mardi 16 décembre 2014

Coucou, revoilà Monaco

Après avoir été vilipendé en début de saison pour la pauvreté de son jeu, l'ASM est qualifiée pour les 8èmes de finale de la Ligue des Champions et a donc vaincu l'ogre marseillais dimanche soir.

Les 2 équipes ont connu un changement d'entraîneur et un changement de style frappant à l'intersaison. Voyons cela.

L'OM se présentait en 4-2-3-1 classique face à un dispositif à 3 attaquants. Lemina était préféré à Romao (situation de moins en moins rare). Monaco affichait un 4-3-3. L'ASM était privée pour ce match de Kurzawa, Berbatov et . Jérémy Toulalan était obligé de jouer les défenseurs centraux de fortune. Martial était préféré à Germain pour le poste d'avant-centre.

Première mi-temps : Monaco allait tenter en tout début de match de contester la supériorité marseillaise, grâce à la technique de son milieu de terrain (Moutinho, Silva)  et à un pressing haut des 5 joueurs les plus offensifs. Cette bonne période monégasque fut ponctuée par la frappe magnifique de Martial, issue d'une passe contrée par Dirar. Cependant, au bout de 10 minutes, l'OM reprenait la possession de balle, à partir d'un jeu de possession déclenché dès Mandanda et l'ASM reculait. Toutefois, les locaux ont plutôt fait bonne figure défensive pendant toute la première mi-temps, grâce à 4 facteurs :

  • au milieu, l'OM se heurtait à un 3 contre 3 efficace. Moutinho, notamment, chargé d'annihiler Imbula fut très présent défensivement.
  • par une très grande implication défensive des ailiers monégasques sur leurs vis-à-vis. On sait que les latéraux de l'OM ont une grande importance dans le dispositif de Bielsa. Dirar et Ferreira-Carrasco furent particulièrement présents. Les latéraux monégasques furent également très prudents. La carte défensive (tacles + interceptions) ne laisse guère de doute, mettant même en évidence un Fabinho, qui mit Ayew sous l'éteignoir. 

Les interceptions de l'ASM, un seul mot, Fabinho


    • par une volonté de ne pas rendre le ballon tout de suite aux marseillais. Ici l'ASM a innové. Les monégasques sont assez techniques mais plutôt que de construire dès la défense, Subasic, notamment s'employa à sauter le premier rideau défensif marseillais. Dès lors, le pressing marseillais eut du mal à fonctionner et l'OM se retrouva rarement avec un ballon de contre exploitable à moins de 40 mètres des buts adverses.  
      Mandanda : je relance court

      Subasic : je relance long (source Fourfourtwo)
    • Bakayoko, enfin, très prudent, n'hésita pas à se déporter vers les côtés pour annihiler les offensives marseillaises, plutôt que de demeurer au centre du terrain.
    Thauvin


    Dans les faits, à part une passe malencontreusement déviée par l'arbitre, le seul endroit du terrain où les marseillais furent dangereux fut l'aile droite où Thauvin provoquait Raggi bille en tête. L'Italien, défenseur central de formation, eut du mal face à la rapidité du jeune français mais malheureusement, les attaquants marseillais, Gignac en tête, ne surent pas tirer profit des offrandes de leur partenaire.

    L'ASM disposait même d'une seconde occasion franche, en fin de première période sur un tir de Ferreira-Carrasco.

    Seconde période :

    L'OM tentait bien de reprendre le taureau par les cornes, dès la reprise mais l'ASM disposait cette fois d'un mode défensif bien huilé. Une seule fois, sur un contre, l'OM allait être dangereux (tir de Gignac, 59ème). Et, après avoir laissé passer la déferlante, l'équipe princière allait sortir de sa boite en profitant (comme face à Leverkusen) de la technique et du rythme de ses joueurs offensifs pour déborder un OM, qui faiblissait physiquement. C'est d'ailleurs avec une arme typiquement marseillaise, l'"excentrage" de l'avant-centre que l'ASM allait prendre le dessus. Sur un une-deux Martial - Dirar, le jeune attaquant monégasque centrait sur Ferreira-Carrasco, qui s'effaçait, laissant le ballon à Silva, esseulé.

    La suite fut pénible pour l'OM incapable de prendre le jeu à son compte. Les olympiens ne tenteront qu'une seule frappe en 25 minutes (un tir lointain de Payet). C'est peu pour une équipe qui prétend au titre. Les changements n'améliorèrent pas la situation. Au contraire, le jeune Boutobba n'apporta pas grand chose, au contraire du virevoltant Ocampos et l'ASM aurait pu tuer le match sur un ou 2 beaux mouvements en fin de partie. Au bout du compte, avec seulement 38% de possession, l'ASM a réussi plus de passes que l'OM dans les 30 mètres adverses. Vous avez dit stérile ?

    Conclusion : Marcelo Bielsa a considéré que Monaco était une opposition beaucoup plus faible que Paris ou Lyon (où l'OM a manqué de réussite). Dans les faits, c'est peut-être la première fois que le technicien argentin est dominé tactiquement par un de ses pairs en L1. Alors, les premiers doutes sur un OM commencent à se faire jour : jeu trop prévisible, qui commence à être lu par les opposants ambitieux. Épuisement manifeste après l'heure de jeu. Prise de risque forte qui prohibe la notion de gestion des temps faibles.

    Quant au Monaco de Jardim, c'est devenu tout le contraire d'une OM offensive à tout va, un crotale patient, qui guette sa proie avant de frapper. En 1/8ème de finale de ligue des champions, l'ASM affrontera Arsenal, qui sera ultra-favori. Sur que cette configuration les arrange.

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    samedi 15 novembre 2014

    PSG - OM : les leçons du classique

    Le PSG a gagné mais l'OM lui a tenu la dragée haute pendant 78 minutes, jusqu'à l'expulsion (injuste) d'Imbula. Plutôt que d'effectuer une analyse classique, voici 4 leçons à tirer de ce classique qui a tenu ses promesses, entre nouveau riche et tacticien génial.

    1ère leçon : pressing haut. C'est sans doute une évidence pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup. Tous les grands tacticiens (Guardiola, Mourinho, Villas Boas, Ancelotti et donc Bielsa) ont mis en place, dans des version différentes un dispositif qui permet, a minima de gêner la relance adverse par un premier rideau très agressif, a maxima de faire remonter tout le bloc. La version de l'OM implique une mobilisation des 3 attaquants du 4-2-3-1 (Gignac, notamment, fut énorme), de Payet et alternativement d'un des 2 milieux reculés, Imbula ou Lemina). On vit ainsi le PSG se débattre dans ses relances et Thiago Silva, pas dans son assiette, se fit prendre plusieurs fois à ce jeu, dans son propre camp. Paris ne fut pas en reste et tenta mais de façon notablement moins systématique de récupérer le ballon dans le camp marseillais. Ce pressing possède des conséquences assez importantes sur le déroulement d'un match de foot :
    1. L'immense majorité des fautes sont commises dans le camp adverse puisque c'est là que se déroulent la plupart des duels.
    2. Le prix à payer d'un tel pressing, dans sa version Bielsa, est cependant clair : l'OM marque l'essentiel de ses buts dans les premiers 1/4 d'heure de chaque mi-temps. En revanche, les marseillais encaissent presque 60% de leurs buts après l'heure de jeu (soit 33% du temps). En outre, le travail intense face à un adversaire de haut niveau peut expliquer le relatif manque de lucidité des attaquants olympiens dans le dernier geste (seulement 2 tirs cadrés). Ça n'a d'ailleurs pas loupé dimanche soir (82ème). 
    Les fautes commises (rouges) et subies (vertes)  par le PSG.
    19 sur 27 dans la moitié de terrain adverse (source squawka)

    2ème leçon : Face à des organisations de plus en plus rigoureuses et des joueurs défensivement de plus en plus armés, ceux qui ont la clé sont les joueurs qui sortent de leur rôle. Exemple typique : une fois entré sur le terrain, Ibrahimovic a posé un problème insurmontable à Bielsa. Pourtant, la recette du suédois est toujours la même : décrocher pour offrir une solution de relance supplémentaire à ses partenaires et orienter le jeu vers les latéraux ou les ailiers qui prennent la profondeur. Il est étonnant de constater, match après match, que cette ritournelle semble insoluble pour les coachs adverses. Sur le second but parisien, Ibra allonge sur Aurier, qui centre magnifiquement vers Cavani, au premier poteau. Autre exemple, Thiago Silva sur le premier but, le central parisien s'avance profitant d'un lâchage de grappe de Gignac et effectue une longue passe vers Lavezzi, à l'origine de la passe décisive vers Lucas.

    Les passes d'Ibra : 11/13 réussies. La balade. (source FourFourTwo)
    3ème leçon : PSG, équipe de possession ou pas ? L'équipe de Laurent Blanc a probablement produit ses 2 meilleurs matches cette saison lorsqu'elle était dominée. En fait, et c'est un phénomène assez nouveau, les grandes équipes sont celles qui parviennent à marquer dans des phases très diverses : contres, coups de pied arrêtés et attaques placées. Le modèle cette saison étant le Real Madrid avec une capacité à trouver les filets quasiment dans n'importe quelle situation et à se transformer en caméléon, en fonction de l'adversaire. Le PSG n'est sans doute pas à ce niveau mais il est capable, et c'est déjà énorme, d'être performant même lorsque son jeu "naturel" est contrarié. Si Paris a eu du mal sans son grand suédois, il s'en est quand même sorti et il pourrait en sortir grandi quaud les grandes échéances approcheront.

    4ème leçon : Cavani, joueur paradoxal ou avènement de l'avant-centre latéral ? Il est impossible de donner une note à Cavani sur ce match, L'uruguayen est décisif sur le premier but. Il marque le second mais tout le reste fut brouillon. Il vole une balle de but à Maxwell, écrase ses frappes et n'a pas suffisamment de vista pour trouver un partenaire dans la profondeur. Pourtant, il est là, toujours présent jusqu'à la 90ème pour combattre et se présenter dans la surface. Joueur précieux ou dispensable ? Dans les faits, le paradoxe se poursuit parce qu'il est probable que le retour d'Ibrahimovic, en occupant au moins un défenseur central va lui permettre de plonger sans cesse face à des arrières latéraux qui, moins costauds, ne font pas le poids face à l'uruguayen dans les duels. En fait, après l'irruption de l'ailier central (à la Valbuena) et du latéral central, bienvenue à l'avant-centre latéral, capable de défendre face à son latéral, de plonger, moins à l'aise dans les débordements et les centres mais inégalable dans la prise de profondeur.

    Conclusion : le monde du football devient un jeu étrange, à la fois fait de rigueur tactique et défensive et de joueurs qui dépassent leur rôle et leur positionnement. Une aspirine et en route pour la prochaine chronique.

    Footballistico

    dimanche 9 novembre 2014

    Bayern - Roma : Guardiola innove encore

    Le Bayern de Munich n'est plus un club de football. C'est devenu un laboratoire tactique pour les expérimentations de Guardiola.

    Mercredi, la Roma de Rudi Garcia était venu pour éviter de prendre une déculottée : une défense très bas pour couper les transmissions allemandes avec un milieu à 3 assez physique (Nainggolan, De Rossi, Keita) et l'espoir fou de placer quelques contres.

    L'originalité du Bayern, toutefois n'était pas dans le schéma (un 4-3-3, comme à Barcelone, ou plutôt 4-3-2-1, avec Lewandowski seul en pointe et Götze / Ribéry juste derrière et peu excentrés) mais la composition du milieu à 3. De chaque côté de Xavi Alonso (plutôt un meneur reculé qu'un milieu défensif classique), avaient pris place 2 défenseurs latéraux de métier, Alaba et Philip Lahm. C'est d'autant plus intéressant, qu'il s'agit de latéraux tournés vers l'offensive. En 2012, l'association Alaba / Ribéry sur l'aile gauche avait fait mal et permis au Bayern de garnir sa vitrine à trophée.

    Le fait de placer des joueurs de côté (ailier / latéraux) au centre du terrain n'est pas à proprement parler une nouveauté. Valbuena avait déjà été positionné au centre du trident offensif de l'OM par Didier Deschamps (l'"ailier central") et Di Maria à gauche du milieu du Real à certaines occasions, souvent avec des effets dévastateurs.

    Mais, mercredi, on avait donc 4 latéraux de métier sur la pelouse (Rafinha et Bernat occupant les places traditionnelles). Après sa tendance "milieu de terrain" (jusqu'à 7 dans un 11 de départ au Barça), Guardiola initiait donc hier sa période "latéraux". Il est d'ailleurs amusant de constater que les sites spécialisés y voyaient plutôt un 3-5-2, avec Alaba sur le côté d'une défense à 3.

    Quels étaient les objectifs du tacticien catalan avec cette innovation ?

    1. Le plus simple comme l'a souligné l'excellent site anglais licence to roam est d'insuffler de l'énergie dans son milieu à 3. Xavi Alonso assure la possession et l'orientation du jeu, Lahm et Alaba les remontées. 
    2. Un pressing efficace. Les équipes de Guardiola se signalent par un pressing haut, dès la perte du ballon. Lahm et Alaba n'ont pas oublié qu'ils sont des défenseurs et sont sans doute plus efficace dans cet exercice que des milieux traditionnels.
    3. Mais l'objectif est surtout offensif, les "latéraux centraux" peuvent être utilisés à 2 fins : 
      • soit en complément des déplacements de Ribéry et Götze. Dans cette configuration, Alaba  vient occuper l'aile vers Bernat pendant que Ribéry se recentre. C'est exactement ce qui s'est passé sur le premier but.
      • soit en surpeuplant l'aile, face à un adversaire regroupé.
    En seconde période, Alaba continua par des montées énergiques à semer la panique dans la défense romaine, notamment sur un centre de Rafinha. Lamh fut légèrement plus conservateur dans son placement peut-être parce que opposé à Nainggolan, le milieu romain le plus dangereux offensivement.

    Alaba : à l'aile la vie est belle(source fourfourtwo)
    Lahm : possession (source fourfourtwo)
    Le second but est plus classique et tient plus à la fluidité traditionnelle à attendre d'une équipe de Guardiola, dans le jeu de passe et dans le positionnement. Ici, Lewandovsky prend l'aile et centre sur Götze, qui marque un but, qui est une réminiscence de la finale de la Coupe du Monde. A noter que les 2 "ailiers" (Ribéry et Götze) ont marqué les 2 buts de la rencontre sur des centres. Cette fluidité devant est bien l'une des clés du succès des bavarois mercredi soir.

    Quel bilan tirer de l'expérimentation "latéral central" ? En première analyse, c'est un succès. La Bayern a gagné et dominé. Surtout, le premier but représente typiquement ce que Guardiola avait en tête quand il détermina ce dispositif : sur un ballon gagné par les munichois, Ribéry transmet à Alaba, qui prend l'aile gauche. Lewandovsky effectue une course leurre pour attirer les défenseurs romains pendant que le français repique au centre. Le tacticien catalan a ainsi permis aux bavarois d'éviter la grande terreur de ses équipes, celle d'une possession stérile, avant de se faire cueillir en contre ou sur coup de pied arrêté. Mercredi soir, ce miracle a été permis :
    • par le  rythme dès la récupération du ballon, ce qui a permis aux bavarois de déborder les romains, même si ceux-ci avaient décidé de défendre bas, preuve qu'un ballon rapide peut désorganiser une défense dans n'importe quelle condition.
    • grâce au décalage sur l'aile (notamment d'Alaba) qui crée mécaniquement un surnombre sur l'aile, car les milieux adverses hésitent à se déporter sur l'aile pour défendre (cf. schéma)

    Alaba (à gauche) face à De Rossi (à droite).
    On note la réticence du milieu romain à défendre sur l'aile (source Squawka)
    Conclusion : quel avenir pour cette énième innovation tactique de notre Mac Gyver catalan ? Rappelons que LA grande innovation de l'année dernière les latéraux qui repiquent au centre a fait flop. Passé l'effet de surprise, les adversaires ont en effet réussi à contrer cette disposition tactique. Celle de mercredi paraît plus prometteuse car on sait que les milieux adverses sont très réticents à abandonner la zone centrale. La clé devrait être la capacité du trio Lahm, Alonso, Alaba a maintenir la possession tout en assurant une assise défensive suffisante en cas de contre. Mercredi, la Roma n'était simplement pas au niveau.

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    dimanche 26 octobre 2014

    Toulouse - Lens : les défauts du 3 - 5 - 2

    On le sait, depuis le coupe du monde et les bonnes performances des équipes jouant à 3 derrière (Pays-Bas, Chili). Le jury des experts du football n'a pas encore décidé si ce dispositif (aujourd'hui employé par quelques grandes écuries européennes, comme M.U ou même l'OM) est à ranger au rang des classiques ou demeure une initiative sympathique, certes, mais réservé à des équipes exotiques.

    Alain Casanova n'a pas attendu 2014 pour appliquer ce dispositif. 3 centraux, 2 latéraux voltigeurs ("wing backs" en anglais), un milieu à 3 assez technique et 2 attaquants rapides. Face à cette mécanique bien huilée depuis 3 saisons, Lens se présentait avec ses limites du moment. Interdit de recrutement, les sang-et-or se présentaient au stadium avec 5 jours de moins de 21 ans, directement passés de la case réserve à la L1 dans un 4-3-3, prudent avec le seul Guillaume en pointe.

    Le match s'est résumé à une longue domination toulousaine : les locaux ont eu le ballon 75% du temps (mieux que le Barça à la grande époque) et Lens n'a eu que son courage à opposer (62 dégagements).

    Mais la leçon tactique ne s'arrête pas à cela. Sinon, le TFC l'aurait emporté 4 à 0, point barre. Mais non, et Lens a su exploiter les limites de 3-5-2.

    Limite 1 : le manque  de largeur de la défense

    A priori, avoir 3 défenseurs à temps plein derrière constitue une assurance tout risque. En fait, non, particulièrement sur les contres. La raison, la réticence des arrières centraux à se décaler sur les côtés : sur le premier, Veskovac se fait balader par N'Diaye. En outre, les vélléités offensives de Sylla et d'Akpa-Akpro ont souvent offert des situation de 3 contre 3 aux protégés d'Antoine Koumbouaré.

    Limite 2 : offensivement, pas de combinaisons sur les côtés. Assez vite, les toulousains ont eu ma mainmise sur le jeu. Cette emprise se renforça dès l'ouverture du score lensoise. Mais problème, sur le côté, on trouve les joueurs de couloir (Akpa-Akpro, Sylla) mais personne d'autre. Ni Trejo, ni Doumbia ne sont venus apporter le renfort à leurs latéraux. Le résultat : Lens avait la tâche plus facile en se contentant de défendre regroupés mais pas étirés.

    Limite 3 : un joueur offensif de moins. Par simple arithmétique, Toulouse possède un joueur offensif de moins à cause de ses 3 défenseurs. Pas grave quand il s'agit de gicler en contre mais quand il faut créer du jeu, c'est plus limité. Ici, Casanova a fini par changer son système : passage en 4-3-3 lors de l'entrée de Braithwaite (73ème). Trop tard, même si le danois se procura immédiatement une très belle occasion 76ème et que la pression du TFC se renforça encore.

    Limite 4 : le milieu à 3 pris en en défaut. Les 3 toulousains jouent en général de façon assez fluide et assez rapprochée. Vendredi soir, cela a fait le bonheur d'un homme, Bourigeaud, qui s'est régalé sur les tentatives du TFC. Plus grave, souvent sur une ligne rapprochée, et non pas en triangle, les toulousains ont offert des possibilités de contre où 40 mètres d'espace s'ouvraient aux lensois.
    1 but, 7 interceptions, 2 tacles, 4 dégagements. La performance presque parfaite de Bourigeaud

    Conclusion : le 3-5-2, dans se version toulousaine en tout cas, a montré ses limites au Stadium. Plutôt adapté pour encaisser la pression et remonter le ballon rapidement sur les ailes, le système se révèle incapable de dominer une équipe regroupée voire contre-productif. Du travail sur le tableau noir en perspective. Quant aux lensois, on souhaite bonne chance aux jeunes Bourigeaud et autres Belon : Lens aura besoin de leur enthousiasme.

    Footballistico

    vendredi 3 octobre 2014

    Manchester - Roma : les limites de la City

    Un beau match mardi au City of Manchester stadium . Les citizens ont proposé un football fondé sur l'excellence individuelle tandis que les romains ont préféré une approche plus collective. Au final, le nul est équitable (les locaux ont plus tiré, les visiteurs plus cadré) même si les mancuniens auraient pu l'emporter grâce à une plus grande fraîcheur physique.

    City se présentait en 4-4-2 avec Agüero et Dzeko devant. Les romains venaient en 4-3-3. Totti, aussi éternel que la capitale de l'Italie, occupait un poste de 9 1/2 reculé par rapport aux 2 ailiers, Florenzi et Gervinho.

    Première période : Les "skyblues" mettaient la pression d'entrée sur des romains qui avaient visiblement prévu d'opérer en contre. Sur un des premiers centres de Navas, Maicon retenait Agüero et le pénalty donnait immédiatement l'avantage aux locaux. Le match s'inversait aussitôt : les giallorossi prenaient l'ascendant, notamment en termes de possession. Il semble que City ait hésité sur la condutie à tenir : fallit-il ocntinuer à presser haut ou au contraire attendre et gicler en contre. Offensivement, la Roma opérait de 2 façons :
    • sur le côté gauche, Maicon et Gervinho profitaient du manque d'implication défensive de Silva pour mettre Gaël Clichy au supplice. 2 minutes après l'ouverture du score, Maicon trouva ainsi la barre, suite à un échange avec Totti, positionné en 10 sur le coup.
    • surtout au centre du terrain, les romains profitaient de leur domination (Totti + Pjanic + Naingollan contre Touré / Fernandinho) pour tenter des passes lobées ou diagonales vers Florensi et Gervinho, qui permutaient très souvent.
    Le  positionnement de Totti fut particulièrement intéressant : le capitaine giallorosso décrochait régulièrement mais aucun des centraux de City ne le suivait. Il s'ensuivait de longues séquences de possession romaine aux 30 mètres, jusqu'à ce que le ballon fut tenté en profondeur ou sur le côté gauche. City ne profita pas du tout de la pression romaine pour mener des contres. Keita, souvent seul, orientait tranquillement le jeu mais pouvait se permettre de rester  prudent ainsi que Cole et ces 2 joueurs annihilèrent les tentatives des mancuniens, notamment celles de Navas, transparent.

    Dans les faits, les visiteurs domainaient légèrement jusqu'à l'égalisation de Totti. Celle-ci fut un peu atypique : Totti, peu présent au pressing se retrouve joueur le plus avancé de son équipe quand Keita récupéra un ballon, orienta vers Naingollan qui transmit le ballon à son capitaine. 1 piqué plus tard, les visiteurs avaient égalisé. Les romains reculèrent un peu en fin de mi-temps mais City ne parvint pas à se procurer une occasion.

    Seconde période : la première réaction de Pellegrini fut de changer Navas par Milner. Le joueur anglais passa à gauche en lieu et place de Silva, qui occupa le flanc droit. Ce repositionnement eut pour effet de neutraliser Maicon. Les romains se retrouvaient avec une option offensive de moins. Pourtant, leur milieu de terrain fut tellement dominateur que pendant 20 minutes, cela ne se vit quasiment pas. Les visiteurs furent particulièrement impressionnant pendant le premier 1/4 d'heure et Pjanic rata une occasion incroyable. A la 57ème minute, nouveau changement : Lampard remplaça Dzeko. City passait en 4-2-3-1 avec Yaya Touré montant d'un cran derrière Agüero. Presque immédiatement, les citizens reprirent la jeu à leur compte et se créèrent des occasions (Milner 58ème). Keita, totalement libre jusqu'à présent, avait Touré face à lui. Pjanic et Naingollan étaient opposés à Lampard et Fernandinho. Les milieux de City pouvaient écarter à leur tour sur Silva et Milner. L'une des conséquences de ce changement tactique fut la liberté retrouvée de Silva, qui se recentra constamment en dribblant dangereusement aux 20 mètres et qui fut près d'inscrire le but de la victoire.
    Les dribbles de Silva 0 - 57ème : le désert (source fourfourtwo)

    Les dribbles de Silva (57ème 90ème) : mieux.

    En outre, la Roma commença à baisser de pied physiquement. Confonté à cette situation, Rudi Garcia changea Totti par Iturbe à l'aube du dernier quart d'heure, Florenzi passant au centre. Le jeune argentin mit du temps à se mettre dans le tempo du match, négligent défensivement sur le côté droit de la défense romaine. Les dernières minutes virent la Roma tenter de résister coûte que coûte aux assauts des skyblues, Garcia faisant même entrer Holebas, un arrière, à la place de Florenzi. Une coquetterie de l'entraîneur romain pour ces dernières minutes : la consigne apparemment donnée à Skorupski de dégager sur le nouvel entrant (1m84 vs 1m73 à Florenzi) pour donner de l'air à la louve.

    Las, malgré un dernier rush (et l'entrée de Jovetic) City n'inscrivait pas de but et se retrouve dans une situation désagréable dans sa poule de LdC.

    Conclusion : l'illustration classique de l'adage "ce n'est pas parce que l'on a plus d'attaquant qu'on est plus offensif. Dans les faits, City a mieux joué avec 1 attaquant de moins. La Roma a fait montre globalement d'une créativité plus forte notamment au milieu avec un Totti, qui a 38 ans, gagne en intelligence de jeu ce qu'il perd en muscle.

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    mardi 2 septembre 2014

    PSG - ASSE : les verts dans le rouge

    Paris a ostensiblement posé sa grosse patte sur la L1 dimanche soir en livrant sa première prestation aboutie depuis la reprise face à un adversaire de bon niveau. Ce n'est pas un hasard si cette performance a coïncidé avec le retour de Zlatan, remis de son problème aux côtes.

    Le PSG se présentait dans son 4-3-3 fétiche. Cavani reprenait sa place côté gauche devant Pastore. Cabaye, suspendu, laissait sa place à Thiago Motta. Mais la sensation tactique était du côté des verts qui se présentaient en 5-3-2. Les côtés étaient tenus par Tababnou et Monnet-Paquet. En l'absence de Perrin, la triplette centrale était tenue par Pogba - Sall et Théophile-Catherine.
    Fabien Galtier avait sans doute été inspiré par les bonnes performances de certaines équipes d'un rang inférieur la saison passée (notamment Ajaccio venu chercher un nul héroïque) dans un dispositif semblable.  

    Première mi-temps : au début du match, le dispositif stéphanois gêna considérablement les parisiens qui eurent du mal à aligner les passes et subirent même la possession, fait notable cette saison. Sur le côté gauche, Monnet-Paquet, Théophile-Catherine et Lemoine bloquaient Pastore, Maxwell et Cavani. L'uruguayen simplifia même le travail défensif des visiteurs en se recentrant constamment ce qui évitait au central stéphanois de se déporter dangereusement. Sur le côté droit, la configuration était sensiblement la même, à une nuance près, Lucas fut beaucoup plus à l'aise dans les mouvements offensifs en n'hésitant pas faire parler sa vitesse. En revanche, Tabanou fut plus disponible sur l'aile droite et fut bien trouvé par ses partenaires.

    Offensivement, les verts alternaient donc déboulés sur l'aile de Tabanou et ballons directs vers leurs 2 attaquants. Ceux-ci furent cependant bien pris par les 2 centraux parisiens et ne posèrent pas de grosse difficulté car trop isolés dans le camp parisien. 

    Assez vite, cependant, le PSG trouva une solution au problème posé par les verts : Ibrahimovic recula sensiblement sur le terrain et offrit un chemin alternatif offensif. A noter qu'au-delà des 35 mètres, les défenseurs centraux stéphanois ne suivaient pas le suédois et Paris jouissait donc d'un surnombre au milieu (4 contre 3), tandis que les 3 centraux étaient au moins 2 en surnombre.  Le suédois offrait non seulement une solution lorsque les ailes étaient bloquées mais une voie directe de relance, notamment pour Thiago Motta. Les parisiens commencèrent à trouver des options surtout que par contrecoup les milieux latéraux stéphanois durent se recentrer.

    Passes reçues par Ibrahimovic (0-22ème)

    Passes reçues par Ibrahimovic (23-45ème)

    C'est peu après ce repositionnement que Ruffier commit sa bévue. A partir de ce moment, le dispositif stéphanois (défendre et contrer par les côtés rapidement) devenait inopérant. La fatigue aidant, les parisiens dominèrent le côté gauche copieusement : Monnet-Paquet fut moins rigoureux défensivement et les parisiens se retrouvaient souvent en 3 contre 2. Sur un centre de Maxwell, Ibra comma à la parade, crucifia d'un coup de tête le malheureux Ruffier.

    Seconde mi-temps : étonnamment, Christophe Galtier ne changea rien à la mi-temps et le schéma de jeu demeura le même avec les parisiens dominant copieusement la possession (72 % durant le premier ¼ d'heure). Peu après la reprise, à un moment où seule la facilité aurait pu perdre les locaux, Galtier procéda à 2 changements poste pour poste (Gradel pour Erding et Corgnet pour Lemoine). Peu après, Monnet-Paquet remit son ballon en retrait, Zlatan anticipa et c'en était fini de la rencontre.

    Les 4èmes et 5ème buts devaient corser l'addition pour des Verts qui n'en pouvaient mais. La messe était dite de toute façon depuis longtemps.


    Conclusion : il est toujours difficile de jouer dans un système inhabituel. Encore plus lorsque les joueurs sont peu familiers avec le poste qui leur est affecté (Monnet-Paquet). On peut quand même se demander pourquoi Fabien Galtier n'a pas réagi dès la mi-temps en tentant autre chose. En outre, le décrochage de Zlatan était anticipable, le suédois étant coutumier du fait (cf. analyse footballistico Leverkusen – PSG). Au moment où Zlatan inscrivait le 5ème but, Saint-Etienne n'avait résussi qu'une seule frappe, sur un corner. Un match à oublier pour les verts tactiquement, individuellement et collectivement. Bon courage.  

    jeudi 21 août 2014

    Bordeaux - Monaco : un seul être entre en jeu et tout est repeuplé


    Le dispositif en début de seconde période
    Il est toujours amusant de constater qu'un simple changement tactique peut changer le cours d'un match. Et, paradoxe, c'est en remplaçant son avant-centre par un milieu de terrain que les girondins sont devenus une équipe offensive. Voyons cela.

    Les 2 équipes se présentaient en 4-4-2 au stade Chaban-Delmas, dans sa version à plat, avec Sala derrière Diabaté pour les girondins, en version losange avec Ocampos à la tête de celui-ci. Jardim avait changé la moitié de l'équipe qui avait été défaite à Louis II par Lorient la semaine dernière, incorporant dans son 11 titulaire Germain, Toulalan, Fabinho, Elderson et Raggi.

    Les monégasques dominaient la possession dès l'entame du match : leur milieu à 4 faisait tourner sans rencontrer d'opposition au centre du terrain. Sala avait bien comme instruction de descendre pour marquer Toulalan mais Moutinho et Kondogbia n'avaient la plupart pas d'opposant avant les 30 mètres Bordelais. Heureusement pour les locaux, Monaco ne fut pas très performant offensivement. Le côté gauche (Elderson / Kondogbia) était assez inoffensif. Ocampos, à la tête du losange, se montra assez peu à l'aise. Il tenta plutôt des percussions mais fut bien pris par Sertic. Seul Valère Germain, en se décalant constamment, introduisit de la variabilité dans le jeu de l'ASM. C'est justement sur un décalage de Montinho, que Germain centra pour son compère d'attaque, Berbatov, pour un coup de tête de renard.

    Fin du premier acte.

    Le coup de génie de Willy Sagnol fut de faire entrer Jaroslav Plasil à la pause et de transformer son dispositif en 4-3-3. Le tchèque est un joueur sobre et économe mais intelligent tant dans son placement que dans l'orientation du jeu. En 25 passes à peine, il changea le cours du match.

    L'entrée de Plasil eut des effets qui détruisirent le dispositif Monégasque :

    • Bordeaux va rééquilibrer les débats au centre du terrain : les milieux latéraux de l'ASM n'avaient plus d'espace. Les girondins ont d'ailleurs su faire un pressing serré en fermant les possibilités de passes.
    • Effet collatéral de cette fixation, les girondins se retrouvaient dominateurs sur les ailes, souvent en 2 (Rolan + Faubert/ Contento + Maurice-Belay) contre 1. Les locaux surent exploiter l'un des défauts du 4-4-2 losange : son manque de latéralité.
    • Surtout, et cela allait devenir l'élément clé de la rencontre, Kharzi, jusqu'à présent obligé d'être très sage derrière, se projetait vers le camp monégasque (cf. schéma)
    Le positionnement de Khazri : première mi-temps (à gauche) vs seconde mi-temps, à droite
    En face, Jérémie Toulalan se retrouvait sans adversaire direct pour orienter le jeu, Sala étant seul devant et du coup déchargé de ses tâches défensives. Malheureusement, les solutions de passes bloquées (cf. plus haut) et la répugnance du 6 monégasque à se projeter ont empêché les visiteurs de bénéficier de cette situation.

    Les buts bordelais sont à l'image de cette configuration introduite par l'entrée de Plasil :

    • sur le premier but, Faubert déborde et centre sans opposition vers Contento (le second latéral, c'est dire la crainte qu'inspirait les contres par les ailes monégasques). A noter que sur le centre, 5 girondins sont dans la surface.
    • sur le second, le pénalty (généreux) sur Khazri est causé par un déboulé de Contento, qui passe à Sala dans la surface, qui remet à Maurice-Bellay, libre de tout marquage sur l'aile gauche.
    • sur le troisième, c'est une faute de Kondogbia sur Rolan sur l'aile droite qui déclenche le coup franc à l'origine de la tête de l'uruguayen (probablement hors-jeu).
    • le dernier but viendra récompenser Khazri de son activité incessante pendant toute la seconde période et mettre en exergue les errements d'une défense monégasque quelque peu aux abois.
    Bien sûr, la victoire est flatteuse car Bordeaux a bénéficié de décisions arbitrales favorables... mais surtout de la passivité de Leonardo Jardim. Le coach monégasque a laissé son équipe sombrer avant d'effectuer un changement poste pour poste (Falcao pour Germain). Lorsque le premier changement tactique intervient (70ème), l'ASM est menée 3 à 1. La messe était dite. 

    Conclusion : derrière Bielsa, Leonardo Jardim était la nomination la plus médiatique de l'intersaison. Ces 2 coachs se retrouvent "pires nouveaux entraîneurs de L1", à la 17ème et 19ème place du championnat, respectivement. Le meilleur est Willy Sagnol. Si Bielsa a des idées et du temps, Jardim devrait lasser rapidement la patience de l'actionnaire principal du club, si le chaos (notamment défensif avec 1 carton rouge et 3 pénaltys en 2 journées) constaté dans les 2 premières rencontres perdure. 

    vendredi 15 août 2014

    Les leçons du mondial (2/2)

    Pelé - Neymar : un monde les sépare
    4ème leçon : le Brésil a besoin de se réinventer. Le jogo bonito est sans doute mort en 1970 malgré des soubresauts dans les années 80 : la révolution tactique du "football total", la progression physique et défensive des joueurs, ont rendu datée la conception un peu poétique et offensive traditionnelle du football brésilien. Depuis 2002, le Brésil n'a plus atteint une finale de coupe du monde échouant tout d'abord avec une collection de stars (2006) puis un dispositif défensif (2010) avant de devenir carrément sale (2014). En 1966, la sélection brésilienne était l'équipe à abattre physiquement. En 2014, la Séléçao détient le record de cartons jaunes (14) et celui du match avec le plus de fautes commises (30 ! soit 2 fois plus que la moyenne) face aux artistes colombiens. A partir des 1/8ème de finale (et déjà contre la Croatie), les locaux sont devenus l'équipe systématiquement le plus ennuyeuse à voir jouer et n'a souvent dû sa victoire qu'à des petits miracles. Le Brésil est certes devenu efficace sur coup de pied arrêté mais offre un spectacle triste à pleurer avec le seul Neymar, comme animateur d'un jeu beaucoup trop prévisible. En fait, à vouloir trop copier le football européen, également dans ses défauts (rigueur tactique, "impact" défensif, exploitation des coups de pied arrêtés), le Brésil n'a pas compris que celui-ci avait évolué (tiki-taka, rôle nouveau des latéraux, joueurs d'impacts sur les ailes) tandis que les auriverde s'étaient perdus en route.
    Comment faire ? Il n'y a probablement pas beaucoup de solutions à court terme : le Brésil demeure un réservoir inépuisable d'excellents joueurs mais a priori la formation brésilienne n'a pas suivi : le pays compte seulement 2,1 millions de licenciés quand l'Allemagne atteint les 8 millions. L'essor du championnat national pourrait représenter une alternative mais un coup d’œil à celui-ci montre que les meilleurs joueurs continuent à s'expatrier et que le réservoir d'excellents footballeurs locaux (Ganso ? Goulard ? Ribeiro ?) ne semble pas infini. Le Brésil doit donc trouver une identité de jeu, qui lui soit propre, qui infuse ses joueurs depuis tout petit même si ceux-ci se dispersent sur la planète. La formation semble la clé : dur à admettre pour un pays qui a longtemps cru que le talent se formait sur les plages loin de tout moule et que le génie propre de son peuple pouvait lui garantir des trophées.  Et voila le Brésil obligé de prendre des leçons auprès de la Belgique, par exemple. Il ferait pourtant bien de s'en inspirer : jusqu'à présent, les auriverdes pouvaient compter sur la relative médiocrité de l'opposition pour ramener de temps à autre une coupe du monde à la maison (2002, 1994). Ce temps est aujourd'hui révolu.

    5ème leçon : la recherche d'"identité". Et on arrive à la fameuse question qui agite le monde du foot comme un conclave de l'UMP : qu'est-ce que l'identité d'une équipe et comment la construit-on ? A l'exception du Barça, du Real et du Bayern, il n'y a plus aujourd'hui de club creuset, capable de former le ciment d'une sélection nationale comme dans les années 1970 et 1980 (on pense évidemment à l'Ajax et au Feyenoord en 1974). Le foot est trop internationalisé et les grands clubs sont trop à l’affût des jeunes pépites pour les laisser maturer dans leur jus. Dès lors, seule une formation nationale cohérente peut donner la clé : elle offre en effet dès les premières années des gamins dans leur club un cadre de référence qui pourra leur servir pendant toute leur carrière et dans lequel ils pourront se fondre si un jour, ils rejoignent leur équipe nationale. A ce petit jeu, la Belgique est impressionnante mais les succès de l'Espagne et de l'Allemagne sont aussi les témoins d'une politique de formation menée de façon homogène du haut en bas de l'échelle

    Quelle est l'identité des équipes qui forment aujourd'hui le gotha international ? Les voici à notre avis avec un indice de succès à venir :

    L'Argentine :
    • Identité de jeu : des porteurs d'eau autour d'un génie. Comme en 1982 et 1986, l'Argentine a joué pour et autour de Messi. Malheureusement pour elle, si la star fut à la hauteur de sa réputation dans les premiers matches, sa performance fut en-dessous à partir des 1/4 de finale. 
    • Coefficient de durabilité : 50% : qui après Messi ?
    L'Italie :
    • Identité de jeu : sacrifice et discipline tactique au service d'un buteur qui sort de sa boite au moment d'une grande compétition (Paolo Rossi, Schillacci), avant de disparaître.
    • Coefficient de durabilité : 20% (1 coupe du monde sur 5, statistiquement). Mais alors que le savoir-faire tactique des autres nations progresse, les Azzurri vont devoir générer de vrais talents.
    La France :
    • Identité de jeu : hésite entre une identité à l'Argentine (mais qui en Zizou ?), à l'italienne ou à la Séville 82
    • Coefficient de durabilité : 10% (attend le prochain grand homme).
    L'Espagne :
    • Identité de jeu : faire tourner en bourrique tous ses adversaires avec 93% de possession. Récupérer haut. Marquer peu mais tard.
    • Coefficient de durabilité : 50%. S'est aperçue que même avec 87% de possession, ses adversaires arrivaient à marquer 5 buts. Redonner de la valeur à la prise de risque et à la percussion au détriment du pourcentage de possession. La révolution (tactique) ou la mort.
    L'Allemagne :
    • Identité de jeu : Briseur de rêve patenté. Depuis 2006 : perdre avec éclat puis gagner en mariant tradition allemande de sérieux / combativité et jeu brillant
    • Coefficient de durabilité : 90%. Qui pour déloger l'Allemagne, ses 8 millions de licenciés, son foisonnement de joueurs de percussion ? Favori pour 2016 et 2018...
    6ème leçon : le défenseur central, nouvelle star du ballon rond. La fin du tiki-taka, la rapidité des transmissions, qui sautent souvent le milieu de terrain et l’avènement de la percussion, un nouveau poste devient totalement hype : le défenseur central. Alors que traditionnellement discipliné et physique, de plus en plus le "central" doit combiner des qualités incompatibles, qui le rendent rare et donc cher :

    • rapide, car face au nouveau prototype d'attaquant de percussion, le défenseur central doit être à la hauteur pour ne pas se laisser semer comme un vulgaire Sergio Ramos face aux flèches hollandaises.
    • technique, avec une vision du jeu claire. Le central est souvent la première rampe de lancement de son équipe. La rapidité du jeu (et parfois le pressing adverse sur les milieux reculés) rend critique la première relance, souvent opérée par le central vers un latéral ou un attaquant. En outre, les montées des latéraux laissent le central face à un dilemme : doit-il couvrir en se déportant vers l'ailier ou rester en place face au 9. Son sens tactique devient clé et la justesse de son placement décide du sort d'un match.
    • offensif : le défenseur central reste clé sur les coups de pied arrêtés. Mais de plus en plus, il devient le dernier joueur sur lequel le pressing adverse ne s'exerce pas dans les phases de possession : il jouit donc d'une certaine latitude pour s'enfoncer dans la moitié de terrain adverse et créer ainsi des décalages. 
    Cette prise de conscience a créer une bulle sur le marché des transferts où derrière James Rodriguez, les contrats les plus coûteux ont concerné David Luiz et Eliaquim Mangala. Sans compter les joueurs bons sans plus (Jérémy Mathieu, Vermaelen, Dejan Lovren) qui tapent quand même les 20 millions.

    Bulle ou nouvelle tendance de fond ? A voir dans les prochains mois des championnats européens. 

    Footballistico

    mercredi 30 juillet 2014

    Les leçons du mondial (1/2)

    1ère leçon : lost in possession.

    La débâcle de l'invincible armada espagnole a mis un terme à un football de possession "scientifique" qui attend la faute de l 'adversaire ou son épuisement pour vaincre. Certes, le tableau n'est pas blanc ou noir, l'Allemagne a remporté le magot avec 60% de possession lorsque l'Argentine en avait plus de 55%. Néanmoins, 3 des 5 premiers à cet exercice (Espagne, donc, Italie et Japon) n'ont pas passé le premier tour. Et les buts des 2 autres (outre l'Allemagne, on trouve nos bleus) ont été marqués la plupart du temps sur des transmissions rapides, suite à des récupérations de balle, sur 2 ou 3 passes. Des équipes ayant plus de 60% de possession sur une mi-temps ou un match ont buté sans cesse sur des défenses bien organisées. Et descendre à 40% n'a pas empêche le Costa-Rica ou l'Algérie de faire une belle coupe du monde.

    En fait, la possession produit tout de même 2 sous-produits exploitables :
    • les coups de pied arrêtés : l'Allemagne a ainsi pu convertir 5 corners ou coups francs issus de sa possession,
    • la défense : priver l'adversaire de ballons est le plus sur moyen de l'empêcher de marquer. Exemple : l'Allemagne (encore) face à la France.
    La possession ne suffit donc plus à elle seule à assurer la victoire, la percussion, le pressing et les coups de pied arrêtés doivent enrichir la panoplie des équipes qui veulent aller loin.

    2de leçon : l’avènement de la défense à 3. En Europe, en dépit de la belle saison de Toulouse, la défense à 3 a perdu du terrain, notamment en Italie où la Fio et la Napoli l'ont abandonné et où seul l'Inter le pratique régulièrement, avec un succès mitigé. Au Brésil, 5 équipes ont fait de la défense à 3 leur système privilégié (Pays-Bas, Uruguay, Mexique, Chili, Costa-Rica) et 2 l'ont utilisé de façon épisodique. Ce sont surtout les performances des Pays-Bas, du Mexique et du Chili qui ont impressionné. A chaque fois, les 2 hommes de couloir ont été parmi les plus en vue de l'effectif. Ce dispositif a fait valoir ses qualités :
    • une grande plasticité, les équipes passant du 3-5-2 (ou 3-4-1-2) au 5-3-2 en fonction du score et de l'intensité du pressing désiré,
    • une capacité à dégager rapidement le ballon sur les côtés vers le piston qui mord souvent la craie et ainsi à accélérer le jeu,
    • une possibilité supplémentaire pour qu'un des centraux, le plus technique, vienne porter le ballon devant (Marquez),
    • une supériorité naturelle lorsque l'équipe d'en face possède 2 attaquants, en conservant systématiquement 1 défenseur en surnombre.
    Les 2 défauts d'un tel système (pas de dédoublements possible sur les ailes et un milieu de moins) ne sont pas apparus cas les équipes qui l'ont utilisé avaient souvent des attaquants très mobiles capables d'occuper l'aile où se déroulait l'offensive (Alexis Sanchez, Giovanni Dos Santos). Le cas des Pays-Bas est particulier : l'équipe est restée en 1 contre 1 défensivement même face à un trio d'attaquants. Les 2 latéraux étaient utilisés pour submerger le milieu de terrain et (plus classiquement) relancer rapidement le ballon via Blind / Jarmaat pour les 2 flèches devant (Van Persie ou plus souvent le remuant Robben) en sautant le milieu.
    Il est vraisemblable que ce type de dispositif fasse des émules dans les ligues européennes, au moins face à certaines oppositions : Van Gaal a donné ses lettres de crédibilité à ce dispositif jugé très sud-américain jusqu'à présent et le mettra à profit à Manchester United.

    3ème leçon : à l'aile, la vie est belle, ou pas ? On pourrait déduire du point précédent que les équipes qui ont su écarter le jeu l'ont emporté. Il est vrai que la répartition des buts est assez indicative :
    • 45% des buts ont été marqué sur un centre (phase arrêtée ou jouée) contre 39% sur des phases de jeu dans la surface. Pour info, seul 10% des buts ont été inscrits sur des tirs de loin (en dehors de la surface) et 6% sur des penaltys. Ce chiffre sur des centres est supérieur aux grandes ligues européennes. Il montre que face aux défenses regroupées (notamment face aux "petites" équipes du premier tour), écarter demeure une solution.
    • Pourtant, ce chiffre de 45% ne dit pas tout : 
      • les 4 équipes qui ont le moins joué au centre du terrain n'ont pas passé le premier tour mais c'est aussi le cas de celles qui ont joué les plus sur les ailes. En fait, comme souvent, il s'agit des équipes pouvant proposer des solutions diverses qui l'ont emporté.
    • on s'attendait à ce que les latéraux de la défense à 4 soient vraiment les stars du mondial. Or, à l'exception de Philipp Lahm (repositionné à son poste de prédilection par Löw, suite à la blessure de Mustafi) et peut-être de Rodriguez (Suisse) ou d'Aurier, il n'en a rien été. L'Argentine a atteint la finale avec un seul latéral de métier, Dani Alves s'est fait sortir du 11 titulaire du Brésil et Marcelo a été catastrophique. Et l'Espagne n'a pas su faire briller Alba ou Juanfran.
    En définitive, même si le jeu s'est porté sur les côtés, il a souvent été le fait des ailiers ou de joueurs décalés qui profitent d'une récupération ou qui viennent créer le surnombre. Encore une fois, ce sont les équipes qui sont capables d'avoir des joueurs capables de sortir de leur rôle nominal qui ont su créer des décalages et créer ainsi des occasions de but.

    Footballistico

    vendredi 13 juin 2014

    Espagne : la fin ou l'exploit

    L'une des multiples possibilités même si le 4-2-3-1 devrait rester
    le système nominal
    L'Espagne est-elle réellement plus faible qu'en 2010 ? Au-delà du souhait, légitime, de voir l'hégémonie hispanique s'achever, qu'en-est-il réellement ?

    Par rapport à 2010, l'Espagne arrive avec une équipe extraordinairement stable. Il est vraisemblable que 9 des joueurs ayant joué la finale 2010 soient encore titulaires en 2014. C'est la logique du "on ne change pas une équipe qui gagne". La capacité des espagnols à dominer la possession (65 à 70%) tant pour trouver la faille que pour priver l'adversaire de ballons une fois le score en poche est dons restée la même. Ces dernières années, on a pourtant senti que la Roja finissait par exaspérer tout le monde à force d'avoir autant le ballon et, finalement, d'en faire si peu de choses. La plupart du temps, en effet, la Roja a gagné ses matches petitement (l'exception glorieuse fut la finale de l'Euo 2010 face à l'Italie), enquillant une suite de 1-0 assez prudents (face à l'Allemagne, aux Pays-Bas, à la France en qualification). En gros marquer en épuisant l'adversaire puis tenir le score en tenant le ballon, cela semble diablement efficace mais générateur d'ennui, tant la domination devient scientifique et semble tuer la glorieuse incertitude du foot. L'Espagne est-elle encore capable de gagner grâce à cette tactique ? Voyons cela.

    Equipe : Vicente Del Bosque privilégie un 4-2-3-1, plus prudent que le 4-3-3 pratiqué cette saison par les 2 grosses écuries espagnoles.

    Casillas demeure inébranlable dans les buts, alors passons vite à la défense. S'il est un domaine où l'Espagne semble avoir progressé, il s'agit des latéraux. En 2010, les postes étaient occupés par Ramos et Capdevilla. Aujourd'hui, il s'agit de véritables spécialistes du poste, Jordi Alba à gauche et Juanfran / Azpilicueta à droite. Jordi Alba offre un punch offensif intéressant tandis que le côté droit est plus prudent mais les 2 titulaires en puissance sortent d'une très bonne saison dans leurs clubs respectifs (pour mémoire, Azpi a pris la place d'Ashley Cole). Au centre, Ramos et Piqué forment probablement l'une des meilleures paires de centraux du mondial : aptes techniquement, bons de la tête, ils semblent en plus complémentaires, Ramos étant plus dans le registre combattant que "Piquénbauer".

    C'est au milieu de terrain que naissent les premiers doutes. Si Busquets et Xavi Alonso constitue un double-pivot redoutable tant défensivement qu'en terme d'orientation du jeu, la percussion leur manque parfois un peu. Xavi Alonso et Busquets restent très prudents dans leurs clubs respectifs et sont donc parfaits pour conserver la possession. Mais quid si l'Espagne est menée ? L'un des 2 devra sans doute céder sa place en cours de jeu pour passer en 4-3-3.

    Le trio offensif devrait être composé d'Iniesta à gauche, Xavi au centre et Silva à droite. Le problème de ces 3 joueurs, c'est qu'ils risquent de jouer de façon très centrale. Il manque dans ce dispositif un ailier capable d'élargir le jeu. En l'absence de Navas, ce rôle pourrait échoir à Pedro.

    Xavi : Mais la grosse interrogation concerne le meneur de jeu. Celui qui était il y a encore 2 ans comme le meilleur milieu de terrain du monde tant dans la possession, les ouvertures que le pressing a perdu de sa superbe. Dans ces conditions, Fabregas pourrait occuper le milieu de l'attaque de la Roja.

    L'attaque pourrait être occupée par Torres, auquel Del Bosque a maintenu sa confiance. Diego Costa est le nouvel élément perturbateur de l'attaque. Mais comment pourrait s'insérer le Colchonero dans la logique de fonctionnement d'une Roja presque antinomique avec celui de l'Atletico ? Reste Fabregas qui pourrait revenir occuper la place de faux 9 qu'il a occupé en 2012 pendant tout l'Euro.

    Conclusion : Del Bosque est fidèle. Il devrait vouloir rassurer ses troupes en leur laissant la possession du ballon et jouer sur l'épuisement de l'adversaire. Costa, Torres, même Pedro devraient être utilisés dans des contextes particuliers où si l'Espagne a besoin d'emporter la décision en cours de match. Ne rayons pas la Roja trop vite de la liste des favorites. Elle a en a encore sous la pédale. 

    jeudi 12 juin 2014

    Allemagne : le bon moment ?

    Un 4 de devant, qui risque d'être chamboulé en cas de méforme
    ou d'échec. Outsiders : Podolski, Klöse et même Kroos
    Avant, c'est-à-dire jusqu'aux années 90, l'Allemagne était réputée pour ses attaquants de pointe sans pitié (Gerd Müller, Rummenigge), ses arrières (Beckenbauer, Vogts, Breitner) et ses gardiens. Les milieux étaient plutôt des porteurs d'eau rugueux, travailleurs sans génie, propres à détruire les offensives adverses plus qu'à créer. 20 ans et une révolution footballistique plus tard, c'est presque exactement le contraire, les allemands affichent un effectif rempli de milieux de terrain doués et techniques mais manquent cruellement d'un buteur et de défenseurs.

    La crise est telle que Joachim Löw pourrait positionner en avant-centre et derrière des joueurs dont le poste de prédilection se situe au milieu. Voyons cela.

    La Mannschaft affiche un 4-2-3-1 très fluide devant dans lequel Schweinsteiger dicte le tempo du jeu et l'autre joueur du double-pivot crée les décalages. En l'absence de Marco Reus, les joueurs clé devant pourraient être Thomas Müller ou Mario Götze, de par leur intelligence tactique et leur capacité à occuper tous les endroits de l'attaque, se transformant en casse-tête pour la défense adverse. Les allemands semblent armer pour trouver le bon équilibre entre les contres (leur arme principale en 2010) et le jeu placé, que les joueurs du Bayern, notamment, ont abondamment pratiqué.

    Composition :

    Dans les cages, on devrait retrouver Manuel Neuer. Le gardien munichois sort d'une bonne saison avec son club même si la hype née au moment de son transfert vers le club bavarois (le futur "meilleur gardien du monde") était peut-être surévaluée. En fait, le problème de Neuer est que le Bayern a tellement dominé la possession cette année qu'il a eu finalement peu d'occasions de se mettre en valeur. Et les 2 demi-finales face au Real n'ont pas rassuré, notamment sur les coups de pied arrêtés (autre point fort traditionnel des allemands un peu en déshérence).

    L'un des latéraux devrait être Lahm, qui a occupé le poste de milieu toute la saison avec Guardiola. Il peut être positionné presque indifféremment à droite ou à gauche mais Löw n'a pas de solution alternative évidente, quel que soit le côté. Si Lahm est positionné à droite (sa position de prédilection), alors c'est le jeune Eric Durm qui devrait occuper le flanc gauche. Si Lahm passe à gauche, alors le poste de latéral droit pourrait échoir à Boateng (nominalement arrière central) ou à l'homme à tout faire de Dortmund, Kevin Grosskreutz. 

    Au centre, même si Boateng et Mertesacker sont des arrières centraux décents, ils ne sont pas exempts de tout reproche. Mertesacker est un stoppeur à l'ancienne, lent et assez maladroit même s'il s'avère précieux sur les ballons aériens. Boateng est presque son exact inverse, bon dans la relance mais souvent dépassé dans les duels. Face à un Ronaldo recentré, ça pourrait ne pas le faire. Mats Hummels, qui sort, lui, d'une excellente saison à Dortmund, pourrait s'imposer même si la relance 

    Le double-pivot devant la défense est une composante clé de l'équipe. Schweinsteiger est un titulaire certain. Ce joueur est tellement important depuis si longtemps au sein de la Mannschaft qu'on oublie qu'il n'a que 28 ans. Même si sa saison a été gênée par les blessures et qu'il semble moins à l'aise dans le système de Guardiola, il reste en sélection le véritable métronome par ses passes précises, longues et courtes. Il est probable que Scheiwni s'avance de plus en plus au fil de la partie pour porter le danger aux 30 mètres adverses si l'Allemagne n'arrive pas à prendre le dessus. A ses côtés, Löw dispose de 2 options, les "2 K", Khedira et Kroos. Le premier d'entre eux comble le léger manque d'agressivité défensive de Schweinsteiger par son travail et ses tacles. En outre, par son rôle de box-to-box midfielder, il vient constamment créer le surnombre dans la surface adverse. Toni Kroos est un joueur légèrement plus avancé, plus technique, davantage dans un registre de 10 reculé. Problème, face à une opposition forte, un duo de milieux défensifs Kroos / Schweinsteiger risque d'être un peu léger défensivement.

    N° 10 ? : Devant, Löw a une multiplicité de compositions possibles, qu'il a  peu près toutes utilisées dans les matches de préparation. La place de N°10 revient logiquement à Mesut Özil. Mais si le meneur de jeu a tout cassé lors de son arrivé à Arsenal, il s'est progressivement éteint au fil de la saison. Özil semble en outre fragile psychologiquement, si tout ne tourne pas comme il le souhaite dans les 20 premières minutes. L'alternative la plus évidente se nomme Thomas Müller, qui peut occuper à peu près tous les postes devant. Özil serait alors décalé sur la droite. Dernière solution, Toni Kroos, qui monterait alors d'un cran. Ce choix s'était révélé désastreux lors de la demi-finale perdue face à l'Italie mais Löw peut l'envisager si l'équipe d'en face possède un meneur reculé.

    A gauche de l'attaque, le forfait de Reus devrait logiquement profiter à Schürrle, très travailleur mais il n'est pas exclu que Podolski, excellent lors de ses entrées en matche de préparation lui chipe la place.

    N°9 ? : normalement, depuis la retraite de Gerd Müller en 74, la place échoit à Miroslav Klöse. Le "bomber" allemand a toujours fait taire ses détracteurs, qui critiquent son manque de vitesse et de puissance grâce à sa finition "clinique" face au but et à sa capacité à hausser son niveau lors des grands rendez-vous. Le problème c'est que l'inoxydable Miroslav semble cette fois au bout du rouleau, à 36 ans. Il sort d'une saison très moyenne avec la Lazio (seulement 7 buts) et la Mannschaft semble de plus en plus prête à se passer de lui. Le mieux placé pour prendre la relève semble Mario Götze. Le bavarois a souvent occupé cette place à Munich (souvent en tant que remplaçant il est vrai) et il apporte autre chose que Klöse en décrochant, en multipliant les fausses pistes  ou par sa simple technique individuelle. Un dispositif où Müller et Götze jouent ensemble et proches devient assez vite illisible pour les défenseurs et Löw devrait s'appuyer dessus. Enfin, troisième possibilité, Müller toujours lui, qui en plus de ses déplacement pourrait proposer son bon jeu de tête.

    Conclusion : à moins de perdre le fil de sa composition tactique, Joaquim Löw pourrait brandir la coupe du monde à Rio. Mais si l'Allemagne manque son entrée dans la compétition face au Portugal, le doute et les changements qui en découleront risquent de couler une Mannschaft, qui semble avoir perdu ses qualités morales tellement vantées

    mercredi 11 juin 2014

    Suisse : la Nati "multikulti" est arrivée

    La Suisse est sans doute l'adversaire le plus dangereux des français au premier tour et il n'est pas sûr que cela soit une bonne nouvelle.

    La confédération helvétique touche en effet les dividendes inattendus d'une politique d'accueil au début des années 90, notamment dirigée vers les populations en souffrance de l'ex-Yougoslavie au moment de la guerre.

    Résultat pour la "Nati", aux qualités traditionnelles des suisses (défense, effort, abnégation collective) s'est ajoutée une technicité inconnue depuis des lustres chez nos voisins. En fait, on pourrait arguer qu'à l'exception de Stocker, TOUS les joueurs au profil offensif sont issus d'une immigration récente bosnienne, kosovare ou macédonienne. La Nati est donc devenue une équipe capable d'allier physique et technique, pressing et jeu placé, contre et possession. Elle s'est baladée pendant les éliminatoires même si, à y regarder de près, ses victoires ont souvent été étriquées (1-0).

    En terme d'effectif, si les suisses n'ont pas de grandes stars, ils n'ont aucune grande faiblesse comme d'autres équipes du mondial (Argentine, Belgique) et possèdent l'un des effectifs les plus jeunes de la compétition (24,5 ans de moyenne d'âge)

    Le 4-2-3-1 développé par les suisses est un jeu plutôt proactif orienté vers le pressing du 4 de devant. Le jeu offensif passe souvent par les côtés avec les latéraux et les 2 ailiers.

    Dans les cages, Gennaro Benaglio est un gardien décent, auteur d'une saison correcte avec son club de Wolsfburg.

    Avec le Brésil, la Suisse possède peut-être la meilleure paire d'arrières latéraux du tournoi. Selon whoscored, Ricardo Rodrigez est simplement le meilleur latéral d'Europe cette saison. Rapide et précis, il est capable de tout sur son aile, déborder, passer, tirer et même frapper les coups de pied arrêté sur son côté gauche. De l'autre côté, Lichsteiner est sans doute moins doué techniquement mais demeure très offensif et capable de couvrir son couloir sans arrêt pendant 90 minutes.

    Si la Suisse devait avoir un point faible, ce serait sans doute du côté des arrières centraux qu'il faudrait le trouver. Ce défaut est d'autant plus visible que les latéraux sont donc offensifs. Le rôle de titulaire à droite devrait échoir à Fabian Schär, plutôt doué techniquement. Problème, il manque d'expérience à haut niveau, n'étant confronté qu'aux attaquants de la ligue suisse. De l'autre côté le poste est en balance entre Djourou et Von Bergen. Le premier sort d'une bonne saison mais avec une équipe très médiocre, Hambourg, qui a échappé de peu à la relégation. Le second est un défenseur central, "à l'ancienne" assez fruste techniquement, plutôt bon de la tête mais prêt à tout pour dégager au loin.

    La défense possède la chance d'être protégé par une paire (ou même un trio) de milieux habitués à jouer ensemble à Naples, combatif, parfait dans ce rôle plutôt reculé (Inler et Berhami ou, autre option, Dzemaili). Gokhan Inler est un très bon milieu de terrain, très bon dans le jeu défensif et dans la relance. Il n'hésite pas à monter et, parfois, à décoincer un match d'une frappe puissante. A côté, Valon Berhami est plus un destructeur, toujours présent pour tacler, intercepter et contrer. Dzemaili propose une alternative plus technique et plus offensive dont la titularisation devrait dépendre de la qualité de l'adversaire (plus l'opposition est forte plus Berhami  aura sa chance).

    Le 3 de devant apporte sa touche technique à l'équipe et en même temps presse sans relâche pour présenter un premier rideau. Xherdan Shaqiri est potentiellement le joueur le plus doué de l'équipe. Il sait dribbler et combiner même s'il a été relégué sur le banc du Bayern du fait de la concurrence (une situation qui lui pèse apparemment). C'est probablement le joueur le moins actif défensivement mais c'est aussi celui qui peut créer le décalage par sa percussion. Au centre du trident offensif, Granit (!) Xhaka est sans doute l'un des joueurs les plus bosseurs de l'équipe. Même si la créativité n'est pas son point fort, il sera particulièrement apprécié pour détruire un 4-3-3 avec un meneur reculé (Cabaye prends garde) par son positionnement et ses fautes nombreuses ainsi que par sa capacité à servir intelligemment de relais pour ses partenaires Une solution alternative, qui fait évoluer le système plus vers un 4-4-1-1 est de positionner Admir Mehmedi derrière l'attaquant. Plus offensif que Xhaka, capable de passes et d'action décisives, il sera probablement préféré en cas d'opposition faible (Honduras par exemple). Enfin, sur la gauche, Valentin Stocker est un ailier très direct et efficace dans la ligue suisse (13 buts).

    L'attaquant titulaire sera probablement Josip Drmic, auteur d'une bonne saison à Nuremberg, est un attaquant à la finition excellente mais qui peine à apporter quelque chose dans le jeu. Un vrai "renard des surfaces" comme on n'en fait plus beaucoup.

    Le problème avec tous ces joueurs, c'est qu'à quelques exceptions (les napolitains, Lichsteiner,  les 2 de Wolfsburg, Xhaka), la plupart évolue dans des équipes secondaires de Bundesliga (Nuremberg, Fribourg, Hambourg) ou de la faible ligue suisse et qu'ils risquent d'avoir du mal à supporter la pression d'une grande compétition, surtout que pour un certain nombre d'entre eux, il s'agit de leur premier grand rendez-vous. En outre, on a parfois l'impression, que le double-pivot demeure très prudent pour protéger sa défense, ce qui nuit globalement à l'efficacité offensive. Enfin, la complémentarité entre les latéraux et les ailiers, qui devrait constituer la grande force de cette équipe n'a pas été démontrée en match :

    • Rodriguez et Stocker possèdent le même jeu direct qui le rend trop similaires pour une opposition
    • De l'autre côté, Shaqiri a plutôt tendance à se recentrer, vers Xhaka, ce qui nuit à Lichsteiner. 
    En fait, en dépit de son potentiel offensif et créatif, la Suisse demeure souvent une équipe qui préfère laisser le ballon à l'adversaire, quitte à presser haut pour tenter de profiter de ses erreurs pour prendre l'avantage et tenter de tuer en contre. Le bilan en qualification et en amical est excellent mais des victoires 1 - 0 face à la Jamaïque ou à Chypre ne révèlent pas l'étoffe d'un futur champion.

    Conclusion : l'équipe de Suisse n'a pas de défaut mais, elle est sérieuse et bien organisée et possède quelques joueurs de talent, théoriquement capables de faire la différence. Malgré tout cela ,une impression d'inachevé persiste comme si elle n'avait pas réellement pris conscience de son potentiel, trop contente d'accumuler de petites victoires. Face aux cadors de la compétition, cela risque de ne pas suffire.

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    Le Brésil : ordem au centre et progreso sur les côtés

    Ordem, donc, au centre du terrain, Progreso sur les côtés
    Marcelo a dû le dire à ses coéquipiers : 12 ans est une bonne durée pour mettre fin à une disette de titres. Vainqueur de la decima avec le Real en 2002 (avec Zidane et les galacticos), le pentacampeon attend enfin le 6ème titre comme une expiation du maracanaço, 12 ans après son dernier mondial au Japon.

    L'un des apports apprécié de Luiz Felipe Scolari après le désastreux intérim de Mano Menezes fut de reconstruire une équipe du Brésil conquérante. En 18 mois, les Brésiliens sont passés d'objet de moquerie (Copa America 2012) à celui de puissance respectée (Coupe des Confédérations 2013). L'entraîneur brésilien s'est appuyé sur un groupe stable, où les performances individuelles en club n'influent que peu sur ses choix et a construit une équipe qui combinent des stars ayant à peu près carte blanche (Neymar, Alvés, Marcelo) avec des joueurs disciplinés et combatifs pour lequel le "jogo bonito" est un lointain souvenir.

    Le 11 de départ brésilien (face à la Croatie) est sans doute l'un des plus faciles à prévoir de toutes les équipes.

    Le Brésil joue en 4-2-3-1. Zonal Marking à pu écrire que le talent se situe sur les ailes (les 2 latéraux et les 2 ailiers) alors que le centre du terrain est la zone de la discipline et il y a une certaine dose de bon sens dans cette assertion. Voyons cela.

    Dans les buts, le survivant Julio Cesar devrait être titulaire. Mais, il ne s'agit plus de Jules Cesar, le conquérant de l'Inter, plutôt d'un gardien brésilien standard, en prêt à Toronto dont le niveau réel laisse planer le doute et qui devrait constituer l'un des points faible de la Seleçao.

    Le back four devrait être constitué de Marcelo et Alvès sur les côtés, et de la paire Thiago Silva / David Luis au centre. Les 2 latéraux auront toute liberté de foncer devant, charge à leur partenaires de couvrir les rapides contres éventuels. Ce point est particulièrement problématique du côté de Dani Alvès, dont le repli défensif est de plus en plus aléatoire au fur et à mesure que les années passent (31 ans déjà).

    L'une des solutions consiste à faire descendre Luiz Gustavo, qui sort d'une très bonne saison (à l'inverse de quelques-uns de ses coéquipiers, cf. infra), au niveau des 2 centraux pendant les phases offensives. Le milieu brésilien est un joueur énergique qui n'hésite pas à se déplacer mais problème, il ne peut pas se trouver à 2 endroits en même temps. Face à un 4-2-3-1, le 10 adverse risque donc de se trouver libre, d'autant plus que les centraux brésiliens risquent de jouer assez bas. D'où l'importance de Paulinho, qui doit assurer à la fois la transmission des ballons vers l'avant mais aussi faire pression défensivement pour gêner au maximum les transmissions adverses. Au vu des performances du joueur londonien, on peut penser que c'est ici que peut se trouver l'une des failles des auriverde. Plus haut sur le pré, on trouve Oscar. De façon contre-intuitive pour un 10 brésilien (et pour un physique aussi frêle), le jeune milieu travaille énormément, se montre extrêmement discipliné tactiquement et risque de presser haut, toujours dans l'objectif de perturber la relance. Offensivement, Oscar va sans doute tenter de se déporter latéralement pour offrir des solutions à ses latéraux ou à ses ailiers.

    Devant, le danger se nomme Neymar. La star auriverde cherchera à combiner avec Marcelo et à se recentrer sur son bon pied. Le brésilien fonctionne souvent en percussion, il est rapide, est armé d'une très bonne frappe et aime s'appuyer sur Fred, qui a montré des qualités de remiseur et de finisseur insoupçonné lors de son passage lyonnais. Fred offre aussi le profil d'un joueur très altruiste capable d'aller chercher les ballons longs en attendant du soutien et de presser les centraux adverses. L'inconnue de l'équipe se nomme Hulk. Très décevant pendant la coupe des confédérations, le gaucher est un joueur puissant, qui n'aime rien tant que de s'engouffrer dans les espaces libérés par Fred pour faire parler sa frappe. Il prendra sans doute systématiquement l'intérieur, espérant dégager des boulevards sur les montées d'Alvès (et sa célèbre banane). Il aura aussi un rôle défensif essentiel en bloquant les remontées de balle sur le côté où les brésiliens seront sans doute les plus vulnérables.

    Il faut noter que l'une des qualités de cette équipe est sa versatilité offensive :
    -          Contre, avec la rapidité des 2 ailiers et le réalisme de Fred,
    -          Longs ballons, en s'appuyant sur Fred et/ou Hulk,
    -          Jeu placé et possession avec les combinaisons sur les ailes et l'adresse d'Oscar,
    -          Enfin, percussion avec le rythme de Neymar et Dani Alvès.

    L'un des principaux problèmes des brésiliens est que très peu d'entre eux sortent d'une très bonne saison dans leurs clubs respectifs :
    • Neymar, la principale gâchette offensive, sort d'une saison moyenne au Barça même si l'on sait que s'incorporer dans un club où la culture de jeu est aussi forte demande du temps. Dans le même club, Dani Alvès a semblé moins performant, notamment défensivement.
    • Paulinho a plutôt raté sa première saison à Tottenham. Beaucoup d'observateurs lui préféreraient Fernandinho ou Ramires (testé pendant les matches amicaux) mais il semble que Scolari place la fidélité avant tout.
    • David Luiz a livré des performances très inégales à Chelsea alternant le pire et le très bon.
    • En synthèse, la note moyenne sur la saison des 23 brésiliens (7,10) donnée par whoscored est inférieure à l'Espagne et même à la France.
    Autre problème, le dispositif des Auriverde est maintenant bien connu, d'autant plus qu'il semble invariable. La solution des adversaires est en théorie simple : dès récupération du ballon, plonger vers les ailes, désertées par les latéraux, grâce à des joueurs rapides, prendre le couloir et tenter de centrer pour profiter de l'absence de Silva ou Luiz, obligés de se décaler dans l'histoire.

    Conclusion : le Brésil dispose d'un plan de jeu (voire de plusieurs), de cohérence collective et d'éclat individuel pour vivre son rêve d'être champion du monde. Seul problème, si certains joueurs déçoivent, c'est le dispositif dans sont entier, qui risque de ne plus être à la hauteur. Enfin, le gardien risque d'être un souci. Face à une équipe précise devant leur but, il n'est pas impossible que les brésiliens se prennent un ou 2 buts casquettes durant la compétition et qu'ils ne doivent courir après leur score. Situation qu'ils détestent.

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    lundi 9 juin 2014

    Italie : la louve, blessée, peut-elle encore rugir ?

    Un 4-3-2-1 où on ne va pas rigoler
    Prenez tous les commentateurs et secouez leurs pronostics : eh bien, aucun ne donnera l'Italie comme vainqueur potentiel préférant l'Espagne, le Brésil ou même la Belgique. Comme en 2006, donc. C'est d'autant plus curieux que les Azzurri restent sur de très bonnes performances entre la finale à l'Euro 2012 et une demi-finale au couteau à la coupe de confédérations, toutes les 2 perdues face à l'Espagne.

    D'autant plus que tactiquement, Cesare Prandelli affiche sans doute une imagination tout à fait excitante face à l'armada de 4-3-3 qui se profile (Brésil, Espagne, France, Belgique, Argentine). Dans les faits, il est à peu près impossible de prévoir le dispositif qu'affichera la Squadra Azzurra qui a alterné un 3-4-2-1, un 4-1-4-1, un 4-3-2-1 (le "sapin de Noël"), le 4-4-2 losange et même le 4-3-3. Essayons tout de même.

    Si la campagne de qualification s'est déroulée sans anicroche face à des équipes qui n'étaient pas des cadors (Bulgarie, Danemark, Arménie), les matches de préparation, en revanche, ont été un chemin de croix : après le match face à l'Eire où Montolivo s'est cassé la jambe, les Azzurri ont concédé un humiliant nul à domicile face au Luxembourg.

    Montolivo out, le 4-4-2 losange, toujours très mode en Italie, a du plomb dans l'aile. Il est vraisemblable que les transalpins voudront se rassurer avec l'un des 2 dispositifs qu'ils connaissent le mieux le 4-3-2-1 ou le 3-4-2-1.

    Le 3-4-2-1 (ou das une version 3-5-2) offre des repères tactiques aux joueurs de la Juve qui jouent dans un dispositif proche. En outre, ce dispositif semble adapté face à des équipes fortes, qui jouent sur la largeur et un football de possession. ll est vraisemblable que dès lors, la triplette défensive Bonucci / Barzagli / Chiellini joue devant Buffon (alternative : De Rossi au centre). Mais, problème, ni Maggio, Ni Pasqual, ni Balzaretti, les joueurs de couloir aptes à fonctionner dans ce dispositif ne seront présents au Brésil. Abate devrait faire l'affaire sur le côté droit tandis que Di Sciglio et Damian se battraient pour le flanc gauche. Au milieu, De Rossi devrait protéger Pirlo. Qui devant ? Rossi blessé et Osvaldo non sélectionné, on pourrait penser qu'un boulevard s'offre à Balotelli, peu en verve ces cerniers temps mais que Prandelli a toujours apprécié. La rumeur veut qu'Immobile tienne la corde au vu de ses récentes performances même s'il semble encore un peu juste pour débuter en coupe du monde : une solution alternative si "super-mario" déçoit.

    Le 2 situé derrière Balotelli pourrait être composé de Candreva et Marchisio. Ces 2 joueurs possèdent le créativité offensive mais aussi la discipline nécessaire pour solidifier la Squadra Azzurra. A noter que le laziale sort d'une très bonne saison avec son club. Il semble inimaginable que Prandelli s'en passe dans ce dispositif. En revanche, en 3-5-2, Cerci et Immobile, donc, tiennent la corde pour remplacer Candreva.  Seul problème mais de taille le manque de largeur, tant défensive (les latéraux peuvent être débordés si le couple ailier / latéral adverse s'avance) qu'offensive de ce dispositif. Ni Candreva, ni Marchisio ne sont nominalement des ailiers et l'on risque de se retrouver les latéraux adverses avec des boulevards devant eux. Et l'on est confronté au problème N°1, l'absence des joueurs de couloir.

    Il est donc probable que Prandelli opte pour un arbre de Noël, quelque peu décalé au Brésil. Dans ce cas, Chiellini glisse sur le côté gauche et Abate conserve le droit. Le rôle des 3 milieux de terrain, en coulissant, peut offrir une protection aux latéraux. Le joueur qui tient la corde pour occuper la place additionnelle est Verratti, qui s'inscrit dans le milieu à 3 du PSG. Le 2-1 de devant demeure identique au système précédent. Quoiqu'il en soit Le manque de largeur dans le jeu devrait être la principale faiblesse des italiens au Brésil, ce qui pourrait être un problème face à l'Angleterre au premier tour.

    Conclusion : échaudé par les contre-performances des siens, il est probable que Prandelli opte pour un dispositif compact. Devant l'absence de joueurs de couloir aptes à faire la piston et de Montolivo, le choix tactique du technicien italien s'est réduit comme peau de chagrin. Le 4-3-2-1 semble la moins mauvaise des options. De bien belles migraines tactiques en perspectives. Qu'attendre de la Squadra Azzurra dans cette coupe du monde ? Avec eux, toujours la même chose, personne ne les attend et ils se retrouvent en finale ou alors ils se crashent dès le premier tour dans un groupe difficile qui les verra affronter l'Angleterre, l'Uruguay et le Costa-Rica.

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