germain. 

Sur ce but, les niçois avaient parfaitement su exploiter la faiblesse inhérente au 4-4-2 losange : son manque de largeur, en baladant le bloc lyonnais de droite à gauche, avant d'enfoncer le clou au centre, Séri se retrouva tout seul face au fragile Darder. 

La construction du premier but Niçois : le "Barça de la riviera"
(source Fourfourtwo)
Evidemment, le simple face à face de 2 dispositifs ne dit pas toute l'histoire : l'OGCN exploita parfaitement la centralité lyonnaise grâce à 2 stratagèmes :
  • des longs ballons donnés latéralement côté opposé à Pied et Hult, qui mangeait la craie, ce qui donna des espaces incroyables aux 2 joueurs de couloir,
  • parallèlement, les 2 attaquants niçois, principalement Ben Arfa, qui se déplaçaient vers l'aile pour donner des solutions plutôt que de viser la surface en attendant le centre. Assez souvent, ce procédé offrit des situation de 2 contre 1 à l'aile (13 passes reçues par Ben Arfa de Pied, 14 dans l'autre sens).
Les passes reçues par Pied. Notez le nombre de longues transversales
(source Fourfourtwo).
Enfin, il faut évidemment souligner la qualité du jeu niçoise à tel point que même Ben Arfa, soliste, se fondit dans le collectif avec bonheur. 

L'OL eut du mal à réagir : fallait-il presser et s'exposer aux remontées de balles rapides des niçois ou bien combiner patiemment pour tenter de profiter de l'inexpérience de la défense locale ? En fait, les gones se montrèrent incapables de prendre le jeu à leur compte après l'ouverture du score : obligés de courir après les ballons poussés à l'aile, ils éprouvèrent des difficultés à prendre le dessus sur un bloc niçois, descendu plus bas et ce fut plutôt l'OGCN qui sembla en mesure de porter l'estocade, notamment sur un joli ballon, donné par Pied (encore) dans la surface pour Séri, qui échoua sur Lopes. 

Seconde période : on pourra sans doute reprocher à Hubert Fournier de ne pas avoir changer des choses à la mi-temps tant son équipe semblait fragile en fin de première période.  Le schéma se reproduisait dès le retour des vestiaires. Certes, la bourde de Yanga-Mbiwa aida les niçois mais l'action vint une fois de plus sur un décalage côté droit de Pied qui centra. 

On peut toujours se demander pourquoi Morel ne couvre pas mieux Pied en position d'ailier. La raison en est simple : souvent le joueur de couloir niçois recevait le renfort d'un de ses 2 attaquants, et la latéral lyonnais fit systématiquement le choix de se rapprocher de Yanga-Mbiwa pour le couvrir et renforcer le centre de la défense. Un choix logique, qui se révéla désastreux. 

A 0-2, l'OL demeura totalement inoffensif. Maintenant, Nice pouvait reculer franchement, ne laissant souvent qu'un seul attaquant en pointe. A la 64ème minute, Hubert Fournier reconnut son erreur et passa en 4-3-3 en remplaçant Beauvue et Darder par les jeunes Cornet et Del Castillo. On ne saura jamais si cette nouvelle organisation aurait pu donner plus de pertinence au système lyonnais car, sur un contre, Nice acheva son travail. Encore une fois l'action fut barcelonaise. Après un long ballon dans la profondeur pour Germain, l'action se déplaça de l'autre côté du terrain et s'acheva une fois de plus vers Jérémy Pied qui remit tranquillement vers Koziello seul à 12 mètres. 

La fin du match fut sans intérêt : seul le remplacement de Niklas Hult, perclus de crampes, indiqua à quel point les hommes de couloir de Puel furent sollicités en effectuant des grandes courses de 30 mètres pour terroriser leurs vis-à-vis. 

Conclusion : week-end après week-end, Nice montre qu'un autre football est possible en France, avec des gringalets de 18 ans (Koziello) qui se la jouent Iniesta ou des solistes qui se mettent au service du collectif (Ben Arfa). L'OGCN doit apprendre à mieux appréhender les matchs avec des défenses regroupées et pourra constituer alors une alternative sympathique et crédible aux grosses cylindrées du championnat (hors PSG). 

dimanche 25 octobre 2015

Arsenal - Bayern : les gunners à contre-emploi

Un match étrange avec des gunners à contre-emploi. La première défaite du Bayern, cette année mais qui témoigne des échecs répétés du club bavarois en Ligue des Champions sous l’ère Guardiola.

Pour les gunners, prendre au moins un point était une question de survie dans cette LDC après 2 défaites. Wenger avait sélectionné un 4-2-3-1 "modifié" (voir plus bas) avec Walcott en pointe, pour donner de la vitesse à son attaque. Le Bayern, toutjours privé de Robben évoluait en 4-3-3, avec Xavi Alonso à la baguette.

Première période : Arsenal pressait d'entrée à 4 mais allait vite laisser le ballon aux Bavarois. Au bout de 10 minutes, le match adoptait sa physionomie, qu'il n'allait quasiment plus quitter jusqu'à la fin :





  • les gunners défendaient la plupart du temps bas, avec 2 lignes de 4 mais une variante. Özil descendait à gauche et laissait Alexis Sanchez plus haut et excentré dans la zone de Philipp Lahm. 
    Avancé, face à Lahm, Alexis Sanchez laisse ses 4 compères du milieu
  • de l'autre côté, Cazorla, nominalement au centre, se déplaçait très vite vers l'aile pour empêcher les combinaisons Bernat / Douglas Costa, laissant Ramsey prendre l'intérieur. 

Cazorla est le milieu le plus écarté. Ramsey  a pris l'intérieur
  • les gunners restaient assez compacts, laissant peu d'espace entre les lignes et glissant d'un côté à l'autre pour gêner les allemands, surtout la ligne du milieu.
    • par accoup, le trio offensif mettait la pression sur la relance allemande mais cela sembla davantage destiné à freiner la remontée du ballon qu'à le récupérer

    Offensivement, les anglais comptaient sur leur adresse et sur la rapidité de Walcott pour se sortir du pressing et porter rapidement le danger sur le but de Neuer. Sur le côté gauche, Özil jouait proche de Sanchez et cherchait à combiner pour remonter rapidement le ballon. Lahm fut très prudent durant toute la partie et, averti du danger, préféra abandonner son rôle offensif. 


    Le Bayern sembla quelque peu décontenancé par cet attentisme. Néanmoins, tenir le ballon et être patient ne fait pas peur aux protégés de Guardiola. On vit ainsi de longues séquences de jeu, où Xavi Alonso fut le métronome du jeu bavarois en passant le ballon de gauche et de droite. Les allemands eurent cependant du mal à pénétrer l'épais mur londonien, la faute à un jeu trop lent pendant les phases de possession.

    Sur les ailes, le jeu bavarois ne put pas se dérouler comme convenu même si Douglas Costa se montra dangereux en un contre un face à  Bellerin à au moins 2 reprises.

    • à gauche, la complémentarité entre Bernat et Douglas Costa ne fut jamais évidente. On vit ainsi les 2 joueurs tout à tour lever les mains en étant oublié par leur partenaire dans les séquences de jeu de dédoublement potentiel. Ce fut le cas à la 41ème quand l'espagnol tenta une frappe, contrée, oubliant, son partenaire toatalement seul à l'aile.
    • sur l'aile droite, la prudence de Lahm isola Müller qui ne sembla jamais dans le coup. 
    En fait, les meilleures occasions bavaroises furent concédées par des pertes de balle des gunners, souvent bêtes, comme à la (42ème) ou sur des séances de pressing ratées (28ème). En face, les anglais réussirent à se procurer quelques occasion, dont la meilleure du match, sur une tête de Walcott, miraculeusement arrêté par Neuer. Néanmoins, ils ne surent pas exploiter pleinement les bonnes situations, la faute à une ligne défensive allemande jouant bien le hors-jeu et à un manque de lucidité de Walcott pour trouver ses partenaires.

    Seconde période : dès la reprise, les allemands intensifiaient leur possession. Le premier 1/4 d'heure vit même le pourcentage le plus élevé de la partie (75%). Les anglais étaient privés de ballon et recroquevillés dans leur camp. Les allemands obtenaient des occasions, pas forcément sur des actions bien construites mais sur des tirs de loin. Patients, ils pensaient sans doute que la mire finirait par se régler ou qu'un londonien finirait par faire une erreur.

    Le premier changement de la partie n'eut guère d'impact sur le match. Lors d'une rare séquences de pressing des anglais, Ramsey se blessa et fut remplacé par Oxlade-Chamberlain. Nominalement plus offensif, le jeune anglais n'eut guère d'impact sur la partie mais officia courageusement défensivement. Les changements suivants, en revanche, changèrent le cours de la partie. 

    Guardiola introduisit à la 70ème Rafinha et Kimmich à la place de Xavi Alonso et d'Arturo Vidal. Ces changements nécessitèrent une modification tactique côté bavarois : Rafinha prit la place de Lahm glissa au milieu. Cette énergie renouvelée au milieu de terrain procura la meilleure occasion du match : suite au pressing bavarois, Lewandowski hérita d'un ballon aux 20 mètres mais perdit son face à face face à Cech (excellent, d'ailleurs).

    Entretemps, Giroud était entré, Le français offrait à ses co-équipiers une façon nouvelle de sortir le ballon très peu "gunners style", des longs ballons devant. Le français fut aidé car Alaba malgré ses grandes qualités n'est pas très doué dans les grosses luttes aériennes.

    Les passes reçues par Giroud. Longues (source fourfourtwo)
     
    Le but d'Arsenal est sans doute atypique, il fait suite à un coup-franc, alors que les bavarois ne commirent que 6 fautes (2 seulement dans leur camp) et à une erreur du meilleur gardien du monde. Néanmoins, malgré ses exploits, Neuer commet parfois de grosses boulettes (une constante apparemment chez les gardiens allemands, parlez-en à Trapp). En outre, Alaba, situé derrière lui, n'est pas le meilleur central de la tête. 

    Dans les 10 dernières mintues, les bavarois furent incapables de mettre une pression sur le camp d'Arsenal. Les équipes de Guardiola sont souvent épuisées en fin de rencontre à cause du pressing intense qu'elles mettent sur l'adversaire et cette partie ne fit pas exception. Les gunners en profitèrent pour mettre un second but et dissiper les soupçons de victoire volée suite à la main probable de Giroud.

    Conclusion : même si la victoire aurait pu tourner en faveur du bayern, Arsenal a impressionné par sa discipline et sa patience dans un rôle qu'on lui connaît mal. Les londoniens ont déroulé une partition classique face au Bayern mais qu'ils ont impeccablement récitée. Quant aux bavarois, les doutes resurgissent sur la capacité de cette équipe à vaincre dans les grandes occasions, en dehors des frontières allemandes. 


    Footballistico

    dimanche 18 octobre 2015

    ASM - OL : la fin du big four à la française

    Il est toujours triste de constater que 2 belles écuries de L1 ont reculé par rapport à l'année dernière. Pourtant, tel est bien le constat. On ne peut pas parler de spectacle indigent mais entre les départs et les absents, il est peu probable que l'ASM et l'OL viennent chatouiller le PSG cette saison.

    Les locaux se présentaient en 4-3-3 avec Lemar à gauche du trident composé avec Moutinho et Pasalic. L'OL affichait son 4-4-2 losange avec Valbuena à la baguette derrière Lacazette et Beauvue.

    Première mi-temps : Lyon commença le match très fort en axant notamment ses attaques sur le côté gauche (Tolisso / Rafael). Monaco fut impuissant à poser son jeu. Pourtant, en dépit de sa domination (69% de possession) l'OL se montra incapable de porter le danger sur les buts monégasques : la faute à un défaut récurrent. des gones, leur incapacité à écarter le jeu et leur empalement sur la défense monégasque :

    • par essence, le 4-4-2 losange est un dispositif "central" avec les ailes occupées uniquement par les latéraux.
    • Rafael, placé à gauche est pourtant droitier ce qui l'empêcha de déborder et centrer. Il fut pourtant le latéral le  plus dangereux en se remettant sur son bon pied mais cela eut tendance à ralentir le rythme dans les 30 derniers mètres. 
    • La manque de complémentarité de Beauvue et Lacazette. L'ancien guingampais se positionna souvent sur l'aile gauche et fut le plus souvent ignoré par ses coéquipiers. 
    Défensivement, l'ASM opposa simplement 2 lignes de 4, avec Cavaleiro demeurant plus haut placé pour bloquer Jallet et Traoré. L'ASM attendit souvent tranquillement de récupérer le ballon puis de placer des banderilles en contre. 

    Le jeu de l'OL s'étiola au fur et à mesure que la mi-temps avança. Valbuena perdit petit à petit son influence sur le jeu et Monaco mit en place son jeu plutôt placé sur les ailes :
    • soit un jeu rapide sur Cavaleiro, qui attaquait Jallet en 1 contre 1, 
    • soit en passes courtes en triangles sur l'aile gauche Silva / Pasalic / Fabinho
    Le plan de jeu de l'ASM était assez simple : récupérer bas et progresser verticalement vers Lemar ou Cavaleiro ou, en cas d'impossibilité, balancer des ballons latéraux vers Fabinho ou Silva et progresser en passes courtes. Dans les 2 cas, l'objectif était de centrer (17 centres en première mi-temps contre 5 à l'OL) pour profiter de la présence physique et des 2 M 03 de Traoré. Un des problèmes de l'ASM fut l'incapacité paradoxale de leur avant-centre à profiter de sa taille pour prendre le dessus. 

    Les duels aériens de Traoré (4 perdus pour un seul gagné). Paradoxal. (source 442).
    Ceci dit l'ivoirien se dépensa sans compter et perturba la relance lyonnaise, avec l'aide de Lemar ou de Cavaleiro. Cela obligea Gonalons à descendre très bas pour toucher le ballon, ce qui diminua le rythme offensif lyonnais. 

    Moutinho : le portugais fut le grand bonhomme de l'ASM. A la fois intelligent défensivement (4 interceptions) et offensivement (4 dribbles sur un total de 5 pour l'ASM), il fut surtout capable d'orienter le jeu soit verticalement, soit latéralement et permit à son équipe de soutenir la pression et de porter le danger sur la cage de l'OL. 

    Lyon subissait de plus en plus et les meilleures occasions furent monégasques. Le but de Pasalic intervint sur un corner et une erreur de Lopes mais vint couronner la bonne demi-heure des locaux.

    Seconde période : l'entrée de Ferri et de Ghezzal redonna de l'impulsion à l'OL. Le jeune attaquant, surtout, s'intégra davantage à la construction offensive de son équipe et lui apporta sa technique. Cependant, sans changement de dispositif, le principal problème de l'OL, jouer uniquement centralement, empira et après 10 minutes de forte pression, l'ASM recommença à sortir le ballon de façon propre. Peu après, Wallace fut exclu et cela changea le cours du match. 

    Les dribbles de l'OL, pas maladroits mais trop central
    En théorie, avec 25 minutes à jouer, à domicile, l'ASM avait de grandes chances de tenir le résultat et ce fut le cas  pendant presque un quart d'heure, Lemar passant arrière gauche pendant qu'Echiéjilé glissa au centre, soit un 4-4-1. Pourtant, 2 changements allaient décider du match : d'une part Cornet remplaça Yanga-Mbiwa et l'OL passait en 3-5-2. La seconde fut la sortie, à la 81ème, de Traoré, visiblement éprouvé. Brutalement, l'ASM se retrouvait exposée directement au milieu de terrain et dominée numériquement dans cette zone de jeu. A force d'appuyer, l'OL se procura des situations dangereuses très proches de la surface adverse et trouva la cadre sur un ballon mal repoussé de nouveau sur corner. Les gones auraient même pu l'emporter dans les dernières minutes tant leur domination fut écrasante (8 tirs dans les 10 dernières minutes, soit presque 50% de leur total sur la rencontre). 

    Conclusion : les 2 équipes sont apparues avec des faiblesses qui semblent rédhibitoires pour jouer les premiers rôles. Privés de Fekir, les gones manquent cruellement de créativité et de complémentarité de leurs 2 attaquants, ce qui donne l'impression d'une belle mécanique impuissante. Quant à l'ASM, Martial et Abdenour les ont laissé orphelins aux 2 bouts du terrain (défense centrale et avant-centre). La saison dernière avait donné l'illusion d'un big four à la française (ASM, OL, OM et PSG). Nous avons un big one. 

    dimanche 27 septembre 2015

    Le Celta corrige le Barça


    Battre le Barça relève toujours de l'exploit pour une équipe "moyenne" de Liga mais dominer le Barça dans le jeu grâce au talent de ses attaquants est très rare. Il s'agit donc bien d'un exploit pour les galiciens.

    L'équipe entraînée par l'ancien défenseur argentin Berizzo (auteur d'un passage fugace à l'OM, une manie décidément) se présentait en 4-4-2 avec Iago Aspas en pointe et l'ancien pensionnaire de L1, Daniel Wass, à ses côtés. Côté catalan, Jordi Alba absent, Mathieu prenait sa place côté gauche de la défense et Sergi Roberto était préféré à Rakitic.

    Première mi-temps : le Celta prenant immédiatement le contrôle des opérations, grâce à un pressing haut et à des transmissions de balle rapides. On se frottait les yeux tant le Barça ne voyait pas la balle (59% de possession pour les locaux dans les 10 premières minutes) et les "celticos" plantaient même quelques banderilles. Assez vite, cependant le Barça allait reprendre le ballon et le match prenait un rythme moins frénétique. A ce moment, le dispositif défensif du Celta se mit en place et celui-ci est fort intéressant à plusieurs titres :

    • la disposition en 3 lignes 3-2-4, Daniel Wass, descendant au niveau des 2 ailiers et marquant le plus souvent Busquets, Comme la défense à 4 du Celta était très compacte, cela donnait au dispositif un côté entonnoir, où les catalans se sont souvent engloutis. 
    • un harcèlement constant du blaugrana en possession de la balle. Dès la transmission, le joueur celtico le plus proche montait sur le catalan pour lui disputer le ballon, ce qui fut démontré sur le second but des locaux. 
    • une sortie de balle simple vers Nolito. L'ailier galicien fut le grand bonhomme de la première mi-temps. Il offrit surtout un conduit pour évacuer le ballon pour ses partenaires du milieu de terrain (cf. schéma). Alvés, nominalement face à Nolito ne sembla jamais en mesure de contrer la relance sur l'ailier celtico, qui mangeait la craie. 
    Les passes reçues par Nolito en première mi-temps. Craie. (source fourfourtwo)

    Ceci dit, le Celta Vigo ne s’embarrassa pas toujours d'une tactique complexe et n'hésita pas à dégager des longs ballons devant pour le seul Aspas. Ce fut d'ailleurs le maître mot de la tactique des locaux. Jouer simple et vite. Ainsi, offensivement, Orellana et Nolito provoquèrent constamment leur adversaire direct plutôt que de se lancer dans des combinaisons compliquées. On vit la défense du Barça en grande difficulté, en 1 contre 1, notamment Mathieu, face à Orellana. 

    Les dribbles du Celta. Sur l'aile droite, Orellana a mis la misère à Mathieu (source Fourfourtwo)

    Face à ce dispositif, le Barça eut du mal à se mettre dans le sens de la marche. D'une part, les latéraux ne purent jamais donner de la largeur au jeu des catalans : Alvés fut prudent face à Nolito et Mathieu, après un contrôle manqué dès la troisième minute fut incapable de créer le danger. Le pressing fut également assez lâche. Seul Messi constitua, par ses mouvements, un danger constant, notamment par ses combinaisons avec Neymar. Ce fut d'ailleurs des passes entre ses 2 joueurs, qui créèrent les 2 meilleures actions, dans l'espace. Toutefois, l'un des problèmes de Neymar fut son manque d'implication défensive. Ainsi, sur le premier but du Celta, le latéral Mallo centre sans opposition. 

    Après le second but du Celta, sur une récupération de Nolito face à Piqué, le Barça eut du mal à se remettre dans le sens de la marche. La mi-temps s'achevait avec une possession à peine en faveur des catalans et seulement 2 tirs : une misère. 

    Seconde période :

    Les catalans reprirent la seconde période sans remplaçant mais en ayant la ferme intention  de mettre la défense du Celta à rude épreuve. Plus hauts sur le terrain, les blaugranas effectuaient enfin un sévère pressing sur les celticos, qui, du coup, éprouvèrent de plus en plus de difficulté à se dégager. En 10 minutes, Messi heurta le poteau et eut un tir dangereux aux 20 mètres, soit plus d'occasions franches que dans les 45 premières. C'est sur un contre, suite à un corner en sa faveur que le Barça encaissa son troisième but, après un ballon dégagé par le gardien, Aspas se retrouva en 1 contre 1 face à Alvès et se joua de lui pour aller crucifier Ter Stegen une fois de plus. 

    A 3-0 à 35 minutes de la fin, la messe était dite mais le Barça ne lâcha pas l'affaire. L'entrée de Mounir ajouta un peu de vitesse au champion d'Europe et Rakitic (à la place de Busquets) un peu de technique. Cependant, la disparition du N°6 catalan offrit plus d'espace à Daniel Wass, qui put profiter de sa mobilité pour distiller des ballons à ses compères d'attaque. 
    Les occasions (en bleu ciel) créées par Wass en seconde période (source Fourfourtwo)

    A noter que du côté du Celta, Berizzo ne procéda à son premier remplacement qu'au bout de 75 minutes, ce qui augure d'une équipe bien en place mais qui ne sombra jamais dans la débauche d'énergie désorganisée. 

    Si Neymar inscrivit le but du Barça (sur une passe de l'omniprésent Messi), ce fut surtout le dernier but du Celta qui fut remarquable tant la passivité de la défense catalane fut immense : Mallo centre sans opposition sur Guidetti qui, aux 6 mètres, à tout le temps de contrôler et d'ajuster Ter Stegen. C'était la troisième fois que le gardien allemand se retrouvait seul face à un attaquant du Celta dans la partie. 

    Conclusion : bien sûr, on pourra dire que sur le match, le Celta n'a pas été malheureux : 4 buts sur ses 5 tirs cadrés et dieu sait ce qui se serait passé si Messi avait conclu son occasion de la 52ème minute au lieu de frapper le poteau. Néanmoins, c'est la troisième fois, cette saison, que le Barça en encaisse 4 buts. L'interdiction de recruter commence à faire mal et certains joueurs (Busquets, Piqué, Rakitic) sont très en dessous de leur performance habituelle. Un gros souci face à un Real qui semble plus fort que jamais. Quant au Celta, il exploite au mieux les recettes des budgets moyens de Liga : recruter des refusés des grands centres de formation ibériques (Nolito) et compléter avec des sud-américains teigneux (Fernandez) ou techniques (Orellana). 

    dimanche 6 septembre 2015

    Roma - Juve : la vie sans Pirlo

    Avant, à la Juve, la vie était simple. Il suffisait de passer le ballon à Pirlo et celui-ci savait en faire quelque chose :

    • soit il écartait vers les latéraux (Evra et Lichsteiner),
    • soit il tentait de trouver Tevez, assez loin devant, mais toujours en mouvement,
    • soit il poussait la balle vers ses 2 compères du milieu, Pogba et Vidal. 
    On peut dire que l'ensemble du système était construite autour du stratège italien. Pogba et Vidal offraient à la fois des solutions et de la protection pour un joueur de 36 ans peu mobile. La solide assise défensive (peut-être la meilleure du monde, l'année dernière) avec ses 3 centraux, compensait la médiocrité défensive de Pirlo. Les 2 joueurs de couloir offraient une destination simple en cas de congestion au milieu. 

    Pendant l'intersaison, la Juve a perdu 3 joueurs clés. Outre Pirlo, Vidal et Tevez ont pris la poudre d'escampette. Le problème, c'est que Massimiliano Allegri n'a pas repensé du tout son système. Il a donc positionné Padoin à la place de Pirlo et Mandzukic devant. Le seul problème, c'est que ces 2 joueurs n'ont pas du tout les mêmes caractéristiques : 

    • Padoin est un bon joueur mais il ne possède absolument pas la vista de Pirlo, notamment sur le jeu long.
    • Les passes longues de Padoin (source fourfourtwo)

    • Mandzukic est un joueur de surface, pas un joueur d'espace et il n'offrit pas l'échappatoire à ses partenaires qu'un Tevez pouvait présenter.
    De son côté la Roma se présentait dans son 4-3-3 traditionnel mais si le milieu est resté le même, devant et derrière la plupart des joueurs ont changé, donnant une touche plus jeune (Digne, Falqué) et plus offensive avec notamment Florenzi en arrière droit.

    Première mi-temps : la caractéristique principale de la première période fut le pressing intense que mirent les romains sur le milieu adverse. Outre les 3 du milieu, Salah et Falqué se recentrèrent et furent particulièrement actifs. La louve se présentait en rangs serrés, souvent à 6 dans une zone très étroite et la Juve avait toutes les peines du monde à se dégager. La première belle opportunité des romains vint d'un ballon chipé par Pjanic à Pogba aux 40 mètres, la seconde sur un mauvais renvoi d'Evra où Pjanic (encore) trouva le poteau. Il est probable que dans une telle situation, un Pirlo aurait su ralentir le tempo ou trouvé ses latéraux excentrés pour soulager un peu la pression. Malheureusement, tout en passes courtes, jamais la Juve ne sembla en position de desserrer l'étau. Obligée de défendre bas, elle fut en outre incapable de sortir proprement pour faire mener des contres décents, Dybala, notamment étant situés trop loin de ses partenaires du milieu et de Mandzukic. La vieille dame finissait la mi-temps avec 8 tirs contre elle (1 seule tentative) et avec 32% de possession. Seul bémol dans la domination romaine, Dzeko était isolé dans la défense turinoise et à part des fautes à répétition eut du mal à exister. Néanmoins, le 0-0 n'était pas cher payé pour la vieille dame. 

    Seconde période : le début de seconde période fut encore plus catastrophique que précédemment pour les visiteurs. Les romains se déchaînèrent en terme de pressing. Après une tentative de Dzeko, repoussée par Buffon, ce fut Pjanic qui trouva la mire sur un beau coup franc (60ème). Dans la minute suivante, Allegri remplaça Mandzukic mais le problème principal des turinois demeurait, l'étouffement de leur milieu. 

    Le match se durcissait ensuite, revanche d'une rencontre de triste mémoire qui avait vu 3 expulsions la saison dernière. Puis, à la 71ème, Allegri bouleversa son système en 2 temps en remplaçant d'abord Lichteiner par Pereyra (4-4-2 losange, Caceres glissant au poste de latéral droit) avant de substituer Padoin par Cuadrado (4-2-3-1 ?). On ne saura probablement jamais si le dispositif qu'Allegri avait en tête pouvait fonctionner car dans la minute qui suivit Evra fut expulsé et, sur le coup franc, Falqué, trouva la tête de Dzeko.

    Réduite à 10 et menée 2 à 0 à 15 minutes de la fin, ce fut pourtant à ce moment que la Juve se mit à jouer et plutôt bien. Repassant avec une défense à 3 (en 3-4-2), enfin, le jeu devint fluide et vertical et la Juve se mit même à prendre le dessus eu milieu. Les romains essayèrent de gérer mais la fatigue aidant, ils durent reculer et n'opposèrent plus de pressing sur les visiteurs. Les turinois auront ainsi connu 6 tentatives dans ce dernier 1/4 d'heure, plus que dans les 3 précédents. Dybala réduisait le scoren sur un ballon gratté par Peyrera et les romains n'avaient plus que les changements opérés par Rudi Garcia pour calmer le jeu. 

    Conclusion : un match passionnant tactiquement. Où comment le départ d'un joueur peut enrayer l'une des plus belles mécaniques du football récent. Où encore, comment mieux jouer à 10 qu'à 11. Pour la Juve, des leçons d'espérer tout de même, si leur entraîneur n'essaie pas de pérenniser un système qui ne convient plus à son effectif. Pour la Roma, il faudra apprendre à mieux gérer ses temps faibles et ses efforts dans un match qu'elle a failli laisser filer après l'avoir dominé de la tête et des épaules. 

    lundi 17 août 2015

    L1 : le grand retour du 4-4-2

    Tactiquement, la L1 était devenue ennuyeuse comme un jour sans pain : le 4-2-3-1 régnait en maître depuis plusieurs années (2009 environ). Il y avait bien eu la réapparition du 4-3-3, influencée par les succès du Barça mais globalement, plus de la moitié des équipes de notre championnat favorisait le 4-2-3-1 pour de bonnes et de mauvaises raisons :

    • les bonnes raisons ont trait à la domination de la possession. En retirant un attaquant, vous avez mécaniquement un joueur de plus capable de lutter pour le ballon (à l'instar de 4-3-3) et une alternative supplémentaire pour les passes. En outre, le 4-2-3-1 permet, via le carré constituer par le double pivot et les 2 défenseurs, de dicter le tempo et de constituer une plate-forme d'orientation du jeu.  
    • les mauvaises raisons sont dictées par la volonté de sécuriser la défense en plaçant une sentinelle de plus devant pour la protéger. Dès lors, le jeu offensif devient la responsabilité unique du quatuor de devant et le 4-2-3-1 devient un paravent commode pour éviter toute prise de risque.
    Et puis, le football n'évite pas les tares de l'esprit d'imitation : si ce dispositif fonctionne pour d'autres, alors, il doit bien marcher pour mon équipe. Pour rappel, le 4-2-3-1 allait vivre ses heures de gloire en 2010 avec la victoire de l'Inter de Mourinho en Ligue des Champions et la finale de la coupe du monde en Afrique du Sud (Espagne / Pays-Bas). 

    Bref, pendant la saison 2011-2012, pas moins de 13 équipes de L1 faisaient du 4-2-3-1 leur dispositif de référence (dont le champion, le Montpellier de Giroud et Belhanda), 4 opéraient en 4-3-3. Seul Lorient et Bordeaux conservaient un 4-4-2 à plat tandis que le PSG d'Ancelotti jouait dans son sapin de Noël (4-3-2-1). Il faut noter qu'à l'exception du PSG, toutes les grosses écuries du championnat (l'OL, Marseille, Saint-Etienne) privilégiaient le 4-2-3-1. Notons toutefois que ce dispositif ne constituait pas une condition de succès : les 3 relégués de cette saison jouaient en 4-2-3-1. Incidemment, seulement 11 équipes de cette période ont conservé leur place dans l'élite (en seulement 4 saisons).  

    Pendant les années suivantes, le 4-2-3-1 allait conserver sa prééminence. Pourtant, quelques pionniers dans des équipes "moyennes" allaient remettre en cause cette doxa avec des dispositifs alternatifs. Outre le 4-3-3 qui gagnait quelques adeptes (PSG), citons le Toulouse d'Alain Casanova et son fameux 3-5-2, le 4-4-2 à plat de Jocelyn Gourvennec à Guingamp (une spécialité bretonne décidément) et, surtout, l'OL d'Hubert Fournier. 

    Le néo-coach des gones décida en effet, au cours de la saison dernière, d'afficher un 4-4-2 losange avec ses jeunes pousses. Ce fut d'autant plus surprenant que lors de sa saison précédente à Reims, jamais il n'avait expérimenté un tel dispositif. Si le 4-4-2 losange n'avait jamais complètement disparu en France (Francis Gillot l'avait expérimenté à Sochaux avec Marvin Martin et René Girard au LOSC), aucune équipe n'en faisait son dispositif de référence depuis l'OL des années Juninho. 

    On peut dire que le coup de génie d'Alain Fournier donna le blanc-seing d'une grosse écurie à une (r)évolution tactique majeure dans notre championnat.

    En 2015-2016, on assiste en effet à un début de bouleversement. D'une part, le 4-2-3-1 est en nette baisse (seulement 8 ou 9 équipes l'ont utilisé lors des 2 premières journées). D'une part, les dispositifs "alternatifs" (4-4-2, défense à 3, 4-3-2-1) ont acquis de nouveaux adeptes (Nice, Nantes, Rennes, Toulouse) et d'autre part, les anciens, ont conservé leur tradition (Lorient, Guingamp, OL) à tel point que l'on voit dans notre championnat des choses devenues rares : des affrontements entre 2 4-4-2. 

    Quelles sont les raisons de cette évolution et de cette floraison de dispositifs et surtout quelles sont ses chances de perdurer ? 
    • Le football, au-delà des modes est toujours un théâtre d'action - réaction. Le dispositif tactique est simplement l'un des outils à la disposition des coachs pour tenter de l'emporter sur la partie adverse. Or, lorsqu'un dispositif se généralise, cet outil devient impuissant et les clubs en sont réduits à compter sur le talent individuel des joueurs (la négation du rôle d'entraîneur qui est de dépasser celui-ci) ou les combinaisons.
    • Du fait du manque de moyens dans un football libéralisé par l'arrêt Bosman, le 4-2-3-1 était devenu une négation du jeu offensif dans lequel les clubs un peu plus ambitieux ne pouvaient plus prendre l'ascendant à cause du manque de personnel offensif dans une rencontre. On pouvait ainsi voir un Brest annihiler un OL. Une situation qui ne pouvait pas perdurer.
    • En outre, certains coachs ont soudain pris conscience que leur effectif à disposition (2 bons attaquants ou peu de joueurs de débordement) n'était pas optimisé dans un 4-2-3-1.
    Dès lors, le 4-4-2, dans sa version losange ou à plat, redevient une alternative intéressante. 

    Quelle pérennité pour cette évolution ? Dans les championnats plus avancés tactiquement que le nôtre (comprendre : le calcio), le 4-2-3-1 n'a pas disparu. Simplement, il constitue l'une des alternatives que les coachs ont à disposition et qu'ils utilisent si leur penchant tactique ou leur effectif s'y prête. 

    Il est probable que la France suive la même évolution... voire même que les tacticiens les plus aventureux changent de dispositifs en fonction des adversaires ou de certains paramètres (domicile / extérieur). Les affrontements devraient obéir à une intensité tactique plus forte et potentiellement à des déséquilibres plus importants. 

    On devrait donc assister à un football plus varié et plus riche offensivement, en attendant qu'un tacticien génial, quelque part entre le Botswana et la Thaïlande remette au goût du jour le W-M ou le catenaccio. 

    Footballistico

    dimanche 29 mars 2015

    Clasico 2015 : l'évolution du Barça porte ses fruits

    Le Real a perdu mais le Real aurait pu gagner. Le Barça a marqué dans un style à l'antithèse du toque et du style de Guardiola. Luis Enrique a donc posé sa patte sur le jeu du Barça. Cela semble être le résultat de la tendance des grandes équipes actuelles : savoir varier le jeu et pouvoir marquer sur n'importe quelle configuration (coup de pied arrêté, contre, jeu construit). Ironie, c'est sans doute Ancelotti qui, entre la saison 2013-14 et le premier trimestre 2014-2015 a poussé cette logique au paroxysme en capitalisant sur la capacité de contre et la force sur CPA léguées par Mourinho en y ajoutant cette capacité à construire et à défier les meilleures équipes en termes de possession ou plus simplement de prendre le jeu à son compte face à des écuries modestes venues pour défendre.

    Le Barça est un cas d'école : basée sur une possession écrasante et sur un pressing intense, la belle mécanique montée par  Guardiola s'est effilochée au fil des années car elle est épuisante physiquement et au bout de quelques titres la rage de vaincre s'est émoussée. Feu Tito Vilanova a tenté de mettre en place un Barça "light" : possession mais sans pressing. Avec des résultats mitigés. C'est sous son coaching que le Barça explose littéralement (7-0 sur l'ensemble des 2 matchs) face au Bayern Munich mais face aux équipes plus faibles, son Barça était une redoutable machine (100 points pour le titre de Liga 2013)

    Luis Enrique a changé la donne sur au moins 3 points :
    • les attaquants sont les nouvelles stars. Pep Guardiola vouait un culte aux milieux de terrain jusqu'en aligner 6 ou 7 dans son équipe. Luis Enrique est beaucoup moins fan. Pour lui, chacun à sa place. Face au Real, même Mascherano est redevenu un milieu de terrain. Et la charnière centrale était occupée par 2 vrais spécialistes du poste. 
    • Sans être aussi exigeant que Guardiola, Luis Enrique demande à ses joueurs un travail défensif intense. Pas de pressing groupé autour du joueur adverse mais une contribution demandée aux 3 attaquants. 
    • Culte de l'individuel : si Guardiola prônait un jeu de passe presque infini, afin de déstabiliser les défenses, laissant au seul Messi la percussion, Luis Enrique a confié les clés aux individualités. Outre, l'argentin, Neymar est encouragé à partir de loin en dribbles chaloupés, quand Suarez hérite de longs ballons, en partant à la limite du hors jeu. 
    Lorsque l'on regarde la configuration du dernier clasico et qu'on le compare à son petit frère joué il y a 2 ans, les différences sautent aux yeux. Ici, le Real avait gagné mais l'essentiel n'est pas là. Ce jour là, le Barça, entraîné par Tito Vilanova avait réussi 649 passes et tenu le ballon 72% du temps face au Real de Mourinho (contre respectivement, 436 et 53% dimanche dernier)

    Les schémas ci-dessous (source l'excellent site fourfoutwo) montrent les différences d'approche du Barça sur 3 points : 

    1 - Les attaquants barcelonais ont le permis de dribbler et ils ne s'en privent pas :

    Mars 2013 : 16 dribbles. Only Messi.

    Mars 2015 : tout le monde dribble (et surtout Neymar)

    Bien sûr, ce jeu implique plus de risque (la perte de balle) et engendre mécaniquement moins de possession mais il oblige aussi les défenseurs adverses à commettre plus de fautes (d'où les cartons) et créent des brèches dans les lignes arrières. 

    2 - Le pressing est plus intense. En 2013, Vilanova avait cédé au vestiaire en relâchant la pression à la perte de balle. Le Barça se contentait à l'époque de faire des fautes "intelligentes" pour briser les contres à la racine, c'est à dire dans la moitié de terrain du Real. En 2015, changement de décor, tous les joueurs sont supposés contribuer à l'effort défensif. Même si le pressing est moins intense qu'à l'ére Guardiola (où plusieurs blaugranas entouraient le joueur adverse pour couper toute possibilité de passe), la ligne du Barça demeure haute afin de transmettre rapidement, idéalement à Suarez, qui plonge, avant que le bloc adverse ait eu le temps de se reformer. 


    2013 : 4 tacles dans la moitié de terrain adverse, aucune interception

    Ajouter une légende : 14 tacles, 1 interceptions

    3 - des passes plus en profondeur et qui visent à créer le danger directement. Alors que le Barça, version Guardiola tissait sa toile, celui d'Enrique est plus direct et n'hésite pas à effectuer des passes depuis sa moitié de terrain, ce qui était presque un anathème, circa 2012. 


    La passe à 10 de 2013
    (119 passes dans les 30 mètres madrilènes sur 722 tentées)


    2015. Plus perforant
    On peut donc conclure que si le Barça a sans doute perdu un peu de sa spécificité, il a sans doute gagné en efficacité. Des matches comme ceux de Dimanche soir où l'équipe catalane est dominée pendant la moitié du match mais l'emporte avec une tête sur coup de pied arrêté et un long ballon sur Suarez devrait être plus courants dans les années qui viennent. Tout le problème de Luis Enrique sera de marier les qualités de l'ancien Barça (une capacité à dominer et à priver l'adversaire de ballon, afin de conserver le résultat) et celui des équipes modernes de percussion pour pouvoir exploiter toutes les situations de but.

    En 2013, le Barça de Vilanova avait remporté la Liga avec 100 points mais en devenant trop prévisible avait engendré la déroute de l'Allianz Arena (qu'Ancelotti a réitéré cette année face au même Bayern de Pep Guardiola). Cette défaite, qui précédait la déroute espagnole au mondial brésilien, annonçait la fin du toque 1.0. Luis Enrique tente de le réinventer en le variant. Ce n'est pas là son moindre mérite.

    Footballistico


    vendredi 27 février 2015

    Arsenal - Monaco : le calvaire de Wenger


    Il ne faut pas se mentir, il s'agit d'un véritable exploit que la bande à Jardim a effectué mercredi soir en défaisant les gunners à l'Emirates. Leonardo Jardim était privé de la moitié de son effectif au coup d'envoi (Kurzawa, Ferreira-Carrasco, Carvalho, Toulalan, Bakayoko) et pourtant les jeunes monégasques ont fait preuve d'une maturité stupéfiante. L'ASM se présentait en 4-2-3-1. Berbatov occupait le poste de 9, avec Moutinho derrière lui. Fabinho prenait place au milieu aux côtés de Kondogbia dans un duo de fortune. En toute justice, il faut dire qu'Arsenal avait aussi son lot d'absents (Debuchy, Arteta, Wilshere, Ramsey). Arsène Wenger avait également nommé un 4-2-3-1. Coquelin et Cazorla occupaient le 2 du milieu. Ozil devait animer le jeu des gunners. Notons que le fait de sélectionner dans le double pivot du 4-2-3-1 un "non spécialiste" est furieusement tendance. Au-delà des problèmes d'effectif, la volonté était claire : renforcer la défense d'un côté, offrir une possibilité offensive (notamment sur les côtés de l'autre).

    Première mi-temps : comme prévu, Arsenal tentait d'entrée de mettre la pression sur l'ASM mais éprouvait des difficultés à contourner la muraille qui se dressait devant eux, seul Berbatov (et encore) étant soulagé des tâches défensives. Pourtant, assez vite, on sentit qu'il ne s'agissait pas d'un attaque-défense classique. En effet, dès le ballon récupéré, les monégasques combinaient pour remonter tranquillement le terrain sans s'affoler ou profitait de Berbatov pour servir de relais. Le bulgare situé devant les arrières centraux dans des "poches" d'espace fut facilement trouvé par ses partenaires comme échappatoire face à la pression d'Arsenal.

    Les passes reçues par Berbatov : disponible (source fourfourtwo)
    Les anglais d'ailleurs eurent du mal à exercer un pressing : ils restaient haut lors de la perte balle mais ne récupérèrent presque aucun ballon haut. Ni Ozil, ni Giroud, ni Cazorla ne sont réellement des joueurs de pressing et Kondogbia et Fabinho dominèrent physiquement le jeu et purent donc récupérer et ressortir proprement les ballons, une fois les 10 premières minutes passées. Les seules exceptions furent côté droit, où Touré remplaçait Kurzawa. Le jeune latéral monégasque eut du mal face à Sanchez et naturellement le jeu d'Arsenal pencha sur cette aile avec les offensives de Gibbs et les dérives d'Ozil.

    De l'autre côté, Bellerin restait prudent face à Martial, qui fit parler sa pointe de vitesse et demeura menaçant. Résultat, Wellbeck fut assez isolé pendant toute la mi-temps.

    Le jeu d'Arsenal, fait de passes rapides et précises se mit toutefois en marche et prit la défense monégasque presque en défaut à 3 reprises :
    • à la suite d'un corner depuis la gauche via une tête de Giroud,
    • sur un beau mouvement, issu du même côté, Alexis Sanchez hérita d'un ballon d'Ozil et frappa au-dessus,
    • enfin, à la 37ème, une des rares montées de Bellerin se traduisit par un centre que Giroud mit au-dessus.
    Les gunners avaient manqué leur chance. Offensivement, les monégasques n'avaient pas proposé grand chose : Dirar était resté très prudent. Seul Moutinho, en profitant de la relative liberté qu'offraient les montées de Cazorla sut se mettre en évidence. Le meneur de jeu portugais, situé à la tête du triangle, avait déjà hérité 2 ou 3 fois du ballon en profitant du placement haut des anglais et des remises de Berbatov. Ce fut sur l'une de ses prises de balle qu'il transmit pour Kondogbia, qui eut tout le temps du monde, à 25 mètres, de régler la mire et de frapper. Le but est certainement chanceux mais il traduit à la fois la facilité des monégasques à trouver leur meneur de jeu aux 30 mètres et le relative passivité défensive des gunners.

    La mi-temps s'achevait sans qu'Arsenal n'ait cadré une seule frappe. 

    Seconde période : 

    Dès la reprise, les londoniens mettaient une grosse pression sur le but monégasque. Giroud eut le temps de rater une tête mais ce fut le début des errements défensifs des gunners. Suite à un coup franc, les monégasques se retrouvèrent en 2 contre 1, avec le seul Mertesacker en défense. Il est amusant de constater que 4 londoniens courent après Berbatov avant la frappe de celui-ci en pleine lucidité. 

    A 0-2, Arsenal n'avait plus le choix et Wenger lança ses atouts offensifs dans la bagarre. Arsenal eut cependant sa meilleure occasion avant ces changements avec Alexis Sanchez qui tenta une frappe repoussée par Subasic dans les pieds de Giroud, hors cadre. Avec 6 frappes tentées dans la surface et ratées, l'avant-centre français fut logiquement la première victime des remplacements, laissant sa place à Théo Walcott, puis Oxlade-Chamberlain remplaça Cazorla.


    Les occasions de Giroud. Plus de ratés en 1 heure que Cavani en 5 matches (source fourfourtwo)

    Le match devint très ouvert et Arsenal se créait ses meilleures occasions, alors que Martial répliqua par un contre. A ce point du match, il était évident que l'une des 2 équipes pouvait craquer et dans les faits les 2 craquèrent. Devant les difficultés de plus en plus grandes de son équipe à tenir le ballon. Jardim ne resta pas inactif, A 1/4 d'heure de la fin du match, il lança Ferreira-Carrasco à la place d'un Berbatov visiblement éprouvé puis Kurzawa à la place de Dirar histoire de solidifier le côté gauche. Wenger répliqua en sortant Coquelin pour Rosicki avant que Martial laisse la place à Silva. Wenger avait changé ses 2 milieux défensifs (Cazorla et Coquelin) + Giroud, Jardim avait sorti ses 3 joueurs offensifs. Les pièces du puzzle des 10 dernière minutes étaient en place :
    • les londoniens ne semblèrent pas s'apercevoir tout de suite que Ferreira-Carrasco, devenu le joueur le plus offensif de l'ASM présentait une menace complètement différente de Berbatov, tout en rapidité et en profondeur,
    • en sortant Coquelin,  Wenger avait supprimé toute présence défensive au milieu de terrain...
    • ...mais les gunners avaient gagné en énergie offensive, ce qu'ils avaient perdu en fluidité, probablement ce qu'il leur fallait à ce moment du match.
    Déjà animé, le match devint fou, la tactique laissant la place à la qualité individuelle. Les monégasques tentaient de profiter de l'entrée de Kurzawa pour tenter de contrôler le ballon côté gauche, loin de leur but quand Arsenal se ruait à l'assaut, dès le ballon récupéré. Sur un contre, Ferreira-Carrasco était lancé en profondeur avant d'échouer sur Ospina. Avertissement sans frais. Mais Oxlade Chamberalin réduisit le score, sur un second ballon récupéré devant la surface (90+1). Alors que les gunners mettaient un dernier coup de collier désespéré, le même Oxlade-Chamberlin se faisait prendre dans la nasse Moutinho / Silva, qui lançait Ferrerai-Carrasco pour le coup d’assommoir (90+3). 

    Conclusion : même si le score est dur pour les gunners, on peut dire que l'ASM a fait preuve d'une supériorité tactique indéniable. Du coup, pour Wenger, le coup est rude. Les gunners ont initié en Angleterre, un jeu élégant fait de passes rapides et de déplacement. Ce jeu est resté mais le foot a progressé : il est aussi devenu plus physique en mettant un pressing intense et en se montrant capable de dérégler les plus belles mécaniques offensives. Et là, le coach français est resté sur le bord du chemin. Quelles sont les chances d'Arsenal au match retour. Statistiquement, presque nulles. Gentils gunners. 

    mardi 24 février 2015

    PSG - Chelsea : match très tactique au Parc


    Le PSG se présentait avec de nombreux blessés pour cette confrontation-revanche du 1/4 de finale de 2014. Laurent Blanc affichait son 4-3-3 fétiche mais possédait des options limitées sur le banc. L'équipe-type était celle attendue. Seule surprise, David Luis prenait la place de Thiago Motta en bas de milieu parisien, réplique étonnante du match aller de l'année dernière. Chelsea se présentait en 4-2-3-1 avec Fabregas derrière Diego Costa.

    Première mi-temps : le tempo du match allait changer souvent au cours de la première période. Au départ Chelsea possédait une ligne défensive assez haute dont l'ambition était de couper les transmission vers les attaquants du PSG. Mais Paris peut peut justement être redoutable dans la récupération et la verticalité. Dans le premier 1/4 d'heure, Ibrahimovic et Matuidi se procurèrent chacun une occasion, qui allait refroidir considérablement les ardeurs des anglais. A partir de la fin du premier 1/4 d'heure, le PSG laissait plutôt la direction des opérations en reculant sensiblement en comptant sur sa vitesse en contre. Mais Chelsea n'est pas facile à manier et Mourinho eut tendance à faire descendre son bloc défensif (+ Ramires ou Matic).

    David Luiz : la présence du Brésilien en lieu et place de Thiago Motta eut sans doute des effet positifs et négatifs pour Paris. D'un côté, il neutralisa totalement Fabregas. L'espagnol, qui est le meilleur passeur décisif de premier league fut inoffensif, ne réalisant que 12 passes dans les 30 mètres parisiens et ne créant aucune occasion. Le brésilien fut aussi un passeur fiable y compris sur certains longues diagonales. En revanche, il fut sans doute plus lent dans les transmissions que Thiago Motta et ne put donner la verticalité suffisante au jeu parisien pour trouver, notamment, Ibrahimovic.

    Paris réussit cependant à dominer le jeu par les ailes, les parisiens furent en fait dangereux dans 2 types de situations :
    • les centres, en en réussissant 10 sur 26 (total du match), dont le but égalisateur,
    • les percées de Matuidi qui, prit souvent la profondeur en créant la panique dans la défense anglaise pourtant compacte. Face à celle-ci, Matuidi n'hésita d"ailleurs pas à venir créer le surnombre sur l'aile avec Maxwell. Outre, le centre victorieux vers Cavani, Matuidi créa 3 autres occasions parisiennes et fut aussi à la réception d'un centre. 
    Face à cela, Chelsea n'opposa que peu de chose offensivement, Diego Costa fut mal à l'aise dans cette configuration. Face à 3 défenseurs centraux, situés plutôt bas, coupé de Fabregas, l'avant-centre de Chelsea eut du mal à faire parler sa pointe de vitesse et sa combativité, alors qu'il excelle face à un pressing haut. Seul Eden Hazard sembla en mesure  de mettre à mal la défense parisienne grâce à ses dribbles. Les défenseurs parisiens s'en remirent à des fautes face au belge (9 au total), de façon quasi-systématique. Cela dura ainsi jusqu'à la 35ème minute où Cahill dévia un ballon de sur la tête d'Ivanovic. Un peu chanceux mais Chelsea était parvenu à se projeter devant sur un ballon presque anodin avec 2 défenseurs dans les 16 mètres, ce que Paris n'arriva jamais à faire.

    Seconde période. La deuxième mi-temps commença différemment. Mal en point, le PSG se devait de réagir et domina dès lors franchement la possessions. Chelsea descendit très bas sans doute pour mettre son plan 1 en marche (attendre et contrer, le pressing haut en moins) mais Paris ne laissa jamais Diego Costa libre et se montra encore très prudent défensivement.

    Chelsea central. L'une des caractéristiques des londoniens fut leur côté centralité. Ils se massèrent au centre du terrain, délaissant les côtés. Le but était sans doute de neutraliser les transmissions vers Ibrahimovic, qui tentait, comme toujours de décrocher, et les plongées de Matuidi. Mais, l'une des conséquences fut d'ouvrir les ailes à de longs ballons latéraux depuis le centre du terrain. C'est sur l'un d'entre eux que Maxwell avait transmis à Matuidi, qui centra sur Cavani.

    Paris (à gauche) : à l'aile, la vie est belle (source whoscored)

    Les longs ballons latéraux du PSG (source fourfourtwo)

    C'était la 53ème et on pensait que Paris pouvait l'emporter, surtout en insistant comme il le faisait sur les côtés. Malheureusement, les 2 maux parisiens reprirent vite le dessus :

    • une relative inefficacité offensive. Tour à tour, Ibra, Cavani (2 fois) et surtout Lavezzi manquèrent la cible. Paris aura tenté 10 tirs depuis l'intérieur de la surface de réparation pour 1 seul but avec 2 attaquants de classe mondiale. C'est insuffisant pour prétendre à quoi que ce soit.
    • un manque de précision sur les coups de pied arrêtés (corner ou coup franc). Lavezzi eut systématiquement tendance à le mettre au premier poteau, ce qui marcha une fois mais rata toutes les autres. Ibrahimovic et David Luiz manquèrent chacun un coup franc aux 20 mètres. 
    Changements : le premier changement intervint à la 78ème minute (Cuadrado pour Willian, du poste pour poste) ce qui laisse penser que Mourinho était content de la physionomie de la partie. Le seul changement tactique de la partie fut celui opéré par Laurent Blanc en introduisant Pastore à la place de Lavezzi (80ème). Face à une défense regroupée, l'argentin introduisait autre chose, une capacité à créer des décalages dans un petit périmètre. Pourquoi, mais pourquoi, Laurent Blanc ne tenta pas ce changement avant ? Le public du parc pouvait rester avec cette question, le temps qu'Ibra rate une dernière occasion.

    Conclusion : sur le papier, il est difficile pour Paris de se contenter de ce résultat. Mourinho doit se frotter les mains. Pourtant, en termes de jeu, les anglais ne peuvent pas se montrer satisfait par leur prestation : 2 tirs, dont 1 contré. En dépit de la prestation de Courtois, ce sera insuffisant au match retour face à un PSG, qui monte son niveau de jeu à chaque fois qu'il est confronté à une échéance européenne. 

    Footballistico



    dimanche 8 février 2015

    Atletico - Real : déculottée pour les merengue


    L'Atletico a dominé sans partage  le derby mardilène dans son antre du Vicente Calderon. Au final, la liga est relancée, le Real doute et a perdu plus qu'un match hier. Ce fut la pire défaite des merengue depuis la fameuse manita au Camp Nou et leur 6ème derby d'affilée sans succès.

    Simeone affichait son 4-4-2 type. Mandzukic était préféré à Torres avec Griezmann aux côtés du croate. Le Real, en revanche, avait beaucoup d'absents, notamment en défense (Ramos, Pepe, Marcelo, Modric, James). Khedira était titularisé au milieu aux côté de Kroos et Isco. La défense centrale était bidouillée avec un duo Varane / Nacho. Ronaldo réintégrait l'équipe, en 4-3-3 traditionnel.

    Première mi-temps : assez vite, le schéma de la rencontre se mit en place. L'Atletico se montrait agressif dès le ballon perdu mais reculait à 0 derrière la balle dès que le Real franchissait le premier rideau. Seul Mandzukic restait en pointe souvent côté ballon pour offrir une opportunité de relance à ses co-équipiers dès la récupération. L'Atletico multipliait ainsi les longs ballons vers son attaquant avec un succès certain. Le croate fut d'ailleurs le grand bonhomme du match. Toujours disponible pour les relances de ses partenaires. Très présent dans le jeu dos au but, il fut également décisif dans ses passes, impliqué, dans 3 buts de son équipe.

    Côté droit. L'une des caractéristiques clé du match fut la capacité de l'Atletico à porter le ballon côté droit. Simeone avait apparemment bien lu la composition madrilène : entre un Ronaldo peu préoccupé par les tâches défensives et un Isco peu à l'aise dans cet exercice. Sur cette aile, les locaux se projetaient rapidement, via Turan et Juanfran. Ce duo a développé une intensité incroyable sur son aile, tant défensivement (Turan, notamment, auteur de 6 fautes, toutes commises en première mi-temps, le plus gros total de son équipe) qu'offensivement (Juanfran, 7 centres). Le début de match se passa presque totalement sur ce côté, avec un déboulé du turc dans la surface, puis la première frappe de ce même joueur. Enfin, sur le but, Juanfran met un centre contrôlé par Mandzukic qui remet tranquillement sur Tiago.

    L'Atletico (à droite). Oui à droite. (source whoscored)

    Peu après l'ouverture du score, intervint le premier fait de jeu, la blessure de Koke. En théorie, la sortie du meilleur joueur de l'Atletico aurait dû rééquilibrer les débats. Dans la pratique, le nouvel entrant, Saul, accrut la domination des locaux. En effet, alors que Koke restait sur son côté, son jeune replaçant occupa tout le terrain et offrit une variété de jeu supérieure aux colchoneros. Sur une récupération, un long ballon du nouvel entrant trouvait l'inévitable Mandzukic. Ce dernier trouvait Siqueira lancé qui effaçait Carvajal et remettait à...Saul, pour une bicyclette (18ème).

    Le Real coupé en 2 : Théoriquement, le Real possède les armes offensives nécessaires pour remonter un écart de 2 buts en 70 minutes. Mais, l'équipe d'Ancelotti fut coupée en 2 :

    • côté gauche, Coentrao, terrorisé par les montées de Turan fut sage et de ce fait, Ronaldo fut la plupart du temps tout seul face au turc et à Juanfran.
    • le côté droit ne fonctionna pas mieux. Khedira se montra offensivement incapable de combiner avec Bale et Carvajal. 
    • Kroos fut mal à l'aise dans sa position reculée : souvent il devait parer au plus pressé pour freiner les contres de l'Atletico mais devant la position souvent reculée des locaux, son arme principale, ses longs ballons bien dosés sur les ailes furent inefficaces.
    On vit donc des séquences où l'allemand tentait de longs ballons latéraux vers les ailes sans aucun danger pour les locaux. 
    Les longues passes de l'Atletico : profonds (source fourfourtwo)

    Les longs ballons du Real : latéraux ou ratés
    Sans solution au milieu du terrain, impuissant sur les ailes, le Real eut énormément de mal à se créer des semblants d'occasion. Au fil de la mi-temps, cependant, les colchoneros relachèrent un peu leur pressing et le Real parvint à sortir la tête de l'eau. Benzema, notamment, recula un peu et parvint dès lors à offrir une solution à ses milieux. Néanmoins, avec 2 tirs tentés, les tentatives demeurèrent rares.

    Seconde période :

    Tirant les leçons de la première mi-temps, Ancelotti laissa Khedira au vestiaire pour le remplacer par Jesé. Ce fut du poste pour poste, un changement étrange quand on sait que le jeune espagnol est plutôt un attaquant. De fait, la possession du Real eut plutôt tendance à diminuer mais sans gagner en capacité de pénétration. Le tempo du match diminua même légèrement, ce qui contentait parfaitement l'Atletico. Les locaux continuèrent à viser Mandzukic et à attaquer côté droit, fidèle à leur schéma de jeu. Ce fut encore sur une attaque côté droit que Turan centra au seconde poteau pour un Saul esseulé qui remit sur un Griezmann motivé. Sur cette action, on s'aperçut en outre de l'incroyable passivité défensive du Real. Après Carvajal sur le premier but, Varane se montra bien mou, face à l'attaquant français . 

    A 3 - 0 à la 66ème minute, le match était virtuellement fini. Ancelotti procéda à 2 changements complémentaires (Illaramendi et Chicharito) sans qu'on sache si c'était pour limiter les dégâts ou pour sauver l'honneur. Tout le monde s'apprêtait à retourner au vestiaire tranquillement...sauf Torres et Mandzukic, trop heureux de corser la note dans les arrêts de jeu (toujours sur le côté droit). 

    Conclusion : Privé de quelques titulaires, le Real a justifié en un seul match toutes les craintes du début de saison  : des attaquants doués mais isolés, un milieu déséquilibré et une défense passive. Au-delà du score, la performance des merengues fut abyssale, concédant 17 tirs contre 4. Le mois de février devrait servir de révélateur pour Ancelotti, tant en liga qu'en ligue des champions. Pour sa part, l'Atletico a réussi un match exceptionnel, tactique, physique et technique. Ceux qui voient encore dans l'équipe de Siemone une bande qui se contente de courir partout n'ont pas assisté à la performance d'hier.

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    lundi 12 janvier 2015

    MHSC - OM : Bielsa dépassé tactiquement par Courbis !

    L'OM se présentait sur la pelouse de Montpellier pour son premier match de championnat 2015. Bielsa nommait un 3-4-2-1 puisqu'il anticipait un dispositif à 2 attaquants. Bashyuayi remplaçait Ayew parti à la CAN. Roland Courbis avait choisi, pour la première fois de la saison un 4-4-2 losange avec Samson à la tête de celui-ci.

    La caractéristique majeure du match fut la domination de Montpellier au centre du terrain. Souvent les montpelliérains se retrouvaient à 4 contre 2 (Imbula, Payet) dans cette zone. En théorie, cette domination numérique aurait dû se payer à d'autres endroits du terrain, typiquement sur les ailes. Dans les faits, cela fut rarement le cas, voyons cela.

    Première mi-temps : Si l'OM eut la possession du ballon assez vite dans le match, ils se retrouvèrent face à un problème insoluble. Leurs 2 rampes de lancement, Imbula et Payet, n'avaient pas leur rendement habituel :

    • Imbula était marqué en 1 contre 1 par Samson et 4 autres joueurs bloquaient ses possibilités de passe. Le milieu marseillais fut souvent obligé de remettre en retrait vers ses 3 défenseurs.
    • Les efforts de Payet furent également annihilés par les 3 milieux montpelliérains. La tactique classique du meneur marseillais, s'excentrer, fut inefficace car à gauche, il tombait sur Mounier et à droite sur Lasne. 
    • Le rôle des 2 milieux latéraux fut d'ailleurs particulièrement intéressant ;
      • dans les phases de pressing, c'est à dire dans le camp de Marseille, Lasne et Mounier étaient donc placés centralement et bloquaient les passes vers Payet ou vers les latéraux.
      • puis, lorsque l'OM réussissait à transmettre le ballon, ils se décalaient sur les ailes pour contrer le surnombre marseillais dans cette zone.
      • en phase offensive, ils explosaient sur les côtés de façon à faire jouer leurs qualités de vitesse et à plonger derrière les latéraux marseillais. 

    Le placement de Lasne (à droite) et Mounier (à gauche) - source Squawka

      Pressing haut et transitions rapides : le MHSC récupéra souvent la balle assez haut en imposant un pressing intense à l'OM, dans lequel les 11 joueurs étaient impliqués. Dès la récupération effectuée, Montpellier tentait de lancer rapidement le jeu via Lasne et Mounier. Ainsi, si le dispositif était effectivement un 4-4-2 losange, on peut facilement arguer que l'animation offensive tenait plus du 4-4-2 à plat. Evidemment, l'implication défensive de Mounier et Lasne ne fut pas parfaite. Marseille exploita notamment le côté d'un Mounier situé assez haut, via Dja Djédjé, en débordant. 

      Par contrecoup, les 2 ailiers Marseillais (Thauvin et Bashyuayi) eurent du mal à se situer sur le terrain. Devaient-ils se recentrer pour apporter des solutions de relance ou se situer à l'aile pour attaquer le latéral montpelliérain ? Tel fut leur dilemme, insoluble, apparemment. 

      Le but montpelliérain vint sur une action typique. Congré récupère le ballon sur une montée de Dja  Djédjé et transmit le ballon rapidement à Samson, qui le glisse à Lasne. Le joueur de côté héraultais, centra sur Bérigaud, isolé à 23 mètres des buts. Sur l'action initiale, Dja Djédjé est tout seul, Bashyuayi est dans la surface et les 4 attaquants ne bougent pas pour récupérer le ballon. Le mi-temps se finissait et un chiffre suffit à résumer l'impuissance de l'OM : Gignac n'avait réussi que 6 passes en première mi-temps, dont 2 sur les engagements...

      Seconde période : le début de seconde période allait achever une équipe marseillaise un peu pâlichonne. A la 62ème, sur un pressing de Barrios, Mounier récupérait le ballon et centrait sur Lasne, tout seul (Mendy était loin du marquage de son ailier). 

      Mené 2 à 0, l'OM se devait de réagir. Malheureusement pour Bielsa, son banc est tout maigre et il se retrouva obligé de lancer Omrani dans le grand bain. Le but olympien fut encore le résultat d'un grand classicisme, Thauvin s'enfonça dans la surface sur une action individuelle, ressortit le ballon vers Dja Djédjé qui centra sur le nouvel entrant. 

      Il restait 20 minutes à l'OM pour chercher le match nul mais jamais les olympiens ne semblèrent capables de marquer : seuls 2 tirs de loin, hors cadre (et largement) à mettre à leur actif pendant ce temps. Il est vrai que Montpellier continuait à presser les visiteurs. A tel point que Courbis devait remplacer Barrios et surtout Mounier, visiblement éprouvés. Le match se terminait avec un OM incapable de mettre du rythme et qui allait perdre son fauteuil de leader.

      Conclusion : avec l'OM, on sait à quoi s'attendre, du rythme et du pressing. Le problème, c'est que si vous luttez en termes d'intensité et que vous pouvez mettre en place un plan pour contrer les ficelles de Bielsa, alors, vous avez votre chance. C'est exactement ce qu'à fait Courbis. En surpeuplant, le centre du terrain, le coach héraultais a réussi à annihiler Imbula (presque), Payet et Gignac (tout à fait). Comme l'a dit Anthony Mounier "le but était de contrer Imbula et de lui couper ses possibilités de passe. On savait aussi qui son on plongeait derrière leurs latéraux, on aurait des occasions". On ne saurait mieux dire. 

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