Les lecteurs pardonneront à Footballistico cette métaphore
guerrière mais c'est l'image la plus simple pour évoquer le champ de ruines qui
gît aujourd'hui à la place de l'ex-meilleure équipe du monde.
Quoi, ce n'était que ça le Barça, un onze sans idée, sans
rythme, condamné à jouer à la baballe (8 passes en moyenne pendant les phases
de possession) à 50 mètres des buts bavarois ? Une équipe qui n'a tiré que 4
fois en tout et pour tout, qui a laissé l'adversaire se régaler sur les ailes
sans réagir. Ce n'est pas possible. Il doit y avoir un truc.
Le truc, c'est une équipe usée, avec un entraîneur médiocre
et des adversaires qui ont peu à peu su percer les secrets de la cuirasse :
apprendre à subir la possession, jaillir en contre par les ailes et provoquer des fautes ou
des corners pour profiter des faiblesses (avérées depuis longtemps celles-là)
sur les coups de pied arrêtés ou le jeu de tête (3 gagnés sur 14 et aucun dans la surface !). Les avertissements donnés par le PSG et le Milan n'ont donc pas servi de leçon.
Le 11 bavarois se présentait sans Toni Kroos toujours blessé
mais affichait son 4-2-3-1 fétiche. Thomas Müller occupait le centre du trident
offensif derrière Gomez, en lieu et place de Mandzukic, toujours blessé.
Le Barça de son côté présentait son 4-3-3 habituel. Messi,
douteux, était titularisé et Bartra occupait le poste de défenseur central aux
côtés de Piqué.
Première période :
Dès le début de la rencontre, les bavarois allaient mettre
beaucoup de rythme dans la partie (un maître-mot) avec à la fois des passes
rapides sur les ailes et la qualité de percussion de Robben et dans une moindre
mesure, Ribéry.
Le pressing fut particulièrement intéressant parce qu'au lieu
de la situation classique où chaque joueur s'occupe de son vis-à-vis, les bavarois ont pressé en "grappe",
souvent à 4 (Robben ou Ribéry, Müller, Gomez + éventuellement Javi Martinez ). En outre, Schweinsteiger coupait les passes en
profondeur vers Messi. Ce système avait pour effet de perturber la relance
blaugrana, souvent basée sur des échanges de passes courtes. Une fois dépassé,
cela dit, souvent via une longue passe latérale, les joueurs au pressing se
repliaient. Les allemands n'ont jamais hésité à défendre à 11, lorsque leur première
ligne était dépassée (cf, la situation moyenne de Gomez sur le schéma). C'est là que Barcelone a failli : les catalans n'ont jamais
pu imprimer un rythme suffisant lorsqu'ils franchissaient le premier rideau.
Les côtés étaient bloqués par le due ailier / latéral, d'où l'inexistence d'un
Pedro. A noter que les munichois se méfiaient davantage du côté Alba / Sanchez (où
qu'ils se défiaient plutôt de la prestation défensive de Robben) que du côté car on souvent vu Müller se porter
de ce côté-là pour proposer un 3 contre 2 défensif.
Barcelone en était donc réduit à jouer à la baballe souvent dans son propre camp. A un certain moment du match, Piqué fut même le joueur qui toucha le plus du ballon, ce qui en dit long sur l'impuissance des catalans.
Offensivement, le Bayern relançait vite et privilégiait des centres en hauteur. L'objectif était clairement de dominer le Barça dans les airs : le premier but vient sur un ballon en cloche de Robben, plutôt moche, mais efficace quand c'est Dante qui se retrouve à la lutte face à Alvés.
Au-delà de son pressing et de son but, le 25 allemand fut le joueur le plus important du match. Il se déporta sans cesse sur la gauche et sur la droite de façon à créer le surnombre sur les ailes.
Néanmoins, en rentrant à la mi-temps, le score de 1 - 0 n'était pas infamant pour le Barça. Surement, Vilanova allait changer les choses et son équipe...revenir avec de meilleures intentions. Mais, non. Le Barça n'avait pas de Plan B. Le premier remplacement eut lieu à la...81ème minute, quand le Barça était mené 4 à 0.
Seconde période
Le Bayern mettait d'entrée une pression intense. Le second but allait venir très rapidement. Encore sur un corner concédé face à Robben et une tête de Müller qui remettait sur Gomez.
Après le premier 1/4 d'heure, le match se calmait mais il allait subir un nouveau point d'inflexion à la 71ème minute : Gomez était remplacé par Gustavo. Un demi défensif pour un avant-centre : a priori, un choix défensif pour conserver le résultat ? Müller occupait la place d'avant-centre et Schweinsteiger montait d'un cran en 10.
Barcelone n'allait jamais se remettre de ce réajustement tactique : sur une passe de Schweinsteiger, Robben profitait d'un bel écran de Müller pour tromper Valdès de près. Mais Müller n'est pas seulement malin, il est aussi plus mobile que Gomez et le 4ème but allait le démontrer après un beau redoublement de passes Ribéry / Alaba.
Barcelone avait de toute façon lâché l'affaire depuis longtemps : le repli défensif était oublié par les ailiers blaugrana, Messi n'y était plus et le Barça attendait la fin du match. 2 tirs tentés en seconde mi-temps. Un passage de flambeau en bonne et due forme.
Conclusion : la réussite de Munich ne tient pas seulement au rythme et au pressing. Les bavarois ont su adapter leur jeu à l'adversaire (un Robben défensif, un Gomez pressant Busquets) dans un dispositif inhabituel pour eux (Munich a le second taux de possession en Europe, après...le Barça). Mais dans ce jeu, chacun avait son rôle et l'a appliqué à la lettre : Jupp Heinckes peut envoyer son CV en catalogne.
Footballistico
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire