dimanche 25 décembre 2011

Ancelotti au PSG : pour faire quoi ?

Si le  départ d'Antoine Koumbouaré peut choquer, après les 3 points ramenés par Sirigu de Saint-Etienne, qui sacrait le PSG du titre de champion d'automne, il n'a pas dû surprendre le lecteurs de Footballistico, qui annonçait son départ après la défaite à Marseille. Un nom pas assez clinquant, un jeu pas assez brillant, un joueur vedette qui étale ses états d'âme, plus l'élimination en Europa League. Face à cela, le bon bilan d'"AK" en championnat n'a pas pesé lourd. L'objectif de ce billet n'est pas de disserter sur l'"injustice" qui a frappé le coach kanak mais plutôt d'anticiper le jeu que proposera le PSG version Ancelotti.

Tout d'abord, le technicien italien est sans doute le meilleur entraîneur disponible sur le marché actuellement. Sans doute moins minutieux que Mourinho, moins innovant que Pep Guardiola, il dispose cependant d'un bilan impressionnant et il a gagné des titres quasiment partout où il est passé.

Ancelotti a été biberonné par Arrigho Sacchi, lors de la coupe du monde 1994 pendant laquelle l'Italie s'inclinera en finale face au Brésil. Autant dire que l'entraîneur adjoint de la "Nazionale" fut un adepte du 4-4-2 à plat, avec des lignes rapprochées et un pressing intense. Les premières équipes de club qu'il coacha (Reggiana, Parme) portent cette marque, avec un succès certain. Mais, Ancelotti s'aperçut vite que ce système avait un défaut : certains des meilleurs joueurs de l'époque (Baggio, Zidane) ne s'adaptaient pas à ce système : pas vraiment ailier, pas réellement attaquant, ils ne rentraient pas dans les cases du 4-4-2. Ancelotti adaptera son système grâce à Zidane, qu'il trouve à la Juve en 1999, en succédant à Marcelo Lippi. Cette période de 2 ans et demi sera toutefois mi-figue, mi-raisin. La juve finit 2 fois deuxième de Série A et ne gagne pas la ligue des champions Ancelotti gagnera ensuite le Milan AC, où il connaîtra ses plus grandes réussites.

En effet, le Milan AC de l'ère Ancelotti est sans doute l'une des plus grandes équipes de l'histoire récente : elle remportera 2 ligues des champions (2003 - 2007), perdra la fameuse finale de 2005 face à Liverpool, et empochera 1 scudetto et ce, malgré la rétrogradation due à l'affaire des matches truqués en 2006.

Pendant sa première saison complète à Milan (2002 - 2003). Ancelotti met en place un système innovant où Pirlo, protégé par Gattuso oriente le jeu depuis une position assez basse. Plus haut, l'animation offensive et assuré par Seedorf et Rui Costa. Les 2 attaquants sont le rapide Chevchenko et le finisseur Inzaghi. L'équipe qui pratique un 4-3-1-2 est brillante, offensive et comprend 3 milieux créateurs, une espèce qu'Ancelotti apprécie particulièrement. L'arrivée du jeune Kaka, pour la saison 2004 et la blessure d'Inzaghi allait modifier le système, qui allait passer en 4-3-2-1 (un "sapin de Noël"), Kaka prenant numériquement la place du buteur transalpin. Le milan devient plus central, plus créatif mais plus fragile. La défaite face à Liverpool après avoir mené 3 à 0 ne serait peut-être pas arrivée à un Milan plus défensif. Confronté à cette situation, Ancelotti va encore évoluer : en intégrant Ambrosini et en poussant Seedorf plus haut (à la place de Rui Costa), il donna une touche plus solide à son équipe, qui allait encore gagner une ligue des champions en 2007. Mais l'équipe est cette fois en bout de cycle. Et c'est l'un des défauts d'Ancelotti : admiratif de ses joueurs, il a du mal à les remplacer lorsque ceux-ci vieillissent. Il accompagne donc le déclin après l'avoir ingénieusement retardé.

A Chelsea, Ancelotti accomplira une première saison remarquable et une seconde juste bonne (vice-champion), ce qui lui vaudra d'être remercié par Abramovich. Encore une fois, l'italien se signalera par une tendance à rechercher le meilleur système pour les joueurs dont il dispose : il démarra la saison en 4 - 4 - 2 diamant, avec (tout le monde l'a oublié) Deco à la pointe du losange. Mais le manque de largeur inhérent à ce système (et l'absence de Drogba, parti à la coupe d'Afrique des nations) obligea Ancelotti à muter en 4-3-3, 4-3-2-1. En fait, la solidité en défense et au milieu allait construire le succès de Chelsea. Difficile de dire si l'équipe était séduisante mais elle finit avec 103 buts au compteur, le meilleur total depuis l'invention de la Premier League. En 2010-2011, un peu vieillie, jamais adapté à l'arrivée d'un Torres qu'il n'avait pas vraiment souhaité, l'équipe sombra après un départ canon. Deuxième, tout de même.

Qu'attendre d'Ancelotti au PSG, alors que les rumeurs les plus folles courent au niveau de l'effectif (Kaka, Tevez, ....). Quelques constantes tout d'abord.

- d'une part, Ancelotti est passé du tout au tout. Formé à l'école d'un système (le 4-4-2 de Sacchi), il est passé dans l'autre camp : celui des entraîneurs qui bâtissent leur dispositif en fonction des joueurs dont ils disposent. Ancelotti l'a même raffiné : il adapte son équipe en fonction de la forme de chacun.
- d'autre part, le tacticien italien est un fidèle. Il préfère un effectif stable à des changements permanents et il préfère toujours les joueurs qui par le passé lui ont rendu des services. Dans ce sens, la rumeur Kaka n'est sans doute pas vaine. Ancelotti se souvient qu'il lui a rendu des services par le passé.
- enfin, Ancelotti apprécie les manieurs de ballon et n'est pas un fan d'un jeu par les ailes. Il privilégie une construction central où seuls les latéraux (Cafu, Ashley Cole) sont parfois autorisés à donner de la largeur au dispositif.

Qu'attendre donc au PSG ?

Tout d'abord, en homme pragmatique, l'italien voudra tout d'abord jauger son effectif. Il est probable qu'il voit ce que tout le monde constate : une assise défensive (centraux + milieu) assez solide et fournie. Et 4 gars devant avec des possibilités, notamment un brésilien avec un bon pied gauche et un argentin qui lève la tête.

Scénario 1 : Kaka et le 4-3-2-1. Si la rumeur Kaka se confirme on pourrait avoir un 4-3-2-1. Le milieu serait composé d'un homme fort (Matuidi ou Sissoko) protégeant Beckham, qui orienterait le jeu. A gauche, Néné. Le brésilien faisant la navette entre le milieu et l'attaque. Pastore et Kaka seraient chargés de créer le danger et d'alimenter un attaquant (Tevez ? Gameiro ?). Problème de ce dispositif, il semble fragile défensivement car parmi les joueurs offensifs, peu d'entre eux ont l'énergie et le goût pour les tâches défensives. Jérémy Menez serait la grande victime de ce scénario.

Scénario 2 : Un nouvel attaquant costaud (Hulk ?) et un 4 - 4 - 2 diamant. En tête du diamant, Pastore, bien sûr, avec Gameiro et son nouveau copain à ses côtés. Le problème, dans ce cadre, ce sont les 2 milieux qui forment les côtés du diamant : ils doivent être à la fois défesnif et offensifs et suffisamment énergiques pour couvrir de grandes parties du terrain. Bodmer semble un candidat crédible (quoiqu'un peu lent) à droite mais Néné serait un peu court défensivement. C'est d'ailleurs la limite de ce système : outre Menez, peu à l'aise dans les tâches ingrates, Néné devrait aussi faire ses valises, car l'énergie à déployer est encore plus forte que dans le 4-3-2-1. A noter que pour donner un peu de largeur à son système, il apparaît vraisemblable qu'Ancelotti demande un arrière latéral au profil offensif de classe mondiale (à la Cafu, Ashley Cole).

Scénario 3 : le 4-3-3. C'est le 4-3-2-1 en plus écarté, avec au moins un vrai ailier (Néné), probablement un avant-centre musclé et un autre ailier, nominalement à gauche mais capable de repiquer au centre pour animer le jeu (à la Anelka, version Chelsea 2010) : Pastore repositionné plus latéralement. Le milieu comprendrait 3 individus énergiques : Sissoko-Matuidi mais les 2 autres places seraient à prendre (Bodmer ?, Jallet, nouveau venu ?).

Une seule certitude au vu du passé d'Ancelotti, le PSG 2012 sera différent du PSG fin 2011. Ancelotti demande beaucoup à ses joueurs, il aime les équipes à la fois techniques et puissantes mais n'est pas un fana du 4-2-3-1 version AK. Dans tous les cas, il semble que l'arrivée d'un attaquant version déménageur et probablement d'un latéral semblent s'imposer. Le pari de Footballistico est que Menez sera la victime de l'arrivée de l'italien : peu à l'aise défensivement et limité physiquement, le français aura du mal à s'insérer dans les dispositifs, sauf en tant que joker. Pastore (à condition de cravacher) et Néné ont plus de chances de survivre.

Conclusion : 12 millions par pour Ancelotti, 3 millions d'indemnités pour Koumbouaré. Le technicien italien a intérêt à faire progresser le PSG si les qataris veulent rentrer dans leurs sous. Cela fera cher les innovations tactiques. Mais cela devrait renouveler l'intérêt des chroniques de Footballistico, las du sempiternel 4-2-3-1.

Footballistico

mercredi 14 décembre 2011

Chelsea is back (et ça va faire mal)

En un peu plus d'une semaine, Chelsea a laminé le 3ème du championnat d'Espagne afin de gagner sa place en 1/8ème de finale de la ligue des champions et a battu le leader, invaincu jusqu'alors, de Premier League. Ce résultat est d'autant plus remarquable que les "Blues" avaient quasiment toujours perdu face aux grosses écuries (défaite face à Arsenal, Liverpool, 2 fois, United).

Que s'est-il passé ?

Villas-Boas a voulu changer Chelsea. Or, l'équipe, façonnée par Mourinho, perfectionnée par Ancelotti possède une permanence, un style de jeu, qui semblent maintenant plus fort que les joueurs qui la composent.

En gros, un 4 - 3 - 3 solide, puissant, qui laisse la créativité et la vitesse aux 2 ailiers de son 3 de devant. Un jeu en triangle entre arrière latéral, ailier et milieu. Une remontée de balle lente à la récupération, qui privilégie d'abord les passes latérales. Devant, un mec puissant capable de tenir la balle (souvent sur les dégagements du gardien) en attendant la remontée du bloc et de choper de la tête les centres de ses compères. Une des 2 ailiers repique souvent au centre pour faire le lien avec son 9. Et sinon, un bloc bas, capable de supporter la pression.

Villas-Boas était donc désireux de modifier cette façon de jouer. Il souhaitait donner plus dans la technique, la vitesse et moins dans la puissance :

- le bloc-équipe était donc positionné plus haut, plus agressif. L'idée était de récupérer le ballon plus tôt et de jouer plus vite, si tel était le cas.
- conséquence : un joueur rapide devant, Torres, capable de prendre la profondeur dès la récupération de balle.
- en revanche, sur les balles récupérées basses, typiquement, par le gardien, privilégier une construction faite de passes courtes.

Mais l'entraîneur portugais a dû se rendre à l'évidence : au moins pour les gros matches, son équipe n'était pas capable d'être à la hauteur de ses attentes, pour au moins 3 raisons :

- des défenseurs trop lents et peu à l'aise pour se retourner. A l'exception d'Ashley Cole, les défenseurs de Chelsea (Ivanovic, Terry et David Luiz) sont trop lents pour suivre un attaquant lancé
- un gardien peu à l'aise dans ses sorties. Habitués à détourner des tirs de loin et à capter le ballon dans les airs, c'est peu de dire, que Petr Cech est peu à l'aise pour jaillir dans les pieds d'un attaquant : un peu lent, un peu pataud, il est facile à passer, comme l'a démontré Balotelli.
- enfin un Torres, qui lutte désespérément pour retrouver son meilleur niveau. L'espagnol a peu à peu disparu du 11 de Vilas-Boas au profit de Didier Drogba. Des statistiques misérables (2 buts et 1 passe décisive en 11 apparitions) pour un attaquant qui à 27 ans, devrait être au faite se son talent.




Devant ce manque de réussite, Villas-Boas a donc cédé, Chelsea est redescendu d'un (gros) cran dans son pressing, laissant Drogba seul devant, avec une relance souvent vers lui comme point d'appui.

Relance de Cech (en bas face à City, en haut face à Arsenal)

Villas-Boas a cependant ajouté sa patte. La technique de Mata, alliée à la vitesse de Sturridge permet à la fois de faire le lien avec un 3 du milieu bien bosseur (Romeu, Meireles, Ramires), avec un pouvoir de pénétration plus fort que l'ancienne triplette d'Ancelotti (Obi Mikel, Essien, Lampard). L'équipe est sans doute un peu plus rapide que l'année dernière, un soupçon plus technique mais sans doute un petit peu moins présente défensivement (Mata), ce qui limite considérablement l'apport offensif d'Ashley Cole.

De fait, l'équipe passe un peu moins sur la gauche, plus sur la droite pour profiter de Sturridge, qui s'appuie sur Ramires, plus que sur Ivanovic (qui a cependant progressé dans ses montées). De fait, le jeune anglais, étincelant hier, a profité de la titularisation de Boswinga, au profil plus offensif que le serbe. Villas-Boas ne semble pas croire en ses latéraux.

Un dernier mot, Gaël Clichy a livré une prestation atroce, dépassé sur l'égalisation de Chelsea, il a pris 2 cartons en 10 minutes, privant Manchester City de sa présence dans son match de Premier League, le plus rude de l'année. Espérons que Laurent Blanc n'était pas devant son poste.

Conclusion : certaines équipes sont plus fortes que leur coach. Cela semble être le cas de Chelsea. Déjà en autogestion à l'époque Avram Grant (où l'équipe était arrivée en finale de la Ligue des Champions, tout de même), Villas-Boas a dû se rendre à l'évidence : les blues peuvent évoluer mais par petite touche, sans rmettre en cause un plan général de jeu, peaufiné au fil des ans. Il faudra plus qu'un coac, tout special two soit-il pour changer cela.

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