A priori, Sochaux possède tout de l'anomalie tactique de ce début de décennie 2010. En effet, l'équipe de Francis Gillot joue (selon les versions) en 4 – 3 – 1 – 2 ou en 4 – 1 – 2 – 1 – 2 (ouf !). Donc, ne tergiversons pas, en bon français on appelle cela un 4 – 4 – 2 losange, avec un meneur (Martin) derrière les 2 attaquants (Maïga et Ideye). Or, ce dispositif, assez en vogue dans les années 1990 a peu à peu perdu droit de cité dans l'Europe du foot. Seules quelques équipes italiennes l'utilisent encore (typiquement l'Inter avec Sneijder). Pourquoi ? On cite principalement 2 raisons :
- D'une part, l'animation offensive est totalement dépendante du meneur de jeu. Or, il suffit de positionner une bonne "sentinelle" pour l'annihiler. Et l'équipe ressemble dès lors à un poulet sans tête.
- D'une part, l'animation offensive est totalement dépendante du meneur de jeu. Or, il suffit de positionner une bonne "sentinelle" pour l'annihiler. Et l'équipe ressemble dès lors à un poulet sans tête.
- - Par ailleurs, le jeu manque de largeur, ce qui pose des problèmes tant offensifs que défensifs. Les milieux latéraux étant constamment tiraillés entre le désir de prendre la largeur ou de combler les trous défensifs au milieu du terrain. Enfin, particularité de Sochaux, les 2 de devant sont positionnés de façon assez proche, ce qui contredit l'évolution récente du dispositif où l'on est plutôt sur un duo complémentaire (un décroché, un placé à la limite du hors-jeu, par exemple).
Pourtant, les lionceaux possèdent la 4ème attaque de L1, offrent un jeu chatoyant et surtout très écarté, la majorité des buts venant des ailes (Sochaux possède le taux d'attaque par le centre le plus faible de L1). Comment ce miracle est-il possible ?
Tout d'abord, il ne faut pas pas exagérer le "talent" de la génération sochalienne actuelle. Certes, Martin et Boudebouz sont sans doute des joueurs très prometteurs. Mais Maïga jouait au Mans, Maurice-Bellay a été transféré pour 1,5 millions de Monaco et Ideye Brown n'était pas initialement présent dans la liste dans la liste des "23" du Nigeria lors de la dernière coupe du monde.
Pour nous, la réussite de l'équipe tient à quelques paramètres, qui sont d'ordre technico-tactiques :
- Le positionnement des milieux latéraux. Le schéma ci-contre montre que Boudebouz et Maurice-Bellay sont positionnés de façon aussi latérale que dans un 4 – 4 – 2 classique (ici le PSG et son milieu "à plat") ou un 4-2-3-1. Sochaux a donc choisi de déserter le centre de la pelouse. Seul Carlao (ou Anin) reste présent ce qui pose son lot de problèmes défensifs (cf. plus bas).
- Le rôle de Marvin Martin. Le N°14 sochalien reste très proche de ses attaquants et au centre du terrain. Cependant, son rôle dans le fonctionnement des lionceaux est très différent d'un meneur classique qui est le relais de la majorité des actions. Les lionceaux remontent très rapidement les ballons, via les côtés, Martin n'intervient qu'APRES, pour la dernière passe. Lorsque l'action est déjà initiée, le marquage individuel devient beaucoup plus difficile, la sentinelle adverse étant souvent happée par l'action en cours. Le mouvement et la précision des passes sochaliennes fait le reste (taux de passe réussie de 79%, second de L1 derrière Lille). Corollaire du point précédent, Sochaux privilégie les passes longues, qui permettent d'atteindre directement les attaquants. Il est frappant de constater qu'au lieu de recevoir des passes de ses compères du milieu, Martin, les reçoit en retrait de ses attaquants, avant d'orienter le jeu vers un autre de ses partenaires.
- L'efficacité devant le but, particulièrement de la tête. Sochaux a marqué 21 buts de la tête, record absolu en L1. Cette typicité du jeu sochalien est exceptionnelle dans un paysage où les bonnes équipes marquent en moyenne 10-12 buts. On pourrait dire que Sochaux a appris du jeu de Barcelone, qui fait des passes depuis les côtés et pas des centres pour simplement le déplacer en hauteur.
Gillot a donc su tirer parti des prédispositions de ses joueurs (précision de Boudebouz et Martin, jeu de tête de Maïga et Ideye) en le complétant, qu'on ne s'y trompe pas, d'un travail énorme.
C'est défensivement que se situe les faiblesses actuelles des lionceaux. Outre la longue blessure de Richert, l'effectif, derrière est sans doute moins talentueux que sur les autres lignes. Toutefois, il s'agit plutôt d'un prix à payer pour :
- la présence d'un seul milieu défensif,
- le fait que 2 joueurs, voire 3 si l'on compte Martin sont plutôt absents défensivement,
Conclusion : une équipe plaisante, qui joue, une interprétation originale du 4 – 4 – 2 losange… et des fautes défensives à la pelle. Ci-dessous, la vidéo face à Caen illustre bien les 2 visages du FC Sochaux Montbéliard, notre Janus du foot hexagonal.
http://www.goalsarena.org/video/france-ligue-1/16-04-2011-sochaux-caen_de.html
http://www.goalsarena.org/video/france-ligue-1/16-04-2011-sochaux-caen_de.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire