jeudi 21 novembre 2013

France - Ukraine : les bleus comme des Praud

La France a donc validé son billet pour Rio et l'auteur de ces lignes va tenter de contenir son émotion pour conserver son regard froid et distancié qui fait la qualité d'une chronique tactique.

Didier Deschamps, le génial entraîneur des bleus superbes et généreux avait modifié son dispositif pour afficher un 4-3-3. Pas moins de 5 joueurs étaient nouveaux par rapport à la déroute de Kiev (Sakho, le héros, Cabaye, Valbuena, Benzema et Varane).

L'ignoble Fomenko avait reconduit son 4-2-3-1 vil et violent. Au-delà de l'absence des atroces Fedetsky et Kucher (remplacé par Mandzyuk et Rakitsky), le milieu de terrain avait été profondément remanié. Le traître Edmar était positionné plus bas qu'à l'aller dans le double-pivot des visiteurs aux côtés de Rotan. L'absence de Stepanenko, le joueur a priori le plus à même de servir de sentinelle et d'orienter en passes courtes le jeu ukrainien n'était pas présent. Ce choix de Fomenko peut laisser rêveur et ne peut se comprendre que par le fait que l'entraîneur ukrainien espérait se projeter rapidement vers l'avant (Rotan et Edmar ont un profil plus offensif que Stepanenko) pour "profiter des espaces français".

Première période : la question posée à tous les commentateurs par le splendide sélectionneur français est la suivante. Comment être plus offensif en retirant un joueur offensif (3 contre 4) ? La réponse tient en 2 volets :

  1. En demandant à ses latéraux de porter plus vers l'avant, notamment Evra,
  2. En constituant un milieu à 3, capable de porter le danger par 2 moyens : la capacité à se projeter de Pogba et de Matuidi et le jeu de passes de Cabaye, plutôt vertical. 
Le prix, théorique, à payer pour ces choix tactiques était clair. Se faire déborder en contre, notamment via les ailes, par les ukrainiens. Mais ce cauchemar n'a pas eu lieu pour au moins 3 raisons :

  1. d'une part, les français pressaient beaucoup plus haut qu'à l'aller et ce, dès la perte de la balle,
  2. d'autre part, le milieu à 3 n'eut pas de mal à couvrir les côtés dès que les ukrainiens tentaient des transitions rapides,
  3. Enfin, Mandziuk fut beaucoup moins à l'aise que Fedetsky sur Ribéry et par ricochet, Yarmolenko toucha peu de ballons et eut rapidement tendance à se positionner très bas.
Les bleus magnifiques mettaient d'entrée une pression forte sur l'Ukraine. Présents dès la perte de balle, coupant les trajectoires (26 interceptions), n'hésitant pas à faire des fautes tactiques, l'Ukraine ne parvenait pas à faire baisser le rythme ou à contrer. Les français avaient 3 occasions dans les 10 premières minutes et Rotan prenait un carton pour une faute sur Ribéry.

Valbuena : dès le début du match, le superbe marseillais, nominalement positionné sur l'aile droite, fut présent sur tout le front de l'attaque : dès la 3ème minute, il frappa du côté gauche de la surface. Et sur le premier but français, il était situé au centre pour pousser le ballon de la poitrine sur Benzema. Il fut aussi très précis sur coup de pied arrêté et sut exploiter la supériorité des bleus de la tête (63% de duels gagnés, source whoscored.com). Shevchuk, son latéral aurait pu profiter de ce dépositionnement pour se ruer devant mais son profil est peu offensif et il se contenta de transmettre le ballon à un Konopliakna trop esseulé pour être dangereux. Résultat : un joueur offensif présent partout et un défenseur latéral presque inutile et hésitant sur son positionnement : suivre Valbuena ou demeurer sur son côté pour contrer les montées de Debuchy ?

Les 2 buts français vinrent donc du côté droit, le premier sur une faute ukrainienne, le second sur un centre de Debuchy. A chaque fois le scénario fut le même, une défense ne parvenant pas à se dégager et des français sur les 2èmes, 3èmes, 4èmes ballons etc.


Bezus : théoriquement positionné en 10, l'ukrainien eut du mal à se situer sur le terrain surtout défensivement. Théoriquement, il aurait pu être au marquage de Cabaye et perturber la rampe de lancement des bleus. Dans les faits, il recula beaucoup et ne peut donc pas assister Zozulya. Il fut cependant l'un des rares ukrainiens à offrir une porte de sortie de l'étau bleu avec Konoplianka. Souvent, les bleus firent faute sur lui pour l'empêcher de remonter la balle.

A la fin de la mi-temps, les bleus, un peu émoussés, furent confrontés à un dilemme : continuer à attaquer ou gérer le résultat. On s'aperçut que sur les coups de pied arrêtés, l'EdF n'était pas complètement sereine. Sur l'un d'entre eux, le perfide Yarmolenko aurait pu réduire le score si Debuchy ne s'était pas opportunément trouvé sur la trajectoire. A noter que défensivement, le choix de Cabaye était risqué : le magpie, parfait sur les interceptions ou pour orienter le jeu offensif ne possède sans doute pas le profil d'une sentinelle devant la défense, pour s'interposer et racler les ballons aux 20 mètres.

Seconde période : la faute du boucher Kacheridi changea la donne de cette seconde période, en simplifiant le choix des français. A 10 contre 11, les bleus pouvaient prendre leur temps. Rotan descendu en défense centrale, Bezus en double-pivot, les ukrainiens laissaient seulement Zozulya en pointe.

Accentuant leur possession de balle, les bleus continuaient leur pression mais de façon paradoxalement moins intense, toujours à la merci d'un but en contre.

A la 64ème minute, Fomenko remplaçait un Bezus marqué physiquement par Gusev : Mandziuk passait en défense centrale et Rotan réoccupait son poste dans l'entrejeu. Ce changement allait avoir une conséquence puisque 8 minute plus tard, sur un énième ballon mal renvoyé, Ribéry centrait (?) et le dernier entrant, à la lutte avec Sakho, poussait le ballon dans le but vide (à moins que l'ancien parisien n'ait profité d'un trou dans sa cuisse).

Les ukrainiens n'étaient plus capables de faire le jeu. Ils essayérent de lancer quelques piques cependant et la France tremblait notamment sur coupe de pied arrêté : un ballon dériva dangereusement dans la surface à quelques centimètres du pied de Zozulya et Rakitsky tentait un joli tir de volée dans les arrêts de jeu.

Mais plus rien ne pouvait arriver à des bleus fantastiques et les immondes ukrainiens quittaient la scène de l'histoire du football (auréolés de leur titre d'équipe la plus violente des qualifications), laissant nos héros à leur nuit de fête dans la ville lumière.

Footballistico

PS : une petite pensée pour l'immense Zlatan. La coupe du monde sera moins belle sans lui. Temps d'instaurer une wild card pour la FIFA.

dimanche 17 novembre 2013

Ukraine - France : au revoir, Didier et merci ?

Au vu des réactions quasi-hystériques des médias grand public (explosion de Pascal Praud), on pourrait penser que les bleus sont de nouveau remontés dans leur bus sans livrer leur match à Kiev. La réalité est bien différente : on peut sans doute reprocher des choses à cette équipe de France mais souligner leur manque d'engagement semble tout à fait exagéré.

Selon nous, si la France a pêché, c'est pour un raison simple : l'Ukraine avait un plan. Les bleus n'en avaient pas. Au vu des compositions, une chose sautait aux yeux, Fomenko avait modifié son schéma de jeu avec un but en tête : contrer Ribéry. Deschamps avait sélectionné les plus en forme sans trop se soucier de l'adversaire d'en face. Avec le recul, on peut tout de même se demander à quoi sert un Rémy, rapide, ondoyant mais peu à l'aise face à une équipe plutôt en retrait pratiquant le contre.

L'Ukraine affichait son 11 type, à 2 exceptions, Edmar était positionné plus haut et Rotan prenait sa place dans le double pivot du 4-2-3-1 de Fomenko.

Deschamps avait modifié plus fondamentalement son équipe. Nasri occupait le centre du trident offensif bleu à la place de Valbuena, laissant l'aile à Rémy. Matuidi et Pogba étaient titulairisés ensemble. Debuchy était préféré à Sagna.

Première période : le match s'ouvrait sur un combat intense au milieu du terrain. Les ukrainiens pressaient au niveau du milieu de terrain à 10, en tentant de perturber les relances françaises en laissant le seul Zozyula en pointe.

Assez vite, le modus operandi du match se mit en place : les français essayaient de passer par la gauche (42% des offensives), le côté de Ribéry, et les ukrainiens, s'évertuaient à faire avorter ces attaques :

  • En bloquant la transmission : Yarmolenko sur Evra et Edmar sur Matuidi,
  • En créant le surnombre : outre Fedetski, Rotan et Kacheridi s'excentraient pour bloquer le munichois,
  • En multipliant les fautes : 10 ! Il est d'ailleurs anormal que Rotan, notamment, n'ait pas été averti (Fedetski le sera).
Assez souvent, Ribéry se retrouva seul bleu de ce côté. Evra tenta de l'aider au début du match mais débordé par Yarmolenko (frappe 8ème minute) et coupable de 3 fautes dans le premier quart d'heure, le mancunien se replia prudemment.

Dans ces conditions, les stats de Ribéry (2 tirs, 2 "passes clés", la moitié de ses 17 dribles réussis, source whoscored.com) montrent le talent du joueur. Mais l'anormal est ailleurs : en se déportant sur la gauche l'équipe ukrainienne ouvrait des boulevards au centre et à droite du terrain.
  •  A droite, l'apport offensif de Loïc Rémy fut faible. En 1 contre 1, Shekschuk prit continuellement le dessus sur le magpie, plus à l'aise dans des grandes courses que dans une bataille de tranchée. A noter toutefois, le carton jaune du défenseur ukrainien, qui aurait du inciter les français à insister de ce côté là.
  • Au centre, en théorie, les français jouissaient d'un surnombre avec Nasri et Pogba face au seul Stepanenko, devant sa défense. D'une certaine façon, ils en bénéficièrent : 6 tirs à eux 2 (sur les 14 tentatives françaises). Pourtant, leur performance reste décevante : les 2 joueurs furent assez prudents, notamment Pogba, toujours prêt à porter main forte à Debuchy face à Konoplianka et Nasri fut assez mal à l'aise dans son rôle de 10, souvent isolé, loin de ses partenaires, au début du match, avant de redescendre progressivement pour toucher le ballon.
Offensivement, les ukrainiens avaient 2 façons de remonter la balle, soit via les ailes, notamment vers Yarmolenko, suite aux nombreux ballons récupérés sur Ribéry. Et de longs ballons vers Zozulya, bien contrés en première mi-temps par Koscielny et Abidal. Évidemment, dans ce cas, la recette consistait à se projeter rapidement vers l'avant (Rotan, Edmar, notamment). Cela dit, globalement la première mi-temps s'achevait sur une note très pauvre avec peu d'actions de part et d'autre, un nombre de fautes important et un certain déchet technique.



Seconde période :

La seconde période commençait bien pour les bleus, qui mettaient la pression sur le but adverse mais un changement subtil de positionnement de Zozulya allait changer le match. L'avant-centre ukrainien allait s'excentrer de façon assez marquée. Koscielny ou Abidal le suivaient (les défenseurs français n'ont jamais joué le hors-jeu) ce qui ouvraient des brèches béantes dans la défense centrale française. Lorsque Zozulya était seul avec son ailier, ce fait n'avait pas trop de conséquence, Pogba ou Matuidi se déportaient à leur tour et le ballon restait bloqué sur l'aile. Mais problème sur le premier but, Stepanenko offrit une solution pour sortir le ballon et effaça un Nasri trop tendre. Plus personne n'était au centre du terrain pour empêcher une une-deux à 3, Stepanenko, Edmar, Zoluzya. But.

Deschamps en profitait pour effectuer son premier changement, en sortant Rémy pour Sissoko.

3 minutes plus tard, Samir Nasri eut la balle d'égalisation. Enfin, les bleus tentaient de passer au centre, Giroud décrochait et lançait le citizen, qui butait sur Pyatov, aux 18 mètres.


Les français tentaient de pousser (ils eurent d'ailleurs leurs meilleurs tirs durant cette période) et les ukrainiens leur rendaient très vite le cuir, se contentant de balancer de longs ballons vers un Zozulya toujours actif. Après une première alerte, ce fut sur un coup franc des 50 mètres, que l'avant-centre ukrainien prit le meilleur sur Koscielny, qui provoque la pénalty

A 2-0, les français nerveux tentèrent le tout pour le tout mais ni Pyatov, ni la défense centrale ukrainienne ne tremblèrent.

Conclusion : si la France a perdu, elle le doit à une composition d'équipe inappropriée face aux ukrainiens et à un manque d'intelligence tactique pour s'adapter aux conditions d'un match plus qu'à un prétendu jmenfoutisme mis en exergue par certains médias. Ribéry a continué à s'enférer à gauche pendant la quasi-totalité du match, Koscielny et Abidal se sont écartés sans se rendre compte qu'à ce petit jeu, l'unique attaquant ukrainien pourvait les prendre en contre un et Didier Deschamps a effectué des changements poste pour poste (Sissoko pour Rémy, Benzema pour Nasri, Valbuena pour Nasri).

Ceci dit, la défaite pour les bleus est tout de même sévère : possession, tirs cadrés, passes réussies, corners, les français ont dominé tous les critères habituels d'un match de foot, sauf un, le nombre de tirs DANS la surface. La main de Lloris aurait été un peu plus ferme...

Cette équipe a-t-elle une chance dans 4 jours : si l'on en croit les stats issues des coupes d'Europe (l'échantillon des barrages de coupe du monde étant trop restreint pour être significatif), 20%.

2 facteurs joueront en faveur des bleus au retour : la nécessité de ne pas penser mais de pousser et la suspension de 2 pièces maîtresses de la défense ukrainienne (Fedetsky et Kyushev) pourrait changer la donne.

Footballistico

mardi 12 novembre 2013

France - Ukraine : avant-goût tactique

Les compositions probables
A défaut d'une qualification directe, les bleus doivent donc passer par les éliminatoires et y affronter l'Ukraine, 20 ans après l'humiliation bulgare (mais ça n'a rien à voir même si "DD" s'en souvient).

Lors du tirage au sort, un soupir de soulagement s'est échappé des bouches françaises. Puis vint le temps de l'analyse qui montre que les ukrainiens, s'ils n'ont pas le potentiel d'une grosse cylindrée, possèdent le profil type d'une équipe solide, pénible à jouer et qui reste en outre sur des éliminatoires plutôt avantageux.

Dans son groupe, l'Ukraine était opposée à 3 équipes d'un bon niveau : l'Angleterre, le Monténégro et la Pologne (Saint-Marin et la Moldavie étant là pour faire nombre). Les Ukrainiens n'ont connu qu'une seule défaite dans ce groupe : c'était à domicile face au Monténégro, en octobre 2012. Depuis lors, l'Ukraine n'a plus concédé qu'un match nul, face à l'Angleterre.

Au total, les ukrainiens ont obtenu 3 matches nuls, 6 victoires et donc une défaite avec un total de buts encaissé qui s'élève à 4. Si l'on peut parler de match "référence", c'est sans doute le match retour de la bande à Mikhaïl Fomenko face au Monténégro, à Podgorica. Dans un match épique, les ukrainiens se voyaient réduits à 10 peu avant la mi-temps, avant d'ouvrir le score. L'arbitre expulsait à son tour un monténégrin puis dans un dernier quart d'heure de folie, les visiteurs ajoutaient 3 buts, avec notamment un côté droit de feu Yarmolenko / Fedetsky.

Côté dispositif, rien de bien original, un 4-2-3-1 solide.

Les forces :

Si l'Ukraine possède une force, il s'agit donc bien de sa compacité défensive : 2 milieux de terrain solides (Stepanenko et Edmar, le plus souvent) montent la garde face à un 4 très homogène. La défense de l'Ukraine dépend majoritairement du Shakhtar Donetsk (Kucher, Ratisky au centre, Shekchuk, à gauche + le gardien Pyatov et Stepanenko), ce qui en fait une défense très complémentaire habituée à jouer ensemble.

Le côté droit de l'attaque ukrainienne est le plus fort. Yarmolenko a mis 4 buts et a assuré 5 passes décisives durant les éliminatoires. Il est bien secondé par Fedetsky, le latéral le plus offensif (qui joue souvent milieu dans son club). De l'autre côté, le jeune Konoplianka est sans doute le joueur le plus créatif de l'équipe même s'il n'a pas l'abattage de son homologue à droite.


Les faiblesses :

N°1 : le plus invraisemblable, c'est que l'Ukraine a obtenu ses performances défensives avec un gardien qui n'est pas le meilleur d'Europe, loin s'en faut. Pyatov, peu sûr dans ses sorties, lent à se baisser, peut sans doute constituer le meilleur atout des Ribéry and Co.

N°9 : l'autre indiscutable faiblesse des ukrainiens se situe à l'autre bout du terrain. Zozulya est titularisé la plupart du temps devant mais n'a marqué qu'une seule fois (même s'il a raté les journées portes ouvertes face à Saint-Marin). Pour les "petits" matchs, Fomenko préfère Marko Devic, plus opportuniste, mais il est probable que face à la France, Zozulya soit titularisé, notamment grâce à son activité défensive : le N°9 ukrainien n'hésite jamais à tacler, contrer et gêner offrant ainsi un premier rideau défensif.

N°10 : Dans le 4-2-3-1 de Fedoro, c'est Oleg Giusev, qui joue à gauche en club, qui occupe ce poste. Naturellement, dans ce rôle, l'ukrainien a plutôt tendance à se déporter vers sa position de prédilection et à tenter de combiner avec Konoplianka, sans toutefois être très efficace. Toutefois, il ajoute lui aussi une pression défensive forte sur les adversaires et perturbe énormément la relance.

Dans les faits, il est assez logique que les postes de la sélection ukrainienne les plus médiocres soient ceux dévolus au niveau des grands clubs du pays à tous les étrangers, brésiliens en tête (à l'exception notable du Dnipro). Dans les faits, un Giusev n'est même pas titulaire en club et a donc un peu de mal à s'imposer au niveau international.

Enfin, à noter que l'Ukraine possède un réservoir de joueurs importants et n'a donc pas de difficulté à combler certains postes (demi défensif avec Timotchuk et Rotan, défense centrale avec Kacheridi), à l'exception donc des 3 postes ci-dessus mentionnés.

A quel match s'attendre ?

Il est hautement vraisemblable que les ukrainiens joueront prudemment (pas de pressing haut, ni de milieu défensif se portant devant) pour tenter de prendre les français en contre. Cela ne veut pas dire que l'équipe laisse la possession à l'adversaire. Son quatuor de défenseurs centraux et de double pivot peut assez bien tenir le ballon, en attendant que l'adversaire sorte pour le prendre en contre, via des déboulés sur le côté droit ou en créant le surnombre sur la gauche. Même en menant au score, l'équipe de Fomenko, assez technique, essaie toujours d'assurer la possession de balle.

En tout état de cause, les 2 rencontres seront serrées et ne verront pas beaucoup de but. Si Didier Deschamps maintient son 4-2-3-1 (ce qui est probable, les matchs de barrage n'étant pas précisément propices aux expérimentations), on pourrait avoir un combat où les 2 équipes peuvent se neutraliser. Le match devrait se focaliser sur 3 zones.

Coté droit ukrainien / gauche français : 

C'est le côté fort des 2 équipes, car il mobilise probablement leur joueur le plus doué (Yarmolenko, Ribéry). Afin de contrer le danger, les 2 entraîneurs vont probablement demander à leur latéral (Evra/Fedetsky) de rester prudemment derrière. Le match devrait donc se jouer en 1 contre 1 (latéral vs ailier) dans une zone désertée par les autres joueurs. A ce petit jeu, Ribéry semble avoir un avantage face à l'ukrainien. Seul Mathieu Valbuena pourrait perturber ce schéma en se déportant à gauche mais il est vraisemblable que les ukrainiens (qui auront décortiqué le jeu du lutin marseillais) demandent à Edmar de le suivre.

Côté gauche ukrainien / côté droit français : 

A priori, les ukrainiens vont plutôt tenter de combiner et créer un surnombre grâce à Giusev, allié à Konoplianka. Bakary Sagna devrait être préféré à Debuchy grâce à une solidité défensive meilleure (même si le magpie reste sur de très bonnes prestations). C'est le milieu français gauche qui devrait se déporter pour effectuer l'effort défensif. A priori pas impossible mais c'est ici que se pose peut-être le casse-tête majeur de Didier Deschamps : qui pour mon double-pivot ? (cf. point suivant), sachant que le sélectionneur dispose de 4 solutions (Pogba, Matuidi, Cabaye et le revenant Mavuba).

De leur côté, les français vont probablement jouer en triangle Nasri - Benzema - Valbuena avec des permutations entre le citizen et le marseillais. Nasri va de toute façon se recentrer pour combiner, car, abandonné par Sagna, il n'a pas le punch nécessaire pour prendre le dessus sur son latéral en débordement ou en dribble.

Gyusev / Kolyuka vs X / Y :

Par ricochet, le combat offensif sur l'aile gauche va avoir un impact sur celui, défensif, que le duo ukrainien va mener au double pivot français afin de perturber le jeu des tricolores et récupérer des ballons dans la zone proche du but de Lloris.

Dans un monde où seule la valeur sportive serait considérée (sans aucune considération tactique), alors Paul Pogba serait sûr d'être titulaire. Depuis le début de la saison, le turinois est un crach, ayant inscrit la bagatelle de 4 buts dans son rôle de "box-to-box". Pogba est tellement présent dans la surface adverse qu'il met des buts sans même le vouloir, en détournant les tirs de ses partenaires. Problème, il peut être aspiré devant et ne possède pas la qualité de passes simples, de relance qui soulage une équipe. Il pourrait être sacrifié si Deschamps considère que Giusev est un danger.

Si Blaise Matuidi doit être titulaire, une chose est sûre : ce ne sera pas aux côtés de Paul Pogba. Le duo, aligné face à la Biélorussie et à la Finlande possède un profil trop proche et la défense française avait parfois paru déstabilisée voire en panne de relances propres. En outre, le parisien ne règne plus sur l'entrejeu des rouges et bleus comme il le faisait la saison dernière. Matuidi demeure donc un outsider.

Reste donc Cabaye et Mavuba. Selon nous, si le profil de Cabaye est intéressant, le magpie ne survole pas suffisamment les débats pour s'imposer face au lillois, en tout cas dès le coup d'envoi. Si Deschamps a fait revenir le capitaine des dogues, c'est pour ses capacités défensives, son sens du placement, ses petite passes de relance propres et sa capacité à conserver son calme dans le cas d'une éventuelle tempête. Dans ce cas, Pogba serait titularisé à gauche avec des consignes assez prudentes en début de match. Puis, au fil de la rencontre, le turinois pourrait s'aventurer devant, laissant la responsabilité à Mavuba de s'occuper défensivement de Giusev. Pour les relances, il est probable que Koscielny offre une alternative si le double-pivot français est pris en charge par le duo offensif ukrainien. Autre possibilité, Nasri, qui aime ça, pourrait se recentrer et descendre un peu pour offrir une porte de sortie au jeune turinois, dans un endroit où Stepanenko n'osera pas s'aventurer. Ça n'a l'air de rien mais c'est probablement dans cette zone que se jouera le sort de la possession de balle et ce faisant, celui des 2 manches.

Les autres dilemmes de Deschamps (Giroud / Benzema, Abidal / Varane, Debuchy / Sagna) sont beaucoup moins importants que celui-là et influenceront moins le sort du match. Selon nous, Benzema tient la corde au vu de ses récentes performances et de la courbe inverse que suivent celle d'Olivier Giroud.

En tout cas, Footballistico a fait son choix pour le résultat final. Il est même prêt à mettre une petite piécette sur les bleus : si l'on regarde en ce moment les performances des 24 (!), ceux-ci sont en tête de quelques unes des meilleures équipes du continent (Munich, Arsenal, United, Turin, source whoscored) et si les statistiques ont un sens, c'est le moment de le prouver.

Footballistico

mardi 5 novembre 2013

Lille - Monaco : le LOSC étouffe l'armada monégasque

Les compos de départ
Le sommet improbable de la ligue 1 opposait dimanche soir le LOSC à l'ASM. Les protégés de Ranieri se présentaient dans leur 4-2-3-1. Raggi était préféré à Fabinho et James Rodriguez à Ocampos sur le côté gauche. Lille affichait son son 4-3-1-2 (ou 4-4-2 losange) , avec Rodelin derrière les 2 attaquants. Sidibé remplaçait Franck Béria poste pour poste.

Un petit mot en introduction sur le 4-4-2 de René Girard. A priori, ce type de dispositif est adapté lorsque l'effectif possède 2 grands attaquants et un très bon numéro 10 (la pointe avancée du losange). Ce choix du coach Lillois s'est un peu imposé par défaut (départ de Payet et Thauvin, défaite à Reims en 4-3-3) et a fini par devenir le choix privilégié. Étonnamment, il survit même lorsque Martin est blessé, avec un Rodelin dont l'apport créatif est moins évident que l'ancien sochalien. Les 2 défauts quasi rédhibitoires du système Lillois (trop grande dépendance au N°10 pour la construction offensive et absence de présence dans les couloirs) sont de fait devenus des forces face à Monaco. Voici comment.

Première mi-temps :

Le match commençait sur un rythme haché : les 2 équipes commettaient de nombreuses fautes comme si elles jaugeaient leur agressivité. L'un des phénomènes marquants de cette période fut l'étouffement que subit l'ASM au milieu de terrain. Dans les faits, Lille profita de son avantage au centre du terrain : 4 contre 3 du moins tant que Monaco ne prenait pas les ailes. Or, ce fut là que le bât monégasque blessa.

En théorie, il est assez simple de déstabiliser le le 4-3-1-2 : attaquer à 2 sur les flancs de l'attaque oblige un des milieux à se déporter pour couvrir son latéral offrant ainsi des brèches au milieu du terrain. Malheureusement, Ranieri avait sacrifié son côté droit avec un Raggi beaucoup moins offensif que Fabinho et un Rodriguez qui eut rapidement tendance à se recentrer, soit pour contrebalancer la supériorité lilloise au centre du terrain, soit par inclination naturelle pour se mettre sur son pied gauche. Le positionnement du colombien surprit un peu les lillois en début de partie (belle action 6ème minute) avant que Gueye ne s'en occupe plus directement lorsqu'il prenait l'intérieur.

Côté gauche, Kurzawa eut du mal à se situer au début de son match car les 2 attaquants lillois, notamment Nolan Roux eurent tendance à venir dans sa zone. Le jeune latéral monégasque eut du mal à s'imposer défensivement, notamment face à Salomon Kalou et fit montre de ses limites physiques.

Toutefois, au-delà de la domination lilloise au milieu, le vrai point fort de l'équipe fut l'étonnante complémentarité des attaquants. Pendant que Salomon Kalou faisait parler sa puissance et jouait un rôle de pivot au centre, en remise.

Les passes de Kalou : plus de la moitié sont en retrait
Nolan Roux courrait de chaque côté du terrain et recevait les longues balles de ses partenaires. Dans les faits, offensivement, Lille joue SANS la tête de son losange, ce qui est tout de même paradoxal pour ce système.

Les passes reçues par Nolan Roux, une volonté de sauter le milieu de terrain

Toutefois, si Lille eut sans doute les situations les plus chaudes grâce notamment à la présence de Kalou, il ne faut pas exagérer leur emprise : Lille fut assez chanceux d'ouvrir la marque sur corner (leur second de la partie). Toutefois, jamais Monaco ne put se montrer menaçant en cette première période, sauf sur un ballon bêtement perdu par Kjaer.

Seconde période : Ranieri décida de faire entrer Rivière à la place de Ferreira Carrasco, ce qui occasionna un réajustement tactique : l'ASM pasait en 4-1-3-2, Toulalan demeurant seul devant la défense, Obaddi montant d'un cran à gauche, pendant que Moutinho allait occuper le flanc droit et que James Rodriguez se recentrait.

Si l'ancien stéphanois donna un peu de punch à l'ASM, le problème des ailes demeurait entier. Il empira même légèrement, Rodriguez et Moutinho ne semblant pas exactement comment se situer l'un par rapport à l'autre, pendant les 20 premières minutes. Toutefois, le talent du colombien, réel, et le potentiel offensif des monégasques auraient pu leur permettre de s'en sortir, notamment sur un petit ballon de Rodriguez pour Rivière (67ème) à un moment où le 3 du milieu lillois montrait des signes de fatigue. Le festival Enyeama pouvait commencer. Sur l'occasion suivante, Falcao récupérait un ballon dans la surface mais butait sur le gardien lillois. Sur le corner, les lillois récupéraient le ballon et lançaient un contre en 4 contre 2. But de Roux sur un bon décalage de Mavuba. La messe était dite.

Un des changements opérés par Ranieri à la fin du match laisse penser que les choix effectués par le coach monégasque auraient pu mieux aider son équipe dès l'entame. L'entrée de Fabinho à la place de Raggi eut pour effet de dynamiser le flanc droit monégasque. En 10 minutes sur la pelouse, le brésilien allait réussir plus de centres et de dribbles que le titulaire durant les 80 précédentes. Trop tard.

Conclusion : Lille n'est sans doute pas l'équipe la plus spectaculaire de L1 mais c'est, et de loin, la meilleure défense. Compact, bien organisés et épaulé par un gardien sorti d'on ne sait trop où (du Nigéria, apparemment, via Israël), l'équipe peut se payer le luxe de marquer sans meneur de jeu. Le retour de Marvin Martin pourrait encore apporter un plus aux dogues. Quant au PSG, il doit penser qu'une malédiction René Girard pèse sur ses pétro-dollars.

Au-delà des possibles erreurs d'appréciation de son coach, Monaco a perdu quelques illusions et se pose toujours une question lancinante : comment tirer le meilleur parti de son duo de créateurs surdoués, Rodriguez et Moutinho ?

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